1. Comprendre la culture du travail
Avant de chercher un emploi au Japon, une petite préparation mentale s’impose.
En France, bien que nous nous plaignons souvent, nous avons des conditions de travail qui nous sont enviées dans beaucoup de pays. Et s’il y a bien un pays qui nous envie, c’est le Japon.Heures supplémentaires, jours de congés où l’on retourne au bureau, 10 jours de vacances par an, sexisme, le moins que l’on puisse dire c’est que le travail ici n’est pas une sinécure.
Sans pour autant vous transformer en esclave des temps modernes, il va tout de même falloir adapter un minimum votre attitude : ponctualité, sourire, humilité, disponibilité, esprit d’équipe et le plus dur pour nous : l’art de savoir la fermer ! 😀
2. Préparer deux CV
Vous entendrez souvent qu’il faut préparer un CV en japonais, écrit à la main, pour postuler à n’importe quel emploi ici. Pour postuler à des emplois “sérieux” c’est partiellement vrai, pour postuler à des “baitos” (jobs alimentaires) c’est relativement faux. En effet, dans le domaine de la recherche de travail, les mêmes règles ne s’appliquent pas aux Japonais et aux étrangers de passage…
Préparez un CV en anglais dans le style nord-américain de préférence. Vous pouvez trouver des exemples sur notre forum sur le Canada.
Vous pouvez également télécharger le modèle de CV gratuit de cette experte en Ressources humaines, il est très efficace ! C’est ce CV-là que vous allez utiliser en priorité. Pensez à ajouter une photo, obligatoire au Japon.
Si vous avez le temps, préparez un CV en japonais de secours si jamais votre employeur potentiel ne parlerait pas un mot d’anglais. Cependant, ne perdez pas votre temps à l’écrire à la main, cette pratique désuète ne compte que pour les Japonais.
3. Faire jouer le réseau
Comme déjà dit plus haut, le monde de l’emploi pour les étrangers et les Japonais est relativement distinct. Il y a peu de chances que vos amis Japonais soient en mesure de vous aider à trouver un emploi au Japon, particulièrement dans les grandes villes (un peu moins vrai en campagne où il n’y a plus trop de différence entre locaux et étrangers).
Il vaut mieux compter sur la communauté internationale : autres pvtistes, étudiants, expatriés, époux-se de Japonais-es, les Français – et autres étrangers – sont votre meilleure source pour trouver un emploi au Japon. Soirées Meetup, groupes d’entraide sur Facebook, bars connus pour être le repère des étrangers, il faut chercher les occasions et parler avec un maximum de gens pour faire du réseautage. Les meilleures offres (le marché invisible) sont là !
Sachez aussi que les employeurs qui prennent souvent des étrangers sont finalement peu nombreux et tout le monde connaît leur réputation. C’est donc là aussi l’endroit parfait pour savoir si votre patron potentiel est à éviter (ou pas).
4. La recherche sur internet
Après le réseautage sur place, la recherche sur Internet est votre deuxième allié. Cependant attention, à la différence du réseautage où vous avez accès à un marché invisible avec peu de concurrence, sur Internet, c’est par centaines que les candidatures sont envoyées pour le même poste.
Privilégiez les sites de recherche en anglais, il en existe plusieurs. Les sites japonais sont difficiles à naviguer et si vous trouvez une offre sur ce type de site, on va attendre de vous d’être capable de parler japonais, gardez cela en tête avant de postuler.
Voici les sites les plus connus :
En plus de ces sites, de nombreuses offres passent à travers des groupes Facebook (c’est particulièrement vrai à Osaka, par exemple). Il y a des groupes selon les villes, certains remplis de spams, d’autres de pépites.
5. Le porte-à-porte
La vieille technique du porte-à-porte marche aussi ici mais tout de même un peu moins bien qu’en Europe. Certains petits commerces vont accepter votre CV remis de cette façon avec plaisir (restaurants, petites écoles de langue…) mais les chaînes (hôtels et restaurants y compris) vont inévitablement vous renvoyer vers leur site web national ou régional.
Dans tous les cas, faites attention à ne pas venir au moment où le commerçant est le plus occupé (particulièrement vrai pour les restaurants) car vous risquez de le gêner et de faire potentiellement mauvaise impression.
Important : lorsque vous vous présentez, veillez à être bien habillé. Chemise blanche et pantalon noir sont le strict minimum.
6. Hello Work
Hello Work (prononcez “halo wokku”), c’est le Pôle Emploi japonais. Il fonctionne relativement de la même façon et jouit de la même réputation… Ce n’est donc pas la méthode la plus efficace pour chercher du emploi au Japon, mais les employés peuvent potentiellement vous aider à trouver un petit boulot. Ils ont aussi des ateliers pour la rédaction du CV en japonais.
L’immense majorité du personnel ne parle rien d’autre que le japonais (oui, Hello Work comme son nom ne l’indique PAS est en priorité destiné aux Japonais). Un bureau de Tokyo est spécialisé dans les étrangers mais pourtant, il faudra ici aussi prendre rendez-vous si vous voulez les services d’un interprète (gratuit).
Tous les Hello Work proposent des interprètes en anglais, chinois ou coréen mais pour les autres langues telles que le français, c’est beaucoup moins évident…
7. Apprendre un minimum de japonais
Apprendre un minimum la langue du pays semble être évident mais ça ne fait pas de mal de le rappeler.
Si vous ne parlez pas un mot de japonais, vous vous limitez beaucoup dans votre recherche de travail. Pas besoin d’avoir un niveau courant non plus, mais savoir se débrouiller un minimum et mémoriser des phrases toutes faites vous donneront accès aux emplois dans le service à la clientèle dans les grandes villes.
Rien de mieux pour se débrouiller rapidement en japonais que de prendre des cours pendant quelques mois. Les écoles coûtent assez cher mais la majorité des pvtistes qui sont passés par là en sont finalement très satisfaits et le recommande, d’autant plus que la plupart des écoles ont un service de placement des étudiants dans des entreprises, sans oublier le marché de l’emploi invisible (certaines boîtes se fournissent beaucoup en personnel avec les étudiants de langue japonaise). Le retour sur investissement peut donc être potentiellement très intéressant.
Autre avantage : les étudiants de l’école seront votre premier réseau dans votre recherche d’emploi et beaucoup se transmettent les postes entre eux (fin de séjour, trop occupé, déménagement…).
Au-delà du japonais, comme vous avez déjà dû le deviner, l’anglais sera très utile au Japon, que ce soit pour la recherche de travail ou pour rencontrer des gens : vous ne pourrez pas vraiment vous reposez sur le français.
8. Chercher au bon endroit, au bon moment
Un autre facteur à prendre en compte est la saisonnalité. Bien sûr, ceci ne s’applique pas à tous les secteurs mais tout de même, le marché de l’emploi est beaucoup plus ou moins dynamique à certaines périodes de l’année.
- Avril : c’est la rentrée des entreprises, la période d’embauche numéro 1 au Japon. Les recrutements auront commencé en décembre pour la plupart.
- Septembre : c’est la petite rentrée, moins spectaculaire qu’avril. Le recrutement commence en mai.
- Printemps / automne : haute saison touristique dans tout le Japon, guides, accompagnateurs, restauration, hôtellerie et autres domaines touchés par le tourisme sont en plein boom.
- Hiver : haute saison pour les sports d’hiver, Nagano, Hokkaido et Niigata emploient énormément de pvtistes (le recrutement débute en septembre). Avoir des qualifications en ski ou snowboard (potentiellement moniteur) sera un plus mais c’est loin d’être nécessaire.
- Eté : haute saison pour les stations balnéaires, Okinawa est largement en tête avec Izu et Kanagawa derrière. Avoir une certification en plongée sous marine pourra être un plus.
9. Les recruteurs et les forums
Ce ne sont pas forcément les premières pistes sollicitées par les pvtistes mais si vous avez déjà un bagage professionnel conséquent, que vous parlez un peu japonais et que vous cherchez un travail dans votre branche, alors vous pouvez tester les agences de recrutement ou vous rendre aux forums pour l’emploi.
La plupart des agences de recrutement internationales se partagent entre Tokyo et Osaka. Attention, elles cherchent souvent des candidats hautement qualifiés. Voici les principales agences :
Les forums d’emploi sont un peu plus difficiles à trouver, et peu d’entre eux sont ouverts aux candidats étrangers, même si les choses changent doucement. Voici ceux où vous aurez le plus de chances de trouver un emploi :
Même si ces deux pistes ne menaient à rien, elles vous donnent un bon aperçu du processus de recrutement “à la japonaise” avec costume/ tailleur de rigueur, CV et lettre de motivation détaillés à fournir et multiples entretiens à passer. Cela reste dans tous les cas une expérience à vivre.
10. Et si tout cela ne fonctionne pas, pas de panique !
Vous avez tout essayé mais rien ne fonctionne pour vous. Vous êtes peut-être tout simplement au mauvais endroit, au mauvais moment. Essayez d’abord d’élargir vos horizons en changeant éventuellement de ville.
Si cela ne fonctionne toujours pas et que vous voyez vos économies s’envoler, alors pensez à la solution WWOOF / HelpX / Workaway. Ces trois systèmes (que l’on retrouve dans d’autres pays) vous font travailler contre le gîte et le couvert. Vous ne gagnez pas d’argent mais vous n’en dépensez plus non plus. Cela vous permet également de vivre une expérience très authentique dans un Japon loin des sentiers battus. La plupart des pvtistes en ressortent satisfaits !
Témoignage : Claire, une expérience mitigée sur un Japon trop fantasmé ?
Bonus : la fausse bonne idée Town Work
On voit souvent sur internet des sites recommander de chercher un emploi dans les journaux gratuits dédiés à ce sujet tels que Town Work, Job Aidem ou Hot Pepper.
Bien sûr, il y a des centaines d’offres, toutes pour du travail à temps partiel, pile ce que vous cherchez ! En plus il est facile de se procurer ces magazines vu qu’ils sont dans toutes les stations de métro. Le problème ? C’est que tout est écrit en japonais !
Et vu que ces annonces sont rédigées en japonais, dans un magazine tout en japonais, elle se destinent à des gens… oui, vous l’avez deviné, qui savent parler japonais (suffisamment au moins pour être capable de lire et postuler, donc on est à un bon niveau N3 du JLPT).
Vous risquez de perdre un sacré temps à déchiffrer tout ça pour postuler à des emplois qui ne vous correspondent pas vraiment (ces journaux visent en priorité les Japonais et / ou asiatiques maîtrisant bien le japonais). Nous vous recommandons de ne pas vous arrêter dessus sauf si vous savez lire ou pouvez vous faire aider par un(e) Japonais(e).
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