- Âge au début du PVT : 22 ans
- PVT : solo en août 2018 à Vancouver (Colombie-Britannique) puis à Montréal (Québec)
- Domaine professionnel :Récemment diplômée dans l’audiovisuel
- Activité professionnelle au Canada : Suivi d’une formation dans le cinéma, serveuse dans un café, vendeuse à Ladurée, préparatrice de commande dans un magasin de bagel, bénévole sur des tournages
- Économies en arrivant : 10 000 euros
Choisir sa première destination pour une formation
En faisant des recherches, j’ai découvert une école à Vancouver, qui s’appelle la Vancouver Film School, une école de cinéma, et en fait ils font des programmes en un an et aussi des petits programmes en 4 mois qui sont dits préparatoires. Y a un programme qui s’appelle « Anglais et cinéma » (en gros, tu apprends le cinéma en anglais) et il y a un autre programme en quatre mois qui est un programme de comédie et d’acting. J’ai fait du théâtre et j’adore ça, je me suis dit que ça serait trop bien. Je me suis dit : « Est-ce que j’ai le niveau d’anglais ? ». Je suis entrée en contact avec l’école, on a fait des entrevues téléphoniques et ils m’ont dit que mon niveau d’anglais était suffisant. Je me suis inscrite et vu que j’avais pas besoin d’un permis d’études pour quatre mois… Ça commençait en août et ça finissait en décembre. Je me suis dit que j’allais commencer par ces quatre mois d’école à Vancouver, et après on verrait comment ça se passe. Je voulais pas me mettre de pression parce que j’ai lu des entrevues de personnes qui disaient qu’elles allaient partir, changer leur vie et réussir, que le Canada ça allait être fantastique… Je me suis dit : « Il y a aussi des gens qui y arrivent pas et c’est pas un échec » ! C’est juste que ça se fait pas… Je me suis dit, pas de pression, je pars quatre mois… et on verra !
J’aimais vraiment faire du théâtre, j’étais contente. Après, c’était compliqué de le faire en anglais, mais j’ai progressé puisque je parlais en anglais toute la journée. Les cours en anglais, c’était vraiment cool, c’était pas facile tous les jours, par exemple les cours d’impro où ton professeur te demande de sortir un mot directement… Déjà en français, c’est compliqué !
Les premiers jours à Vancouver ont été difficiles et je m’en voulais d’être triste. En plus, je me réveillais tôt avec le décalage horaire… Vancouver c’est neuf heures de décalage, tu te tapes déjà un voyage de dix heures…Je voulais pas arriver à Vancouver et me faire un cercle d’amis français. Mais à un moment donné, j’ai ressenti le besoin de parler français. Je me suis dit que j’étais peut-être faible, mais ça me fatiguait de toujours parler anglais. Du coup, un soir, j’ai vu une fille sur le groupe facebook « Pvtistes à Vancouver » qui avait publié un mot : « On va boire un café…? ». Ce soir-là, je rentrais du travail, j’étais fatiguée mais je me suis dit : « Bon allez, on y va, on se bouge ! ». Du coup, j’ai rencontré un groupe de Français qui sont devenus mes amis. J’ai bien fait de sortir ce soir là, car j’ai pu rencontrer de super personnes avec qui je partage une expérience similaire !
Quand je suis arrivée à Vancouver, j’étais en mode : « On est en Amérique ! », on est sur le continent américain… Je sais qu’il y a des gens qui arrivent à Montréal et qui trouvent que ça fait très américain mais moi, venant de Vancouver, j’ai trouvé qu’il y avait une influence européenne à Montréal.
Certes, c’est influencé par les USA, mais Vancouver… ça l’est extrêmement. Wow, je m’y attendais pas. C’est tout énorme. Genre… tout ! Dans les supermarchés, je me suis dit : « Tous ces trucs de nourriture énormes ! », j’ai vu des pots de glace, mais c’est des seaux ! Il y a du sucre de partout, les portions sont énormes… Le premier jour où je suis allée faire mes courses, j’ai passé genre une heure dans le supermarché à comprendre. Bon, c’est traduit (on a de la chance tout est en français et en anglais), donc ça va. À Montréal, y a une offre assez grande de produits qu’on a en Europe. À Vancouver, y a rien. Je devais refaire tous mes repères. Pour le pain de mie, le sucre qu’ils mettent dedans… ! Mon amie américaine me disait : « Non non, les portions sont petites ! ». On a pas le même référentiel… Elle venait du Texas ! J’ai kiffé et puis je me suis dit : « C’est trop dommage de rentrer après quatre mois ! J’ai un PVT de deux ans, on va continuer » !
J’ai une fâcheuse tendance à comparer Vancouver avec Montréal, maintenant, mais… Vancouver est quand même très calme. C’est mort ! *Rires* Niveau culture, y a rien ! Après, je conseille Vancouver pour quelqu’un qui adore la nature, les randos, ça c’est génial ! Le matin, tu peux aller faire une rando en montagne, l’aprem tu te promènes dans la ville et le soir tu vas regarder un coucher de soleil sur le Pacifique ! C’est quand même une belle qualité de vie… J’ai adoré ça. Mais c’est vrai que niveau vie culturelle, y a pas grand-chose.
Le paradoxe du tourisme
Avant de partir au Canada, quand j’exposais mon projet, certaines personnes me disaient : « Banff, tu verras, c’est fou… ». C’est vrai que c’est sublime. Après il y a quelque chose qui m’a un peu énervée… Mais je sais que j’en fais partie… C’est le tourisme de masse.
Je m’en suis surtout rendu compte à Peyto Lake, sur la Transcanadienne. On voulait visiter tous les endroits beaux avant d’aller au camping. En arrivant, y a un parking, tu marches dix minutes et tu as un premier spot avec tous les touristes… Ça m’étonnait de voir le manque d’éducation… En gros, on s’arrêtait et à chaque fois, c’est précisé de rester sur les sentiers et de ne pas sortir pour ne pas abîmer la nature. On reste dans les chemins !
Ça m’a énervée de voir que tous les touristes passaient derrière les barrières pour prendre la photo instagrammable ! Je voyais ça et y avait tellement de touristes ! Le lac était magnifique, une couleur bleu azur sublime mais j’étais déçue.
Puis, après, on voit qu’il y a une autre rando d’une demi-heure, trois quarts d’heure, on se dit : « Bah, allez on va faire ça ! ». On décide de faire la rando et on arrive à un spot : personne, une vue sur le lac, sans touristes… C’est fou, les gens… Tu fais une rando de trois quarts d’heure et t’es toute seule ! Là, j’étais contente. Ça m’a fait de la peine de voir que les gens n’en avaient rien à faire de préserver la nature… Après, moi aussi je fais du tourisme, j’en fais partie ! Je suis personne pour dire ça mais j’avais envie de dire : « Vous avez pas le droit d’être là ! ». On abîme la nature… J’ai vu ça à plusieurs endroits dans les Rocheuses.
Montréal vs Vancouver
Moi, je dirais que niveau culture, festivals, vie, je préfère Montréal. Je me vois plus vivre à Montréal qu’à Vancouver car je trouve que c’est plus vivant (après, c’est mon ressenti personnel), et aussi un truc un peu bête, le décalage horaire avec la France est beaucoup moins fort. 9 heures, 6 heures, c’est une grosse différence, c’est beaucoup plus pratique. À Vancouver, il est 15 heures, en France il est déjà minuit ! À Montréal, t’as beaucoup plus de temps pour appeler ta famille, c’est plus pratique.
Les Canadiens à Vancouver sont très gentils mais ici, ils sont chaleureux. Par contre, à Montréal il faut avoir une voiture pour voir les paysages sublimes, alors qu’à Vancouver, c’est accessible. Tu prends le sky train, t’as la vue sur les montagnes ! Niveau nature, je préfère Vancouver. Niveau style de vie, je préfère Montréal.
Un PVT axé sur sa carrière ou sur le voyage ?
Je travaille dans une boutique de bagel, c’est pas forcément ma passion mais c’est pour faire des sous et vivre. J’ai pas pris le temps de chercher dans mon domaine. En fait, j’avais commencé un peu à chercher et ça prend vachement de temps… Et moi j’avais pas le temps. Je me suis dit : « Comment je vois mon PVT ? ». Soit je vois mon PVT en mode : « Je veux professionnellement parlant avancer et je prends le temps de chercher pour travailler dans le cinéma », soit je vois plus ça comme : « Je découvre le Canada et du coup je fais des petits boulots alimentaires qui me plaisent pas forcément ». Je suis allée à la facilité.
Et là, je me suis reposée la même question à Montréal. Je me suis un peu plus renseignée, j’ai fait du bénévolat sur les tournages et les festivals mais il y avait pas grand-chose ! D’un côté, j’ai aussi envie de voyager ! Je veux aller à New York, j’ai jamais été aussi proche de New York de ma vie ! Je sais que si je veux travailler dans le cinéma, il va falloir que je reprenne le temps de faire du bénévolat… Mais c’est des jours où t’es pas payée, tu mets pas de sous de côté.
Je me dis que l’avantage de ces boulots alimentaires, c’est que si je veux partir une semaine, je leur dis que je travaille pas, je suis pas payée et puis voilà. Je me dis que si j’ai un boulot dans mon milieu, je peux pas leur dire : « Bon, cette semaine, je pars ! ». Je savais qu’en partant en PVT, j’allais mettre ma carrière entre parenthèses.
Accepter des émotions contradictoires
Je me souviens, une fois, un ami m’a appelée, on a parlé, je lui disais que c’était pas facile et il m’a répondu : « Mais non, tu vas pas te plaindre, t’es au Canada ! ». Et en fait, j’ai l’impression que parce qu’on est à l’étranger, on devrait avoir une vie toute rose alors que ma vie est pareil que la sienne… Sauf que moi je suis au Canada ! J’ai le droit d’être heureuse comme d’être triste, mais j’ai l’impression que les gens comprennent pas tout le temps. Ils pensent : « Ce que tu vis, c’est génial ».
Une évolution personnelle
Ce PVT, ça m’a apporté de la maturité et ça m’a fait me rendre compte que les proches, c’est vachement important ! Quand on est en France, on a souvent sa famille, ses amis… Là, je me suis rendu compte que j’avais vraiment une famille qui m’aimait. J’ai vraiment conscience de l’importance de tout ça et que je leur suis redevable, j’ai de la chance, tout simplement.
J’ai peut-être gagné en humilité et ça m’a fait me rendre compte que j’étais capable de partir. Quand je préparais ce PVT, j’avais l’impression que c’était une montagne insurmontable ! Et là je me dis : « Ok, je suis capable ». La prochaine fois que j’aurai une montagne insurmontable, je me dirai : « Ouais, je pense que ça passe ! ». Je suis contente de l’avoir fait. Quand je suis partie, les gens m’ont dit : « Tu vas voir, c’est merveilleux, c’est courageux » ! Je répondais : « Mais non, c’est pas courageux, je fais n’importe quoi ! ».
Et maintenant, je pense que c’est courageux et que les gens qui partent seuls ou même à deux, c’est quand même courageux de laisser sa vie… C’est une forme de courage. J’ai fini par me dire : « Oui, c’est vrai, ils ont raison ».
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