La culture chilienne

Le Chili est un pays tout en longueur (4 300 km de long pour 180 km  de large en moyenne) qui offre une grande diversité de paysages. Du désert d’Atacama au nord, le plus aride du monde, jusqu’aux glaciers de la Patagonie dans le sud, avec d’un côté le Pacifique et de l’autre la cordillère des Andes, vous serez surpris par la richesse naturelle de ce pays. N’oublions pas l’Île de Pâques qui fait partie du Chili depuis 1888. Le pays partage ses frontières avec le Pérou, la Bolivie et l’Argentine.
Il est peuplé par 17 millions d’habitants, dont plus de 7 millions vivent dans la capitale Santiago. Loin d’être exhaustif, ce dossier va vous donner un petit aperçu de la culture chilienne. Commençons donc par un peu d’Histoire…

Un peu d’Histoire

Avant l’arrivée des colons espagnols, le Chili était habité par plusieurs peuples amérindiens : Aymaras, Atacameños, Picunches, Changos ou encore les Mapuches qui étaient les plus nombreux et se sont fermement opposé à l’arrivée des Européens. Certains de ces peuples, comme les Selknam qui habitaient le sud, ont complètement disparu.

Le premier Européen à poser le pied au Chili est Fernand de Magellan en 1520. Les Espagnols font une première tentative d’invasion en 1535, sans y parvenir. Pedro de Valdivia sera le premier à réussir à s’installer à partir de 1540. Santiago est fondée en février 1541, et la colonisation continue vers le sud. Toutefois, la résistance des autochtones, notamment les Mapuches, est forte.

mapuches-chili

Plusieurs mouvements indépendantistes font leur apparition au début du XIXème siècle, ces criollos (Espagnols nés en Amérique du Sud) souhaitent s’affranchir de la domination de l’empire espagnol. L’indépendance du Chili est décrétée en 1818, le “libérateur” Bernardo O’Higgins prend la tête du pays. Le territoire évolue beaucoup dans les années qui suivent (annexion de l’Île de Pâques, signature de traités avec les Mapuches, concessions à l’Argentine, guerre du Pacifique, etc.).

Une guerre civile éclate en 1890, elle se termine l’année suivante par la mise en place d’une république parlementaire. Le pays continue à se développer économiquement au cours du XXème siècle, mais déjà des mécontentements apparaissent quand à la répartition des richesses du pays (exploitations minières, réformes agraires…).  Le Chili est également touché par la crise mondiale de 1929. Des partis socialistes apparaissent, mais dans un climat de guerre froide, le parti communiste sera un temps interdit. L’instabilité politique règne et fait place à une crise sociale. Le pays s’industrialise de plus en plus.

En 1970, Salvador Allende, candidat de l’Unité Populaire, est élu président. Des réformes sociales très importantes vont être mises en place. Ces réformes eurent tout d’abord des résultats positifs, mais le PIB s’effondra quelques années plus tard, laissant place à une crise économique. Allende fait face à de nombreuses oppositions (grèves, insurrections…). Le 11 septembre 1973, un coup d’Etat militaire, soutenu par les USA, fait tomber le gouvernement socialiste. Le pays entre alors dans une longue période de dictature militaire (1973-1989), dirigée par le général Pinochet.
La démocratie fait son retour en 1989. La constitution est revue en 1990, mais c’est un travail qui est toujours en cours et le sujet de la dictature reste encore très sensible.

La politique actuelle

Les jeunes Chiliens s’intéressent beaucoup à la politique de leur pays, ils sont également curieux de ce qui se passe à l’étranger. C’est un thème de conversation qui revient souvent ! Depuis le retour de la démocratie, nombreuses sont les manifestations et mouvements sociaux qui touchent le pays. Des réformes sont encore nécessaires (éducation, santé…).

Les identités chiliennes

La population chilienne descend majoritairement des Européens, principalement des Espagnols (Basques et Castillans). Il y a aussi des descendants d’immigrants britanniques et irlandais, on note également une influence allemande dans le sud du pays. Selon le recensement de 2012, 11,1 % de la population chilienne était amérindienne. Aujourd’hui le pays est assez homogène, la fête de l’indépendance est fêtée dans tout le pays le 18 septembre. Toutefois, certaines régions ont une identité culturelle plus forte que d’autres. Celles du nord sont marquées par l’influence des peuples amérindiens andins et le catholicisme. Si vous avez l’occasion d’y être en juillet, allez au petit village de La Tirana qui accueille de très nombreux visiteurs lors de son festival ! Un peu plus au sud, dans la région de l’Araucanie, c’est la culture mapuche qui est plus importante. Encore plus au sud, c’est l’influence allemande qui se fait sentir. L’île de Chiloé a quant à elle sa propre identité (n’hésitez pas à lire notre dossier entièrement consacré à Chiloé). Tout comme l’île de Pâques qui a su conserver sa culture polynésienne.

L’espagnol parlé au Chili et l’accent local

Oubliez l’espagnol que vous avez appris à l’école, ici on parle chileno! Vous allez vite vous rendre compte qu’en plus du fait qu’ils parlent très vite, ils utilisent aussi beaucoup d’expressions propres au Chili, on appelle ça des “modismos” ou “chilenismos”.

Par exemple, ils ajoutent “po” à la fin de beaucoup de mots. Donc au lieu de répondre simplement “si” à une question, ça devient “sipo”, ça ne veut rien dire de spécial. Vous allez aussi vite noter le mot “cachai ?”, qui veux dire “tu comprends ?”

Ce qui m’amène au tutoiement/vouvoiement. Ce n’est pas toujours facile de savoir si on doit tutoyer quelqu’un ou utiliser “usted”. Les gens sont assez familiers au Chili. Par exemple, ils font la bise, une seule, très facilement (par exemple en entretien d’embauche ou chez le médecin ! ça m’a personnellement beaucoup surprise !). Cependant, par respect pour des personnes plus âgées que vous, utilisez “usted”, de même au travail, ou dans les magasins, etc. La société chilienne étant très “classiste” ce n’est pas toujours facile de savoir quelle attitude adopter avec les gens selon les contextes.

Revenons à la langue, pour le tutoiement, le problème est que c’est un mélange de “tu” et “vosotros” (qui n’est en fait pas utilisé ici). C’est pour ça qu’on dit “cachai”, la terminaison est un mix entre le tu et le vous. “Salut, ça va?” deviens “Hola, como estai ?” voire “como ‘tai?”. Remarquez que les “s” en fin de mots sont rarement prononcés. “Ici” se dira plutôt “acá” que “aquí” contrairement à ce qu’on apprend en France, ce qui prête à confusion au début !

Et pour aller encore plus loin dans votre apprentissage du chileno, rendez-vous sur notre dossier ¿ Hablas Chileno ?

Les Chiliens et les relations sociales

Comment sont les Chiliens ? Voilà une question que l’on me pose souvent, et à laquelle je trouve très difficile de répondre ! Mais je vais essayer… Comme je le disais précédemment, la société chilienne est une société où les classes sociales sont encore très présentes, et ne se mélangent pas beaucoup. Il y a de très grandes disparités entre riches et pauvres, et ils ne vivent pas dans les mêmes quartiers.

Par exemple, selon le nom de famille que vous portez, vous n’allez pas être perçus de la même manière. De même, là où vous êtes allé à l’école, où vous avez fait vos études supérieures, a une grande importance. J’ai, pour ma part, eu beaucoup de difficultés à comprendre cet état d’esprit, le ressenti que j’en ai eu c’est que les gens se méfient pas mal les uns des autres mais c’est une opinion très personnelle. En tant qu’étranger, on est classé dans une catégorie à part, ne soyez pas étonnés si on vous nomme régulièrement “gringo” ou “gringa” (il ne faut pas le prendre mal).

Mais à côté de ça, les Chiliens sont très sympa et vous trouverez toujours quelqu’un prêt à vous rendre service. Ce sont des bosseurs, et n’ont pas toujours énormément de temps libre. Mais la moindre occasion est bonne pour faire un barbecue ! Et ils aiment beaucoup faire la fête !

Ils ont aussi un côté conservateur, notamment en ce qui concerne la famille. Il est très courant que les jeunes ne quittent la maison familiale que lorsqu’ils se marient. Je pense que le réseau familial est plus important que le réseau amical. Les amis sont souvent les cousins par exemple, ou les amis d’enfance que l’on connaît depuis toujours. Et le dimanche est réservé à la famille. Mais il n’est bien sûr pas impossible de se faire des amis, voire plus !
Les relations de couple sont un peu compliquées. Il y a plein d’étapes avant d’être “pololo/polola” (en gros, c’est le stade avant les fiançailles). Au début d’une relation, il n’est pas interdit d’aller voir ailleurs. Le machisme au Chili est latent, les regards sont parfois insistants et il n’est pas rare non plus de se faire siffler en pleine rue.
Ces comportements peuvent mettre mal à l’aise et sont d’ailleurs dénoncés depuis plusieurs mois : en effet, une vague de manifestations a débuté en Mai 2018 sous l’impulsion des étudiantes chiliennes et se poursuit depuis pour dénoncer l’inaction du gouvernement face au machisme, aux féminicides et au harcèlement.

La musique et la danse

identite-chili
Les Chiliens aiment beaucoup danser et chanter. Vous verrez de nombreux karaokés là-bas ! La danse traditionnelle du pays est la cueca, elle s’accompagne de musique folklorique et de danse à deux. Les artistes les plus connus de musique folklorique chilienne sont sans doute Violeta Parra, Victor Jara, Inti Illimani, Quilapayún, ou encore Margot Loyola.
Depuis plusieurs décennies, avec l’influence des USA, des groupes pop-rock ont éclatés, notamment Los Prisioneros qui ont cartonnés dans les années 80-90. Aujourd’hui on écoute de tout au Chili, reggaeton en tête. Il y a une grosse influence américaine dans ce qu’écoutent les jeunes, mais aussi beaucoup de groupes/chanteurs latino-américains ! Si vous aimez le rap/hip hop, écoutez donc Tiro de Gracia,  Anita Tijoux, Liricistas, ou Guerrillerokulto. Pour la cumbia, je vous conseille Banda Conmocion, Juanafé ou encore Santa Feria.
On voit souvent des groupes d’ados dans les parcs s’entraîner à faire des chorégraphies. Il n’y a pas d’âge pour danser, et tout le monde aime ça, autant les femmes que les hommes !

Littérature chilienne : un pays d’écrivain·es

pablo-neruda-maison
Le Chili est un pays de poètes. Le plus connus d’entre eux est incontestablement Pablo Neruda. Si sa vie vous intéresse, ses maisons ont été transformées en musées et on peut aller les visiter, il y en a une à Santiago (“La Chascona”), et une autre à Valparaiso (“La Sebastiana”), Pablo Neruda n’est pas le seul Chilien a avoir obtenu le prix Nobel de littérature, avant lui en 1945, le prix a été attribué à Gabriela Mistral.

D’autres auteurs sont assez renommés, vous avez peut-être lu des œuvres de Francisco Coloane, Manuel Rojas, Luis Sepúlveda, Jorge Edwards ou encore Isabel Allende (personnellement, je vous recommande La Casa de los Espiritus).

Santiago et Valpo : deux hauts-lieux du street art (muralismo)

L’art urbain est très présent au Chili. On voit des graffitis ou des grandes fresques murales un peu partout. Valparaiso est sans doute la ville la plus réputée pour ça, on a l’impression d’être dans un musée à ciel ouvert ! À Santiago, il faut aller se balader dans les quartiers Bellavista ou Brasil pour voir des peintures à tous les coins de rues. Mais il y en a bien sûr dans d’autres quartiers, et d’autres villes du pays. Si je peux me permettre une petite recommandation, à Santiago j’avais fait un tour sur le street art avec STgostreetart, c’était super intéressant. Ils font aussi des tours à Valparaiso. Pour en savoir plus sur « Valpo », direction notre dossier : PVT et tourisme à Valparaiso.

Le sport : la religion chilienne

Ici, le football est roi! Le Chili est l’actuel tenant du titre de la Copa América, remportée en juin 2016. Au niveau national, les deux équipes qui se disputent le titre de champion depuis plusieurs années sont Colo-Colo et Universidad Católica. Le tennis tend à se développer de plus en plus également.

Ce dossier a été initialement publié en 2016 et mis à jour en mars 2019 par Floxinelle.

Annaïk

J’ai atterri sur Pvtistes.net en 2010 alors que je préparais mon PVT en Nouvelle-Zélande, j’y ai trouvé de nombreux conseils et une communauté dynamique. J’y passe encore plus de temps depuis mon retour en essayant de rassurer et répondre au mieux aux questions des futurs globe-trotteurs de l’hémisphère sud et en participant régulièrement à des rencontres sur Rennes !

Mon année chez les kiwis (novembre 2010 à novembre 2011) a été riche en rencontres et découvertes, et principalement tournée vers le tourisme et le WWOOFING. Une fois piquée par le virus du voyage, l'idée de faire un deuxième pvt était récurrente. J'ai fini par sauter le pas en janvier 2016 en partant pour Santiago au Chili. Une deuxième expérience complètement différente, où j'ai plus travaillé que voyagé mais tout aussi intéressante!

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(5)Commentaires

NicoBB7 I |
Désolé pour la correction automatique..

"Quien fuera peo para recorrete el ano"*

😅
NicoBB7 I |
Petites corrections :

"Les relations de couple sont un peu compliquées. Il y a plein d’étapes avant d’être “pololo/polola” (en gros, c’est le stade avant les fiançailles). Au début d’une relation, il n’est pas interdit d’aller voir ailleurs."

Mi polola Chilena a bien ri quand je lui ai raconté ça ! 😄
La tournure utilisée ci-dessus peut porter à confusion.
Tout dépend de quoi on parle, à savoir que le "statut pololo" est l'exact équivalent d'une relation de couple standard chez nous, deux personnes qui sont ensemble dans une relation exclusive et monogame (après, exactement comme chez nous encore une fois, chacun est libre d'opter pour une relation plus ou moins ouverte sur ce plan).
Bien évidemment, et pour la dernière fois comme chez nous, quand deux personnes sont dans une phase de flirt et avant de se considérer "officiellement en couple" chacun est libre de faire ce qu'il lui plaît avec qui il lui plaira.


"Il y a un peu de machisme au Chili mais ce n’est pas trop fort et ça évolue. Vous ne vous ferez quasiment jamais draguer dans la rue, par exemple."

La société Chilenne est machiste, certes pas autant que le puisse être là société Colombienne mais au moins autant que ce que l'on peut rencontrer en France.
"Quasiment jamais" ne me paraît pas vraiment être le terme adéquat en ce qui concerne la drague de rue et autres "piropos" (interpellation imagée d'une femme par un homme dans la rue).
À savoir que tout récemment a été voté une loi punissant d'une amende (una multa) toute personne auteur de "piropo".
Exemples de piropo (je vous laisse le soin de la traduction..) :
- Te chupo el sin hueso hasta quitarle el tieso
- Quien fuera casa para tenerte dentro
- Quien fuera pero para recorrer te el ano

Je tiens à préciser que je ne cherche pas à véhiculer une mauvaise image de la culture Chilienne, vous pouvez imaginer que je suis pleinement baigner dans cette culture grâce à ma belle famille et l'entourage de ma copine. C'est une culture qu'il faut apprécier à sa juste valeur, l'accueil que vous réservera ce peuple chaleureux primera avant tout autres choses.
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Hélène I |
Merci pour toutes ces infos Annaïk
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isa I |
Message de Alban72
La solidarité m'a particulièrement marqué au Chili. Les gens s'entraident énormément sans rien attendre en retour. Entre tremblements de terre, tsunami, éruptions volcanique, incendies... le pays doit s'entraider (le gouvernement n'est pas toujours très réactifs). A noter, les pompiers ne sont pas payés au Chili, ils sont tous volontaires!
De plus, lors de tremblement de terre, les Chiliens sont capables de deviner l'intensité du séisme. C'est plutôt marrant de les voir débattre sur la magnitude du "temblor" ou "terremoto". On parle de "terremoto" à partir d'une magnitude de 7 environ, où cela devient vraiment fort (pour les Chiliens). En dessous de 7, les "temblor" sont plus comme des "secousses", pas trop d'inquiétude (pour les Chiliens).
Point très intéressant, merci Alban !
Effectivement, j'imagine que quand tu côtoies ce genre de catastrophes naturelles depuis ta naissance, tu commences à être bien organisé...
Alban I |
Super dossier, très juste!
La solidarité m'a particulièrement marqué au Chili. Les gens s'entraident énormément sans rien attendre en retour. Entre tremblements de terre, tsunami, éruptions volcanique, incendies... le pays doit s'entraider (le gouvernement n'est pas toujours très réactifs). A noter, les pompiers ne sont pas payés au Chili, ils sont tous volontaires!
De plus, lors de tremblement de terre, les Chiliens sont capables de deviner l'intensité du séisme. C'est plutôt marrant de les voir débattre sur la magnitude du "temblor" ou "terremoto". On parle de "terremoto" à partir d'une magnitude de 7 environ, où cela devient vraiment fort (pour les Chiliens). En dessous de 7, les "temblor" sont plus comme des "secousses", pas trop d'inquiétude (pour les Chiliens).
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