
LA GRANDE QUESTION s’est posée : je fais quoi avec mon PVT au Canada ? J’y vais ? Je reste en Martinique ?
Et là, les vraies raisons de mon expatriation ont émergé. Jeune diplômée en développement rural, je n’arrivais pas à trouver un emploi de qualité en Martinique. Le Canada était réputé pour être un pays où tout est possible sur le plan professionnel. J’ai donc décidé de me lancer dans le vide et de prendre mon envol vers l’inconnu.
Mais soyons honnête, je n’ai pas fait que travailler. Je voulais découvrir le « vrai Québec » et les Québécois pure laine.
Le 10 décembre 2017, je posais mes valises à Matane. Au départ, je comptais juste rester deux semaines et repartir à Montréal. Mais, je n’ai jamais levé l’ancre de cette région.
J’ai foulé les sentiers du parc de la Gaspésie, découvert les joies des sports d’hiver, plongé dans la culture québécoise (j’ai l’accent québécois haha) et surtout je me suis reconvertie sur le plan professionnel. J’accompagne maintenant les expatriés de tous pays qui s’établissent dans ma belle région.
5 ans plus tard, quand je regarde le chemin parcouru, je « capote » comme diraient les Québécois ! J’ai trouvé l’amour à Matane, acheté ma maison, je me suis épanouie sur le plan professionnel, j’ai créé mon entreprise, je me suis fait des amis de partout dans le monde et je suis devenue la maman d’un petit bout, Édouard.

Le moins : le froid ??? Je sais que ce n’est pas très original mais pour une fille des îles, la chaleur c’est dans les gènes. Mais avec le temps, j’ai appris qu’il n’y avait pas de mauvaise température mais que des mauvais habits haha !
Blague à part, un élément à considérer, c’est le système de santé public. Avoir accès à un médecin traitant, ça prend du temps (jusqu’à 2 ans). Une fois qu’on est rentré dans le système, ça va mieux mais avant ça peut être la galère. Voir un spécialiste (dermatologue, gynécologue, …) n’en parlons même pas ! Donc si tu as une condition médicale qui te demande d’avoir un suivi de santé régulier, organise-toi avant de t’installer au Canada.
Le Service d’accueil des nouveaux arrivants de La Matanie (SANAM) avait organisé une soirée interculturelle avec des gens de partout dans le monde dont des Québécois, des Camerounais, des Hispanophones et j’en passe… On m’a demandé de cuisiner un plat de La Martinique. J’étais tellement fière de faire découvrir ma culture aux Québécois ! Ce soir-là, on a dansé sur du Jean Le Loup, du magic system, des danses latines, africaines et on a même dansé en ligne ! Tout un mélange de culture.
C’est simple. Je me souviens avoir ressenti que j’étais à ma place. C’est pour vivre des moments comme ceux-là que j’avais décidé de m’expatrier !

Je me rappelle encore du jour où j’ai réalisé que je ne pourrai pas exercer en tant qu’agronome et que mon statut ne me permettait pas d’obtenir les aides financières nécessaires.
Je pense que c’est la première fois que j’ai réalisé que j’étais une expatriée, avec un statut différent.
En France, être une personne de couleur, c’est un défi. Tu n’as clairement pas les mêmes chances en emploi, il y a vraiment beaucoup de discriminations. Bien que ça ne soit pas parfait ici, tu es d’abord jugé sur tes compétences professionnelles, ta capacité à atteindre les objectifs et cela, quelle que soit ta couleur de peau.
J’ai été tellement bien accueillie à mon arrivée que je me voyais mal me déraciner une deuxième fois. Quand j’ai compris qu’il y avait de l’emploi et de la vie sociale (mes craintes au départ), j’ai décidé de rester.
Petit plus : la proximité avec l’eau me rappelait mon île, La Martinique. On est d’accord sur le fait que ce n’est pas la même température, mais entendre le bruit des vagues, voir le bleu du fleuve St-Laurent ça n’a pas de prix !

Vivre en région, c’est gagner du temps. Mon travail, l’épicerie, la garderie pour mon fils, tout est à proximité. Fini les embouteillages, les heures d’attente dans les transports. On se libère du temps pour découvrir de nouvelles activités et profiter de moments en famille.
Il y a aussi beaucoup plus de possibilités d’évolution de carrière car moins de compétition que dans les grands centres.
L’accès à la propriété est incroyable ! Je n’aurais jamais imaginé acheter une maison à un prix abordable avant mes 30 ans. On ne va pas se mentir, à Montréal, avec un budget de 350 000 $, avoir un condo c’est presque impossible, alors une maison, n’en parlons pas !
L’accueil ! Contrairement à ce qu’on pense, de plus en plus de régions ont des services d’accueil qui accompagnent les expatriés dans leur installation et intégration en région. Ces services d’accueil proposent aussi des activités pour se faire de nouveaux amis (c’est comme ça que j’ai rencontré mon mari).
Par contre, si tu recherches la « night life », oublie les régions. Si tu veux sortir tous les soirs dans des bars, aller dans un restaurant différent chaque soir, tu seras déçu. L’offre culturelle est moins importante et il faut en être conscient.
Il faut aussi dire que si tu n’aimes pas le plein air et que tu es un citadin, tu vas sans doute t’ennuyer.
Un élément à considérer, c’est le transport qui peut parfois être un enjeu pour ceux qui veulent se déplacer vers les grands centres et qui n’ont pas le permis de conduire.
Et enfin, si ton but c’est de retrouver une communauté uniquement fait d’expatriés, du style « le plateau Mont-Royal », il faut aussi oublier. (Mais on est d’accord que si on quitte son pays d’origine et qu’on quitte sa zone de confort, c’est pour vivre différemment !).

À mon arrivée à Matane, j’ai tout de suite voulu rencontrer du monde. Je me rappelle encore cette fameuse soirée, où j’avais reçu une invitation à un 5 à 7. J’étais vraiment stressée à l’idée d’y aller toute seule mais je me suis lancée ! Et je dois dire que ça a été une soirée décisive. Mon conseil : sortir de sa zone de confort et oser faire ce qu’on n’aurait jamais fait dans notre ancienne vie !
C’est la clé, il n’y a pas de secret !
C’est important d’être réaliste, de voir si ta situation personnelle et financière te permet de réaliser ce projet, de savoir un minimum ce que tu veux faire avec ton PVT pour t’organiser et mettre toutes les chances de ton côté.
Dernier élément, lire le témoignage de plusieurs pvtistes qui ont ton profil peut vraiment te donner du courage, de la motivation et de l’audace pour réaliser ton projet d’expatriation au Canada.
Depuis quelques mois, j’ai créé une entreprise « Soleil Immigration » qui accompagne les Français originaires des DOM-TOM à immigrer au Canada.
Qui aurait cru que ma reconversion professionnelle aurait fait naître le désir de me plonger complètement dans cette voie ?
(2) Commentaires
Trop heureuse de savoir que ça a pu te rebooster !!! 😎😎😎 si tu veux plus d’informations n’hésite pas à m’écrire en privé
Bonjour Sandrine , je m’appelle Stéphanie, je suis de la Guadeloupe mais je vis en France… j’ai obtenu mon PVT et je viens de lire votre témoignage qui est juste incroyable. J’étais plus sur de moi et à la lecture de votre expérience ça m’a remotivée pour y aller … Merci d’avoir pu partager votre expérience 😊
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