Les Hongkongais bénéficient de la liberté de culte. Les principales religions à Hong Kong sont le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme. Viennent ensuite le christianisme (environ 400 000 catholiques et 500 000 protestants), l’islam (environ 300 000 personnes, venant notamment d’Indonésie, de Chine ou encore du Pakistan), l’hindouisme (environ 100 000 personnes, venant d’Inde, du Népal ou encore de Singapour), le sikhisme et le judaïsme dans une moindre mesure.
En 2014, une étude révélait que pour environ ¾ de la population, la religion ne prenait pas une part importante dans leur vie quotidienne.
La religion traditionnelle chinoise, dans laquelle environ la moitié de la population hongkongaise se reconnaît, n’est pas constituée de manière formelle et codifiée. Elle emprunte des pratiques, des croyances, des rituels à différentes religions et croyances qui se transmettent de génération en génération. Un individu n’est pas forcément uniquement bouddhiste, il peut adhérer à plusieurs croyances et façons de penser.
Les lignes ne sont pas aussi fixes/figées que les religions monothéistes que l’on connaît mieux. Par conséquent, il est tout à fait possible de suivre les préceptes de plusieurs religions, de piocher ça et là des éléments, des valeurs qui nous correspondent.
De nombreux habitants de Hong Kong ne sont pas profondément religieux, mais vont faire des offrandes à des divinités bouddhistes, tout en participant à des célébrations taoïstes ou en suivant des règles confucianistes qui ne les empêcheront pas de croire à des superstitions ou suivre les préceptes du feng shui.
Le feng shui
Un ensemble de pratiques issues du taoïsme et qui consiste à créer un équilibre harmonieux des objets ou des bâtiments dans l’environnement. Le but du feng shui est d’apporter la bonne fortune, la bonne santé grâce à un bon équilibre des forces du cosmos. Ainsi, avant de construire un immeuble ou d’acheter une maison, beaucoup de Hongkongais font appel à des maîtres du feng shui.
De nombreux buildings de Hong Kong s’appuient justement sur les préceptes du feng shui. C’est le cas du building de la HSBC : ses formes arrondies, sa position face à la mer, ou encore l’espace vide sous l’immeuble sont jugés bons. De l’autre côté de l’île, à Cyberport ou Repulse Bay, plusieurs immeubles présentent d’énormes trous en leur milieu.
Ces trous n’ont pas un but esthétique, et font perdre de l’espace dans les immeubles, mais ils serviraient, selon les préceptes du feng shui, à faire passer le chi (l’énergie vitale) et le dragon qui vivrait sur les hauteurs de Hong Kong, lui facilitant ainsi l’accès à la mer. Les trous dans les immeubles favorisent la circulation des dragons, qui ne sont pas “bloqués” par les immeubles, ce qui apporterait mauvaise fortune. Le but est aussi de faire augmenter la valeur desdits-buildings puisque les acheteurs potentiels pourraient être attirés par cet élément.
La place de la famille et le culte des ancêtres
La notion de piété filiale est importante à Hong Kong. Issue du confucianisme, elle met en avant le respect envers ses parents. Il est important d’être respectueux de ses parents, de leur être obéissant, de bien se comporter en société pour ne pas jeter le discrédit sur ses parents et sa famille, et de prendre soin d’eux.
Par ailleurs, la notion de piété filiale hiérarchise et détermine les rôles des différents membres de la famille. Les membres les plus âgés doivent être respectés et écoutés, tandis que l’opinion des plus jeunes va être moins prise en compte.
La piété filiale est directement liée à un autre concept important à Hong Kong : celui du culte des ancêtres. Rendre hommage aux ancêtres, prendre soin de leurs tombes, faire des offrandes de nourriture ou de papier permettent de créer un lien entre les vivants et les morts.
Dans la croyance populaire chinoise, les morts continuent d’influencer la vie des vivants (en bien, comme en mal). En respectant ses ancêtres, en leur rendant hommage, leurs âmes sont soulagées et peuvent envoyer des énergies positives aux membres de leur famille. Chez de nombreuses familles hongkongaises, il est coutume d’avoir un petit hôtel dans le logement, dédié aux ancêtres. On peut leur faire des offrandes avec des fruits ou encore brûler de l’encens ou des répliques en papier d’objets du quotidien (un téléphone en papier, une voiture en papier…) pour que les morts soient en mesure de les utiliser.
Deux jours fériés sont consacrés au culte des ancêtres à Hong Kong. La fête de Ching Ming au mois d’avril et la fête de Cheung Yeung au mois d’octobre. Ces deux fêtes sont l’occasion pour les familles de se réunir, de nettoyer les tombes des ancêtres et de leur faire des offrandes. La tradition veut aussi que lors de Cheung Yeung, les familles partent randonner dans les montagnes de Hong Kong, pour attirer la bonne fortune.
Idéalement, et pour suivre les préceptes du feng shui (qui doivent perdurer au-delà de la mort), les tombes doivent être placées à flanc de colline, face à la mer. C’est pour ça que les cimetières sont le plus souvent à ces endroits.
Le culte des ancêtres se met aujourd’hui en mode 2.0 : il est désormais possible de rendre hommage à ses défunts en ligne. Le gouvernement de Hong Kong incite ainsi la population à créer un page d’hommage en ligne, pour pouvoir honorer ses ancêtres à tout moment, depuis partout dans le monde. Il y a plusieurs idées derrière ça : la première est de réduire (même un peu) l’impact environnemental causé par le fait de brûler des petits papiers d’offrandes qui peuvent provoquer une pollution non négligeable. Par ailleurs, les autorités manquent tellement de place qu’elles encouragent les familles à répandre les cendres des défunts dans des endroits dédiés en mer ou dans des jardins du souvenir. Le profil sur Internet apparaît alors comme un lieu dédié où peuvent se rendre les proches du défunt pour lui rendre hommage.
Les divinités populaires à Hong Kong
Tin Hau, déesse de la mer
Plus de 60 temples (plus ou moins grands) à travers Hong Kong sont dédiés à Tin Hau, une déesse taoiste de la mer. Une station de métro est même nommée après son nom. Elle protège les marins, les pêcheurs et tous ceux qui ont un lien avec la mer. Chaque année vers la fin du mois d’avril, lors du Tin Hau Festival, de nombreux Hongkongais se rendent à Joss House Bay (peu accessible le reste de l’année) pour rendre hommage à la déesse, le jour de son anniversaire.
À lire : le festival de Tin Hau à Hong Kong
Man Cheong et Mo Tai
Man Cheong est le dieu de la littérature, tandis que Mo Tail est le dieu de la guerre. Le premier tient un crayon tandis que le second tient une épée. Ces deux dieux sont souvent associés dans des temples appelés Man Mo temple. Les deux dieux font l’objet de toutes les attentions par les étudiants et leurs parents, puisque ce sont les dieux vers lesquels on se tourne si l’on souhaite réussir ses examens. Il n’est pas rare, avant une période d’examens, de voir des étudiants ou leurs parents venir déposer de l’encens auprès de ces dieux dans différents temples Man Mo de la ville, en particulier dans le Man Mo Temple de Sheung Wan, l’un des temples les plus connus de la ville.
Man Mo Temple de Sheung Wan
Kwun Yum, déesse de la miséricorde
Kwun Yum (ou Guan Yin) est une déesse bouddhiste et taoïste de la miséricorde. On se tourne vers elle pour calmer ses souffrances.
Chaque année, à l’occasion du 26e jour du premier mois lunaire, les Hongkongais se pressent par milliers vers le temple de Kwun Yum à Hung Hom pour « emprunter » de l’argent à la déesse. Après lui avoir fait des offrandes, ils choisissent une petite enveloppe rouge qui doit leur indiquer la somme prêtée.
Évidemment, elle ne donne pas vraiment de l’argent, mais si la personne qui l’a priée reçoit une augmentation ou une importante somme dans l’année, cela apparaît comme si cette somme venait de l’action de Kwun Yum. Dans ce cas, la personne doit revenir l’année suivante pour “rembourser” la déesse en lui faisant de nouvelles offrandes.
Pak Tai, dieu de la mer
Pak Tai est une divinité taoiste qui protège les marins et les pêcheurs. Pak Tai est notamment populaire sur l’île de Cheung Chau où, chaque année, au mois de mai (le même jour que l’anniversaire de Bouddha), est organisé le Cheung Chau Bun festival, qui lui rend hommage.
Le Cheung Chau Bun festival est extrêmement populaire à Hong Kong. Des milliers de personnes se rendent sur la petite île pour participer aux différentes festivités. Pendant 3 jours (le festival dure 3 jours, mais les festivités ont lieu le 3e jour du festival), vous ne trouverez que de la nourriture végétarienne sur l’île (même au McDonald !). Vous aurez aussi l’occasion de voir des tours de bambous constituées de milliers de buns, des petits pains briochés blancs avec une petite crème sucrée à l’intérieur.
L’apogée du festival, ce sont la parade (le matin du troisième jour) et la compétition de “bun snatching” en fin de soirée, une course au cours de laquelle plusieurs athlètes (ils ne veulent que des “professionnels”, après des accidents intervenus dans les années 1970) doivent monter sur les tours de bambous tout en récupérant un maximum de buns en 3 minutes.
Ce festival est très populaire, et vous pourriez avoir beaucoup de temps d’attente pour vous rendre sur l’île et surtout, pour en revenir.
Les sorcières du pont de Causeway Bay
Au niveau du pont aérien qui passe au dessus d’Hennessy Road, entre Causeway Bay et Wan Chai, vous pourriez être interloqués par de vieilles femmes installées là en journée tapant sur des bouts de papier avec le plat de leur chaussure ou un bâton.
Il s’agit des « sorcières » de Causeway Bay (villain hitters ou Da Siu Yan). Elles sont en train, à la demande d’un client, d’enlever le démon qui se trouverait dans le corps d’une personne avec laquelle le client est en conflit.
Il ne s’agit en principe pas vraiment de faire du mal à la personne, mais au démon qui se trouverait en elle et qui la pousserait à ne pas agir en accord avec la volonté du client. En gros, elles procèdent à un exorcisme à distance. Néanmoins, certains clients semblent tout de même mettre des noms bien spécifiques sur ces petits papiers (parfois même des personnes publiques, comme des personnalités politiques, par exemple). Pour 50 $HK environ, les sorcières de Causeway Bay auraient aussi la possibilité d’éloigner le mauvais sort de leurs clients.
(1) Commentaire
J’ai adoré lire ce dossier, merci Marie ! C’était vraiment intéressant, instructif et… pour la dernière partie, ça donne faim !!
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