Elizabeth, directrice des Ressources Humaines au Québec
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Mon papa avait travaillé à Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon quand j’avais une vingtaine d’années et j’étais venue le voir. Je m’étais dit “Wow, le Canada c’est top, je veux venir”. À l’époque, j’avais eu la résidence permanente en 4 mois mais c’était un autre temps. J’avais 28 ans, c’était en plein été, je suis rentrée en France pour les fêtes de fin d’année et finalement j’ai rencontré ma compagne avec qui je suis depuis 24 ans. J’ai mis 15 ans à la persuader d’y venir. On est finalement arrivées à Montréal en 2013.
Nous sommes maintenant depuis 1 an à Québec, après diverses expériences à Montréal.
J’ai aujourd’hui une situation, des conditions d’emploi et un emploi que je n’aurais jamais eu si j’étais restée en France, c’est sûr. C’est la magie d’ici.
J’en parle quand je recrute des gens issus de l’immigration. Oui la carte postale du Québec, du Canada, est géniale et elle est aussi belle que ça mais il faut parfois nuancer. Il y a des moments de difficultés mais il y a toujours une personne issue de l’immigration dans les rencontres, au travail, à la sortie de l’école, etc. qui nous disaient “moi aussi j’ai vécu ça, tu pourrais faire ça, etc. », il y a une vraie solidarité. On a beaucoup été soutenues par des couples arrivés avant nous. Il y a une certaine communauté de l’immigrant qui se crée et c’est vraiment bien.
On cherche aussi du monde en service. On n’a pas trop de problématiques pour recruter des serveurs occasionnels, par contre des serveurs qui sont là à l’année, c’est plus difficile. On a vraiment besoin d’une relève pour nous accompagner.
Au niveau des hôtels, on recherche des réceptionnistes, temps plein ou temps partiel, à l’entretien ménager et un métier qui est difficile à recruter, pas seulement en lien avec l’hôtellerie, c’est tout ce qui est service technique et maintenance.
Les métiers très techniques sont en forte demande au niveau des entreprises en règle générale.
Après, il y a des métiers comme préposé à l’entretien ménager, il y a des gens qui ont de l’expérience et des gens qui en n’ont pas mais c’est plutôt un savoir faire, est-ce que t’es organisé, est ce que t’aimes que les choses soient propres, rangées, est-ce que tu es structuré.
On va plus attendre des attitudes et des compétences, notamment dans les postes de l’hôtellerie.
Par exemple, j’ai 2 Français qui arrivent en PVT. J’en ai une qui prend un poste en octobre, l’autre en novembre. La première qui arrive elle a une expérience en hôtellerie-restauration, c’est elle qui nous a contacté parce qu’elle a bien aimé l’hôtel, elle a une belle expérience. Par contre, la deuxième, c’est une pvtiste qui a plus travaillé dans l’administration, le service à la clientèle, elle a une compétence transverse qui est le service à la clientèle, après nous on va la former.
En maintenance, je vais plus attendre quelqu’un qui a travaillé dans le bâtiment par exemple ou quelqu’un qui a peut être fait beaucoup de bricolage tout seul ou ce genre de choses.
Sur les métiers de la bouche, notamment en cuisine, j’ai besoin de gens avec, ou de l’expérience, ou des diplômes.
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Par contre, sur des postes de réception, à moins que ce soit l’été, au moment des remplacements de vacances, c’est plus embêtant. Un poste de réceptionniste, on met minimum un mois pour former la personne au système informatique donc je veux que les gens restent un minimum.
Ça prend quand même du temps et de l’argent dans les entreprises. Pour ceux qui veulent changer régulièrement, je leur conseille d’aller dans le commerce de détail, il y a plein de demande.
Le système économique est le même au Québec qu’en France, les entreprises ont besoin de gens qui sont investis suivant leur activité et leur saisonnalité.
Quand on me contacte, je leur dit de s’inscrire dans le bassin PVT, même si on pourrait faire des permis Jeunes Professionnels, pour qu’ils puissent avoir plus de liberté. Pour moi ce serait plus intéressant d’avoir des Jeunes Professionnels mais pour certains la liberté est plus importante donc je ne veux pas leur enlever ça. Parmi les 8 dernières personnes recrutées, on a 4 pvtistes, 4 jeunes pro. On allait faire des permis Jeunes Professionnels et entre-temps ils ont été tirés au sort, je n’ai pas de problème avec ça.
Si on est sur une recherche de poste où on souhaite une personne sur du long terme, je vais privilégier un permis Jeunes Professionnels. Je cherche à recruter entre 10 et 12 cuisiniers pour rouvrir l’activité comme avant la Covid-19.
Au sein du réseau, les gens sont très proches les uns des autres. On a un groupe de RH qui réseaute, on a nos directeurs qui réseautent entre eux, il y a une belle communication et il y a une belle envie de grandir ensemble, de faire venir les gens ensemble et de trouver des solutions.
Au sein des entités, on a beaucoup de métiers, on ouvre aussi la possibilité aux gens de faire d’autres métiers dans nos structures.
Aujourd’hui ce que j’aime dans mon entreprise, c’est la proximité, la réflexion va vite, la mise en place va vite. T’es vraiment impliqué dans les prises de décision quel que soit ton niveau. On retravaille en ce moment la culture d’entreprise et il y a eu des rencontres avec des employés pour avoir leur avis par exemple. il y a une proximité avec la direction que tu trouves nulle part ailleurs.
Il y a aussi une grande flexibilité. Si on se rend compte qu’on va dans un sens qui n’est pas le bon, on peut stopper le truc et réunir les directeurs facilement pour réajuster la prise de décision.
Il y a la reconnaissance directe de ta hiérarchie. Je pense que cette proximité des équipes est un vrai plus.
On n’est pas un gros groupe mais on est quand même un groupe bien implanté, plutôt connu, dans lequel il y a plein de changements qui sont en train de se mettre en place. On est vraiment dans un équilibre travail-famille qui existe plus au Québec qu’en France, même si ce n’est pas partout au Québec.
On veut vraiment que les membres du personnel aillent bien, aient du temps pour eux, chez eux dans leur famille, pour qu’arriver au travail, ça soit un vrai plaisir. On a maintenu une politique de télétravail pour les gens qui pouvaient le faire, on a bonifié toutes les vacances, on a mis en place des primes de déplacement, il y a des activités pour les employés… Il y a plein de choses qui font que quelque soit la génération, tu arrives à trouver dans la structure quelque chose qui va faire que ça te correspond.
Moi honnêtement, aller boire des coups avec mes collègues tous les soirs, je ne vais pas y aller mais par contre j’ai des jeunes collègues, si elles ne se voient pas 1 fois par semaine ça leur manque. Et c’est pas parce que tu le fais ou tu ne le fais pas, que tu ne te sens pas intégré à l’équipe.
Il y aussi beaucoup d’immigrants dans la structure donc quand on accueille des groupes de nouveaux salariés, on fait une rencontre avec d’autres personnes de la structure, des Français par exemple, qui sont installés depuis plusieurs années ou non, c’est rassurant de savoir que tu peux te référer à des gens. Chacun partage son expérience. Tout le monde n’a pas vécu les mêmes choses. Quand tu intègres un nouveau pays, c’est bien d’être dans le bain de la culture locale mais c’est aussi bien de savoir qu’il y a des gens à qui poser des questions pour mieux comprendre les situations du quotidien.
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Avec Stella (lire son interview) par exemple, je lui avais dit qu’il y avait plein associations, des cafés partage pour s’améliorer en anglais. Il y a plein d’initiatives qui existent que ce soit à Québec ou à Montréal. Commencez par mettre vos films en sous-titres en anglais sur Netflix. La plupart du temps on sait lire l’anglais mais quand on l’entend on ne le comprend pas forcément. La difficulté aussi c’est qu’on nous apprend l’anglais britannique et donc quand on entend de l’anglais américain c’est perturbant mais avec la pratique on s’y habitue.
Mais effectivement il y a des métiers où malheureusement tu dois avoir des connaissances en anglais, après en réception c’est être capable de comprendre ce que te dit le client dans les chambres, c’est de l’anglais professionnel. Ce que je trouve génial ici c’est que quand tu parles anglais et que tu es Français, avec l’accent tout le monde sait que tu es Français mais les anglophones ici quand ils voient que tu fais l’effort de parler anglais, ils prennent leur temps. Ils respectent le fait que tu fasses l’effort de communiquer dans leur langue. Les Français doivent perdre leur gêne vis-à-vis de la langue.
Je leur demande ce qu’ils laissent en France, est-ce que tu viens seul, est-ce que tu laisses ton conjoint, si le conjoint vient déjà, c’est plus abouti. Quoi faire de la maison, du crédit, de la voiture, etc.
Un projet d’immigration c’est personnel et individuel, certains vous diront waouh, d’autres beurk. Effectivement, les témoignages donnent des indications mais vous ne le vivrez pas de la même façon, c’est vraiment important de prendre du recul par rapport aux avis des gens parce que suivant quand on arrive, sur qui on tombe, suivant l’état d’esprit dans lequel on arrive, on peut vivre des expériences différentes.
Je les pousse à réfléchir sur la distance aussi. Je leur explique que ce sont des Nord-Américains qui parlent français, pas des Français. Je regarde un peu l’humilité de la personne dans son projet, qu’est-ce qu’elle vient chercher ? Même si tu dis “Bah moi je viens pour des vacances et me faire des sous à côté pour partir en vacances”, au moins t’as eu une réflexion sur ton projet, tout s’entend si c’est réfléchi.
Je leur dis aussi de prendre le temps du délai de 1 an, de ne pas se précipiter s’ils n’ont pas finaliser ce qu’ils avaient en France, notamment sur un plan professionnel.
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La différence culturelle est sur ce qu’on attend d’un travail. Les Français aiment se réaliser dans le travail, ici ce n’est pas forcément le cas, en tout cas sur les petits jobs. Mes enfants ont commencé à travailler à 16 ans, en France ça aurait été compliqué.
Les entreprises ont besoin de gens, ils sont à la tâche, au rendement, il y a cette relation là qui pour moi est différente.
La flexibilité du marché du travail aussi, les 3 mois de préavis on oublie, ça n’existe pas. Il est recommandé de laisser 2 semaines à son employeur quand on souhaite quitter un emploi mais si quelqu’un veut quitter son emploi, il peut le faire du jour au lendemain, et réciproquement.
La relation hiérarchique n’est pas la même du tout. En France, on me dit que je suis très directe. Si quelque chose n’est pas fait, il n’est pas fait. Ici, on me demande de mettre des rondeurs. Au début je ne comprenais pas l’intérêt mais en fait ça améliore le regard que tu peux porter sur l’humain.
J’ai une collaboratrice québécoise avec laquelle on a eu un ajustement à faire au début. Elle me trouvait froide parce que je suis directe alors que pour moi il n’y avait aucune froideur, maintenant je mets plus de rondeur. Ça s’apprend. J’ai beaucoup évolué sur ça.
Le gros avantage ici c’est que tu es reconnu pour ce que tu fais et pas pour ce que tu dis, pas pour ta carte de visite.
Les employeurs veulent savoir auprès de vos anciens employeurs si ça s’est bien passé, même si c’était seulement sur un contrat d’1 semaine. Bien réfléchir à son projet facilitera les démarches à venir.
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En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.
On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.
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