Mon PVT Australie est mon 4e PVT, après le Canada, la Nouvelle-Zélande et Hong-Kong mais je n’avais encore jamais fait de WWOOFing ou d’activité bénévole du même type. Dans tous mes autres PVT, j’avais toujours opté pour des emplois rémunérés. J’étais même réticente à l’idée de faire du WWOOFing, voyant trop souvent dans cette forme d’échange un déséquilibre entre les « hôtes » et les « volontaires » avec souvent un nombre d’heures de volontariat proches d’un travail à temps plein. Une fois en Australie, mon copain et moi nous sommes dit que nous devions aller au-delà de ces a priori pour voir de quoi il s’agissait en réalité.

Nous avons trouvé un WWOOFing dans un vignoble / une ferme de légumes fonctionnant en biodynamie dans les Adelaide Hills, en South Australia. Et nous avons beaucoup aimé cette expérience !

Qu’est-ce que la biodynamie ?

Lorsque nous vivions à Hong-Kong, mon conjoint travaillait comme caviste dans une boutique spécialisée en vin nature (une technique de production de vin particulière avec une intervention humaine limitée et pas  – ou quasiment pas – d’intrants). Nous avons à cette occasion pu en apprendre plus sur les principes des cultures en biodynamie, une méthode agricole parfois utilisée dans les vignobles dans la production des vins natures, qui nous apparaissait intéressante et enrichissante. Nous cultivons le doux rêve d’avoir un potager ou quelques vignes un jour, et nous souhaitions voir ce que cette méthode d’agriculture pourrait nous apporter.

La biodynamie est un système de production agricole holistique basé sur la nature, axé sur les « forces du cosmos » et plus particulièrement les cycles de la lune. En biodynamie, on n’utilise aucun produit chimique synthétique (pesticides, fertilisants…), on préfère des préparations à base de plantes et d’ingrédients naturels. C’est en gros de l’agriculture ou de la viticulture qui répond au principe de l’agriculture biologique, et qui se veut encore plus proche de la nature et de son fonctionnement. La biodynamie fait souvent l’objet de critiques pour son côté « mystique » et pas forcément scientifique. Personnellement, je pense que, que cela fonctionne ou non (je n’ai aucune connaissance scientifique/technique pour en juger), ça ne fait pas vraiment de mal à la nature, ça ne pollue pas les sols, et ça démontre une vraie volonté d’être en adéquation avec la nature, donc pourquoi pas !

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Comment nous avons cherché et trouvé notre bénévolat

Comme nous voulions une expérience dans un lieu qui fonctionnait en biodynamie, nous nous sommes focalisés au début sur ce thème. Sur le site du WWOOF, c’est tout à fait possible, puisqu’on peut choisir 3 types de culture dans les « farming methods » (organique, permaculture, biodynamie). Sur HelpX et Work Away, nous avons plutôt fait des recherches par mots clés.

Sur le site du WWOOF, nous sommes tombés rapidement sur la ferme de Ngeringa, un vignoble disposant aussi d’un potager, les deux fonctionnant selon les principes de la biodynamie. Et il y a un truc tout bête qui m’a interpellée sur leur profil : des photos de magnifiques vaches avec de grosses cornes (j’ai appris plus tard qu’il s’agissait de vaches écossaises). J’étais conquise.

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Nous voulions attendre de trouver le lieu qui nous convenait pour nous inscrire à l’une des trois plateformes de volontariat. Ngeringa se trouvait sur celle du WWOOF.

Nous les avons donc contactés, mais n’avons pas reçu immédiatement de réponse de leur part. Les hasards de la vie font que nous sommes tombés sur eux à un festival lié au vin nature à Basket Range dans les Adelaide Hills quelques jours plus tard. Nous avions prévu depuis longtemps d’aller à ce festival, mais nous n’avions pas vraiment réalisé qu’ils s’y trouveraient aussi. Ce fut l’occasion de pousser un peu le destin et d’aller les voir, leur dire qu’on leur avait envoyé un message (on a appris plus tard qu’Erinn, le propriétaire, se connectait rarement sur le site du WWOOF…). Ils ont repris nos coordonnées et nous ont recontactés quelques jours plus tard. On a aussi eu le droit à un petit coup de pouce puisque nous avons rencontré lors du festival des Français qui travaillaient justement à Ngeringa et qui ont motivé Erinn à nous prendre.

Ngeringa

Il s’agit d’un très joli vignoble situé dans les Adelaide Hills, à proximité de Mount Barker en South Australia. La ferme appartient à Erinn (qui ressemble tellement à l’acteur Woody Harrelson !) et Janet, un couple d’Australiens et leurs 3 enfants qui ont converti des anciens champs de fleurs destinés à créer des cosmétiques bio, en un vignoble, au milieu des années 2000. Il y a quelques années, ils ont décidé d’ajouter un jardin potager qui s’agrandit petit à petit chaque année (et c’est là que nous avons travaillé le plus souvent). Erinn, Janet et leurs 3 enfants vivent dans une maison au dessus de l’exploitation (Janet est moins souvent sur la ferme, elle s’occupe essentiellement de ses enfants et de la communication). Le vignoble produit du vin (évidemment), vendu ensuite dans différentes régions d’Australie, au Canada et aux États-Unis. Et les légumes du potager sont vendus localement, soit à des restaurants à proximité d’Adelaide, soit à des particuliers qui achètent chaque semaine des paniers de légumes.

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La ferme dispose également de moutons, de magnifiques vaches de race angus et écossaises (je l’ai déjà dit, mais elles sont trop belles !), ainsi que de poules (chooks). Ils produisent également du cidre grâce à quelques vergers, et de l’huile d’olive. Et puis, il y a évidemment les animaux de base, communs à beaucoup de fermes : un chien (la merveilleuse Perla) et un chat qui s’occupe de chasser des souris (Alba).

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La ferme fonctionne partiellement en autonomie : il y a des panneaux solaires sur les toits du cellier, d’énormes cuves pour la récupération de l’eau de pluie (pour se laver ou boire). On se nourrit essentiellement grâce aux produits de la ferme. Le pain est aussi fait sur place par Erinn.

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Pour se faire aider, Erinn et Janet sont entourés d’une équipe qui travaille sur la ferme : il y a Andy, qui gère toute l’activité du jardin avec l’aide de Lilie ; Dan qui s’occupe, avec Erinn, des vignes et du cellier, et enfin Tammy, qui s’occupe de l’administratif. D’autres personnes travaillent aussi quelques jours par semaine, et des WWOOFers viennent également leur prêter main forte. Il y a un véritable esprit d’équipe entre toutes ces personnes, une grande solidarité et la vie en communauté est plutôt harmonieuse. Dès notre arrivée, on s’est sentis les bienvenus et toute l’équipe était adorable avec nous pendant l’ensemble de notre séjour.

Le lieu est magnifique, calme, reposant. J’adorais la vue que nous avions le matin depuis le jardin sur le Mt Barker, quand il y avait un peu de brume. Les couchers de soleil était aussi canons depuis la terrasse.

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Nos tâches

On commençait le travail à 8 h jusqu’à 10 h 30 environ, moment où on faisait une pause (la smoko) en prenant un café ou en mangeant un morceau. Puis on retournait travailler jusqu’à 13 h environ, heure à laquelle on déjeunait avec toutes les personnes qui travaillaient sur la ferme ce jour-là. Selon les jours, on pouvait être 6-7, et d’autres fois, on pouvait être une quinzaine pour le déjeuner. Ensuite, on avait le plus souvent le reste de l’après-midi pour nous, à l’exception de 2 ou 3 fois où on nous a demandé, si c’était possible, de continuer à travailler quelques heures de plus. Nous avions toujours le choix d’accepter ou non. Nous avions donc la plupart de nos après-midis de libre pour aller nous promener, ou rester se reposer sur place. On travaillait du lundi au vendredi, et on était en « repos » le week-end.

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Pendant les 4 semaines que nous avons passées ici, nous avons effectué pas mal de tâches différentes, en fonction des besoins du moment.

Dans le jardin :

  • Semer et planter des légumes (carottes, ail, salades…).
  • Ramasser des légumes (carottes, choux-raves, kales, salades, poireaux, navets, oignons nouveaux, radis, piments, tomates, choux, haricots, coriandre, persil, fenouil…).
  • Enlever d’anciens plans de légumes (fichus plans de tomates !) pour laisser la place à de nouveaux.
  • Désherbage (weeding) à la main : on devait enlever toutes les mauvaises herbes qui poussaient autour des légumes. On a fait beaucoup de weeding.
  • Placer et retirer les tuyaux d’irrigation et les entretenir.
  • Installer de nouvelles clôtures pour les poules.

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Côté cave :

  • Embouteiller du vin.
  • Préparer des caisses de vin.
  • Étiqueter des bouteilles.
  • Ranger les filets contre les oiseaux pour l’hiver.

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Tâches annexes du quotidien :

  • Aller récupérer les œufs et donner à manger aux poules.
  • Faire la vaisselle / préparer le déjeuner : on tournait entre tous les membres de l’équipe pour organiser le déjeuner ou les tours de vaisselle. Quand c’était notre tour, on s’organisait pour préparer un plat la veille, en faisant des plats qui pourraient être rapidement réchauffés le lendemain.
  • S’assurer que la cuisine et le cellar door soient propres (comme c’était un peu notre lieu de vie).

À la période où nous y étions, il y avait besoin de mains pour l’embouteillage et l’étiquetage de bouteilles. Nous n’avons pas travaillé dans les vignes néanmoins, puisqu’à cette époque de l’année, on tombait pile entre la fin de la récolte et quelques semaines avant le pruning (qui se déroule au cours de l’hiver). Les vignes étaient au repos et n’avaient pas besoin de nous. Mais à d’autres périodes, il pourrait y avoir plus de choses à faire dans le vignoble.

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Le logement

Pour les WWOOFers, il y avait deux options de logement possibles en fonction de la place :

  • Soit être logé dans une petite maison à une dizaine de kilomètres de la ferme (si vous n’avez pas de voiture et que vous disposez d’un permis, ils peuvent s’arranger pour vous en prêter une pour faire les aller-retours à la ferme).
  • Soit être logé à l’arrière de la ferme dans son van. Il y avait même quelqu’un qui logeait dans une tente à l’arrière (il préférait ça que devoir faire les 10 km…). Il y avait 2 toilettes et 1 salle de bain (très propres), ainsi qu’une cuisine et un cellar door où on se posait le soir. On avait également accès à une machine à laver pour nos lessives.

À notre arrivée, il n’y avait pas vraiment de place à la maison, donc nous nous sommes installés à l’arrière avec notre van. Plus tard, quand il y a eu de la place dans la maison, nous avons quand même préféré rester sur place : l’environnement était chouette, on s’y sentait bien, et on pouvait se lever un poil plus tard le matin. Au final, nous n’avons jamais vu à quoi ressemblait la maison.

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Le soir, on organisait nous-mêmes pour le dîner. L’avantage d’une ferme produisant plein de produits différents, c’est qu’on avait tout un potager et des œufs à notre disposition pour préparer des bons plats ou faire des gâteaux. On pouvait également demander de la viande à Erinn si nous en avions besoin/envie. Celui-ci nous encourageait à utiliser un maximum de produits de la ferme. On sentait qu’il était vraiment convaincu par sa démarche, soucieux de manger des aliments de qualité, sans produit chimique ou issu de l’industrie agro-alimentaire. Il n’était pas dans une posture, il ne suivait pas une tendance, il produisait du vin de cette façon parce qu’il était convaincu que c’était la meilleur façon d’obtenir le meilleur de ce que la terre a à nous offrir.

Si malgré tout, nous avions besoin d’aller faire des courses pour la maison (pour acheter des aliments que nous ne pouvions pas trouver sur place comme du beurre, du fromage, des ingrédients pour cuisiner pour tout le monde, etc.), nous pouvions aller au supermarché et ils nous remboursaient ce que nous avions dépensé.

En bref, on a hyper bien mangé durant tout notre séjour.

Un WWOOFing pas forcément conventionnel

Avant, en envisageant le WWOOFing, j’imaginais souvent travailler dans une petite ferme et vivre au contact de la famille d’exploitants, partager mes repas avec eux ou ce genre de choses. Ici, les choses étaient un peu différentes puisque nous étions dans une ferme commerciale. Notre « famille », c’était toute l’équipe de l’entreprise. On travaillait ensemble, on faisait nos pauses ensemble, on déjeunait ensemble. En fin de journée, une partie de « cette famille » repartait chez elle, Erinn partait aussi retrouver sa famille et donc, le soir, nous étions plutôt entre WWOOFers. C’est plutôt cool, ça permet de discuter voyage, expériences en Australie et d’être beaucoup plus autonomes. Ça ne correspond donc pas vraiment au schéma typique où tu vis toute la journée au sein de la famille, et ça nous convenait tout à fait. Nous sommes allés dîner un soir avec Erinn et sa famille à la fin de notre WWOOFing.

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Pour l’aspect « échange en anglais » qui intéresse pas mal de pvtistes, c’est tout à fait possible avec les autres WWOOFers (s’ils ne sont pas tous français comme c’était le cas au début du séjour pour nous :P) et avec l’équipe pendant la journée. Parmi les autres Français qui étaient là au début (ces derniers étaient arrivés pour les vendanges – ils bossaient une partie de la journée bénévolement, et une partie de la journée en étant rémunérés), certains nous ont dit qu’ils avaient un niveau assez faible en anglais en arrivant, mais qu’ils avaient rapidement progressé au contact d’une équipe qui ne parlait pas un mot de français.

Toute l’équipe était adorable et prévenante. Je me souviens d’Andy au jardin qui me demandait régulièrement si tout allait bien, quand j’étais couverte de terre. Mon copain, de son côté, avait la possibilité de poser énormément de questions sur le vin, sur la façon de le faire sur place, et Erinn était ravi de partager sur le sujet et d’expliquer le processus de vinification. Il était toujours disponible si nous avions une question ou un souci. En soirée, Erinn revenait parfois dîner avec nous ou nous faire goûter un ou plusieurs de ses vins (un des avantages de faire du WWOOFing dans un vignoble !).

Ça vous tente ?

Erinn et Janet peuvent avoir besoin de WWOOFers à peu près tout au long de l’année. Vous pouvez les contacter via leur profil sur le site du WWOOF ou via le formulaire de contact sur leur site Internet. Notez qu’ils vous demanderont très probablement d’être inscrit sur le site du WWOOF, notamment pour des questions d’assurance (on a dû fournir nos infos de WWOOFers à notre arrivée). Ils recherchent des gens motivés qui n’ont pas peur de se salir (prévoyez des habits auxquels vous ne tenez pas trop).

Petite astuce : on vous recommande de vous organiser pour arriver plutôt le matin pour débuter votre WWOOFing.

Toute l’équipe est adorable et j’espère que vous passerez un aussi bon moment que nous. Je n’aurais pas vraiment pu rêver mieux pour une première expérience de WWOOFing. C’était bien physique, mon dos a souffert dès les premiers jours, après avoir planté des milliers de gousse d’ail, mais c’était agréable de bosser en extérieur, dans les champs, sans avoir la pression d’être suffisamment productif ou non. À l’époque où nous y étions, à l’automne, la température commençait à baisser franchement et certaines tâches (et notamment le weeding) sont peu à peu devenues un peu moins attrayantes.

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Et au fait, si vous souhaitez savoir ce que signifie Ngeringa : si j’ai bien compris, Ngeringa (le premier G est muet) est un mot aborigène qui signifie « the place of sheoak ». Le sheoak, ou casuarina en français, est un type de pins australiens qui poussent sur la propriété.

Marie

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