[Témoignage] Fatine en PVT au Canada : "j'ai détesté Montréal"

Je m'appelle Fatine, je suis partie en PVT au Canada et j'y suis arrivée durant l'année de mes 35 ans.

J'ai toujours envie de partir ! J'aime casser la routine, découvrir de nouveaux endroits et faire de nouvelles rencontres. J'ai quitté travail, appartement, ami(e)s et famille sans sourciller, sans regret ni appréhension, juste avec une impatience énorme de découvrir autre chose et d'apprendre.

J'ai choisi le Canada car c'est le seul pays qui acceptait des pvtistes jusqu'à l'âge de 35 ans (EDIT de pvtistes.net : l'Australie et l'Argentine aussi ) ! Sinon je rêvais plutôt du Japon pour être honnête...

Je suis arrivée à Montréal comme beaucoup en Airbnb. J'y suis restée 2 mois avant d'être hébergée par des proches. J'ai commencé par suivre une formation de 4 jours avec la CITIM ce qui m'a permis de rencontrer du monde, de nouer des contacts et de mieux appréhender le marché du travail québécois. Je me suis vite rendu compte qu'il serait difficile de trouver un travail à Montréal (les français n'y étant pas toujours bien vu).

J'ai donc élargi mes recherches et reçu plusieurs propositions très intéressantes et en adéquation avec mes diplômes et compétences. J'ai fini par les refuser car il aurait fallu vivre dans des coins perdus du Québec, ce qui m'aurait démoralisée... J'ai ensuite suivi une formation afin d'apprendre la création et la gestion d'une association et afin d'être à même de faire partie des pôles décisionnaires de certaines instances (comités, conseils d'administration). Cela m'a non seulement enrichie mais aussi permis de rencontrer de nouvelles personnes et nouer de nouvelles amitiés. Par ailleurs et dès mon arrivée, j'ai commencé à faire du bénévolat. J'en faisais en France alors il était plus qu'important pour moi de poursuivre cette activité. Encore une fois c'est un bon moyen d'élargir son réseau et de faire des choses utiles aux autres. Dans cette dernière perspective je ne compte pas mon temps.

Mon PVT n'étant que d'un an, je suis ensuite revenu à mon objectif principal, celui de voyager. J'ai donc mis mon sac à dos et visité seule Cuba, Miami, Orlando, l'Alberta (Banff), Vancouver, l'Alaska, San Francisco, Hawaï, Toronto, Québec City et Ottawa. Ce que je retiens de mon PVT avant tout, c'est la découverte de paysages incroyables, la rencontre avec des personnes venant de partout et l'enrichissement qui résulte de mes voyages. En revanche j'ai détesté Montréal (c'est pourquoi je n'ai pas souhaité y rester). Je trouve cette ville triste, molle et il est presque impossible de rentrer dans le cercle fermé des montréalais. Impossible de nouer une amitié "sincère" avec un ou une québécoise. Soyons honnête là dessus. Tous les amis que j'ai eu venaient d'ailleurs (France, Maroc, Algérie...) mais aucun natif.

Je savais dès le départ que je ne partirai que pour un an et que je reviendrai ensuite à Paris. Je n'avais aucunement l'intention de m'installer au Canada. Il s'agissait juste d'une expérience pour moi, d'un "cassage" de routine. J'ai respecté tous mes objectifs et je suis si heureuse d'avoir pu vivre cette expérience même si j'ai connu quelques moments difficiles et quelques déceptions. Tout le monde devrait pouvoir vivre ça un jour, c'est formateur et tellement enrichissant.

Aujourd'hui je suis rentrée à Paris, j'ai repris une activité salariale, récupéré mon appart', retrouvé mes ami(e)s et ma famille et tout va pour le mieux. Cela dit il se peut que je reparte l'an prochain pour une nouvelle destination (pas en PVT vous l'aurez compris) et pour la même durée. J'y travaille... Il n'y a pas de vaccin contre la bougeotte !

Ma rencontre avec deux français à Cuba. Ils ont quitté le nord de la France il y a 15 ans pour ouvrir une boulangerie à Ottawa. Aujourd'hui l'un d'eux est devenu un ami très cher. La découverte de Vancouver fait aussi partie de mes meilleurs souvenirs. Cette ville est magique et magnifique. Et celle de Banff (Alberta) et ses lacs à couper le souffle aussi. Sans oublier l'Alaska qui était un rêve, et ses glaciers, ses orques, ses baleines...

J'ai connu la déception. À Montréal, il n'est pas si évident de trouver un travail et de rencontrer et copiner avec des québécois. Mais quand on se sent mal quelque part il faut bouger ! Je ne suis pas un arbre : j'ai le pouvoir de le faire, alors je l'ai fait ;-) Il faut simplement être malléable, capable de s'adapter et de prendre des décisions.

C'est plutôt bien de partir sans vraiment d'objectif, de laisser une part à l'imprévu. Ne pas se mettre la pression comme beaucoup autour de moi le faisaient. A peine arrivés sur le sol, ils cherchaient déjà comment faire pour devenir résident permanent, quels papiers remplir, à qui s'adresser... Ils voulaient travailler vite et dans n'importe quoi pour trouver une colocation (qui sont souvent des arnaques, méfiez-vous. Les français sont les cibles idéales des marchands de sommeil québécois), et cumuler les jours travaillés pour leur demande de PEQ. Ils en ont oublié de vivre leur expérience sereinement, de kiffer chaque instant, de profiter de ce que le Canada propose. Ils en ont oublié de voyager, de découvrir, d'expérimenter... Et ensuite, certains, même s'ils ont obtenu leur résidence, le regrette car maintenant ils travaillent et avec leurs 2 semaines de congés annuels n'ont plus la possibilité de voyager car ils en profitent pour rentrer en France à Noël.

Je comprends qu'on puisse venir avec l'idée de s'y installer définitivement mais comment être sûr(e) de la ville de destination quand on n'a pas découvert les autres ?
Le Canada est tellement vaste et qui sait où se trouve sa place ? Je conseille de partir sereinement sans trop réfléchir à l'après PVT parce que souvent on oublie de vivre le moment présent et on ne laisse aucune place à l'imprévu, or l'imprévu c'est un vrai kiffe ! C'est souvent là que les choses qui vous marquent positivement arrivent, que la vie vous surprend, que vous vivez vos plus grands moments. Partez, vivez les choses et décidez en fonction de vos expériences et de vos ressentis quelle suite à donner.