Élise, 3 PVT (Nouvelle-Zélande, Australie, Canada) et un retour difficile en France
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Je suis célibataire, mon job n’est pas épanouissant et je m’ennuie ferme. Après avoir parcouru le forum pvtistes et le blog de Seth et Lise (un couple de serial pvtistes qui documentent leurs aventures) en long, en large et en travers, j’arrive enfin à surmonter mon syndrome de l’imposteur qui me chuchote que je ne suis pas aussi aventureuse que les autres pvtistes et décide de passer à l’action.
Mais les places sont chères pour le Canada et je ne veux pas attendre d’être tirée au sort. Inspirée par mes recherches, je décide donc d’aller en Nouvelle-Zélande pour un an, puisque ce PVT s’obtient en un claquement de doigts. Après tout, ça a l’air sublime aussi.
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Les premiers mois, j’alterne entre road trips et HelpX (les helpers travaillent quelques heures par jour en échange du gîte et du couvert chez l’habitant). Quand je suis sur la route, le sentiment de liberté est incroyable. Mes occupations se limitent à conduire dans des paysages irréels, faire des randonnées, discuter avec d’autres voyageurs et passer la soirée dans un camping agréable.
C’est principalement pour rencontrer des locaux que je fais des HelpX. Mon premier HelpX ressemble plutôt à du travail dissimulé dans une pépinière dans la Bay of Islands avec d’autres helpers. C’est un choix de ma part, je veux tester mes capacités à m’exprimer en anglais et à le comprendre, sans être seule chez l’habitant. Cette formule est parfaite pour ne pas être au centre de l’attention et les heures supplémentaires sont échangées contre des activités au choix dans tout le pays. J’y ai rencontré des amis chers et j’ai eu la chance de faire de la plongée dans la Bay of Islands, de nager avec des dauphins Hector à Akaroa et de faire un vol en avion au-dessus du Milford Sound. Je suis plus tard accueillie dans d’autres HelpX : je coupe des arbres et je vends des glaces dans une famille à Waipu, je jardine à Rotorua, j’emballe du fromage de chèvre à Havelock, je ramasse des noisettes à Peel Forest. En gros, je sors de ma zone de confort, je ne connais aucune de ces activités et c’est grisant de découvrir qu’on est capable de faire plein de choses quand on en a douté fort.
C’est à Queenstown que mon compte bancaire commence à demander de l’aide. Je m’installe dans un camping sur le point d’être rasé et je dois donc trouver un autre lieu de vie. Ce qui se fait beaucoup, c’est de louer une place de parking d’auberge de jeunesse pour dormir dans sa voiture et profiter des parties communes au chaud. Le gérant de l’une d’entre elles me propose de passer le lundi matin à 7 h pour réserver une place qui se libère. J’arrive à temps et c’est ce matin là que j’ai rencontré mon compagnon actuel avec qui je suis toujours 7 ans après.
J’ai travaillé en tant que femme de chambre dans un hôtel de luxe à Queenstown, un de ceux qui recevoient Taylor Smith par exemple. Le rythme est soutenu, c’est un métier très difficile (on devrait interdire les vitres dans les douches !) qui est principalement exercé par des voyageurs de passage ou en quête de permis de travail long terme. Ça ne dure heureusement que quelques semaines puisque mon copain me propose de continuer l’aventure avec lui à Wellington pour finir notre PVT. Par chance, nous sommes arrivés en Nouvelle-Zélande en même temps et nos PVT expirent donc en même temps !
À Wellington, je décroche un poste de vendeuse de hot dogs dans un food truck. Je travaille de 9 h à 16 h du lundi au vendredi, je suis seule dans mon food truck, c’est tranquille, ça me semble être le grand luxe pour une pvtiste ! En complément, je fais du service pour des événements ponctuels au musée Te Papa le soir, il faut gagner le plus d’argent possible pour pouvoir enchainer avec un PVT en Australie… J’ai adoré ces deux mois à Wellington, la ville est dynamique tout en étant à taille humaine, c’est un plaisir d’y vivre.
Ce PVT a changé ma vie. Ça peut paraître extrême comme ça, mais cette expérience a changé ma perception du monde, de la nature, du travail, du bonheur, de tout.
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Cette année à été encore une fois très dense. J’ai fait un HelpX sur un bateau de pêche en Tasmanie : je devais préparer le lunch des pêcheurs d’ormeaux durant cinq jours en mer le long de la côte sud de l’île. C’était amusant de se faire déposer en zodiac proche d’une track longue de plusieurs jours et de croiser des marcheurs surpris de nous voir sans aucun équipement de randonnée. J’ai pu faire des crêpes sur le bateau que les pêcheurs ont préféré agrémenter de homard fraîchement pêché plutôt de sucre !
Nous sommes retournés 10 jours en Nouvelle-Zélande avant de nous rendre à Sydney pour quelques jours. Puis nous avons passé deux semaines en HelpX dans un hébergement touristique dans les Blue Mountains. Elles portent ce nom à cause du reflet bleu causé par les forêts d’eucalyptus visibles à perte de vue. On y fait l’une de nos randonnées les plus spectaculaires : Hanging Rock au soleil levant. Il s’agit de la pointe d’un rocher suspendu au cœur de la forêt à partir duquel certains aventuriers sautent attachés à une corde, parfois au péril de leur vie. Pour notre part, on admire simplement la forêt et les nuages qui la surplombent, avec la garantie de rentrer vivants.
Nous partons ensuite pour Perth qui sera notre point de départ pour visiter la côte ouest. On est recruté dans une roadhouse à Leonora. Leonora est ce que les locaux appellent un “shithole” (un trou à rat), une petite ville minière de 650 habitants, dont 27 % d’aborigènes. Ce sera notre seul contact avec les aborigènes, nous n’aurons pas la chance de discuter avec eux, mais seulement de leur vendre des sodas et des burgers, et de leur activer l’électricité prépayée. Idem à Kalgoorlie, où nous travaillons quelques semaines dans un pub irlandais, un hôtel, et une concession Toyota. Il y aurait énormément de choses à dire sur la situation des aborigènes, mais mon expérience est principalement constituée de témoignages de blancs qui ressentent une forte injustice envers cette population qui serait selon eux trop privilégiée par des aides de l’État. On me dira “Ils n’ont pas évolué”, “Si un aborigène entre dans le bar, tu ne dois pas le servir à cause des problèmes d’alcool”, “Ce sont des fainéants”, “On ne leur dit rien quand ils consomment de l’alcool à l’extérieur alors que nous, nous n’avons pas le droit” en pointant une paille de couleur noire en référence à la couleur de peau des aborigènes. L’Australie est le seul pays de l’époque coloniale à ne pas avoir établi un traité avec son Peuple premier, et le racisme est bien présent. J’ai été très choquée de ne jamais entendre de discours de reconnaissance de territoire.
Plus fun, on découvre dans ces villes minières les Skimpies : des filles en petite tenue parcourent l’Australie occidentale en faisant le service au bar. Ces villes sont habitées principalement par des hommes qui travaillent en FIFO (Fly-in fly-out, c’est-à-dire qu’ils vivent par exemple 15 jours à Melbourne et travaillent 15 jours à Kalgoorlie). C’est un moyen pour elles de gagner très rapidement beaucoup d’argent, jusqu’à 6 000 $ par soir !
Nos deux derniers mois sont consacrés à rejoindre Darwin depuis Perth. Nous achetons un 4×4 Toyota 4Runner de 1994 déjà aménagé et reprenons la route. Nos vêtements deviennent rouges, la poussière s’infiltre partout dans la voiture. Les parcs nationaux sont tous plus incroyables les uns que les autres : Kalbarri, Karijini, Cape Range, etc. L’apothéose, c’est la traversée (partielle) de la Gibb River road dans le Kimberley. Bien que fréquentée par quelques touristes, cette route de gravier de 660 km est extrêmement éloignée des villes. L’accès au parc Purnululu est également sportif, il faut plus de 2h pour parcourir les 50 km pour y accéder. C’est l’outback, on nous recommande de dégonfler les pneus pour limiter les risques de crevaison (nous n’aurons que de grosses entailles !), d’avoir 2 pneus de secours, des tuyaux de rechange pour le radiateur et des jerricanes d’essence remplis. Les routes sont parsemées de cailloux tranchants, on traverse des rivières plus ou moins profondes, on voit des carcasses de voitures abandonnées, un serpent attaque notre pneu en roulant, c’est l’aventure !
Arrivés à Darwin, nous revendons notre 4×4 et rentrons en France.
Globalement, l’expérience a été plus mitigée en Australie, on a rencontré plus de difficultés à pas mal d’égards. On a été victime de harcèlement par notre propriétaire à Melbourne, ce qui nous a obligé à fuir notre location. Le manque d’hygiène dans la roadhouse de Leonora nous a fait quitter ce travail bien payé et la ville précipitamment. Sans doute est-ce parce que nous voyageons en couple cette fois-ci, mais les rencontres sont moins nombreuses et moins fortes qu’en Nouvelle-Zélande. Malgré les déconvenues, je reste très marquée par ce pays, par sa faune fantastique, sa beauté et son immensité.
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J’appréhendais pas mal le froid montréalais, surtout en arrivant mi-janvier. Mais j’ai beaucoup aimé découvrir la neige, le froid, la glace et la pluie verglaçante. Tout est blanc et marron de décembre à avril. La verdure ne se réveille que mi-mai, mais son réveil est spectaculaire, en deux semaines la ville change complètement de visage ! Et bien sûr, les couleurs de l’automne sont fantastiques (et accompagnées des décorations d’halloween, ma fête préférée !). Les saisons ne m’ont jamais autant fascinée qu’au Québec.
Malgré le peu de congés et la Covid-19, je visite le Québec, la région du Saguenay, la Gaspésie et quelques parcs nationaux québécois. Ce n’est qu’avant de rentrer en France que je profite de deux mois de road trip de Montréal à Dawson City en passant par Yellowstone et les Rocheuses. Encore une fois, ce road trip a été riche de découvertes et de rencontres avec des ours ou encore des bisons. Le Canada est un pays sublime, la nature y est extraordinaire. Je recommande vivement de visiter le Yukon, et de s’y rendre si possible en voiture pour prendre pleine mesure de son isolement sur le continent. Les parcs Kluane et Tombstone sont des merveilles.
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L’Australie a été une expérience nomade similaire, l’enchantement de la découverte de ce mode de vie en moins. Il s’agissait pour moi de prolonger le plaisir de voyager en sac à dos et de découvrir un pays superbe.
Le Canada a surtout été envisagé sous un angle long terme, avec les démarches administratives et le stress que ça comporte, surtout en période de Covid-19. Mais c’est aussi un pays qui a une nature spectaculaire, idéal pour voyager comme backpacker.
L’avantage le plus évident lorsqu’on voyage en couple, c’est de pouvoir partager les découvertes avec quelqu’un. On peut aussi se soutenir en cas de coup dur. Mais ce qui est particulièrement magique pour moi, c’est de pouvoir en parler ensemble des années après, se remémorer des moments magiques.
L’inconvénient principal, c’est qu’en s’auto-suffisant en couple, on a tendance à moins rencontrer de gens, ou de façon plus superficielle. C’est quelque chose qu’on déplore tous les deux mais les avantages compensent largement.
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Mais le retour en France est un échec, je suis rentrée depuis 8 mois et je suis toujours en errance. J’infuse comme un sachet de thé en me demandant quoi faire de ma vie. Ma demande de résidence permanente pour le Canada est proche d’être finalisée et l’envie de retourner là-bas est vive. Même si les avantages à vivre en France sont innombrables, vivre à l’étranger a quelque chose d’exotique, de dépaysant, de magique qui me manque beaucoup.
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Aussi, l’expérience de la roadhouse en Australie, à Leonora, a été difficile. Je rêvais de travailler dans une zone reculée mais je n’ai pas aimé l’expérience : mes collègues utilisaient le même chiffon pour nettoyer le comptoir alimentaire et la station essence, vendaient de la nourriture tombée au sol, parlaient avec mépris aux aborigènes, c’était inacceptable. Nous avons décidé très rapidement de partir malgré le besoin urgent d’économiser pour acheter un 4×4. Le karma nous a remercié avec des jobs bien plus chouettes et une belle expérience à Kalgoorlie !
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Aussi, partez léger (un sac de voyage et un petit sac à dos par exemple) pour être facilement mobile, vous ne le regretterez pas !
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En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.
On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.
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(6) Commentaires
Super article !! ca donne tellement envie ! 🙂
Super article, je l’attendais celui ci !
J’ai fait un pvt Nouvelle Zélande il y a 3 ans maintenant et le retour à été une catastrophe émotionnelle pour moi, depuis j’attends sagement ma lettre pour le Canada ! 😊
Bon courage pour la suite
Merci 😊
Je croise les doigts pour toi !
Bonjour et merci pour ce partage d’expérience, qui donne très envie de découvrir aussi ces pays! Votre enthousiasme est communicatif et fait du bien à lire.
En revanche, vous ne parlez pas de l’Irlande : pouvez-vous nous dire comment a été votre expérience là-bas ? recommanderiez-vous ce pays ? qu’est-ce que vous y avez préféré ? avez-vous pu y travailler et vous y retrouvez financièrement ? car il paraît que la vie y est chère… Mais les paysages ont l’air splendide, non?
Merci pour votre réponse!
Oups j’ai « signalé » par erreur mon commentaire en cliquant sur le point d’exclamation (merci de ne pas en tenir compte ^^)
Merci beaucoup 🙂 Comme l’année en Irlande n’était pas un PVT, cette expérience n’a pas été détaillée. Je suis restée 1 an à Galway. C’est une petite ville très jolie et très dynamique, à la fois étudiante et touristique. J’ai adoré mon année là-bas et je recommande vivement l’expérience. On pourrait parler de la météo épouvantable de Galway, mais la pluie en Irlande ça n’étonnera personne… County Galway a un pub pour 506 habitants, on cherche donc la chaleur dans les pubs qui mêlent souvent plusieurs générations dans un même lieu.
Les loyers sont élevés (je payais 1 100 euros pour une maison en cœur de ville avec deux chambres et deux salles de bain, une aubaine !) mais les salaires dans le service à la clientèle sont très attractifs ! Je mettais 1 000 euros de côté chaque mois, donc je m’y retrouvais très bien financièrement ! Les français étaient très demandés puisque de nombreuses grosses entreprises sont implantées à Galway (en Irlande en général) pour les taxes avantageuses, il était donc très simple de trouver du travail. Ça a peut-être changé depuis la Covid, je ne sais pas.
Contrairement aux croyances françaises, on y mange vraiment très bien. Ça prend de connaître les bonnes adresses, mais on y trouve le meilleur burger de ma vie (Handsome Burger) et beaucoup de produits de qualité (le soda bread, le cheddar, le bacon incroyable érable et café d’une petite boucherie à côté de chez moi !).
Et bien sûr, les paysages sont superbes. Galway est aux portes du Connemara, les Cliffs of Moher et les îles d’Aran sont très proches, les idées de day trips ne manquent pas !
J’espère que ça vous donne un peu de « food for thoughts » concernant ce pays 🙂 Bons projets de voyage !
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