Chapitre 1 : Un Nouveau Départ – L’Influence de Julie
En 2005, à l’âge de 23 ans, j’ai franchi un cap majeur dans ma vie. Pour la première fois, je quittais le cocon familial en France pour m’aventurer dans l’inconnu, à des milliers de kilomètres de chez moi, à Toronto. Cette ville, symbole d’opportunités et de diversité, m’attendait. Mais, avec peu d’expérience de la vie, ce déménagement représentait bien plus qu’un simple changement d’adresse. C’était le début de ma vie d’adulte, un saut dans un monde nouveau où tout était à construire : trouver un logement, chercher un emploi, parler anglais au quotidien et surtout, apprendre à vivre de manière autonome.
C’est grâce à Julie, l’autre cofondatrice de pvtistes.net, que ma vie a pris un tournant décisif, c’est elle qui a insufflé l’envie de partir. Dans la vie, on croise le chemin de personnes qui deviennent des piliers, des architectes de notre destinée. Elle fait indéniablement partie de ces figures marquantes dans mon entourage, celles qui ont le pouvoir de transformer radicalement notre existence. Je me demande souvent ce qu’aurait été ma vie sans cette rencontre capitale, parce que suite à mon PVT, je suis resté au Canada plus de 15 ans et parce que ce départ à l’étranger a donné naissance à pvtistes.net, le projet professionnel le plus important de ma vie. Son envie de partir au Canada (et de m’emmener avec elle :-D) a changé ma vision du monde, de moi-même et de ce que je pouvais accomplir.
En France, mon manque de diplômes aurait été un frein considérable. Je suis autodidacte et j’aime entreprendre depuis mon plus jeune âge. Les cadres traditionnels de l’éducation ne m’ont jamais vraiment convenu ; je trouvais les études ennuyeuses, trop rigides. Dans un pays comme la France, où les diplômes et les parcours académiques sont souvent vus comme des sésames indispensables, ma route aurait été semée d’embûches pour rester poli 🙂
Le Canada, en revanche, m’a accueilli avec une ouverture d’esprit et des opportunités qui m’ont permis de m’épanouir. C’est là-bas qu’on m’a donné ma chance dans l’informatique et que j’ai pu dans un second temps pleinement me consacrer à pvtistes.net
Chapitre 2 : Les Premiers Pas
Les premiers mois à Toronto ont été un mélange de fascination et de défis (mon interview à ce sujet). La ville, avec ses gratte-ciels étincelants et son bouillonnement culturel, était impressionnante. Ma plus grande épreuve a été la barrière de la langue. Arrivé sans parler anglais, chaque jour était une lutte pour comprendre et me faire comprendre. Les conversations simples étaient des montagnes à gravir, et la recherche d’emploi semblait une quête interminable. Pendant plus de six mois, j’ai lutté, appris, et peu à peu, j’ai commencé à m’adapter. Chaque mot appris, chaque phrase construite était une petite victoire !
Si vous êtes comme moi, peu à l’aise avec l’anglais, je vous conseille vivement, avant de partir ou en arrivant au Canada, de vous investir dans des cours d’anglais (on a des réductions dans plusieurs écoles). Vous réduirez le choc culturel et linguistique et vous vous adapterez plus rapidement à votre nouvel environnement. Cela vous permettra aussi de saisir des opportunités qui pourraient vous échapper à cause de la barrière de la langue.
Essayez aussi de changer vos habitudes quand vous regardez des films ou des séries. Remplacez la version française par la version originale parce que c’est un bon point de départ pour améliorer votre oreille. Et si vous avez déjà vu le film, je vous conseille aussi de mettre les sous-titres en anglais.
Je vous parle d’expérience, car arriver dans un nouveau pays sans pouvoir comprendre ni s’exprimer est une épreuve qui peut sérieusement ébranler votre confiance et rendre tout plus compliqué, comme ça a été le cas pour moi pendant mon PVT. C’est pour ça que je tiens à partager ce conseil avec vous : ne sous-estimez pas l’importance de la préparation linguistique. Cela peut sembler évident pour certains, mais pour d’autres, l’impact de la barrière linguistique ne devient réel qu’une fois confronté à la réalité du terrain.
Chapitre 3 : L’Épanouissement
Au fil des années, Toronto est devenue plus qu’une ville d’adoption. Elle est devenue mon chez-moi. J’ai tissé des liens, construit ma carrière, et surtout, j’ai appris à aimer cette ville et sa diversité. J’ai vu Toronto évoluer, grandir, tout comme moi. J’ai vécu des moments de joie, de réussite, mais aussi des périodes de doutes et de difficultés. Chaque expérience, bonne ou mauvaise, a contribué à forger la personne que je suis devenue.
Chapitre 4 : Le Retour – Entre Appréhension et Révélation
Le désir de retourner en France a été motivé par une multitude de facteurs, mais l’un des plus déterminants a été la naissance de ma fille. Devenir parents change radicalement votre perspective sur la vie et ce que vous voulez pour votre famille. Avec l’arrivée de notre enfant, l’importance de la famille, de la proximité avec nos proches, est devenue plus évidente que jamais. Vivre loin d’eux, particulièrement pendant des périodes difficiles comme celle du Covid-19, a rendu cette distance encore plus pesante.
La pandémie a bouleversé notre quotidien et a mis en lumière l’importance d’avoir un réseau de soutien familial. Les restrictions de voyage et les confinements successifs nous ont fait réaliser à quel point il est vital d’avoir des liens familiaux solides et accessibles, surtout lorsqu’il s’agit d’élever un enfant. La perspective de voir notre enfant grandir sans la présence régulière de ses grands-parents, oncles, tantes et cousins était devenue impensable.
En plus de l’aspect familial, le retour en France a été influencé par un désir profond de renouer avec notre culture. La gastronomie française, avec ses saveurs authentiques et sa diversité, nous manquait énormément. La « bonne bouffe », plus qu’un simple plaisir gustatif, représente un élément central de notre culture et de notre art de vivre.
De même, la richesse culturelle et historique de la France nous a beaucoup manqué. La vieille pierre, les monuments historiques, les musées, et l’histoire omniprésente dans chaque ville et village de France constituent un patrimoine inestimable. C’est un environnement que nous voulions que notre enfant découvre et apprécie.
En somme, notre décision de retourner en France a été un mélange de raisons familiales, culturelles et personnelles. C’était un tout, une combinaison de facteurs qui, ensemble, ont créé un appel irrésistible vers notre pays d’origine. Ce retour était un choix de cœur, une aspiration à retrouver nos racines, notre famille, notre culture, et à offrir à notre enfant un cadre de vie riche et épanouissant.
L’idée de retourner en France, après 18 ans passés à Toronto, était teintée d’une certaine appréhension. Depuis le Canada, je suivais l’actualité française (et il y en a eu ces dernières années !)… ça a contribué à forger une image plutôt négative de la France, un pays que je ne reconnaissais plus, malgré mes 23 premières années passées à Nanterre, une banlieue que beaucoup qualifieraient de sensible. J’avais l’impression d’avoir quitté un pays devenu méconnaissable.
Pourtant, contre toute attente, mon retour s’est avéré bien plus facile que je ne l’imaginais. L’une des premières choses qui m’a frappé, c’est la liberté de parole, cette capacité à parler sans filtre, à ressentir directement l’émotion de mes interlocuteurs.
Il m’a fallu partir pour réaliser à quel point la France est un pays extraordinaire (même si je sais que tout n’est pas parfait ici), notamment avec son système de santé. Cette prise de conscience ne s’est pas faite en théorie, mais à travers une expérience personnelle et directe. Avec ma fille, ma conjointe et moi avons dû naviguer dans les méandres du monde de la santé, confrontés à la nécessité de multiples examens médicaux. C’est dans ce contexte que j’ai pu mesurer la valeur réelle du système de santé français.
En France, les démarches pour avoir des consultations spécialisées, des examens approfondis, se sont révélées étonnamment fluides. Chaque étape du parcours médical de notre fille a été marquée par une efficacité et une attention qui m’ont impressionné. Les médecins étaient compétents et accessibles. Les délais d’attente, souvent décriés, nous ont semblé raisonnables, surtout en comparaison avec certaines de nos expériences au Canada.
Ce qui m’a le plus marqué, c’est la couverture des coûts par l’assurance maladie. Les traitements, les consultations, les examens, même les plus pointus, étaient pris en charge. Au Canada, bien que le système de santé soit de qualité, la couverture n’est pas aussi complète, et certaines dépenses peuvent peser lourdement.
Vivre ces moments en France, voir ma fille recevoir les soins dont elle avait besoin sans que nous ayons à nous inquiéter des coûts, ça m’a fait prendre conscience de l’importance d’un système de santé solide et accessible à tous, un aspect que j’avais peut-être sous-estimé avant.
Ce retour en France, au-delà de la redécouverte culturelle, a été une leçon d’humilité et de gratitude. J’ai appris à apprécier les aspects de mon pays que j’avais négligés ou pris pour acquis.
Je ne renie en rien mes années au Canada. Chaque pays a ses qualités et ses défauts. Mais, après 18 ans à Toronto, j’avoue que le politiquement correct ambiant a fini par me peser. Les dix premières années, cette harmonie constante, ce monde sans conflit, m’avaient séduit. C’était l’inverse de ce que j’avais connu et, comme le dit le dicton, l’herbe semble toujours plus verte ailleurs. Peut-être qu’avec le temps, ce politiquement correct me manquera, mais pour l’instant, je trouve un certain charme à la franchise brute de mes compatriotes. Un serveur un peu bourru, une vendeuse qui ne mâche pas ses mots, ça me fait sourire. C’est une authenticité que j’avais oubliée, un aspect de la culture française qui me plaît bien.
Ce retour en France est donc une redécouverte, un nouveau chapitre où je réapprends à apprécier les nuances de mon pays natal. Je retrouve la France, ses imperfections, ses passions et son caractère unique, avec un regard nouveau.
Chapitre 5 : Nouvel Horizon
Maintenant que je suis de retour en France, je réalise que je ne suis plus la même personne qu’en 2005. J’arrive avec plein de nouvelles expériences, je parle anglais, et j’ai un tas de souvenirs incroyables. Je suis prêt pour ce nouveau départ, et je sais que tout ce que j’ai vécu à Toronto, ça restera gravé en moi pour toujours. Mon séjour au Canada a vraiment changé ma façon de voir les choses, et j’ai hâte de voir comment ça va jouer sur ma vie ici en France.
Pour conclure, il n’y a pas de pays parfait, je suis désormais franco-canadien et j’aime mes deux pays, l’un m’a éduqué en me donnant de solides bases et l’autre m’a donné des opportunités extraordinaires. Je réalise à quel point mon vécu dans ces deux pays est un atout formidable. Prenez les choses telles quelles et surtout ne comparez pas systématiquement, vous prendriez le risque de ne jamais réussir à vous intégrer.
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