4Les préparatifs : ménage, décorations et dettes

En France, nous faisons souvent la cuisine et le ménage en vue de recevoir les invités pour le Nouvel An, au Japon c’est tout un autre programme ! Cette fête se prépare à l’avance et est vue comme une date butoir pour certaines choses qui doivent être réglées avant la fin de l’année.

Tout d’abord, il faut régler toutes vos dettes et problèmes en cours avant de finir l’année. Bien que cela ne soit pas toujours possible, les Japonais essaient cependant d’expédier les affaires courantes avant le Nouvel An pour ne pas s’attirer de malheurs l’année d’après. Dans le même registre, les entreprises sont particulièrement actives avant les fêtes et les employés font beaucoup d’heures supplémentaires pour finir les tâches en cours afin de commencer la nouvelle année du bon pied.

C’est aussi l’heure du grand ménage ! À la maison et au bureau, tout le monde se retrousse les manches pour nettoyer de fond en comble les lieux. Cela prend une tournure particulière à la maison car la maîtresse de maison n’est pas censée lever le petit doigt pendant les 3 premiers jours de l’année…

Au niveau des décorations, les choses là aussi ne sont pas forcément simples. Une fois le grand ménage fait, les décorations de Noël laissent place aux décorations beaucoup plus traditionnelles du Nouvel An.
Tout d’abord, il y a les “Kadomatsu”, qui vont toujours de pair, souvent constitués de pin et de bambou. Ils sont posés à l’entrée des maisons et sont là pour accueillir les dieux. Il est de mauvaise augure de les poser au dernier moment car cela risquerait de mettre en colère les dieux, on les voit donc généralement assez tôt, juste après Noël.
Le “Shimekazari” qui est est une couronne de paille de riz est accroché à la porte d’entrée et est censé repousser les mauvais esprits.
Enfin, cette fois à l’intérieur, se trouve le “Kagami mochi”, constitué de deux portions de mochi (qui représentent l’année passée et l’année qui arrive) et d’une clémentine posée au sommet. On le garde généralement en déco jusqu’au 7 janvier, date à laquelle vous pouvez le cuisiner (souvent grillé). À la fin de l’année, toutes ces décorations seront brûlées au temple et de nouvelles seront achetées pour l’année à venir.

Shimekazari-japon

Ce qui se passe le soir du réveillon… Qu’on se le dise, la Saint Sylvestre au Japon c’est famille, repas froid et télé pour une majorité de Japonais !

En effet, au Nouvel An, on mange froid : vu que la maîtresse de maison n’est pas censée effectuer de tâches ménagères du 1 au 3 janvier, elle ne cuisine pas non plus. Ainsi, il est de coutume de manger le plat traditionnel appelé “Osechi” constitué de légumes, viandes, fruits de mer et poissons souvent marinés dans du vinaigre (pour se conserver). Selon certains, c’est délicieux, d’autres vous avoueront que c’est plus agréable à voir qu’à manger… vous vous ferez votre opinion !
Autrefois préparé par les femmes de la famille avant le réveillon, aujourd’hui l’Osechi est très souvent commandé au supermarché dès la début décembre. Les prix ont de quoi faire peur, allant de 100 à 300 euros selon la taille des plats !
Un autre plat traditionnel est le “mochi” (vu plus haut notamment avec le Kagamimochi) un gâteau de riz légèrement délicat à mâcher. Blague à part, il y a des morts tous les ans à cause de ce gâteau, généralement de personnes âgées qui s’étouffent en le mangeant, nous vous conseillons donc d’y faire particulièrement attention !

La majorité des Japonais ne sortiront pas de la nuit et passeront la soirée devant la télévision. À partir de 19 h 15 très exactement : c’est le début du Kohaku Uta Gassen. Loin d’être une banale émission compte à rebours du Nouvel An, le Kohaku est une véritable institution au Japon et existe depuis presque aussi longtemps que la télévision ! En 2016, le Kohaku en était à sa 67e édition. Avant de passer à la télévision sur la chaîne publique NHK, l’émission passait à la radio, là aussi sur NHK.

Le Kohaku est un marathon musical de 4 h 30, qui rassemble le gratin des chanteurs du pays. Ils sont divisés en deux équipes, l’équipe rouge pour les femmes et l’équipe blanche pour les hommes. Les présentateurs changent tous les ans et font eux aussi partie des personnalités en vogue au Japon. Que ce soit en tant que présentateur ou chanteur, participer au Kohaku est un grand honneur et un tournant dans la carrière de beaucoup de stars japonaises. Refuser de participer au Kohaku peut en contrepartie entacher votre réputation et vous attirer les foudres de la toute puissante NHK…

L’émission fut pendant longtemps le programme télé le plus regardé de toute l’année mais sa popularité est en baisse, surtout auprès des jeunes. Malgré tout, elle reste l’émission musicale la plus regardée. Elle est aujourd’hui concurrencée entre autre par le sport (de combat, type K-1) et d’autres émissions, souvent humoristiques. Le Kohaku rend l’antenne à 23 h 45 pour laisser place aux retransmissions des feux d’artifices ou des reportages en direct des temples pour la première prière de l’année.

Cependant, si vous avez la télévision, il n’y a pas que le Kohaku qui pourrait être intéressant à regarder. Le lendemain, sur presque toutes les chaînes, des émissions spéciales avec reportages dans différentes régions du Japon présentent des événements locaux pour fêter la nouvelle année, à commencer par le lever de soleil (le plus célèbre étant celui au-dessus du Mont Fuji) des défilés, des baignades dans l’eau glacée, du Kabuki…
La télévision japonaise est généralement d’une qualité, disons douteuse, mais elle devient culturellement très riche le jour du Nouvel An. Pas besoin de comprendre le Japonais pour en profiter et avoir un aperçu des nombreux folklores du pays.

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Mylène

Passée par le Canada, la Chine et Taïwan, je suis arrivée au Japon en 2015 et suis toujours aujourd'hui dans ce pays fascinant.

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