Comment se comporter au travail, au Japon ?
Adopter la “poker face”
Deux termes dont vous entendrez parler très souvent au Japon sont honne (ce que l’on pense au fond de soi) et tatemae (ce que l’on montre aux autres). Les Japonais ne laissent que très rarement paraître leur honne et cela est d’autant plus vrai dans le monde du travail.
Le tatemae est un concept très important au Japon. Il désigne l’obligation sociale qui établit la pensée « unique » de la société et ainsi, le comportement adéquat en public. Il peut être associé à un certain manque de franchise mais il ne reflète en réalité qu’un comportement adapté en société. Ce serait donc une erreur de penser que le tatemae est une forme d’hypocrisie. C’est en fait une manière d’être et d’agir avec les autres pour éviter tout conflit. On évite donc d’insister sur ses honnes, ses véritables sentiments, et on préférera acquiescer voire soutenir certaines décisions prises dans un groupe, même si on s’y oppose intérieurement. C’est une façon de préserver l’harmonie dans le groupe
Extrait de notre Abécédaire du Japon traditionnel.
En tant que Français, nous passons notre temps à mettre en avant nos honne et méprisons le concept de tatemae dans notre culture. Autre pays, autres codes : c’est l’inverse ici. Exprimer vos émotions (bonheur, colère, frustration…) sera vu comme un comportement enfantin ou comme une marque de faiblesse : votre mental n’est pas assez fort pour garder votre tatemae, votre masque, en toutes circonstances.
Vous devez donc faire très attention à votre attitude au travail, il faudra vous auto-censurer continuellement : ne soufflez pas, ne levez pas les yeux au ciel, ne râlez pas et ne vous mettez jamais en colère. Vous risquez de vous mettre vos collègues à dos ou de choquer les clients qui ne tolèrent aucun manque de respect à leur égard. Sourire obligatoire en toute circonstance. À la fin de la journée, vous pouvez aller vous défouler au karaoké ou au game center pour passer votre frustration (c’est pour ça qu’ils existent !).
Les bonnes salutations
Au Japon, l’esprit de groupe est très important, la politesse aussi. Il est donc essentiel d’être poli et avenant avec vos collègues et encore plus avec les clients. Vous devez dire bonjour à tout le monde et au revoir quand vous partez.
Quand vous commencez votre journée de travail : Ohayou Gozaimasu (Bonjour)
Quand vous finissez votre journée de travail : Osaki ni shitsurei shimasu. Otsukare sama deshita. (Je pars devant et m’en excuse. Merci pour votre travail.)
Konichiwa (bonjour) et Konbanwa (bonsoir) sont un peu moins formels, à voir selon votre cadre de travail. En général, ils sont à éviter avec les clients (Irrashaimase ! Bienvenue ! est la salutation habituelle pour eux).
Otsukare sama desu est une expression essentielle à retenir. Elle serait traduisible par “bon travail”, “merci pour vos efforts” ou encore “vous devez être fatigué”. Vous l’avez compris, elle n’a pas d’équivalent chez nous !
Elle a de nombreux emplois :
- après avoir dit bonjour à vos collègues le matin, à chaque fois que vous allez les croiser dans l’entreprise (ascenseur, photocopieuse, toilettes…) il faut leur dire “otsukare sama desu” (re-bonjour !),
- quand vos collègues viennent de finir une tâche pénible, vous pouvez leur remonter le moral avec “otsukare sama desu” (tu t’es bien débrouillé ! bon boulot !),
- quand vos collègues ou amis se plaignent du travail, là aussi, vous pouvez sortir “otsukare sama desu” (tu dois être fatigué ! je compatis ! bon boulot !),
- quand vous finissez la journée ou quand vos collègues finissent, on se dit au revoir avec “otsukare sama desu”. Cela vaut aussi pour lorsque l’on se sépare à minuit avec 5 grammes dans le sang à la fermeture du bar.
Jamais de contacts physiques !
Au Japon, on n’est pas tactile, c’est le moins que l’on puisse dire. Les Japonais ne se serrent pas la main entre eux (ils peuvent le faire avec les étrangers pour montrer qu’ils sont cool et ouverts, mais ce geste n’est absolument pas naturel pour eux) et ils se font encore moins la bise. Pas de tape sur l’épaule ou dans le dos, surtout avec un membre du sexe opposé (pourra être vu comme du harcèlement sexuel). Tout contact physique est une intrusion dans la sphère intime.
Comme tout le monde le sait probablement, au Japon la coutume est de se baisser (faire une courbette) tant dans le domaine professionnel que privé. Il existe différents codes pour la courbette (ne pas se baisser trop ni pas assez). Vous allez apprendre en voyant les Japonais le faire à longueur de journée.
Autre geste potentiellement important : vous devez, en principe tout recevoir à deux mains si cela vient d’un supérieur ou d’un client. Vous devez également tout leur passer à deux mains pour montrer votre respect. On entend beaucoup parler de cette règle lors de l’échange de cartes de visite (vous y serez probablement peu confronté) mais c’est aussi vrai pour beaucoup de choses de la vie courante (le vendeur vous donne votre reçu à deux mains, il prend votre billet à deux mains aussi quand vous payez par exemple).
Une hiérarchie bien établie
Au Japon, tout est hiérarchie. D’ailleurs, le chef de l’État est toujours l’empereur, descendant de la déesse Amaterasu, pour tout vous dire ! Au travail, la hiérarchie est très marquée, ce qui est complètement naturel pour les Japonais puisqu’ils sont habitués à ce système dès l’école. Il y a des sempai (aînés, supérieurs) et des kohai (cadets, subalternes).
En tant que nouveau, vous serez kohai et devrez le plus grand respect à vos sempai et encore plus à votre patron. Beaucoup de Japonais ont d’ailleurs assez peur de leur patron… on a l’impression de revenir au Moyen-Age avec les vassaux et leur seigneur…
Si vous restez dans la même entreprise, vous serez amené à évoluer et vous deviendrez à votre tour sempai : vous devrez prendre sous votre aile les petits nouveaux tel un grand frère bienveillant.
19 Commentaires
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C'est même encore plus que ça : pour obtenir ton PVT Japon, tu dois faire une lettre de motivation où tu expliques tes intentions et pourquoi tu souhaites aller là-bas. Comme tu l'as dit, ce voyage doit être surtout dans une optique de voyage et de découverte ! Y aller pour gagner en expérience professionnelle pourrait être un motif de refus

J'ai fait quelques recherches mais je n'ai malheureusement trouvé aucun témoignage à ce sujet...
Comme je te le disais, le PVT n'a pas vocation à monter en compétences dans un domaine : ta demande risquera fort d'être refusée par l'ambassade.
Je te conseille de lire ce dossier qui t'explique quels sont les visas disponibles pour partir au Japon, il y en aura sans doute un plus adapté à ton projet professionnel que n'est le PVT : Tous les visas pour le Japon (tourisme, travail, études, stage...)

Je suis actuellement en Master de Psychologie, et j'ai comme projet de partir un an au Japon en PVT à la fin de mes études, c'est à dire en septembre 2021. Je m'y prends quelques temps en avance car j'ai plusieurs interrogations.
Dans le meilleur des cas, je souhaiterais découvrir ce pays tout en réalisant une expérience professionnelle dans mon domaine, la psychologie. Je serais diplômée du titre de psychologue lorsque je serais sur le territoire japonnais, mais je doute être embauché par un organisme (cabinet de psychologie, structures psychosociales, association, ect) dans le cadre d'un PVT. Sachant que ce visa est à visée essentiellement touristique, je ne sais pas s'ils embauchent comme "travail d'appoint". D'ailleurs, si certains d'entre vous on eu des expériences dans le domaine de la psychologie au Japon, je suis très preneuse !
J'ai également pensé à contacter des psychologues français expatriés au japon pour réaliser un stage sous leur direction. Mais est-ce possible dans le cadre d'un PVT ? Le visa Stage est assez restrictif je crois, max 3 mois et demande pas mal de charges aux tuteurs de stage.
Et sinon, avez-vous des idées de boulots accessibles pour les pvtistes dans le domaine du social, de l'enfance ?
Pour résumer, je suis à la recherche d'une expérience professionnelle en psychologie au Japon, pour une durée d'un an, et si possible dans le cadre d'un PVT, et je ne sais pas encore quelle est la meilleure façon d'organiser tout ça. Toutes informations, conseils, et témoignages sont bons à prendre, n’hésitez pas !
Merci à vous,
Elisa
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J'ai fait quelques recherches sur le net et notamment sur le site du ministère du Travail japonais mais il est tellement fouillis que je n'ai pas réussi à obtenir l'information

Si tu veux essayer de trouver l'information à ton niveau : Welcome to Ministry of Health, Labour and Welfare ! Ou bien essaie de leur envoyer un courriel directement en espérant que tu obtiennes une réponse rapidement : [email protected]
Il y a également un numéro de téléphone mais j'ignore si c'est le bon : 03-5253-1111
Donne-nous des nouvelles

Je fait appel à vous car j'ai un part-time à Tokyo et je souhaite le quitter pour un autre qui commencerais la semaine prochaine.
Rien d'écris sur mon contrat apparemment mais j'ai cru comprendre qu'au japon il y a un délais de 2 semaines à respecter pour quitter son travail, je ne sais pas quoi faire quelqu'un à déjà été dans ce cas ?
Merci baucoup !
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Généralement, les examens reconnus mondialement pour attester de ton niveau d'anglais sont le TOEIC et le TOEFL ! Le TOEIC a une visée plus "professionnelle" tandis que le TOEFL lui, plus "académique"

Il me semble que @meleo33 a été prof de langues au Japon : sans doute qu'elle pourra t'en dire plus que moi à ce sujet !
J'ai déjà donné des cours d'anglais à l'étranger mais j'ai eu un peu de chance et ait été pris sans avoir eu besoin d'avoir un document officiel qui atteste de mon niveau.
Je compte prendre un PVT au Japon et je me demandais si il y avait un type d'examen ou de test qui me permettrait d'avoir un document qui m'aide à retrouver un boulot dans le même domaine.
Si vous avez vous même passé un de ces examens je veux bien un petit retour de votre part merci

Je sais que mon niveau était plus que suffisant pour enseigner à des 5-10 ans mais je suis pas sur de pouvoir gérer examen équivalent à une L3 d'anglais, je n'ai au fond jamais eu d'autres cours que ceux du collège/lycée

Tout d'abord un contrat de travail écrit n'est pas obligatoire au Japon, même si ça parait fou à nous français, très habitués à tout avoir à l'écrit (très procéduriés aussi ?).
Ton patron peut donc te payer en cash et sans contrat signé. Cependant lors de ton embauche il a du te demander ta zariu card/ alien card et ton numéro My number, ce qui fait que tu es bien déclaré quelque part et que oui, il prélève les impôts direct sur ton salaire, ce qui reste la procédure normale.
Si ce n'est pas le cas, tu n'as passé aucune pièce d'identité à aucun moment, alors là oui y'a un pb, tu es au black (et en plus il te pompe 20% ni vu ni connu). Le patron risque en effet le plus gros.
Aida
Hier j'ai été à l'Ambassade à Paris pour faire ma demande et on m'a dit qu'à cause du nombre d'heures de travail ce n'était pas bon (44h/semaine) alors que vous dites ici que les PVTistes n'ont pas de limite. La dame m'a clairement dit "C'est trop d'heures de travail pour un PVT". Elle a rajouté qu'il fallait beaucoup plus d'activités mais elle m'a confirmé que le côté travail était le plus gros motif de refus.
Du coup je ne sais pas quoi faire. Car il s'agissait d'un emploi saisonnier avec BooBooSKI qui, apparemment, accueille chaque année des PVTistes dans leurs Resorts (soit à Okinawa pour l'été ou en montagne dans les Ski Resort pour l'hiver) et donc il me semblait que cela ne poserait pas de souci (en plus vu que le début de la prise de poste a été retardée je n'aurai travaillé qu'autour de 2mois et demi (du 19 Juillet jusqu'à fin septembre)
(En plus de cela mon formulaire rempli avec adobe a un bug qui fait que lors de l'impression, il n'imprime pas les lettres "l" et certains "i" aussi et elle voulait me faire revenir pour cela alors qu'ils ont des formulaires sur place aussi )