- Âge au début du PVT : 22 ans
- PVT : solo en août 2018 à Montréal (Québec)
- Domaine professionnel : Réceptionniste dans un hôtel
- Activité professionnelle au Canada : Vendeuse, responsable en boulangerie puis réceptionniste
- Économies en arrivant : 10 000 euros
Une coïncidence qui remet tout en question
Le jour où j’ai eu mon PVT, c’est le jour où j’ai accepté un CDI dans le boulot de mes rêves ! J’étais très bien installée, j’avais un chéri en France, j’étais en train de chercher un appartement à acheter à Salon-de-Provence. J’étais très bien ! Ma soeur venait de s’acheter son appartement, je savais qu’elle allait s’installer ici, mon frère revenait de PVT Australie et il venait de rentrer avec sa chérie !
Je voulais trouver un travail, je cherchais à évoluer, je me suis mise en couple. J’étais réceptionniste dans un hôtel mais c’était un hôtel qui m’allait parfaitement parce que c’était une grosse famille, on était très liés. C’était ma vie de rêve ! On m’a proposé un CDI, je l’ai accepté en commençant mon shift à 15 h. À 22 h, à la fin de mon shift, j’ai reçu un mail de l’EIC Canada… Je m’y attendais absolument pas. Je me suis dit : « C’est pas possible, c’est le destin… Tu rêves de ça depuis très longtemps et puis au final, ça arrive le jour où tu viens d’accepter de tracer ta vie dans cet endroit-là, de t’installer dans cet endroit-là et puis au final t’as ce PVT qui vient te tendre la main… ». J’ai eu aucun doute. Je suis rentrée chez mes parents et je leur ai dit : « Bon, j’ai eu mon PVT, je pars au Canada ». Je me suis dit que si ça se présentait à moi à ce moment-là, alors que j’avais pas encore signé le contrat, que j’avais juste dit oui…
C’était impossible de le louper, il était en plein milieu ! Je me suis dit que peut-être je louperais quelque chose, peut-être que ma vie se fera là-bas, mais en tout cas, je vais tenter l’aventure.
Le côté obscur de l’expatriation : être tiraillée entre deux continents
Je trouve que quand tu pars de France pour fuir la France, c’est sûr que tu vas trouver quelque chose de mieux après, mais quand tu pars de France alors que tout se passe bien… bah tu trouves des choses différentes mais tu vois aussi les inconvénients du pays. C’est là aussi que tu pars avec une vision différente. C’est sûr que c’est pas tout rose, j’ai perdu mon grand-père…
À cette période-là, c’était très compliqué je trouve, parce qu’il faut que tu gères l’événement, que tu fasses ton deuil toute seule, que tu trouves un moyen de rentrer pour les funérailles… Quand les personnes deviennent âgées, on comprend qu’ils sont pas éternels. Les parents non plus.
Il se passe des événements dans la famille en France et toi tu es ici… Ma grande-soeur qui s’est pacsée, elle a fait une grosse fête et moi, j’étais loin… J’ai aussi vu la dégradation de la qualité de vie de mon grand-père, ça a été dur de le vivre d’ici, surtout que je suis quelqu’un qui est très fusionnel avec sa famille.
Tous tes proches d’ici, tes amis d’ici, c’est des gens qui sont pas impactés par ce problème dans ta famille. Du coup, des fois c’est un peu dur pour eux de comprendre ce qui se passe.
C’est un peu dur d’expliquer pourquoi t’es triste, pourquoi t’es mal parce que les autres sont pas forcément impactés par cette nouvelle-là. C’est ça aussi, le problème de l’expatriation parce qu’au final tu dois réussir à le vivre toute seule.
En fait, j’ai l’impression qu’à chaque fois que je dis que je vais peut-être ne pas faire ma demande de résidence permanente, les gens sont choqués. Dans tous les cas, je sais que d’un côté comme de l’autre, je vais pas décevoir, mais je vais choquer des personnes. Si je décide de faire ma résidence permanente, ma famille va être un peu déçue parce que je vais habiter loin d’eux.
Se faire des amis québécois : pas si facile !
J’ai un bon cercle amical ! Après, je vais être sincère, c’est beaucoup de Français. J’ai une amie québécoise avec qui je suis vraiment très liée mais c’est là aussi où tu vois les « inconvénients » du Québec, c’est que les relations humaines sont complètement différentes selon moi. Les relations sont beaucoup plus longues à construire. Cette amie québécoise, je l’ai rencontrée au travail. On sortait beaucoup ensemble mais on n’était pas vraiment amies. On a commencé à être réellement amies au bout de six ou huit mois alors qu’on se voyait cinq jours sur sept, qu’il y avait de nombreuses soirées où on faisait des activités (l’hiver on faisait du hockey, l’été on sortait…).
C’est ça que j’appelle le « vice caché » du Québec ! C’est que pour moi, on te vend le Québec comme tout beau, tout rose, très accueillant. C’est vrai. Les gens sont très accueillants, mais avant de construire quelque chose avec quelqu’un ici, c’est beaucoup plus long. Autant pour les relations amicales que pour les relations amoureuses. Les relations amicales passent par des mois et des mois où on sort ensemble sans devenir réellement amis, tu connais pas la vie de l’autre, et puis au bout d’un moment, oui ça y est, tu vas commencer à parler de ta vie privée mais c’est super long !
Pour les relations amoureuses, des fois, y a des années de fréquentation, mais on est pas un couple… on se fréquente. Bon, au bout d’un moment, t’y arrives ! C’est juste qu’il faut être beaucoup plus patient qu’en France.
Vivre à Montréal pour gagner en ouverture d’esprit
Clairement, je me sens changée parce que je suis jeune, même si j’avais mon indépendance en France, j’ai vraiment réussi à affronter les problèmes de la vie seule. Je suis plus devenue une femme, y a des problèmes de la vie que je pensais pas être capable de résoudre et que j’ai résolus. Y a des choses que je savais même pas que j’étais capable de faire et que j’ai réussi à faire ! C’est là aussi où tu te sens changée, je suis fière de moi, j’ai appris des choses… Je trouve qu’au niveau de l’ouverture d’esprit (je suis pas dans une famille fermée d’esprit, bien au contraire), il y a beaucoup de cultures différentes, le dépanneur en bas de chez moi est italien, nous on est français, j’ai des amis québécois, des amis belges, cambodgiens, j’ai rencontré plein de gens différents… C’est ça que j’apprécie à Montréal. Les différences de cultures sont très importantes car il y a beaucoup de communautés différentes mais tout le monde arrive à vivre ensemble… Je pensais pas que c’était possible, tu l’as moins en France.
Au niveau de l’ouverture d’esprit gay… Y a un quartier gay, y a beaucoup de choses, la communauté est importante à Montréal ! En France, c’est beaucoup plus fermé, on en parle pas… C’est là aussi que tu t’ouvres encore plus l’esprit, tout le monde s’accepte. Après, je dis pas qu’il y a pas de jugement mais c’est juste que c’est pas qu’une façade, y a moins de racisme, moins de jugement envers les gens. Je suis quelqu’un de très complexée, j’ai réussi ici à porter des tenues que je n’aurais jamais portées en France. Je n’aurais jamais assumé à cause du regard des autres… En France, je me suis tout le temps sentie très complexée parce que je suis quelqu’un de grande et forte. Je dirais pas que j’ai pas ressenti de jugement du tout, parce que c’est vrai qu’il y en a qui jugent quand même, mais beaucoup moins. C’est là aussi que je me suis dit qu’il y a une ouverture d’esprit très importante. Ça apporte énormément dans la vie de tous les jours.
Cette expérience de PVT est folle ! C’est fou sur tous les points. C’est fou sur la découverte des cultures, sur la découverte des gens, c’est fou sur la découverte des paysages – t’as des paysages extraordinaires ! J’adore la France et je dis pas qu’en France on en a pas, bien au contraire. Je trouve que la France est un très très beau pays mais ici c’est… la première fois que je suis venue à Montréal, je me suis dit : « Wahou. c’est grand, c’est beau, y a des espaces verts de partout, c’est fou ! ». C’est fou par rapport à tous les sentiments que tu ressens.
Tu peux commencer ta journée avec des Français pis la finir avec des Américains, en passant par des Québécois, des Chinois… ! Y a tellement de choses et de gens à découvrir… C’est une expérience folle à vivre et il faut la vivre.
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