Arriver dans un pays, d’une certaine manière, c’est comme si on reprenait tout à zéro. En plus de devoir trouver un logement, se créer des repères et trouver un travail, il faut aussi comprendre le “comment », la façon dont les choses fonctionnent dans ce nouveau pays et les nouvelles normes qui font maintenant partie de notre quotidien. Et bien que cela puisse être un moment amusant pour les curieux d’entre nous, cela peut être aussi un moment déroutant et rempli de confusion.
Le monde du travail n’est pas épargné par les différences culturelles. En Nouvelle-Zélande, la relation au travail est différente de ce à quoi on est habitué en France ou en Belgique (un peu plus similaire à ce que l’on retrouve au Canada). Dans notre dossier Trouver un travail en Nouvelle-Zélande, nous abordons des différences pratiques présentes dans le monde du travail en Nouvelle-Zélande : la candidature, la lettre de motivation, l’entretien d’embauche… Toutefois, dans cet article, nous nous focalisons davantage sur le côté culturel. Cela pourra sans doute éclairer certaines des différences pratiques et vous aidera à vous intégrer au mieux dans ce nouvel environnement.
Le travail saisonnier
Le travail saisonnier prime en Nouvelle-Zélande. Et bien que les pvtistes soient nombreux à participer à ce système, ils ne sont pas les seuls. En effet, l’année des Kiwis est elle aussi rythmée par le travail saisonnier. Qu’il s’agisse des saisons dans l’horticulture ou des saisons touristiques, les Néo-Zélandais sont aussi très nombreux à travailler de manière saisonnière. Ainsi, il n’est pas rare de voir des deckhands à Kaikoura l’été devenir des lifties en station de ski à Wanaka l’hiver, ou encore des guides kayaks travaillant à Abel Tasman l’été et guidant en Norvège… l’été aussi (mais européen cette fois) !
Quelles conséquences pour les pvtistes ?
Une conséquence de ce monde du travail rythmé par les saisons est que les choses bougent beaucoup en Nouvelle-Zélande. Vous pourriez avoir fini le pruning des kiwis un jour et travailler comme guide de randonnée la semaine d’après, avant de faire le ménage dans une auberge deux mois plus tard. Faire un PVT dans un pays qui bouge autant que la Nouvelle-Zélande, c’est donc l’opportunité d’essayer plein de choses différentes.
Vous pouvez aussi plus facilement quitter un emploi. Les employeurs ayant l’habitude de ce monde où les employés arrivent et repartent après quelques semaines, ne demandent en général qu’une ou deux semaines de préavis. Ainsi, vous pouvez alterner périodes de travail et périodes de voyage sans problème. Attention toutefois, il peut y avoir certains avantages à passer un peu plus de temps avec le même employeur (et rester pour une saison entière, par exemple) car il pourrait vous être d’une aide précieuse lors des périodes creuses où il y a moins d’emploi, comme en juillet ou août.
La mobilité entre les secteurs
Tout comme il existe une mobilité au fil des saisons, il existe aussi une très grande mobilité entre les secteurs. Ainsi, il n’est pas peu commun de rencontrer des Néo-Zélandais ayant des expériences professionnelles différentes. Contrairement à la France ou à la Belgique où on encourage les jeunes à trouver “leur Voie” et à choisir une carrière assez jeune, en Nouvelle-Zélande, on encourage la diversification des expériences, les essais et le développement de compétences transversales. Ne soyez donc pas surpris d’apprendre que votre guide kayak est en fait un avocat le reste de l’année ou que votre collègue dans l’usine d’emballage de kiwis a soudainement décidé de devenir assistante dentiste.
Quelles conséquences pour les pvtistes ?
Bien que les pvtistes n’envisagent probablement pas de faire carrière en Nouvelle-Zélande, la mobilité entre les secteurs signifie qu’en Nouvelle-Zélande, on accorde beaucoup plus d’importance à nos capacités d’adaptation et nos capacités d’apprentissage. Si vous n’avez aucune expérience dans un domaine mais que vous avez la motivation ou quelques compétences indirectes à défendre, il y a de fortes chances qu’on vous donne une chance de faire vos preuves. Alors, si un emploi vous intéresse mais que vous ne pensez pas remplir tous les critères correspondant au poste, tentez tout de même, vous n’avez rien à perdre !
L’environnement familial
La plupart des entreprises néo-zélandaises sont petites et ont, en moyenne, moins de 14 employés. Dès lors, il s’y trouve généralement une atmosphère beaucoup plus chaleureuse et familiale. Le patron de l’entreprise pourrait très bien être un de vos collègues avec qui vous pourrez entretenir une relation amicale. Il n’est d’ailleurs pas rare de se réunir autour d’un verre après le travail. Oui, avec votre patron aussi ! Les échanges seront aussi moins formels que ceux auxquels les pvtistes français et belges ont l’habitude. Cela peut être déroutant au départ, mais on s’y fait assez vite. Attention, cela ne veut pas dire que vous pouvez tout vous permettre ! Il reste tout de même votre patron.
Quelles conséquences pour les pvtistes
Qui dit environnement familial, dit famille… ou en tout cas, relations proches ! Ces entreprises plus petites créeront une certaine proximité entre vous et vos collègues. De cette façon, il peut être beaucoup plus facile de se faire des amis (et des amis kiwis !) d’autant plus si vous comptez rester dans la région pendant quelques mois.
Le manque de spécialisation
Une autre conséquence de la taille des entreprises néo-zélandaises (mais qui vaut son point à lui seul) est le manque de spécialisation au sein des entités. En effet, vu qu’il y a moins de personnel, chaque personne est amenée à effectuer des tâches indirectement (ou pas du tout) liées à son poste. Ainsi, vous pourriez commencer comme barista dans un café et vous retrouver à passer les commandes du matériel vous-même.
Quelle conséquences pour les pvtistes
D’une manière indirecte, cette diversification des tâches peut vous donner un petit boost de confiance en vous. Je ne sais pas vous, mais personnellement, je trouve cela valorisant qu’on fasse confiance à mes capacités d’apprentissage et qu’on se dise qu’on peut simplement apprendre de nouvelles choses sur le tas.
Même si certaines de ces tâches peuvent vous impressionner, cela vous permet cependant d’en apprendre bien plus que ce que vous auriez pensé apprendre dans votre travail. Ainsi, vous pouvez mobiliser (ou développer) de nombreuses compétences transversales et des soft skills qui vous seront utiles dans d’autres domaines (et à votre retour chez vous aussi !).
Le côté chill : She’ll be right, dernière minute, tenue…
Si vous ne le savez pas encore, la Nouvelle-Zélande est réputée pour être très laid-back, chill, ou encore décontractée. Comme on dit en Nouvelle-Zélande, she’ll be right, ça va aller. Et cela s’applique également au monde du travail. Ainsi, ne soyez pas surpris de voir des personnes travailler pieds-nus, des petites (parfois grosses) erreurs être acceptées, ou encore d’avoir des changements de (toute) dernière minute. En Nouvelle-Zélande, on ne se prend pas la tête et on fait avec ce qui est là.
Quelles conséquences pour les pvtistes ?
D’une certaine façon, l’environnement familial et le côté chill du travail donne aux pvtistes européens (généralement plus sérieux que les Kiwis) une image de bons travailleurs. Il en faut peu pour satisfaire les employeurs néo-zélandais : si vous êtes à l’heure, que vous êtes souriant et que vous faites ce qu’on vous demande, vous êtes un bon employé. Si en plus de cela, vous prenez quelques initiatives et vous faites preuve de bon sens, vous êtes un super employé. On peut donc très facilement vous féliciter pour des tâches qui vous semblent sans importance et même vous demander votre avis ou votre opinion si vous êtes plutôt débrouillard.
Néanmoins, ce côté chill peut aussi nécessiter une certaine adaptation, notamment lorsqu’il est question de dernière minute. En effet, pour de nombreux jobs (notamment en horticulture), on pourrait tout à fait vous envoyer un SMS à 6 h chaque matin afin de vous annoncer l’heure de commencement de votre journée de travail (ou même pour vous prévenir que la journée est annulée !). Difficile donc de prévoir des activités quand on dépend d’un SMS de dernière minute.
Heureusement, cet aspect n’a pas que des inconvénients. En effet, vous pourriez vous retrouver un jour sans travail, recevoir 3 offres d’emploi le lendemain, signer un contrat de travail le soir, et commencer votre nouveau travail le lendemain matin. Efficace !
Les heures de travail
Malgré ce côté chill, les Néo-Zélandais peuvent aussi travailler dur, cumulant un travail à temps plein avec des missions intérim ou un statut d’indépendant à leurs heures perdues. Ainsi, les semaines de travail peuvent parfois être chargées et vous donner l’impression de ne faire que travailler. Au contraire, certains emplois sont un peu plus instables et dépendent d’éléments extérieurs comme la météo ou le nombre de clients.
Ainsi, les heures de travail peuvent être assez fluctuantes en Nouvelle-Zélande. Selon vos contrats et vos types d’emplois (ex. horticulture versus tourisme), vous pourriez travailler de quelques heures seulement à plus de 60 heures par semaine. Il est important d’être conscient de cette réalité afin de ne pas être surpris dans un sens ou dans l’autre.
Par exemple :
- Vous travaillez dans la cueillette des myrtilles sous un contrat casual. On vous a dit que vous travaillerez 6 jours par semaine mais que le travail dépend de la météo. Une semaine, vous travaillez 50 heures et la suivante vous n’en travaillez que 4.
- Vous travaillez dans la restauration avec un contrat fixed term et le descriptif du poste annonçait 35+ heures. En début de saison, vous travaillez 35 heures par semaine. Mais quand les touristes arrivent, vous travaillez entre 45 et 60 heures selon la semaine.
Quelles conséquences pour les pvtistes ?
Vous pourriez travailler plus ou moins d’heures que ce que vous souhaitiez. Dans les deux cas, cela pourrait vous causer de la frustration. N’oubliez pas que si un emploi ne vous convient pas, vous pouvez très facilement le quitter (et en trouver un autre).
Conclusion
Le monde du travail en Nouvelle-Zélande est donc bien différent du monde du travail en Europe. Cela plaira à certains et en frustrera d’autres. Quoi qu’il en soit, comme toute différence culturelle, les différences entre le monde du travail tel que vous le connaissez et ce nouveau monde du travail peut susciter de nombreuses réflexions.
Ces réflexions peuvent vous faire prendre de la hauteur sur ce avec quoi vous avez l’habitude et peuvent potentiellement amener du sens à votre propre vision du travail. Faire l’expérience d’un autre monde du travail est l’occasion d’en apprendre sur soi et d’en savoir un peu plus sur ce qu’on aimerait faire professionnellement parlant.
Vous pouvez aussi retrouver de nombreux témoignages d’anciens pvtistes partageant leur quotidien dans leur travail et le dossier dans lequel je partage avec vous mes jobs de backpacker en Nouvelle-Zélande.
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