L’objectif est le même qu’en Nouvelle-Zélande, travailler uniquement pour pouvoir voyager à travers le pays. On reste 5 mois à Melbourne pour économiser. Je suis embauchée comme serveuse dans un café français chic au coin de ma rue et mon copain dans une usine de pain alors qu’il n’a jamais touché à une pâte à pain de sa vie ! La vie est pas mal chère à Melbourne, on profite peu pour réserver nos économies aux road trips. C’est en visitant Wilsons Promontory qu’on rencontre nos premiers kangourous, émeus, wombats et tiger snakes (et une magpie qui tentera de nous éborgner, faites attention en période de nidification !). Rencontrer des animaux dans leur milieu naturel, c’est toujours très intense, on se sent incroyablement chanceux de pouvoir les observer chez eux. Chaque rencontre est exceptionnelle et c’est vraiment ce qui m’apporte le plus de joie en voyage. On verra des koalas, des quokkas, des baleines à bosse, des requins-baleines, des oiseaux incroyables, des wallabies, des serpents, des araignées géantes, des crocodiles marins, des crocodiles d’eau douce et plus encore. L’Australie, c’est le paradis de l’observation de la faune.
Cette année à été encore une fois très dense. J’ai fait un HelpX sur un bateau de pêche en Tasmanie : je devais préparer le lunch des pêcheurs d’ormeaux durant cinq jours en mer le long de la côte sud de l’île. C’était amusant de se faire déposer en zodiac proche d’une track longue de plusieurs jours et de croiser des marcheurs surpris de nous voir sans aucun équipement de randonnée. J’ai pu faire des crêpes sur le bateau que les pêcheurs ont préféré agrémenter de homard fraîchement pêché plutôt de sucre !
Nous sommes retournés 10 jours en Nouvelle-Zélande avant de nous rendre à Sydney pour quelques jours. Puis nous avons passé deux semaines en HelpX dans un hébergement touristique dans les Blue Mountains. Elles portent ce nom à cause du reflet bleu causé par les forêts d’eucalyptus visibles à perte de vue. On y fait l’une de nos randonnées les plus spectaculaires : Hanging Rock au soleil levant. Il s’agit de la pointe d’un rocher suspendu au cœur de la forêt à partir duquel certains aventuriers sautent attachés à une corde, parfois au péril de leur vie. Pour notre part, on admire simplement la forêt et les nuages qui la surplombent, avec la garantie de rentrer vivants.
Nous partons ensuite pour Perth qui sera notre point de départ pour visiter la côte ouest. On est recruté dans une roadhouse à Leonora. Leonora est ce que les locaux appellent un “shithole” (un trou à rat), une petite ville minière de 650 habitants, dont 27 % d’aborigènes. Ce sera notre seul contact avec les aborigènes, nous n’aurons pas la chance de discuter avec eux, mais seulement de leur vendre des sodas et des burgers, et de leur activer l’électricité prépayée. Idem à Kalgoorlie, où nous travaillons quelques semaines dans un pub irlandais, un hôtel, et une concession Toyota. Il y aurait énormément de choses à dire sur la situation des aborigènes, mais mon expérience est principalement constituée de témoignages de blancs qui ressentent une forte injustice envers cette population qui serait selon eux trop privilégiée par des aides de l’État. On me dira “Ils n’ont pas évolué”, “Si un aborigène entre dans le bar, tu ne dois pas le servir à cause des problèmes d’alcool”, “Ce sont des fainéants”, “On ne leur dit rien quand ils consomment de l’alcool à l’extérieur alors que nous, nous n’avons pas le droit” en pointant une paille de couleur noire en référence à la couleur de peau des aborigènes. L’Australie est le seul pays de l’époque coloniale à ne pas avoir établi un traité avec son Peuple premier, et le racisme est bien présent. J’ai été très choquée de ne jamais entendre de discours de reconnaissance de territoire.
Plus fun, on découvre dans ces villes minières les Skimpies : des filles en petite tenue parcourent l’Australie occidentale en faisant le service au bar. Ces villes sont habitées principalement par des hommes qui travaillent en FIFO (Fly-in fly-out, c’est-à-dire qu’ils vivent par exemple 15 jours à Melbourne et travaillent 15 jours à Kalgoorlie). C’est un moyen pour elles de gagner très rapidement beaucoup d’argent, jusqu’à 6 000 $ par soir !
Nos deux derniers mois sont consacrés à rejoindre Darwin depuis Perth. Nous achetons un 4×4 Toyota 4Runner de 1994 déjà aménagé et reprenons la route. Nos vêtements deviennent rouges, la poussière s’infiltre partout dans la voiture. Les parcs nationaux sont tous plus incroyables les uns que les autres : Kalbarri, Karijini, Cape Range, etc. L’apothéose, c’est la traversée (partielle) de la Gibb River road dans le Kimberley. Bien que fréquentée par quelques touristes, cette route de gravier de 660 km est extrêmement éloignée des villes. L’accès au parc Purnululu est également sportif, il faut plus de 2h pour parcourir les 50 km pour y accéder. C’est l’outback, on nous recommande de dégonfler les pneus pour limiter les risques de crevaison (nous n’aurons que de grosses entailles !), d’avoir 2 pneus de secours, des tuyaux de rechange pour le radiateur et des jerricanes d’essence remplis. Les routes sont parsemées de cailloux tranchants, on traverse des rivières plus ou moins profondes, on voit des carcasses de voitures abandonnées, un serpent attaque notre pneu en roulant, c’est l’aventure !
Arrivés à Darwin, nous revendons notre 4×4 et rentrons en France.
Globalement, l’expérience a été plus mitigée en Australie, on a rencontré plus de difficultés à pas mal d’égards. On a été victime de harcèlement par notre propriétaire à Melbourne, ce qui nous a obligé à fuir notre location. Le manque d’hygiène dans la roadhouse de Leonora nous a fait quitter ce travail bien payé et la ville précipitamment. Sans doute est-ce parce que nous voyageons en couple cette fois-ci, mais les rencontres sont moins nombreuses et moins fortes qu’en Nouvelle-Zélande. Malgré les déconvenues, je reste très marquée par ce pays, par sa faune fantastique, sa beauté et son immensité.
(6) Commentaires
Super article !! ca donne tellement envie ! 🙂
Super article, je l’attendais celui ci !
J’ai fait un pvt Nouvelle Zélande il y a 3 ans maintenant et le retour à été une catastrophe émotionnelle pour moi, depuis j’attends sagement ma lettre pour le Canada ! 😊
Bon courage pour la suite
Merci 😊
Je croise les doigts pour toi !
Bonjour et merci pour ce partage d’expérience, qui donne très envie de découvrir aussi ces pays! Votre enthousiasme est communicatif et fait du bien à lire.
En revanche, vous ne parlez pas de l’Irlande : pouvez-vous nous dire comment a été votre expérience là-bas ? recommanderiez-vous ce pays ? qu’est-ce que vous y avez préféré ? avez-vous pu y travailler et vous y retrouvez financièrement ? car il paraît que la vie y est chère… Mais les paysages ont l’air splendide, non?
Merci pour votre réponse!
Oups j’ai « signalé » par erreur mon commentaire en cliquant sur le point d’exclamation (merci de ne pas en tenir compte ^^)
Merci beaucoup 🙂 Comme l’année en Irlande n’était pas un PVT, cette expérience n’a pas été détaillée. Je suis restée 1 an à Galway. C’est une petite ville très jolie et très dynamique, à la fois étudiante et touristique. J’ai adoré mon année là-bas et je recommande vivement l’expérience. On pourrait parler de la météo épouvantable de Galway, mais la pluie en Irlande ça n’étonnera personne… County Galway a un pub pour 506 habitants, on cherche donc la chaleur dans les pubs qui mêlent souvent plusieurs générations dans un même lieu.
Les loyers sont élevés (je payais 1 100 euros pour une maison en cœur de ville avec deux chambres et deux salles de bain, une aubaine !) mais les salaires dans le service à la clientèle sont très attractifs ! Je mettais 1 000 euros de côté chaque mois, donc je m’y retrouvais très bien financièrement ! Les français étaient très demandés puisque de nombreuses grosses entreprises sont implantées à Galway (en Irlande en général) pour les taxes avantageuses, il était donc très simple de trouver du travail. Ça a peut-être changé depuis la Covid, je ne sais pas.
Contrairement aux croyances françaises, on y mange vraiment très bien. Ça prend de connaître les bonnes adresses, mais on y trouve le meilleur burger de ma vie (Handsome Burger) et beaucoup de produits de qualité (le soda bread, le cheddar, le bacon incroyable érable et café d’une petite boucherie à côté de chez moi !).
Et bien sûr, les paysages sont superbes. Galway est aux portes du Connemara, les Cliffs of Moher et les îles d’Aran sont très proches, les idées de day trips ne manquent pas !
J’espère que ça vous donne un peu de « food for thoughts » concernant ce pays 🙂 Bons projets de voyage !
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