Tu expliques dans ton livre la difficulté de s’intégrer au Québec, notamment lorsqu’on est Français, que tu te sens « autre ». Peux-tu nous l’expliquer et nous dire comment tu le vis ?
D’abord je pense qu’il est important de reconnaître qu’en tant que Français ou Française, nous jouissons d’un certain nombre de privilèges qui facilitent notre intégration. Si l’on se compare à des personnes non francophones, ou à d’autres dont les diplômes ne sont pas reconnus et qui doivent quasiment recommencer leur vie à zéro, nous avons de la chance (d’autant plus si nous sommes blancs…). Je crois que chacun rencontre ses propres difficultés (ou non) à s’intégrer au Québec. Pour ma part, je trouve que la frontière entre intégration et assimilation est dangereusement proche. S’intégrer c’est devoir s’ajuster à la société dans laquelle on vit, mais lorsque je m’ajuste, je change volontairement une partie de moi-même, je me transforme (même un peu) et deviens Autre.
Mais dans le livre, quand je parle de se sentir Autre, je fais surtout référence à ce que le monde extérieur peut parfois nous faire ressentir. Car même si je dois modifier mon vocabulaire, mon intonation ou certaines habitudes pour m’intégrer, je ne deviens pas pour autant une personne complètement différente. Ultimement je me sens Autre lorsque la personne en face de moi me ramène toujours à ma différence, ne me vois pas pour ce que je suis mais pour ce que je ne suis pas : je ne suis pas d’ici.
Je le vis différemment selon mon humeur, parfois ça m’énerve d’entendre des réflexions sur mes origines (même si, souvent, ce n’est pas malintentionné) parfois je le prends avec plus de philosophie. Le paradoxe dans tout ça, c’est que lorsque je rentre en France et qu’on m’appelle “la Canadienne” ou bien que je commence à tutoyer les gens comme si j’étais au Québec, à dire “bonjour, ça va bien ?” à la caissière du supermarché, je me sens “Autre” aussi…
(1) Commentaire
Mouais…
Ça fait vraiment problème de français du plateau…
J’ai plutôt l’impression qu’il n’y avait pas une réelle volonté de sa part de vouloir s’installer et s’intégrer au Canada, mais plutôt une envie de quitter la France.
Faudrait aussi arrêter de tout ramener à la couleur de peau, que l’on soit blanc ou noir on galère tous en arrivant ici. Pour ce qui est des non francophone je rappelle tout de même que le Québec est une province francophone, c’est normal que ça soit pas simple si on parle pas français.
Ici le vrai privilège vient du cash, pas de la couleur de peau, quand on n’a pas à travailler 40 heures semaine de nuit dans un Couche-Tard pour commencer sa nouvelle vie avec un salaire de misère (oui, c’était comme ça avant la pénurie de main d’oeuvre), mais encore une fois, on l’a choisi.
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