Marjorie, un retour en France après 9 ans au Canada, une seconde expatriation
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Après, surtout au retour, j’avais l’impression effectivement d’avoir l’esprit plus ouvert, l’envie de rencontrer du monde, l’envie d’aider aussi parce qu’en vivant longtemps quelque part, on apprend à être solidaire les uns envers les autres puisque justement ce n’est pas facile d’arriver dans une nouvelle culture. Quand on rentre, on essaye d’être solidaire aussi.
Le moins bon surtout c’est que la France me manquait beaucoup et que du coup j’ai quand même malgré tout eu du mal les 4 premières années à m’intégre. Je n’avais pas compris comment m’intégrer, j’ai fait ma Française, je n’avais pas envie d’être là en fait.
C’est un conseil que je vous donne, si vous avez choisi d’aller dans un autre pays, parce que c’est un choix. Si vous avez pris un billet d’avion, c’est que vous avez choisi, alors allez-y à fond et ne faites pas le Français arrogant qui croit tout savoir. Restez humble, intégrez-vous et comprenez que vous arrivez dans une culture différente, que c’est la leur et que vous n’avez pas à imposer la votre. Ce n’était pas toujours un bon souvenir parce que je me suis rendue compte qu’en fait je ne voulais pas être là, j’étais pédante.
En rentrant, j’ai aussi appris à aider les gens, à leur parler, à reconnaître les expats, c’est assez marrant parce qu’on se reconnaît, on a eu les mêmes expériences. On est prêt à discuter avec les autres, à comprendre les autres…
J’étais aussi étonnée de la manière dont les Français réagissent à nos expatriations face à un CV par exemple. Tout un coup, on est atypique. J’ai fait un podcast sur le retour en France qui essaye de défendre le fait que justement si on part s’expatrier au bout du monde, on revient avec autre chose que le petit monde français et on peut apporter des choses, des choses qui sont certes différentes, qui peuvent faire grandir, faire s’ouvrir l’esprit. Je suis un peu devenue revendicatrice, ce que je n’étais pas forcément. J’ai un côté je prends mon bâton de pèlerin et je vais prêcher la bonne parole sur le fait que c’est important de s’ouvrir l’esprit, d’aller voir ailleurs et surtout de nous accepter et de nous ouvrir comme aux autres la porte d’un bon boulot, d’un chouette réseau, etc.
Au bout de 3 ans j’ai fait mon podcast “Exexpat” sur le retour en France parce que d’abord comme je suis journaliste radio au départ, le podcast ne me faisait pas peur et surtout donc j’avais des choses à dire. J’ai fait environ 70 épisodes. De ça, en a découlé une agence de podcasts qui s’appelle Double Monde, qui est une agence à la fois de podcasts de marques et de podcasts natifs, de création. J’ai réussi à me sortir de cette espèce de torpeur de 3 ans et depuis 4 ans maintenant, je suis présidente de Double Monde, avec mon associée Cécile Gorse, on est très fières de ce qu’on fait et c’est vraiment chouette.
Pour ce qui est des voyages, là on va partir au Maroc. On est partis en Grèce, au Portugal, aux Pays-Bas… Ça nous avait manqué ce côté européen, de pouvoir partir dans des pays proches avec une autre langue, une autre culture. À force de rester au Canada ou aux États-Unis, on est tout le temps entourés d’anglo-saxons. Mais après 7 ans, on a envie de refaire des pays lointains mais ce n’est pas facile parce qu’on n’a pas envie de prendre trop d’avions pour ne pas pourrir la planète mais le voyage est toujours dans nos veines bien sûr.
On était contents de revoir tout ça mais personnellement ça ne m’a pas du tout donné envie de retourner vivre au Canada parce que d’abord je n’ai pas complètement adhéré à la façon de vivremais surtout j’ai trouvé que le Canada devenait encore plus américain depuis qu’on est partis. J’aime les États-Unis mais je crois quand même que je suis très Européenne. Beaucoup de choses m’ont choqué, notamment les prix qui étaient très chers et presque pas du tout d’esprit écologique et environnemental, ce qui m’a fortement surprise. J’ai un peu halluciné.
Mais j’étais contente de retrouver plein d’endroits, de montrer aux enfants, de retrouver des amis, des anciens collègues, ça m’a fait beaucoup de bien ça, de voir qu’on ne s’oublie pas, qu’on est toujours là les uns pour les autres.
Mais sincèrement, surtout pour les jeunes, c’est génial parce que d’abord on apprend une autre langue donc on revient avec un bagage important. C’est toujours bien aussi de voir comment les gens travaillent ailleurs et d’essayer de le rapporter en France mais quand on revient il faut tomber sur des gens aussi ouverts d’esprit.
En fait, ce qui est je pense important, c’est que quand on cherche un travail, il faut essayer de trouver un travail dans un endroit qui nous ressemble et avec des gens avec qui on pense pouvoir faire quelque chose. Ce n’est pas juste pour le poste. Si on a la chance par exemple de faire un entretien dans une boîte où justement le patron ou le sous-patron a été expat, tout de suite je pense qu’il y a un truc qui colle mais il ne faut pas être dans l’entre-soi non plus.
Comme je disais tout à l’heure, quand vous arrivez dans un pays étranger, essayez de vous fondre le plus possible dans la culture, sans oublier sa culture bien sûr, d’être avec des gens de là-bas et ne pas rester entre Français et malgré tout quand même avoir cette petite roue de secours, d’avoir quelques Français sous le coude pour se retrouver et éviter le manque de sa culture.
Autre projet, voyager, faire découvrir le monde à mes enfants et peut-être une autre expatriation dans une dizaine d’années.
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En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.
On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.
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(1) Commentaire
Merci pour ton témoignage Marjorie !
Ma femme a accouché également à Toronto en 2018 et contrairement à ton expérience, on a été très bien accompagné. Notre fille était une prématurée de 5 semaines, ils ont dû la garder 10 jours et on a halluciné sur la bienveillance du personnel de l’hôpital saint Michael (celui à côté du Eaton centre).
On est rentré depuis en France après 17 ans à Toronto et je partage totalement ton avis, on est vraiment bien en France, il faut juste s’expatrier pendant quelques années pour en prendre conscience 😉
Bonne continuation à ta famille et toi !
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