Localisation
Yellowknife, NT, Canada
Profession
conducteur de travaux
pvtistes
Bonjour Ghyslain, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Ghyslain Letourneau, je suis originaire d’Angers dans le Maine-et-Loire.

Vivant depuis 8 ans à Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest, je travaille actuellement en tant qu’agent en immigration, recrutement et employabilité au CDETNO (Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest).
pvtistes
Tu es parti en PVT au Canada il y a 9 ans, pourquoi cette destination et comment as-tu vécu le fait de partir seul ?
Je ne connaissais pas ce permis de travail. C’est en fait mon ex-petite amie qui m’en a parlé. À l’époque, je travaillais comme conducteur de travaux et sortais d’une entreprise pour laquelle ça n’allait pas bien professionnellement. Le Canada m’avait toujours attiré depuis très petit.

En mars 2014, mon ex travaillait mais moi j’étais au chômage et nous avions tous les deux besoin d’un changement d’air, de pays, d’un nouveau souffle.

Nous avons donc franchi le pas et nous avons été piochés parmi les premiers arrivés et premiers servis des pvtistes.

Après la première ronde, j’avais obtenu une invitation et elle lors de la deuxième ronde.

Nous voilà en train de mettre en vente tous nos biens : moto, voiture, meubles, etc. pour partir début avril 2014.

Mon ex avait (a toujours) de la famille à Gatineau au Québec donc elle avait un pied d’attache. Moi je me sentais un peu désorienté à être dans une famille que je ne connaissais pas avec une culture différente. Nous sommes restés environ 1 mois avant de partir vers l’aventure qu’on voulait.

Nous avions acheté un van (aka La Rougette, si tu es pvtiste et que tu a un van Chevy de 1989 tout rouge, sache que c’est le meilleur van au monde hahaha) pour parcourir le Canada de l’est en ouest. Après quelques mois de voyage et d’HelpX, nous nous sommes séparés et nous avons vendu notre van et pris deux chemins différents. Territoires du Nord-Ouest
pvtistes
À l’époque, tu nous racontais ta traversée du Canada en stop, quel souvenir tu en gardes ?
HEY Boy !

Quel souvenir et parcours ! En effet, après la rupture c’était compliqué émotionnellement. J’étais entre les deux, mes amis de France me disaient de rentrer, mais je ne voulais pas. Énormément de personnes dans les bassins PVT auraient voulu être à ma place et en plus je cherchais l’aventure.

Donc après 1 mois passé dans le Saguenay à essayer de me retrouver et voir comment je pouvais changer mon aventure, j’ai décidé de faire de l’autostop. Après tout, j’étais ici pour l’aventure et le changement. Et ben je peux dire que ça m’a réussi. Reprendre confiance en moi, dans l’humanité et la rencontre de personnes fabuleuses, ça m’a redonné l’envie.

J’avais oublié à quel point vivre simplement était très bon pour la santé.
pvtistes
Qu’as-tu fait pendant ton premier PVT ?
J’ai voyagé dans la majorité des provinces, sauf Terre-Neuve-et-Labrador, et les territoires du Nunavut et Yukon.

Quand je suis arrivé aux Territoires du Nord-Ouest, j’ai rencontré plein de personnes dont une qui m’a fait part qu’ils recrutaient un caissier à 22 $/h. Comme je pouvais travailler et observer les aurores boréales pendant le reste de mon PVT (5 mois et demi), j’ai décidé de m’arrêter et de travailler à Yellowknife pour le reste de mon PVT. Territoires du Nord-Ouest
pvtistes
Tu es ensuite parti faire un tour du monde pendant 1 an, peux-tu nous raconter ?
Comme beaucoup de pvtistes, le retour en France a été compliqué. Je ne trouvais plus ma place, je me sentais comme un étranger. Après 1 mois j’ai pris mon sac à dos et je suis parti quelques semaines en Europe centrale.

Ça m’a fait tellement de bien que j’ai décidé d’aller plus loin et j’ai donc pris un billet d’avion pour Kochi en Inde (un ami était dans un ashram à ce moment-là et je voulais aller lui rendre visite).

Avant de partir, j’avais fait la demande du PVT Japon que j’ai reçu. J’ai également été pioché lors de ma première tentative dans la 3e ronde du PVT 2015 (EIC avait changé entre 2014 et 2015 et tous les titulaires d’un permis EIC avant 2015 pouvaient obtenir une nouvelle fois un des 3 permis EIC).

Mon plan était donc de faire mon chemin jusqu’au Japon depuis l’Asie du sud-ouest pour ensuite revenir au Canada et activer mon 2e PVT. J’ai adoré cette période de ma vie, je me sentais libre, la vie était simple, je faisais ce que je voulais et j’allais là où je voulais.

Je suis arrivé au Japon en octobre 2015 mais je ne suis pas resté, j’y ai passé 2 mois, 1 mois à voyager et 1 mois à faire du HelpX à Osaka. Il était très dur pour moi de me familiariser et de m’intégrer avec la culture du travail japonaise et la langue.

Je suis donc reparti sur la route et j’ai décidé de passer le mois de décembre et janvier aux Philippines puis d’avion en avion, je me suis retrouvé en Australie et Nouvelle-Zélande pour revenir en Malaise. J’ai adoré la Malaisie, j’y suis allé le mois de septembre 2015 et le mois de juin 2016. J’ai appris beaucoup de choses pendant ce voyage.

Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que le fait de dormir au même endroit, cuisiner mes plats et de travailler me manquait. J’en avais aussi ras le bol de chercher des logements, des billets d’avion et des choses à faire à longueur de journée. Le compte en banque était également à bout de souffle. J’étais donc prêt à m’installer et je savais que ça allait se passer au Canada.
pvtistes
En 2015, le Canada frappe de nouveau à ta porte et tu repars en PVT dans les Territoires du Nord-Ouest, peux-tu nous parler davantage de ces territoires ?
Je connaissais les Territoires du Nord-Ouest, j’avais une idée du marché du travail et des opportunités qui débordaient. Je suis arrivé et il était temps car après avoir payé mon loyer et fait les courses pour deux semaines, il me restait 20 $ sur mon compte en banque. J’avais donc seulement quelques jours pour trouver un emploi.

En 4 jours j’avais déjà 4 offres d’emploi et j’avais le choix. Ensuite, après 1 mois et demi j’ai postulé pour un travail dans une catégorie qualifiée car j’avais pour but d’obtenir la résidence permanente. À ce moment-là, je savais que je voulais continuer à vivre ici. J’ai donc redoublé d’efforts et j’ai travaillé d’arrache pied pour renflouer le compte en banque qui était dans le rouge.

Les avantages de vivre aux Territoires du Nord-Ouest sont nombreux, les inconvénients sont moindres. Les aurores boréales sont magnifiques, c’est un tableau vivant que je regarde presque tous les deux jours à travers ma fenêtre quand je vais me coucher. La communauté est chaleureuse et prête à aider, c’est ça que j’aime et qui me fait rester et bien sûr le froid ne me dérange pas car je préfère le froid du nord à celui du sud (Ontario, Québec par exemple). Territoires du Nord-Ouest
pvtistes
Qu’est-ce que tu fais au Canada depuis 2015 ?
De 2016 à 2021, je travaillais dans le social communautaire, j’aidais les personnes handicapées à les intégrer dans le marché du travail. Comment je me suis rendu de conducteur de travaux en gros-œuvre à aider les personnes handicapées ?

Ben au Canada les employeurs regardent vos « soft skills », votre savoir-être. Lors de ma première année en PVT j’avais fait du HelpX dans une famille avec une personne handicapée et je m’occupais de cette personne en question. Cette expérience combinée à celle de voyage à travers différents pays, le sens multiculturel et une ouverture d’esprit, ont donc fait que j’étais une bonne personne pour aider la communauté de Yellowknife.

Depuis octobre 2021, je suis au poste que j’occupe actuellement et j’adore ça.

Concernant le bénévolat, j’ai été volontaire dans une organisation multiculturelle, je suis aussi membre du club de brassage amateur, je brasse la bière de façon amateur mais je travaille également à la brasserie de Yellowknife à temps partiel car je voulais en apprendre plus de ce hobby que j’adore.

J’ai fait plusieurs voyages de plus de 5 000 km en voiture à chaque fois, je suis allé en voiture jusqu’à Tuktoyaktuk (communauté la plus au nord du Canada qui est accessible par la voie routière), j’ai dû traverser le Yukon pour y aller. De retour de Tuk, je suis allé faire une boucle en Alaska, en passant par Fairbanks. J’ai même pris des autostoppeurs le long de la route.

Mon coup de cœur reste quand même le sud de l’Alberta et le nord du Montana avec le Parc national des Lacs-Waterton et le parc national Glacier respectivement.

J’ai également rencontré ma femme à Yellowknife, on s’est mariés en juin 2020, on a acheté une maison où nous élevons nos deux enfants avec notre chat et chien.
pvtistes
Comment tu t’y es pris pour rester ?
Pour les démarches d’immigration, ce fut assez simple pour moi. Vu que je travaillais dans un domaine de catégorie B (= FEER 2) à l’époque. Je suis rentré dans la catégorie d’Entrée Express – Expérience Canadienne, de plus avec mon niveau en anglais et en français (test de langue) j’étais également dans la catégorie des travailleurs qualifiés au fédéral. Donc après 1 an et quelques mois, je me suis inscrit dans les bassins d’Entrée Express et j’ai été tiré au sort juste avant noël 2017. J’avais rassemblé tous les papiers avant de m’inscrire dans les bassins. Au moment de recevoir la résidence permanente, il me restait environ 6 mois de PVT.

Pour la citoyenneté j’ai un peu trainé, mais pas trop, j’ai fait la demande en septembre 2020 et j’ai obtenu ma citoyenneté canadienne le 24 mars 2022.
pvtistes
Quelles sont pour toi les plus grandes différences entre le Canada et la France ?
Il y a plusieurs différences. Je ne dirais pas que le Canada est mieux ou moins bien, c’est juste différent. Partout il y a un pour et un contre.
  • Pour moi, là où j’ai eu le plus de mal à m’adapter c’est avec la culture du travail. Les attentes des employeurs, la façon de travailler et de communiquer avec les collègues diffèrent de mon expérience française
  • Les distances de voyage ne sont pas les mêmes.
Territoires du Nord-Ouest
pvtistes
Qu’est-ce que tu apprécies le plus au Canada ? Le moins ?
Il faut savoir que le nord est un peu différent du sud. La qualité de vie que j’ai dans le nord, la vie paisible, le calme, l’entraide font que j’apprécie. Les « grandes villes » comme Montréal, Toronto, Vancouver, Calgary, Edmonton ce n’est pas mon « truc ». Le bruit, l’incivilité et le nombre de gens, la circulation, les travaux, la vie stressante des gens… Arghh ça me répugne maintenant.

Quand je voyage au Canada ou même autre part, maintenant il me faut un temps d’adaptation et mon chez-moi me manque rapidement.

Concernant ce que j’apprécie le moins, c’est l’abordabilité de voyager au Canada. Il est souvent moins cher de voyager en dehors du Canada qu’au Canada.
pvtistes
Tu as beaucoup voyagé, quel est ou quels sont tes meilleurs souvenirs de voyages jusqu’à présent ? Le(s) moins bon(s) ?
Meilleur souvenir, bain de minuit à Boracay (Philippines) sous le feu d’artifice de la nouvelle année 2016. Plongée sous-marine dans une épave d’un bateau de la 2e guerre mondiale à Coron (Philippines). Les plantations de thé au Sri Lanka. La fête en Argentine. Les Fjords en Norvège. Randonner sur le mont Fuji au Japon. La visite de la ville de Hiroshima. La communauté couchsurfing à Penang (Malaisie). Voir un grizzly dans les montagnes à Jasper. Honnêtement partout où je suis allé j’ai eu de bons souvenirs.

Le moins bon peut être quand le distributeur de billets a avalé ma carte bancaire à Bali.

Une citation de Charles Martin que j’ai adoré quand je voyageais et qui me redonnait le sourire après avoir dit au revoir à des personnes avec lesquelles j’ai eu une super affinité.

“Life is a series of hellos and goodbyes. This… is goodbye. But not our last hello.”

« La vie est une série de bonjour et d’au revoir. Ceci est un au revoir, mais pas notre dernier bonjour. » Territoires du Nord-Ouest
pvtistes
As-tu des conseils pour les futurs expatriés ou ceux qui hésitent à se lancer ?
Beaucoup de personnes se sont essayées, certaines ont réussi, certaines ont choisi de rentrer, dans les deux cas ce n’était pas un échec mais une expérience de vie.

Si vous y pensez c’est que vous avez déjà fait votre choix. Je ne suis pas sûr que ce soit une citation mais si ça ne l’est pas, alors c’est la mienne.

N’attendez pas d’avoir un emploi avant de partir, ceux qui trouvent un emploi avant de partir ne représentent que 10%.
pvtistes
Enfin, quels sont tes projets futurs ?
Visiter le Nunavut, Terre-Neuve-et-Labrador et vous aider à vous installer aux Territoires du Nord-Ouest !
Marie

En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.

On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.

Ajouter à mes favoris
5
1 avis

Connectez-vous pour pouvoir voter.

Les Guides de pvtistes.net

Nos guides des pvtistes sont disponibles gratuitement au format PDF, pour que vous puissiez les consulter à tout moment, même sans connexion !

(2) Commentaires

Estelle I |

Témoignage passionnant ! Jusqu’à présent, j’avais totalement écarté la possibilité de venir dans les territoires du nord-ouest, maintenant je vais peut-être y penser…

{{likesData.comment_86563.likesCount}}
Sandie I |

Je te remercie pour ce témoignage, partage. Très instructif et intéressant.