Marie est photographe professionnelle et, depuis 7 ans, parcourt le Canada de part en part. Elle a eu un véritable coup de foudre pour ce pays, notamment lors d’une traversée en train. Elle a effectué plusieurs voyages au Canada depuis, notamment en Abitibi, une région du Québec peu connue des pvtistes et des voyageurs de manière générale. Elle a choisi le voyage « en pouce » (en stop) pour la liberté que cela peut offrir, et la multiplicité des rencontres inattendues…
A la fin de mon PVT en 2014, je suis rentrée en France pour quelques temps travailler sur un projet photo passionnant. Mon contrat photo terminé à l’automne 2015, je retourne pour la quatrième fois au Canada pour six semaines de voyage ! Mon envie d’explorer le pays est toujours la même ! Je n’ai malheureusement pas eu le réflexe de faire une demande pour prolonger mon PVT une seconde année… ce sera donc en simple visa touriste. J’arrive à temps pour traverser les Laurentides pendant les belles couleurs de l’été indien ! Je rends visite à quelques amis à Montréal puis je tends le pouce à la sortie de la ville.
Faire du pouce est un vrai plaisir. Cependant sortir de la ville n’est jamais simple ! J’aurai pourtant ma première ride avec un gardien de prison à la retraite qui n’avait jamais pris de pouceux (petit nom pour les auto stoppeurs). Il me rendra un grand service en m’amenant à l’extérieur de la ville, bien plus facile pour trouver une voiture ! J’enchaîne les lifts sans problème et la vue sur les petites montagnes des Laurentides est magnifique avec les couleurs flamboyantes de l’automne.
Parmi mes lifts je rencontrerai un artisan en toiture, jeune papa et ancien pouceux, jusqu’à Saint-Jérôme, puis un jeune chasseur pilote parachutiste jusqu’à Sainte-Agathe. Et enfin, un ancien ouvrier constructeur de bus qui aime prendre la route pour aller de places en places, jusqu’à Mont-Laurier.
Les discussions et les rencontres sur le pouce sont mes meilleurs moments même si cela est très éphémère… le temps d’un trajet, de dix minutes ou de deux heures…! Les confidences sur la route sont vraiment enrichissantes. J’apprends beaucoup sur leur quotidien, leurs jobs, leurs rêves et aussi leur vision de la France.
Je décide pour première escale de rejoindre une voyageuse française, Sandrine, qui vient de terminer sa traversée du Canada seule en vélo, depuis l’Île de Vancouver jusqu’à la Gaspésie. Elle profite de l’été indien pour faire un volontariat dans une pourvoirie (camp de chasse) au Mont-Laurier. Je l’avais rencontrée l’année précédente lors d’un apéro voyageur à Nantes, et admirative de son parcours, je souhaitais la revoir pour lui demander ses impressions de voyage.
Une fois à Mont-Laurier, il ne me reste plus que 70 km de piste dans les bois pour rejoindre la pourvoirie, je décide donc de louer une voiture pour effectuer les derniers kilomètres !
En chemin, je croise un jeune homme, Patrick qui me demande où je vais et il me propose une ride ! Pas besoin de louer une voiture, il me déposera devant le chalet, il me demandera seulement une petite participation pour l’essence ! C’est un détour pour lui de 3 h de voiture tout de même…! La vie sur le pouce est faite de rencontres incroyables comme celle-ci !
Arrivée dans ce petit coin de paradis proche des chutes César, je suis heureuse de parler voyage avec Sandrine et son récit est très inspirant. Cela me donne envie de tenter un voyage à vélo, moi aussi. Après deux belles journées dans les bois au bord de la rivière Gatineau, je décide de continuer ma route pour aller rencontrer une autre grande voyageuse en Abitibi, Diane Moreau, qui elle, a traversé une partie du Canada, en canot d’écorce (ndlr : c’est un canot traditionnel autochtone) !
Je décide de faire du stop en plein milieu des bois, je marche quelques kilomètres depuis la pourvoirie pour rejoindre la piste principale. Après seulement deux petites heures d’attente, je suis ramassée par un chasseur qui a besoin d’aller en ville pour réparer son quad. Un gars de Montréal qui n’avait jamais pris de pouceux en plein milieu des bois, et il n’avait jamais vu ça ! Encore une belle rencontre. Il me racontera sa passion pour la chasse et les caribous.
Le stop fonctionne avec une bonne dose d’optimisme et de persévérance et je trouve que c’est un exercice excellent pour apprendre à positiver et aussi apprendre à patienter. Bien sûr, c’est aussi un coup de chance de trouver une voiture au milieu des bois. Durant la semaine de la chasse, la probabilité qu’un chasseur redescende en ville était quasi nulle, une fois qu’ils sont installés dans leur camp de chasse, ils n’en bougent plus pendant plusieurs jours !
La nuit tombe et je termine la route en bus pour rejoindre l’Abitibi. Je n’aurai pas la chance de voir le parc de Verendrye que je traverse de nuit. Je souhaitais rencontrer Diane après avoir lu son livre, Destination Nor ‘Ouest. Elle m’accueille chaleureusement chez elle à Evain, à quelques kilomètres de Rouyn Noranda. J’ai son contact grâce à une amie commune.
L’Abitibi se situe à 7 h de route de Montréal. Je reste une dizaine de jours à découvrir les environs et m’émerveiller des premières neiges. La rencontre avec Diane est fabuleuse, elle partage avec moi ses récits de voyage avec une lumière dans les yeux. C’est une vraie aventurière dans l’âme. Nous faisons de nombreuses randonnées dans les bois derrière chez elle ou au Mont Kekeko et partageons nos histoires chaque soir devant un feu.
Je reprends la route pour visiter des amis à Winnipeg en empruntant la route du Nord. Un petit 1 600 km de pouce m’attend sous la neige. Il me faudra quatre jours pour rejoindre le Manitoba, ma province d’adoption !
En route, je ferai encore d’incroyables rencontres, avec des chauffeur routiers qui me parlent de leurs enfants ou de leur vie sur la route, avec un constructeur adepte de la simplicité volontaire, avec une mère de famille très maternelle, avec un conducteur hindou qui m’offrira un café, avec un vieux monsieur chasseur qui me déposera devant la porte de chez mes amis, etc…
La plus touchante étant celle avec Jo Anne, soigneuse équestre qui m’offrira une soupe et insistera pour m’accueillir chez elle le soir. Une dame au grand cœur qui donne une nouvelle chance aux chevaux rejetés et donne des leçons d’équitation aux enfants handicapés.
Cette traversée en pouce était un vrai défi, surtout au début de l’hiver ! J’avais déjà réalisé d’autres voyages en pouce notamment au Québec, aux Iles-de-la-Madeleine, sur l’Île de Terre-Neuve et sur l’île de Vancouver, mais jamais un trajet aussi long toute seule. Je suis très chanceuse d’avoir eu sur ma route tous ces anges gardiens qui m’ont permis d’avancer plus loin et de découvrir le Canada au travers de leurs récits.
24 mois à explorer le Canada, 70 escales à travers ce grandiose pays… des roads trips différents selon les saisons et les rencontres, en train, en stop, en bus, en voiture, en ferry… Aujourd’hui j’ai le projet de vivre au Canada, et d’entamer un autre marathon : celui de l’immigration…!
Retrouvez les magnifiques photos de Marie :
- Marie Seillery : Site Internet
(2) Commentaires
Salut Romain ! Merci pour ton commentaire ! c’est aussi ma facon de voyager pouce et benevolat !
Alors deja les demarches ne sont pas les memes au Quebec ou hors du Quebec !
Pour ma part je pense m’installer a l’ouest, au Manitoba. C’est la province la plus accueillante pour les immigrants. Tout depend de ton projet, et si tu as une job, ca peut faciliter la demande.
Les demarches sont assez longues donc mieux vaut etre patient aussi ! Au moins tu as le temps de te poser toutes les questions pour ce changement de vie…! Je suis au tout debut du processus ! Bonne chanche a toi !
Hey ça m’a l’air bien génial toute cette aventure !! 🙂
Actuellement au Canada, je migre de volontariats en rencontres par le biais de mon pouce (recouvert de mon gant).
Le projet d’immigration m’attire énormément, quelles sont les démarches et méthodes que tu utilises à ce sujet ?
Ce serait top de pouvoir m’éclairer
En te remerciant, et souhaitant plein de beaux Moments. 🙂
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