350 candidatures pour 2 entretiens : l’autre réalité du marché du travail en Australie
Thanys, pvtiste à Sydney depuis 3 mois, partage son expérience et ses difficultés pour trouver un emploi en Australie. Malgré un CV solide, un bon niveau d’anglais et une expérience confirmée en hôtellerie et en cuisine, elle a déjà postulé à des centaines d’offres sans succès. Son témoignage révèle une réalité bien différente de l’image souvent idéalisée du marché du travail en PVT Australie partagée en masse sur les réseaux sociaux. Trouver un job en Australie, même avec de l’expérience, peut s’avérer bien plus compliqué qu’on ne le pense… Elle se confie à travers cette interview.
En France, j’ai eu plusieurs expériences professionnelles. Pendant mon bac, j’ai eu beaucoup de stages dans des grandes maisons d’une, deux ou même trois étoiles. J’ai eu la chance de travailler à Londres, dans des relais châteaux, etc.
Pendant le Covid, j’ai décidé de sortir de la restauration, donc je me suis dirigée vers l’animation. J’ai été surveillante, animatrice en colonie de vacances internationales (à New York, en Croatie, en France, entre autres), baby-sitter, etc.
Malheureusement, aux États-Unis, on ne peut pas partir comme ça. J’ai tenté le Canada, mais c’est sur tirage au sort et en novembre, il restait peu de places… Il me restait soit l’Australie, soit la Nouvelle-Zélande.
Tout le monde parle de l’Australie, ça semblait facile de trouver du travail, je savais qu’il y avait une communauté de Français sur place, que c’était plus grand et qu’il y avait plus de choses à faire qu’en Nouvelle-Zélande.
Je m’étais donc dit qu’à Sydney, il y allait avoir beaucoup de monde, que ce serait compliqué de trouver, mais je m’attendais quand même à ce que ce soit beaucoup plus facile. Je ne m’attendais pas à gagner autant que ceux qui disent gagner beaucoup sur les vidéos Insta. Je savais que les salaires pouvaient être plus élevés qu’en France, mais que le coût de la vie l’était aussi.
J’ai vraiment tout essayé, je pense. Comme tout le monde, en ligne, sur des sites comme : Indeed, Gumtree (ce n’est pas un bon plan en ville, en tout cas selon moi) et sur SEEK.
SEEK, c’est d’ailleurs une bonne plateforme, mais à la fin de ta candidature, tu vois le nombre de personnes qui ont postulé et ça tourne souvent entre 100 et 300 candidats… Autant dire que ton CV est facilement noyé. L’idéal est de postuler aussi en présentiel.
Après, avec d’autres backpackers, il y a des journées où je pars, je marche en ville et je pose des CVs. Les gens les prennent souvent par politesse, alors que tu as payé pour l’imprimer… Actuellement, j’ai dû déposer 200 candidatures en présentiel. Sur Sydney, si je ne compte que les candidatures posées en ville, parce que j’ai aussi candidaté en ferme et en mine, j’ai dû faire entre 300 et 350 candidatures.
Depuis, j’ai fait 2 essais et un seul qui a porté ses fruits. Je bosse donc dans un bar à salade, payé 25 $AU/heure, mais je ne fais pas beaucoup d’heures. Ça me permet seulement de payer mon loyer. Récemment, j’ai trouvé un deuxième travail, en tant que serveuse dans un bar à strip tease. Je me fais beaucoup de tips, mais c’est ponctuel, ça me permet de me nourrir, mais pas de rembourser les frais engagés en arrivant ici.
Au niveau des dépenses, quand tu arrives, t’es obligé de tout racheter. J’estime, avec le billet d’avion et le reste : logement, courses, formations (RSA), forfait téléphonique, etc, qu’on arrive vite à des dépenses entre 2 000 et 4 000 $AU.
C’est bien de dire qu’il faut passer des formations “tickets*”, mais tout coûte de l’argent ici. Même si tu veux être Uber Eats, il faut un vélo, un police check (48 $AU). Il faut avoir conscience qu’il va falloir toucher à ses économies.
*Les tickets sont des formations payantes qui sont à réaliser en Australie et obligatoires pour pouvoir travailler dans certains secteurs d’activités. Spécifiquement en service et en construction. On vous en parle dans le chapitre suivant : les formations utiles pour travailler en Australie.
J’ai aussi postulé en housekeeping et en service, même si je n’ai pas d’expérience dedans.
Par exemple, j’ai une bonne copine qui parle très bien anglais, elle a postulé auprès d’un très bon restaurant, elle a trouvé du travail en 3 jours. Elle a commencé comme runneuse et au bout d’une semaine, elle est devenue manageuse. Elle fait 40 $AU/heure en semaine, 50 $AU/heure le samedi et 60 $AU/heure le dimanche.
Disons que les gens sur TikTok et Insta ne mentent pas, mais le ratio ne va pas. On est tellement nombreux ! Il y a énormément de backpackers et les bons plans, tout le monde les veux. Il y a moins de bons plans et trop de backpackers.
Je savais que c’était possible de trouver un travail, mais je suis quelqu’un de terre à terre. J’attends toujours de voir avant de juger. C’est sûr que si tu te réfères qu’aux réseaux sociaux, tu vas être déçu… Les réseaux ce n’est pas la réalité ! On est nombreux, si tu ne travailles pas, si tu ne charbonnes pas, ce sera compliqué. C’est à toi de faire l’effort.
Il y a aussi le fait que partir c’est bien beau, mais partir, pour où ? Et c’est sans garantie de ne pas me retrouver dans une situation similaire. Alors, ici, même si je galère, j’ai un appartement, j’ai un travail qui me permet de me nourrir, même si j’aimerais un emploi qui me permette de me nourrir plus convenablement…
J’ai vu des gens qui vendaient des documents, des noms de ferme, et compagnie, c’était genre 50 $AU. Ou encore, des gens qui vendent leur sac Uber Eats alors que c’est gratuit… Ou une amie à qui on a dit : “si tu me donnes ton plan dans ton restaurant où tu bosses, je te donne un plan ferme”. C’est ridicule.
Par exemple, j’avais une expérience en tant que surveillante pendant deux ans en France, du coup, je me suis rappelée qu’il y avait des écoles françaises à Sydney. Bon, c’était pendant les vacances, donc je n’ai pas eu de retour dessus.
Vraiment, il faut postuler et tenter ! Il n’y a pas toujours besoin de diplômes ou d’expérience. Aujourd’hui, je travaille dans un strip club et je ne suis pas stripteaseuse. Je nettoie juste des tables et je pose des verres. Mes plus petites soirées, je gagne 20/30 $AU de tips, pour les plus grosses, je peux être à 330 $AU. C’est ponctuel, mais ça te paye le prochain ticket que tu veux passer pour travailler dans les mines, par exemple.
Il y a plein de métiers auxquels je n’aurais pas pensé en arrivant, il faut s’ouvrir à d’autres horizons.
J’aimerais bien faire un tour du monde et pourquoi pas un PVT au Japon. Le but est de visiter le Japon de fond en comble et pourquoi pas faire un PVT Canada. Vraiment, je suis une passionnée du monde.
Je suis partie en PVT Australie en avril 2022. Je suis restée 1 année sur place entre road trip à bord de mon van aménagé et travail (dans la restauration, en ferme, en cleaning en vente, en Freelance, etc). Aujourd'hui, j'ai retrouvé ma vie en France, mais je continue d'animer des ateliers pour parler de mon aventure et pour aider ceux qui souhaitent partir en Australie. Et peut-être un prochain PVT, qui sait ?
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I went on a Working Holiday Visa to Australia in April 2022. I stayed for one year, combining road trips in my beautiful van and various jobs in areas like hospitality, farming, cleaning, sales, and freelancing. Today, I've returned to my life in France, but I still conduct workshops to share my adventure and assist those who wish to go to Australia. And perhaps another Working Holiday Visa, who knows ?
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