Ces derniers mois (et même ces dernières années), des témoignages et des articles abordaient ça et là les abus de certains fermiers qui exploitaient les pvtistes en Australie mais un reportage diffusé sur la télé australienne a fait l’effet d’une bombe et a suscité l’intérêt de dizaines de médias, australiens et étrangers.

Le titre de ce reportage ? Slaving away (the dirty secrets behind Australia’s fresh food). Pour le visionner (il dure 45 minutes) vous devez vous rendre sur le site abc.net.au.

Un membre du parlement australien déclare, en ouverture de la vidéo, qu’il y a de l’esclavage en Australie et que c’est quelque chose qui doit cesser. De quoi faire scandale en Australie et partout ailleurs dans le monde.

Introduction

A l’origine des enquêtes menées par le gouvernement australien : Fair Work, qui est chargé de veiller au respect du droit du travail sur le sol australien. C’est à Fair Work que les plaintes des pvtistes doivent être envoyées. Selon la gravité de la situation, votre cas sera personnellement traité ou une notice d’explication sera envoyée à votre entreprise, comme l’explique ce PVTiste sur notre forum.

Heureusement, une grande partie des fermiers australiens continuent à faire travailler leurs employés dans de bonnes conditions. Voici ce qu’il en est ailleurs.

Salaires impayés et conditions de travail comparées à de l’esclavage

Les plaintes de la part de pvtistes se sont accumulées au fil des années et des enquêtes ont permis de découvrir que beaucoup de jeunes étaient sous-payés et travaillaient jusqu’à 18 heures par jour dans de très mauvaises conditions. C’est sans doute ce qui a mené Four Corners a réaliser ce documentaire choc.

Dans le reportage, on suit différents jeunes, garçons et filles, asiatiques et européens. Leurs témoignages sont loin des photos carte postale de l’Australie et des rêves de road trip dans l’Outback…

« Pourquoi tu es si lente ? Pourquoi tu es si stupide ? Allez, travaille ! ». C’est notamment ce que peuvent entendre les employés d’une usine de poulets où les températures sont très froides et où certains peinent à travailler. Ailleurs, dans une ferme, des Taïwanais ont découvert qu’ils ne touchaient que 13 ou 14 $ de l’heure quand leurs collègues australiens touchaient plus de 20 $ pour le même travail.

Dans le reportage (à 14:00), un Hong-Kongais de 22 ans évoque la façon dont il est traité en Australie. Son témoignage est particulièrement touchant.

A 16:25, une Anglaise parle d’esclavage : ‘ »j’ai eu l’impression de faire un saut dans le passé. La façon dont on a été traités était… inhumaine ». Son amie parle des menaces de renvoi faites tout au long de la journée par le superviseur et évoque l’une de ses remarques : « pourquoi ils t’ont envoyé toi, je préfère des filles asiatiques ».

On voit ensuite (vers 19:00) ces mêmes pvtistes demander à l’auberge de jeunesse qui les a envoyées dans cette ferme quand elles seront payées car elles n’ont rien touché depuis 2 semaines. Le gérant appelle la ferme et parvient à obtenir une date de paiement mais en quittant la pièce il dit : « Je ne veux plus voir d’Européens ici ».

Les fermiers australiens l’ont désormais bien compris : les Asiatiques ont tendance à moins se plaindre, à travailler plus et à plus se laisser faire. Les Occidentaux, quant à eux, sont plus dans la confrontation, réclament leur argent et n’acceptent pas d’être exploités, ce qui déplaît aux fermiers et aux contractors malhonnêtes ! Les Asiatiques ne l’acceptent pas non plus bien sûr, mais il semblerait qu’un rapport de force plus important s’instaure entre les Asiatiques et les personnes sans scrupules qui les embauchent.

Bien connus des pvtistes, les contractors mettent en relation les jeunes qui cherchent un emploi et les fermiers qui cherchent de la main-d’oeuvre. Ces contractors sont payés par les jeunes, sans garantie de leur trouver un emploi. Le PDG de SA potatoes explique qu’il est régulièrement contacté par des contractors qui lui promettent de faire de grosses économies grâce à un main-d’oeuvre peu chère (ils vendent des « lots de travailleurs ») mais la société refuse ! Au fil des ans, SA potatoes a perdu quelques gros clients, qui se sont tournés vers des entreprises moins chères, qui n’ont, elles, pas hésité à passer par ces contractors.

A 25:00, des jeunes témoignent de leur actuel emploi (non déclaré et où beaucoup de personnes en visa touristique travaillent) et évoquent leur précédente expérience dans le Victoria. En arrivant dans cette ferme, on les a conduits à l’endroit où ils étaient supposés dormir avec 10 ou 20 autres personnes : dans une écurie.

Actuellement, ces jeunes ne savent pas où ils se trouvent (ville, adresse), ils ont été conduits dans cette ferme et sont totalement sous le contrôle de leur contractor. Les garçons touchent environ 11 $ de l’heure. La jeune fille interviewée gagne parfois 250 $/semaine (soit 3,95 $ de l’heure).

Les Etats du Queensland et du Victoria semblent tout particulièrement touchés par ce phénomène. Rien d’étonnant lorsqu’on voit la répartition des pvtistes qui cherchent à faire du fruit picking. Dans le Victoria beaucoup se rendent aux alentours de Mildura, Swan Hill ou encore Shepparton. Dans le Queensland, on retrouve des jeunes en recherche d’emploi un peu partout, notamment à Bundaberg et aux alentours du Townsville.

Au delà des salaires impayés et des abus verbaux

Comme si ça ne suffisait pas, d’autres scandales sont mis en lumière. Des jeunes femmes asiatiques seraient victimes de chantage  et de harcèlement sexuel afin de garder leur emploi ou pour avoir des documents pour obtenir un 2nd Working Holiday Visa. Si certains employeurs/contractors s’arrêtent à un « non », ça n’est pas le cas de tous. A 32:20, une jeune femme témoigne. Elle a quitté son pays après le décès de sa mère pour « voir autre chose ». En plus des mauvaises conditions de travail, elle a dû subir le harcèlement sexuel d’un de ses supérieurs.

A 39:30, une autre jeune femme témoigne. Son contractor l’a fait venir chez lui pour qu’elle reçoive sa paie mais celui-ci a essayé d’abuser d’elle. Elle a réussi à s’enfuir, a porté plainte pour tentative de viol et a prévenu la ferme (une grosse entreprise australienne) qui n’a, depuis, pas changé de contractor !

Suite à cette vidéo, le Dailymail a opté pour un titre sans équivoque : « Abus sexuels, salaires impayés et conditions de travail esclavagistes : ce que les jeunes immigrants sont obligés de faire pour ramasser VOS fruits et légumes dans des fermes australiennes« .

Et maintenant ?

Les autorités de certains pays et de certaines régions (notamment Taiwan) promettent de suivre ces enquêtes de très près. Bref, cette réalité connue des pvtistes eux-mêmes vient d’être jetée au visage des Australiens avec ce reportage TV et on peut espérer que des décisions seront prises pour protéger les jeunes partis vivre une belle expérience en Australie. Des marques telles que KFC et Subway ont été montrées du doigt par le reportage.

De grandes chaînes de supermarchés australiennes, comme Woolworth et Coles que tous les pvtistes en Australie connaissent sont également critiquées. Peut-être décideront-elles d’agir !

Joanna Howe, experte en immigration explique que le gouvernement australien est tout à fait conscient de ce qui se passe dans son pays, mais qu’il craint d’ouvrir la boîte de Pandore… ce qui nécessiterait l’application de nombreuses réglementations permettant de limiter ces abus.

Pour lutter contre l’exploitation des pvtistes en Australie, le ministère de l’Immigration vient d’annoncer qu’il ne serait bientôt plus possible d’obtenir un 2nd Working Holiday Visa en ayant fait du travail volontaire (WWOOFing, HelpX). Plus d’informations…

Cette nouvelle est désastreuse pour un grand nombre de pvtistes qui se sont majoritairement tournés vers le travail bénévole dans l’espoir de pouvoir demander un 2nd visa, mais elle montre, de la part du gouvernement australien, le souhait de faire bouger les choses !

Si le travail volontaire n’est plus comptabilisé pour le 2nd WHV et si la concurrence continue d’être chaque année plus forte, on peut se demander ce que le 2nd WHV va devenir. Va-t-il, à terme, disparaître ? Est-ce que l’instauration de quota pour le PVT Australie va être envisagée. Certains pensent que ce serait la meilleure des solutions.

pvtistes en Australie, comment se passe pour vous ? N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience en commentaire de cet article et si cela vous intéresse, une journaliste du Nouvel Obs recherche actuellement des témoignages.

Julie

Cofondatrice de pvtistes.net, j'ai fait 2 PVT, au Canada et en Australie. Deux expériences incroyables ! Je vous retrouve régulièrement sur nos comptes Insta et Tiktok @pvtistes avec plein d'infos utiles !
Cofounder of pvtistes.net. I went to Canada and Australia on Working Holiday aventures. It was amazing!

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(13)Commentaires

Julie I |
Message de Helene
C'est bien que le pays se réveille face à de telles pratiques, qui ne m'étonnent pas du tout, même si elles ne sont pas la règle.
On a eu pas mal de témoignages de ce genre sur le forum et que ça soit reconnu par l'Australie montre que ces pratiques sont anormales et inacceptables.

Oui d'ailleurs sur "Ces derniers mois" et sur "et même ces dernières années" au tout début de l'article, j'ai mis des liens vers un récit de Nathan qui parle de la recherche de boulots en allant de ferme en ferme et un lien vers un long message d'un PVTiste qui a comparé le fruit picking à l'esclavage en 2012.
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Hélène I |
C'est bien que le pays se réveille face à de telles pratiques, qui ne m'étonnent pas du tout, même si elles ne sont pas la règle.
On a eu pas mal de témoignages de ce genre sur le forum et que ça soit reconnu par l'Australie montre que ces pratiques sont anormales et inacceptables.
Déborah I |
Salut tout le monde !

Je travaille au Plus sur le site du Nouvel Observateur, et je suis à la recherche de personnes ayant effectué un PVT en Australie. Il y a une polémique en ce moment, apparemment les conditions de travail ne sont pas bonnes du tout et les employeurs profitent des européens et des asiatiques pour les faire travailler plus tout en les payant moins cher.

Je voulais avoir votre avis et pourquoi pas votre témoignage : avez-vous rencontré ce genre de situation ?

Merci beaucoup par avance

Belle journée,

Déborah
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