Le rêve d’un homme fait partie de la mémoire de tous” disait Jorge Luis Borges, sans doute le plus grand écrivain que l’Argentine ait connu. L’UNESCO s’est peut être inspirée de cette pensée pour classer certains lieux comme faisant partie du Patrimoine de l’Humanité.

La Convention de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) adoptée en 1972 promeut l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel et naturel à travers le monde. Elle reconnaît la « valeur universelle exceptionnelle » de certains lieux et considère qu’ils appartiennent à un patrimoine commun à toute l’humanité.

L’Argentine est un pays doté d’une nature incroyable et d’une histoire et d’une culture très riches. 12 sites culturels et naturels classés au patrimoine mondial de l’UNESCO s’y trouvent. C’est une liste évolutive, puisque le dernier a été classé en 2023.

1981 : El Parque Nacional de Los Glaciares (le Parc national des Glaciers)

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Il s’agit du 1er site naturel répertorié au Patrimoine mondial de l’UNESCO en Argentine.

Le site se trouve au sud-ouest de la Province de Santa Cruz, en Patagonie Argentine. Il couvre 600 000 hectares et est composé d’un parc, créé en 1937 et d’une réserve nationale. Il doit son nom au fait que la moitié de cet espace est couvert de glaciers dont la plupart sont alimentés par El Campo de Hielo (le Champs de Glace), une calotte glaciaire d’environ 160 000 kilomètres carré.

Les paysages de ce parc ont été modelés par de gigantesques phénomènes de glaciation. Ils sont principalement habités par des sommets aux contours déchiquetés et par des lacs aux eaux laiteuses et turquoises. Ces couleurs s’expliquent par le fait qu’ils sont alimentés par les glaciers eux-mêmes, qui à l’œil nu, on pourrait le jurer, ont des reflets bleus. Par exemple, le Lago Argentino, mesurant 160 km de long, a, à son extrémité, 3 glaciers qui ont les pieds dans l’eau : Upsala, Onelli et Perito Moreno. Il est possible d’aller observer ce dernier de près et même de marcher dessus. Des passerelles ont été installées sur la falaise qui lui fait face, la vue y est saisissante. C’est le meilleur endroit pour voir et entendre, dans un craquement venu d’un autre monde, un morceau de glace se détacher de la paroi pour rejoindre les eaux du lac. 

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L’isolement du site, les conditions environnementales très rudes et le faible niveau de pollution atmosphérique contribuent à son intégrité. Pour le protéger, des mesures ont été mises en place au fil du temps, notamment concernant le tourisme qui a été limité à certaines parties du parc. En été, l’activité touristique est très élevée, ce qui demande une organisation minutieuse des sentiers et des services pour les visiteurs. Par exemple, des toilettes et des restaurants sont installés pour améliorer la protection du bien et la qualité de la visite. 

Il a été indiqué que l’élevage de bétail et le surpâturage est ce qui impact le plus certaines zones du site. Les incendies de forêt ont également eu un fort impact dans le passé. 

Les villes d’El Calafate et d’El Chalten se trouvent dans ce parc et sont les points d’accès pour les différentes excursions possibles. 

1983/1984 : les Missions jésuites des Guaranis : San Ignacio Miní, Santa Ana, Nuestra Señora de Loreto et Santa María Mayor (couplées avec les Ruines de São Miguel das Missoes au Brésil)

Ces ruines se trouvent au cœur de la forêt tropicale, dans le nord-est du pays, près de la frontière avec le Brésil. Il en existe une trentaine, mais en Argentine, seules 4 sont classées au patrimoine mondial. C’est le 1er site culturel à avoir été classé en Argentine. 

Les vestiges de missions jésuites font partie intégrante des campagnes d’évangélisation des populations d’Amérique du Sud par les Européens et elles étaient installées sur le territoire du peuple des Guaranis entre le 17e et le 18e siècle. 

Elles sont aujourd’hui un témoignage important du système mis en place dans la région pour occuper le territoire et créer des relations entre les peuples autochtones et les missionnaires jésuites européens. 

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Aujourd’hui, les vestiges des différentes missions abritent des fragments de murs des bâtiments d’origine. Ce sont des monuments historiques qui ont une importance pour le développement des communautés locales en raison du tourisme et de leur ancrage historique sur le territoire. 

 

1984 : El Parque Nacional Iguazú 

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« Poor Niagara » (Pauvres Niagara) aurait dit Eleanor Roosevelt lorsqu’elle a visité les Chutes d’Iguazú. Elles se trouvent dans la province de Misiones, au nord-est de l’Argentine, a la triple frontière avec le Brésil et le Paraguay. C’est l’un des sites naturels les plus étonnants du monde.

Une visite à las cataratas assure un choc visuel, auditif, sensoriel et olfactif. En effet, les imposantes chutes d’eau, tombant dans un bruit assourdissant à plus de 80 mètres de hauteur et réparties sur 2 700 mètres apporte au paysage un point de vue époustouflant. Le choc de ces torrents permanents créé des nuages d’embruns suspendus en l’air et entourant les cascades. En plus d’attirer les arcs-en-ciel, cela rend l’air particulièrement humide et on a la peau qui colle.

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C’est un spectacle magnifique et unique qui prend place dans un écrin de verdure abritant de très nombreuses espèces végétales et animales. Il y aurait environ 2 000 espèces de plantes, dont 80 espèces d’arbres, et environ 400 espèces d’oiseaux et 80 espèces de mammifères, dont des jaguars et des ocelots.

C’est cette richesse naturelle et le magnifique lien entre terre et eau qui lui apporte sa renommée internationale et qui attire des touristes par milliers.

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1999 : La Cueva de los manos, Río Pinturas

Ce site culturel, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999, se trouve dans la province de Santa Cruz, en Patagonie, dans une zone quasi-désertique. 

Il s’agit d’un ensemble exceptionnel d’art rupestre réalisé entre 13 000 et 9 500 ans auparavant. Son nom, “Cueva de los manos”, la Grotte des mains, vient du fait que la grotte qui se trouve sur le site, a, sur une de ses parois, des impressions de mains en négatif, comme si elles avaient été réalisées au pochoir. Les mains ne sont pas les seules images que l’on peut retrouver dans la grotte. Des animaux, comme des guanacos, y sont représentés, ainsi que des scènes de chasse. 

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Ces représentations, sur un mode réaliste et dynamique, sont un témoignage unique de l’existence de ses auteurs, de leur mode de vie, de leur comportement et de leurs techniques de chasse. Elles ont sûrement été dessinées par les ancêtres des communautés historiques de chasseurs-cueilleurs de Patagonie. Les couleurs qui peuvent être aperçues sur les parois sont issues de peintures à base de pigments minéraux naturels. L’oxyde de fer permet de faire du rouge et du violet ; le kaolin apporte le blanc; la natrojarosite fait du jaune, et l’oxyde de manganèse permet de faire du noir. 

L’environnement exceptionnel autour du site, une rivière coule dans un canyon très profond et impressionnant, est resté intact pendant toutes ces années. Les espèces animales et végétales sont les mêmes que celles représentées dans la grotte. Cet ensemble naturel et culturel remarquable explique l’intérêt que les archéologues y ont porté depuis plus de 25 ans. 

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Les observateurs de tout temps, ont été frappés par les compositions artistiques, la variété des motifs et l’utilisation de différentes couleurs. Les fouilles archéologiques réalisées ont été limitées pour que l’impact soit minimal et que le site reste authentique. Aucune restauration n’a été faite depuis la découverte du site.

Cet ensemble d’art rupestre et de milieux naturels exceptionnels est unique au monde par son ancienneté, sa beauté et l’état de conservation des peintures et du lieu tel qu’il est au fil du temps. 

Cependant, l’augmentation du tourisme en Patagonie a entraîné des dégâts. Des graffitis ont été dessinés sur les parois, des fragments de roche peinte ont été volés, les ordures se sont accumulées et les touristes en touchant les parois ont endommagé les peintures. 

 

1999 : La presqu’île de Valdès

Ce site naturel, autrement appelé Péninsule de Valdès, se trouve en Patagonie, dans la province de Chubut, sur la côte atlantique sud. Il s’étend sur 360 000 hectares, et mesure 100 kilomètres depuis l’océan sur 400 km de côtes. La presqu’île est reliée au continent par une bande de terre de 35 kilomètres. 

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La péninsule est connue pour être d’importance mondiale dans la préservation des mammifères marins. Son environnement favorise la reproduction de plusieurs espèces telles que la baleine franche australe, les éléphants de mer et les lions de mer du sud. Le golfe créé par la presqu’île protège la zone des tumultes de l’Océan Atlantique sud. De bonnes conditions sont donc réunies pour faire exister une véritable nurserie marine. Les baleines et les autres espèces peuvent donner naissance à leurs petits et les pouponner jusqu’à ce qu’ils soient prêts à partir pour de nouveaux horizons. Des orques fréquentent également ce littoral et ont d’ailleurs développé une stratégie de chasse unique au monde pour s’attaquer aux petits. Elles font semblant de se laisser dériver, comme si elles étaient malades pour se rapprocher des petits et venir les prendre le long du rivage.

Au-delà de ces espèces, la presqu’île est composée d’une flore et d’une faune maritime et marines remarquables. La nurserie ne se limite pas aux mammifères marins puisque d’importantes colonies d’oiseaux et des dizaines de milliers de manchots de Magellan viennent s’y reproduire chaque année.

Le littoral est dynamique et favorise l’établissement de ces espèces. Il est composé de falaises rocheuses, de baies peu profondes, de lagunes côtières mouvantes, de plages de sable, de plages de galets, de dunes et de petites îles. Autour, s’étend la steppe désertique patagonienne. 

Très peu d’habitants vivent dans cette région et le réseau d’infrastructures est très limité, ce qui favorise l’aspect sauvage de la côte et la liberté des animaux à pouvoir venir s’y reproduire en toute tranquillité.

De multiples programmes de protection ont été mis en place au fur et à mesure des années pour que ce lieu garde son rôle de nurserie. Il agit en effet comme un facteur clé dans la préservation et le renouvellement de ces espèces. La baleine franche et l’otarie à crinière (le lion de mer) avaient presque disparu à cause d’une pêche excessive. Ces deux espèces sont respectivement protégées internationalement depuis 1935 et 1953. La baleine franche a également été déclarée “monument naturel” par le Congrès national argentin en 1985. Ces mesures de conservation se sont révélées très efficaces puisque leur population a été reconstituée de manière impressionnante depuis lors.

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La presqu’île de Valdès est devenue un site touristique connu et fréquenté en Argentine, notamment entre juillet et décembre, période pendant laquelle les baleines viennent pouponner. Des excursions en bateau sont possibles depuis Puerto Piramides pour les observer de plus près.

2000 : Ensemble jésuite et les Estancias de Córdoba 

Ce site culturel exceptionnel est composé de plusieurs édifices séculiers et religieux du 17° et 18° siècle répartis sur 33 hectares. Il comprend 4 bâtiments : l’église, la résidence jésuite, l’université et le collège ; et 5 estancias : Alta Gracia, Santa Catalina, Jésus Maria, La Candeleria et Caroya. Les estancias sont de grandes fermes installées sur d’énormes propriétés possédant chacune son organisation propre. 

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Tout comme les reducciones dans le nord-est du pays, ces ensembles témoignent d’une expérience religieuse, sociale et économique sans précédent qui a duré pendant 150 ans. Elle a permis la mise en place d’un système politique, économique, judiciaire et culturel qui illustre parfaitement la fusion des cultures européennes de l’époque avec celles des autochtones d’Amérique du sud. Les différents édifices étaient complémentaires de par leur usage et cela participait à la convivencia (bien vivre ensemble) entre le modèle économique classique des couvents et de nouvelles formes d’établissements ruraux.

Le Colegio Máximo de Córdoba a été autorisé par le pape en 1621. S’ouvre alors la première université d’Argentine, la 2° d’Amérique latine et la 4° du monde nouveau. Son rôle était très utile aux jésuites dont les objectifs étaient d’évangéliser et d’éduquer. De plus, tout jésuite qui voulait travailler dans une mission devait auparavant étudier à l’université. Le collège de Córdoba a ainsi accueilli des candidats missionnaires de toute l’Amérique et d’Europe. L’université était financée par le travail économique des estancias. Chaque édifice jouait son rôle dans le fonctionnement de l’ensemble. 

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Des techniques fondées sur les ressources locales, matérielles et humaines ont permis un mélange architectural, technique et artistique. Les ressources provenaient des jésuites, des peuples autochtones et des esclaves africains présents pour travailler dans les estancias notamment. 

Aujourd’hui, tous les éléments de ce site ont conservé leur typologie d’origine et leurs caractéristiques, ce qui en fait un bien d’exception qui peut être visité et qui reste une référence pour les communautés locales. 

2000 : Los Parques nacionales d’Ischigualasto y de Talampaya 

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Ces deux sites naturels sont des parcs nationaux contiguës qui s’étalent sur 275 000 hectares. Ils se situent dans la région quasi-désertique du Cuyo, le long de la Cordillère des Andes et renferment l’ensemble des fossiles de la période du Trias (-245 à -208 millions d’années avant JC) le plus complet du monde.

On peut y retrouver 6 formations géologiques différentes qui contiennent des fossiles de dinosaures, de mammifères et de plantes qui témoignent de l’évolution

Ces 2 parcs se trouvent dans une région aride composée de falaises de grès rouge hautes de près de 200 mètres et de dépôts blancs et multicolores. La végétation y est clairsemée et typique des déserts. Il y a des cactus, des arbustes ne poussant que dans les zones arides et quelques rares arbres. Bien sûr, ces parcs et leur environnement si particulier renferment des espèces de faunes et de flores endémiques.

Ces différents éléments forment un ensemble austère et désolé, appelé “Vallée de la lune”. 

Le Parc de Talampaya a été fondé en 1975 et s’étend à lui seul sur 215 000 hectares. Sa nature est sauvage et très protégée car il offre un beau témoignage géologique.

Le Parc d’Ischigualasto, qui signifie “terre sans vie” dans une langue quechua, était en fait une terre pleine de vie il y a 180 millions d’années, puisque sa végétation y était luxuriante et qu’elle était remplie de dinosaures. Aujourd’hui, leurs squelettes attirent les paléontologues du monde entier. La Vallée de la lune s’y trouve et c’est le seul endroit sur terre dans lequel on peut trouver l’ensemble des couches géologiques du Trias puisqu’elles y ont été bien conservées.

Dans ces superbes paysages de montagne, les découvertes sont inestimables et font partie des trésors scientifiques universels. 

2003 : La Quebrada de Humahuaca 

Ce site culturel se trouve dans la province de Jujuy, dans la région du Noroeste (nord-ouest). C’est un paysage de montagnes arides, d’une longue et étroite vallée, du haut plateau de la Puna et d’espaces boisés qui donnent parfois l’impression d’être dans une jungle. 

Cette vallée a été utilisée depuis plus de 10 000 ans comme grande voie commerciale. Des traces de chasseurs-cueilleurs de la préhistoire, d’Incas et de combats pour l’indépendance, ont été retrouvées. Il s’agit donc d’un site emprunt de l’histoire d’Argentine, et plus particulièrement de cette région des Andes. 

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Un réseau exceptionnel de voies de communication, de coordination économique, sociale et culturelle a été retrouvé sur ce site. Il s’agissait du lien le plus important entre les hautes terres des Andes, les montagnes, et les vastes plaines tempérées du sud-est. Des centaines de sites archéologiques et architecturaux, des peuplements successifs, témoignent de son rôle et de sa longue et riche histoire.

Le magnifique environnement qui compose ce site est resté intact depuis des années et doit donc être préservé. Il s’agit d’un mélange de montagnes multicolores, de déserts arides, d’une longue route interminable, de cactus et de végétaux luxuriants. En quelques minutes, on peut passer d’un paysage à l’autre, c’est incroyable. 

La population actuelle conserve ses traditions dans ce paysage culturel exceptionnel. C’est d’ailleurs un des derniers endroits qui témoignent d’une culture andine en Argentine. Cette région est resté inchangée malgré les vagues d’immigration européenne successives. La Quebrada constitue un système patrimonial complexe qui atteste d’une continuité entre l’espace et le temps depuis 10 000 ans qui est très rare. Il y a une véritable interaction entre le système géo-écologique, les sociétés et les cultures successives qui ont occupé la Quebrada. 

La combinaison d’éléments culturels et naturels font de ce lieu un site incomparable et essentiel.

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La plupart des sites archéologiques et des vestiges des peuplements au fur et à mesure du temps sont bien préservés, ce qui donne au site un haut degré d’intégrité.

Le paysage culturel est évolutif, mais l’environnement est préservé, ce qui entretient une harmonieuse relation entre ces deux facteurs. De plus, l’équilibre entre usages et traditions au niveau local favorise la conservation de ce mode de vie particulier. 

2014 : Qhapaq Ñan, le réseau de routes andin

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Ce grand réseau de routes parcourt plus de 30 000 kilomètres entre l’Argentine, la Bolivie, le Chili, le Pérou, l’Équateur et la Colombie. Cela fait de ce site un patrimoine culturel à valeur universelle. 

Du côté argentin, les routes traversent les provinces du nord-est : Salta, Jujuy, Catamarca, Tucuman, Mendoza, San Juan, La Rioja et Santiago del Estero.

Il a été construit par les Incas sur plusieurs siècles. Le point de départ se trouve sur la place centrale de Cuzco, au Pérou et se divise en 4 routes principales. Elles sont ensuite reliées à plusieurs autres réseaux routiers plus petits. Elles permettaient de relier les villes, les centres de production et de culte dans le cadre d’un programme économique, social et culturel au service de l’Empire. L’aboutissement de ce projet politique répondait également à des enjeux stratégiques et militaires et lui a permis de développer son pouvoir et son influence. 

Cette maille routière a été utilisée par des voyageur·euse·s, des caravanes, des armées, et des populations. Elle représentait le lien vital de l’Empire Inca, ralliant les petites communautés rurales isolées aux grandes villes et favorisant les échanges d’influences sociales, politiques, économiques et culturelles. Ce réseau a bien sûr contribué aux échanges commerciaux entre les populations et de nombreuses denrées y étaient échangées et gravitaient jusqu’aux grands centres. 

Ce réseau de constructions témoigne d’un savoir-faire unique et repose sur des prouesses techniques en raison de la diversité des terrains. Les méthodes de construction leurs sont propres et elles étaient standardisées pour permettre un contrôle de l’uniformité. Il s’agit de l’un des terrains les plus difficiles au monde puisque le chemin relie les sommets enneigés des Andes (à plus de 6 000 mètres d’altitude) à la côté Pacifique, en passant par des forêts tropicales humides, des vallées fertiles et des déserts. 

Ce site est un témoignage unique et exceptionnel de la civilisation Inca et de son mode de vie. On comprend qu’elle est fondée sur des valeurs et des principes de réciprocité et de redistribution qui constituent un système singulier d’organisation. Il était la base vitale de l’Empire et illustre des milliers d’années d’évolution culturelle.

Aujourd’hui, il agit toujours comme vecteur d’appartenance et d’identité pour les populations locales. À travers un mode de vie qui a été conservé, peuvent se transmettre les savoirs-faires traditionnels et les pratiques culturelles à travers les générations. Les membres de ces communautés forment toujours leur compréhension du monde et de leur existence sur la vision andine. Malgré la présence du commerce moderne actuel et les changements sociaux, ce réseau de route maintient sa pertinence et son importance à travers les siècles, ainsi que son rôle de référence culturelle qui contribue à renforcer l’identité du monde andin. Il illustre la relation harmonieuse de ces populations avec la nature andine et sa capacité d’adaptation. 

La protection de l’UNESCO s’étend sur les 6 000 kilomètres de routes principales, soit 273 sites individuels, répartis sur des paysages magnifiques, mais fragiles. Ils représentent les réalisations architecturales, techniques, politiques et sociales du réseau, ainsi que les infrastructures qui y étaient associées pour le commerce, l’hébergement des voyageurs, le stockage des marchandises et les lieux de culte. 

La conservation de ces sites est excellente, certains sont même dans leur état original puisqu’ils sont très isolés, donc préservés. Ils présentent ainsi une grande authenticité puisqu’ils ont toujours été entretenus selon les techniques ancestrales et par les populations locales (en général). 

2016 : L’oeuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au mouvement moderne

Ce bien est transnational puisqu’il est composé de 17 sites répartis sur 7 pays (Allemagne, Argentine, Belgique, France, Inde, Japon et Suisse). Ces 17 œuvres de l’architecte franco-suisse Le Corbusier (1887 – 1965) témoignent de l’invention d’un nouveau langage architectural en rupture avec le passé. 

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Le site argentin se trouve dans la ville de La Plata, capitale de la province de Buenos Aires. Il s’agit de la Maison du Docteur Curutchet qui se situe Avenida 53, 320 à La Plata. Construite en 1949, elle a eu une influence fondamentale sur l’architecture en Amérique du sud. 

Le docteur Curutchet avait un terrain qu’il voulait faire construire à La Plata, en y installant une maison et un cabinet de consultation. Il a demandé à Le Corbusier de séparer les espaces de vie et de travail, et que toutes les pièces aient une vue sur le parc voisin. 

Le Corbusier décide d’installer le cabinet au 1er étage, côté rue, et la maison se situe au-dessus, en décalage, vers le fond du terrain. Une rampe relie les deux espaces, garantissant leur indépendance. 

Tous les sites composant le bien de Le Corbusier relèvent du mouvement moderne du 20° siècle, qui influence toujours aujourd’hui les courants architecturaux. L’objectif était de répondre aux besoins sociaux et humains d’une nouvelle ère en modernisant les techniques architecturales. 

Ce nouveau langage révolutionna le monde de l’architecture et opéra une réelle rupture avec le passé. Ces 17 sites et ce mouvement marquèrent la naissance de 3 courants majeurs modernes : le brutalisme, le purisme et l’architecture-sculpture. 

La famille Curutchet n’a utilisé la maison que quelques années. En 1987, elle devient monument historique national. Elle est aujourd’hui gérée par ses héritiers qui la louent à l’ordre des architectes de la province de Buenos Aires, notamment pour des événements culturels. 

2017 : El Parque Nacional de los Alerces

Ce parc se trouve au nord de la Patagonie et contient une forêt dans un excellent état de conservation de 188 379 hectares (+ 207 313 hectares de réserve nationale). 

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Elle fait partie des 5 types de forêts tempérées du monde et est la seule que l’on trouve en Amérique Latine. 

Ce site est vital pour la protection de certaines des dernières parcelles de forêt patagonienne d’un seul tenant, quasi-vierge. C’est également l’habitat de nombreuses espèces de faune et de flore endémiques et menacées. S’y trouve notamment la plus ancienne population d’alerces ou cyprès de Patagonie (ou Fitzroya) du monde. Il s’agit d’un conifère endémique d’Amérique du sud. Le climat tempéré est très humide dans cette région ce qui a permis à l’alerce de se développer. 

Ce magnifique parc est riche d’une diversité de paysages et de décors. Il est traversé par des rivières naturelles limpides et interconnectées, qui créent parfois de vastes lacs aux couleurs spectaculaires avec des tons changeants de vert, bleu ou turquoise en fonction de la météo et de l’intensité de la lumière du soleil. Ces eaux sont entourées de montagnes aux sommets enneigés et de glaciers. La forêt d’Alerces fait complètement partie de ce paysage majestueux. Le plus grand et le plus ancien alerce mesure près de 60 mètres et aurait environ 2 600 ans. 

Aujourd’hui, cette forêt est en excellent état de conservation, ce qui contribue à la viabilité à long terme de ces arbres et à la survie de l’espèce. 

Les dangers qui entourent ce parc sont principalement les incendies, puisque les premiers kilomètres sur la route depuis la proche ville d’Esquel ont été ravagés par des incendies.

2023 : Musée et lieu de mémoire de l’ESMA – Ancien centre clandestin de détention, de torture et d’extermination

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Ce site se trouve au sein du complexe de l’ancienne École de mécanique de la Marine de Buenos Aires, dans l’ancien “Casino des officiers”. Il s’agissait alors d’un site central de la dictature argentine (1976-1983) répondant à la stratégie nationale, dont l’objectif était de détruire toute opposition au régime militaire, qu’elle soit armée ou non violente. Le bâtiment a été le lieu de détention de plus de 5 000 personnes, considérées comme des  “opposants”, après leur enlèvement par des officiers ou des subordonnés de la marine. Ils y ont été interrogés, torturés et tués. 

Ce site a également été le centre d’organisation d’un plan de vol de bébés nés en captivité (de mères détenues), de violences sexuelles, de soumission à des travaux forcés, de spoliation des biens mobiliers et immobiliers des victimes. 

Ce centre et la dictature qui l’a mis en place prennent place dans un contexte international géopolitique tendu, entre des visions du monde et des valeurs socio-politiques opposées (la Guerre Froide). L’exercice systématique et organisé de la violence secrète par le pouvoir a eu lieu dans le cadre d’un plan transnational de coopération entre les dictatures du sud de l’Amérique pour lutter contre l’opposition armée et non armée de gauche, marxistes et contre les associations politiques et sociales progressistes. 

La valeur de ce site vient principalement du fait qu’il a transcendé les frontières politiques et géographiques pour devenir un symbole international et emblématique représentant les caractéristiques de la disparition forcée de personnes, qui constitue un crime contre l’humanité. 

La dictature a pris fin en 1983 et le bâtiment est protégé depuis 1998 en tant que preuve judiciaire puisque des crimes contre l’humanité y ont été commis. Il porte encore les marques et les vestiges qui témoignent du séjour des détenus/disparus. Il représente un lieu de mémoire, un musée et une source documentaire pour la reconstruction historique des évènements. 

En 1985, les premiers procès des juntes militaires exerçant le pouvoir pendant la dictature ont eu lieu. Le centre a produit des preuves accablantes de ce qu’il s’y est passé. Il a donc une valeur universelle exceptionnelle. La recherche de la vérité et de la justice est toujours en cours et constitue le socle d’un processus de réconciliation solide. 

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(2) Commentaires

Cacho I |

Il m’en manque juste un à visiter, celui d’Ischigualasto et je les aurais tous visités ! Juste bluffant… Le plus impressionnant est de très loin les glaciers en Patagonie.

Un petit ‘mais’ par contre sur la Peninsula Valdés qui est jolie mais pas magnifique. Y a juste plein de pingouins et d’animaux en tout genre…

Si vous voulez un petit compte rendu un jour de mes visites, hésitez pas à demander 🙂

Aude I |

Ca donne envie de faire un PVT en Argentine tous ces beaux paysages!