Localisation
Montréal, QC, Canada
Profession

Après un tour du monde, Clémence et Muriel ont choisi de s’installer au Canada et d’acheter un ancien bus scolaire pour continuer à voyager. Elles nous racontent !

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Bonjour Clémence, bonjour Muriel ! Pouvez-vous vous présenter ?
Clémence : Bonjour, j’ai 31 ans, j’ai grandi dans un village en région parisienne. Après l’obtention de mon diplôme à Paris, je suis partie en PVT au Canada et finalement je suis restée ! Aujourd’hui, je travaille comme directrice artistique et designer graphique à mon compte, pour des clients ici, mais aussi en France.
Muriel : Et moi j’ai 34 ans, je viens de Rennes en Bretagne. J’ai eu l’occasion de beaucoup voyager pendant mes études en Asie du sud-est, en Inde… et pour finir au Québec ! Après avoir obtenu un double diplôme, j’ai décidé de m’installer à Montréal. Aujourd’hui, je travaille pour des grands événements sportifs et culturels de la ville en tant que Conseillère Partenariats.
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Vous habitez désormais à Montréal et êtes citoyennes canadiennes. Mais, revenons un peu en arrière, vous avez fait un tour du monde ! Vous nous racontez ?
Clémence : On avait à ce moment-là un gros besoin de sortir de notre quotidien et un voyage au long court comme ça, on s’était toujours dit qu’il fallait le faire ! C’était le bon moment, on avait besoin d’une rupture, d’une pause dans nos carrières professionnelles et on s’est donné les moyens de le faire.
Muriel : Notre voyage a duré 14 mois et a débuté en décembre 2014. Nous avons visité différents pays : Birmanie, Laos, Thaïlande, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande, Australie, Indonésie, Japon, Dubaï, Canada, États-Unis. Notre plus long stop a été l’Australie, où nous sommes restées 5 mois avec un PVT, le temps pour nous de renflouer un peu les caisses… J’avais l’énorme avantage d’avoir la garantie de récupérer mon travail à mon retour et Clem a la possibilité de travailler de partout dans le monde, tant qu’on trouve du wifi… C’était le bon moment pour partir !
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Si vous deviez choisir chacune les 3 meilleurs souvenirs de ce tour du monde, ce serait quoi ?
Muriel : Le lever de soleil sur Bagan (Birmanie) en montgolfière pour mes 30 ans était juste incroyable ! Le survol en avion de la grande barrière de corails et des Whitsundays islands était très impressionnant aussi ! La plongée avec les raies manta à Florès en Indonésie était également inoubliable.
Clémence : Lors d’un trek au Myanmar, nous avons dormi chez des locaux. Ils avaient des enfants, j’ai passé un moment à dessiner avec eux pour communiquer. Ils étaient très curieux, c’était un beau moment. L’arrivée dans les Milford Sound en Nouvelle-Zélande a été magique… Ce lieu inspire le respect, on se sent tellement petits. Enfin, au Japon, nous venions d’arriver à Kyoto, dans un quartier non touristique. Nous cherchions à manger, quand on est entré dans un petit restaurant très intimiste et qui n’accueillait visiblement jamais de voyageurs. Personne ne parlait anglais. Nous avons communiqué avec le serveur grâce à son téléphone et à notre tablette. J’avais téléchargé des applications permettant de traduire le japonais. Finalement, tous les gens du restaurant ont participé pour communiquer avec nous. Et on s’est régalé !
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Et les 3 plus durs moments de cette aventure ?
Muriel : Je pense qu’on est d’accord sur nos pires moments :
La fin de notre fruit picking dans une ferme du côté de Melbourne a été difficile. C’était l’hiver, il faisait froid et il pleuvait beaucoup. Le travail devenait difficile et même dangereux, car tout était glissant. Nous travaillions sur une grosse machine agricole. Un employé a failli passer sous les roues de l’engin qui s’est emballé dans une descente…
Clem est tombée malade à Florès à la fin du séjour, une intoxication alimentaire. En plus avec l’éruption du Mont Raung en Indonésie, notre vol pour Bali a été annulé pour être replanifié à la dernière minute, on a eu 15 min montre en main pour s’enregistrer. C’était vraiment compliqué, tout le monde essayait de monter dans ce vol, car les autres vols de la journée avaient été annulés. On a eu la bonne idée de choisir un hôtel en face de l’aéroport et on a bien fait, car on a pu monter à bord ! Clem n’en pouvait plus… J’avais peur qu’ils ne l’accepte pas dans l’avion tellement elle était malade. Le lendemain, on devait décoller de Bali pour le Japon… Finalement ça l’a fait !
Lorsqu’il y a eu les attentats du 13 novembre 2015 en France, nous étions au fin fond de l’Utah, dans le désert : on a appris ce qui se passait par hasard avec l’alerte Facebook « Antoine est en sécurité ». On n’était pas sûres de tout comprendre, on ne captait pas, on avait un très mauvais réseau. On s’est arrêté au premier motel qui offrait du wifi pour en savoir plus. On était très stressées : nous avions toutes les deux beaucoup d’amis et de familles qui fréquentaient les endroits touchés. Et la chaîne Fox News qui tournait en boucle au motel n’était pas pour nous rassurer…
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Quels conseils donneriez-vous à ceux qui aimeraient partir faire un tour du monde ?
Clémence : Si vous partez avec l’idée de travailler sur les routes en freelance, préparez-vous avant, voyagez doucement, prenez votre temps. Dépassez vos peurs, mais connaissez vos limites aussi. Si vous êtes PVTiste, allez définitivement voir les infos qu’on trouve sur le site pvtistes.net ! Cela nous a bien aidées aussi en Australie.
Muriel : Il faut aussi prévoir assez d’argent pour le voyage. Comme ça, vous pourrez vous offrir des activités qui vous font vraiment plaisir de temps en temps : par exemple, le survol de la Grande Barrière de Corail. Il faut être aussi conscient que travailler en Australie n’est pas aussi facile que ça, il y a beaucoup de concurrence entre travailleurs donc il vous faudra être capable de tenir quelques semaines avant de trouver un travail correct qui remplira votre compte en banque. Le fait de ne pas avoir un budget trop serré enlève un stress financier, c’est important si vous voulez vraiment profiter de votre voyage.
Si vous êtes en mode sac à dos, voyagez léger ! Vous trouverez toujours des vêtements sur place si vous en avez besoin. Il faut vraiment se poser la question du matériel de camping : pensez-vous vraiment camper ? Si c’est pour une semaine ou deux sur tout le trip, il faudra peut-être mieux louer de l’équipement sur place. L’équipement de camping devient très vite encombrant et lourd à transporter.
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Après ce tour du monde, vous êtes parties vous installer au Canada. Pourquoi avoir choisi ce pays ?
Clémence : Un rêve d’enfant. Une tante de ma mère vivait ici et venait tous les ans passer quelques mois en France pour échapper à l’hiver. Cela m’a rendue curieuse. À l’époque, on avait “Encarta”, une encyclopédie sur CDrom ! 😉 J’y ai découvert les paysages canadiens. J’ai grandi dans un village et j’avais envie de découvrir le monde. C’est resté ! Une fois mon diplôme passé, j’avais décidé de le faire. Le PVT a ensuite facilité la démarche.
Muriel : J’ai beaucoup voyagé en Asie pendant mes études. Pour compléter mon diplôme, j’avais plusieurs options : rentrer en France ou repartir à l’étranger. Je n’ai pas hésité longtemps ! J’avais le choix entre l’Australie et le Québec. Par contre, parler français me manquait et j’avais envie d’aller dans un pays avec de la neige… Et, il y a avait aussi ce rêve d’aller visiter les régions arctiques… C’est chose faite ! En 2013, je suis partie faire un trek de 3 semaines au Nunavut. Le Canada est tellement grand, il nous reste encore tellement d’endroits à découvrir…
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Vous êtes arrivées avec un PVT et un permis d’études. Vous êtes désormais citoyennes canadiennes. Vous nous en dites un peu plus sur votre parcours ?
Clémence : Oui je suis arrivée en PVT en 2011, ensuite, j’ai eu un permis Jeune professionnel. (Edit : le PVT n’est désormais plus cumulable avec le JP) Entre temps, j’ai lancé ma résidence permanente. J’ai dû faire une demande de visa temporaire entre les deux, car ma RP tardait à arriver. Je devais également sortir du pays pour des raisons personnelles. Ça a été un peu un chaos administratif, car il était presque impossible d’avoir des réponses auprès d’immigration Canada. Finalement, un jour j’ai réussi à convaincre l’agent de ne pas raccrocher et de prendre le temps de répondre. Sinon, ils ne m’envoyaient que des mails avec des liens ne concernant pas ma situation. Le plus stressant, c’est de ne pas savoir si on risque d’être refusé et de devoir abandonner des années de vie ici. Évidemment, c’est un processus coûteux aussi. Pour la citoyenneté, tout s’est bien déroulé, c’était surtout très émouvant comme moment.
Muriel : Je suis arrivée en 2008 avec un visa étudiant. Ayant obtenu un diplôme au Québec, j’ai obtenu un permis de travail post-diplôme ouvert de 3 ans ; ceci m’a laissé le temps de faire ma demande de résidence permanente. Une fois la RP obtenue et le nombre de jours minimal de présence sur le territoire atteint, j’ai pu lancer ma demande de citoyenneté.
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Vous vous êtes lancées dans un projet appelé « Les Petits Aventuriers ». En quoi ça consiste ?
Clémence : Ce sont des vidéos sur la découverte du monde pour les enfants, sur Youtube. Le projet est né pendant le tour du monde. J’ai eu envie de raconter ce que je vivais à mes neveux et finalement à tous les enfants. On a envie d’ouvrir une porte sur le monde aux enfants, les rendre curieux, ouverts et faire voyager ceux qui ne le peuvent pas. Chaque destination est l’occasion de leur expliquer l’histoire du lieu, sa culture, sa langue, sa géologie, sa faune, sa flore… On développe aussi des coloriages, des jeux éducatifs pour que ce ne soit pas uniquement numérique.
Muriel : Le projet permet également d’aborder le voyage sous un autre angle : On doit voyager plus lentement pour faire les tournages et il y a un gros travail de recherche avant d’arriver dans un nouveau pays. C’est très enrichissant ! On a connaissance de choses qu’on n’aurait pas forcément apprises en tant que voyageuses.
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Et vous avez acheté un bus ! Pourquoi cette idée “folle” ?!
Muriel : Pendant notre voyage de 14 mois autour du monde, nous avons essayé plusieurs modes de road trip : voiture et tente, voiture et motel, van, camping-car, etc. Il faut aussi dire que pendant le tour du monde, Clem travaillait à distance pour des clients au Canada et en France. Et il a bien fallu se rendre à l’évidence : quand on est un digital nomad, il faut quand même avoir un espace et un confort minimal, sinon ça devient vite compliqué. Il nous fallait donc un véhicule assez grand. On voulait aussi pouvoir emmener d’autres voyageurs. Un bus scolaire, c’est spacieux, on peut tout réaliser par nous-mêmes et, surtout, cela nous semblait tout à fait approprié pour le projet éducatif des petits aventuriers.
Clémence : Il nous servira comme studio de production vidéo pour tourner les épisodes, mais aussi de ciné-bus ! On pourra créer un lien avec locaux. On a eu envie de partager cette aventure aussi, sur une autre chaîne Youtube (voyage en roue libre), pour montrer le processus, nos erreurs (et il y en a beaucoup), nos apprentissages à travers ce projet. C’est une expérience très forte et très enrichissante. Plusieurs personnes se sont arrêtées spontanément pour discuter avec nous ou nous aider puisque le début des travaux a eu lieu dans la rue.
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Et concrètement, comment on fait pour acheter un bus ?
Muriel : Pour commencer, c’est plus facile d’avoir son permis bus. Ce n’est pas obligatoire si vous avez un terrain pour le stationner pendant toute la transformation. Nous savions que ce ne serait pas notre cas, que je devrais le bouger régulièrement alors c’est moi qui m’y suis collée ! Le permis bus coûte 1 000$ à passer à Montréal : ceci inclut l’accès aux cours théoriques et pratiques. Il se passe assez rapidement, puisqu’en moins de deux mois, j’ai tout bouclé !
Clémence : Après, il faut trouver LE bus ! Nous avons appelé toutes les entreprises de transport scolaire de la région et fait plusieurs visites d’autobus avant de trouver le bon ! Ensuite, il y a les démarches administratives auprès de la SAAQ. On donne tous nos tuyaux dans cet article.
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Où en êtes-vous dans les travaux d’aménagement du bus ?
Muriel : Nous ne sommes pas des expertes du bricolage ! À vrai dire, on n’y connait pas grand chose, surtout en mécanique ! Mais on apprend au fur et à mesure : : Internet, vidéos Youtube, bibliothèque, groupes facebook, etc. Et aussi, le fait de filmer notre aventure et de la raconter nous a permis de rencontrer de nombreuses personnes qui nous aident. Nous pensons à Vincent en particulier, un mécanicien d’origine française installé au Québec : il nous donne énormément de conseils !
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Clémence : C’est super stimulant, car on apprend continuellement. C’est très important pour nous d’en faire le plus par nous-mêmes. Si un jour on a un problème au milieu du désert, on aura les bases ! Actuellement, nous avons retiré les sièges, poncé une bonne partie du sol, supprimé les chauffages inutiles, géré des problèmes de batteries, nous devons ressouder une partie du plancher… Nous pensons finir l’isolation au printemps, car l’hiver arrivant, il devient compliqué de poser les produits à cause du froid.
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Comment faites-vous pour financer tous ces projets ?
Clémence : C’est un énorme investissement, tout est fait sur nos fonds personnels. La transformation du bus devrait coûter autour de 25 000 $, mais quand on regarde le coût d’une voiture ou encore d’un camping-car, ce n’est pas trop fou.
Muriel : Et le fait de prendre notre temps permet d’étaler les dépenses…
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Quels sont vos projets à court terme ? Et à long terme ?
Muriel : Nous partons dans quinze jours pour un mois à Hawaï pour une nouvelle série des Petits Aventuriers. On aimerait également être capable de finir le bus l’an prochain.
Clémence : Le projet des Petits Aventuriers est bien reçu : nous avons gagné les Pouces d’or 2017 avec la vidéo sur l’histoire de l’Islande et on a été sélectionnées au Frames Festival 2018 avec la vidéo sur les menhirs bretons. On travaille pour développer ce projet professionnellement et on cherche actuellement à l’emmener plus loin, avec différents partenaires. Nous envisageons d’aller loin avec le bus, nous avons plein de trajets en tête, notamment aller en Alaska et lui faire traverser l’Atlantique pour parcourir l’Europe. C’est le développement du projet qui définira la suite !
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Et pour finir, est-ce que la France vous manque parfois ?
Clémence : Vivre à l’étranger met dans une situation complexe : on est toujours entre deux chaises. Aussi bien dans notre pays d’accueil que dans notre pays d’origine. Partir, c’est laisser une part de nous dans les deux cas. Ce qui me manque le plus, ce sont les proches. J’essaie de rentrer au moins une à deux fois par an.
Muriel : Comme Clem, des fois, en étant loin on a l’impression de manquer des choses importantes. Mais maintenant qu’on a la citoyenneté, cela nous laisse plus de flexibilité si on veut bouger ! Mais le retour n’est pas prévu dans l’immédiat, on a encore tellement de choses à découvrir au Canada avec le bus.
Annelise

Après un an passé à découvrir l'Australie en PVT, puis un an à Toronto et 6 mois dans l'ouest canadien (toujours en PVT), je suis ensuite partie en vadrouille un peu partout autour du globe.

I spent one year exploring Australia on a working holiday, followed by another year in Toronto and 6 months in Western Canada. After that, I travelled around the globe.

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(2) Commentaires

Maryame I |

Excellent! Merci. J’ai eu un moment de nostalgie avec la mention d’Encarta 🙂
Plein de bonnes choses

Julie I |

Bravo les filles, c’est super !!! 🙂