Depuis le 18 décembre 2024, plus aucun rendez-vous ne peut être pris pour faire un tour du poteau au Canada (seuls quelques postes frontières au Québec nécessitaient, depuis quelques mois, qu’un rendez-vous soit pris en amont pour venir faire un tour du poteau).
Cela signifie que :
- les personnes qui se trouvent au Canada et qui veulent valider le permis d’études ou de travail qu’elles ont obtenu en étant au Canada devront quitter le Canada pour y revenir (par exemple à l’occasion d’un week-end aux États-Unis) ;
- les personnes qui se trouvent au Canada et qui veulent demander un permis de travail (par exemple le conjoint d’un pvtiste) devront faire une demande en ligne et attendre plusieurs semaines que leur demande soit traitée.
On entend souvent parler de faire le « Tour du poteau » (“flag pole” en anglais), mais qu’est-ce que c’est ? Lorsqu’un pvtiste, un jeune pro ou un autre immigrant temporaire (ou même un touriste !) se trouve sur le territoire canadien avant de valider un nouveau permis, il doit alors faire le fameux tour du poteau pour valider son permis de travail en « arrivant » au Canada.
Nous avons proposé à trois expatriés de nous faire part de leur tour du poteau. Mathias qui l’a fait entre un permis de travail fermé et son PVT. Aymeric, quant à lui, a fait le tour du poteau récemment à la fin de son permis de travail post-diplôme pour activer son PVT. Enfin, Thomas s’est rendu également à la frontière pour obtenir son permis de travail ouvert en tant que conjoint de fait d’une personne détentrice d’un PVT.
Merci beaucoup à eux pour leur retour d’expérience !
Peux-tu te présenter ?
Mathias : Je m’appelle Mathias, j’ai 30 ans et je suis arrivé au Québec il y a 3 ans avec un permis de travail fermé (exempté d’EIMT car dans le secteur académique). J’étais post-doctorant à l’université de McGill et à l’Institut de recherche du centre universitaire de santé de l’université de McGill (CUSM). J’ai renouvelé plusieurs fois ce permis de travail (car sa durée dépendait de mes contrats de travail avec l’université) en faisant le tour du poteau deux fois à Saint-Armand (mi-novembre 2019 et fin septembre 2020) car j’habitais à Montréal.
Mon contrat à l’université n’ayant pas pu être renouvelé fin avril 2021, j’ai opté pour le PVT car j’y étais admissible.
Aymeric : Je m’appelle Aymeric, j’ai 26 ans. Je suis arrivé au Canada en avril 2019 en permis d’études (formation pilote professionnel), puis permis de travail post-diplôme d’un an (durée des études) et maintenant en permis vacances-travail en attendant la résidence permanente. J’y ai postulé en novembre 2021.
Thomas : Je m’appelle Thomas, j’ai 29 ans et je suis originaire de Bordeaux. Je suis ingénieur en robotique et j’avais pour projet de venir au Canada avec ma conjointe depuis la fin de nos études en 2018. C’est un projet qui s’est concrétisé début septembre, où nous sommes arrivés à Montréal avec le PVT de ma conjointe. Pour ma part, je suis rentré sur le territoire canadien en tant que touriste et conjoint de fait.
Pour quelle raison et dans quel contexte as-tu dû faire ce qu’on appelle le fameux « tour du poteau » ?
Mathias : J’ai dû faire le tour du poteau car j’étais sur le territoire canadien en attendant la validation de mon PVT. Je ne souhaitais pas retourner en France et revenir pour valider le PVT à l’aéroport. L’option tour du poteau est bien plus simple mais toujours un peu stressante.
J’ai effectué le tour du poteau le 4 novembre 2021. Les frontières avec les USA n’étaient pas fermées mais de nombreuses restrictions sanitaires étaient mises en place (test PCR, quarantaine…).
Aymeric : Initialement, j’étais en permis d’études post-diplôme depuis janvier 2021 jusqu’à janvier 2022. Je travaille en tant que chauffeur-livreur pour Amazon depuis la fin de mes études en octobre 2020 (j’ai commencé à travailler sous statut implicite), j’ai profité du fait qu’ils demandaient d’avoir un travail pour l’obtention du PVT en 2021. C’était facile pour moi, ça me permettait de voir plus loin et donc de prolonger ma présence au Canada dans l’optique de la résidence permanente. J’ai obtenu l’invitation le 13 mai 2021, dans la foulée j’ai envoyé tous les documents et j’ai reçu la lettre d’introduction le 17 mai.
Mon permis post-diplôme étant valide jusqu’à mi-janvier et au vu de l’augmentation des restrictions de voyages dû à la Covid, je me suis décidé à faire le tour du poteau pour valider mon PVT avant les fêtes. Cela me permet d’avoir un permis de travail pour les deux prochaines années quoi qu’il arrive, même si j’espère obtenir la RP d’ici un an.
Thomas : Arrivé avec le PVT de ma compagne et moi en tant que conjoint de fait / touriste, j’avais 6 mois pour essayer d’avoir un permis de travail ouvert (PTO). Nous nous sommes vite rendu compte que le tour du poteau était la solution la plus simple et rapide pour avoir un permis de travail.
Les autres solutions étaient de demander un permis vacances-travail ou un permis de travail ouvert en tant que conjoint de fait sur internet, mais ces solutions sont incertaines et bien plus longues (plusieurs mois). Les seuls pré-requis pour faire une demande de PTO en tant que conjoint de fait sont, pour la personne détentrice du PVT, un job qualifié et 3 fiches de salaire (6 semaines de travail). Nous avons donc patienté et nous sommes partis faire le tour du poteau le 23 décembre 2021.
Où es-tu allé pour le faire ?
Mathias : À Stanstead, sur la route 55. Je suis parti assez tôt le matin de Québec pour arriver un peu avant midi. Le poste frontalier n’était pas trop achalandé, environ 6-7 personnes étaient là avant moi mais pas toutes pour un tour du poteau. J’ai attendu moins d’une heure avant que mon PVT me soit remis. C’était très rapide et les agents très courtois.
Aymeric : Je suis allé à Coutts – Sweetgrass au Sud de l’Alberta, frontière avec le Montana, depuis Edmonton. C’était le gros poste de frontière le plus proche, bien qu’à plus de 600 kilomètres.
Thomas : Nous nous sommes rendus à la frontière Stanstead, le 23 décembre 2021 vers midi.
Quels documents sont à prévoir ?
Mathias : Les documents essentiels, c’est-à-dire la lettre d’introduction (ou de correspondance), la validité de mes données biométriques ainsi que l’attestation Globe PVT d’une durée de 2 ans. Il ne faut pas oublier son passeport évidemment ! À savoir que je prends toujours avec moi tous mes documents qui peuvent m’être demandés comme mes diplômes, preuve d’autosuffisance financière ou ma promesse d’embauche par exemple. Dans le passé, on m’avait demandé mes diplômes originaux… Il faut toujours être prudent, cela ne coûte rien de prendre le maximum de documents dans une pochette plastique avec soi. Je recommande aussi de donner tous les documents essentiels avant que l’agent ne vous le demande. Je pense que cela peut agacer l’agent s’il doit vous les demander. Après, ce sera à lui ou elle de vous demander d’autres documents additionnels. Et bien sûr, restez courtois et n’oubliez pas votre masque.
Aymeric : J’ai lu plusieurs retours de personnes qui ont dû fournir des papiers différents. L’un, c’était par exemple surtout la preuve de fonds, l’autre plutôt l’assurance santé. Pour ma part, je suis venu avec tous les justificatifs possibles : LI, assurance santé, preuve de fonds, l’offre d’emploi, mes dernières fiches de paie…
Thomas : Globalement, les documents à fournir sont les mêmes que les documents nécessaires lors de l’arrivée au Canada en tant que conjoint de fait. C’est-à-dire les preuves de vie commune avec la personne détentrice du PVT (factures pointant sur la même adresse depuis minimum 1 an, bail commun, preuves de compte bancaire commun…), un document officiel d’un notaire français attestant le PACS (pour ceux qui sont pacsés, sinon ce n’est pas obligatoire) et une vie commune sous le même toit (ce document n’est pas obligatoire mais il nous a semblé essentiel).
Du côté du PVT, il faut bien évidemment le permis de travail en lui-même, ainsi qu’une preuve que le détenteur du PVT exerce un emploi qualifié depuis au moins 6 semaines (s’il est payé toutes les deux semaines, sinon ça peut prendre plus de temps) car faut fournir 3 fiches de paie. Il faut aussi un document de l’entreprise qui atteste que le détenteur du PVT exerce le poste au jour J. C’est un document à demander à l’entreprise quelques jours avant de faire le tour du poteau.
Nous avons vu beaucoup de personnes dire que le détenteur du PVT devait être présent lors du tour du poteau. Pour notre cas, ma compagne est restée dans les locaux de la frontière canadienne et n’est jamais intervenue dans le processus. Je ne sais pas si c’est vraiment utile du coup.
Comment ça s’est déroulé ?
Mathias : Ça s’est très bien passé. Lorsque j’ai franchi la douane américaine, je leur ai simplement expliqué que je souhaitais retourner au Canada pour valider mon PVT. Ils connaissent très bien ce procédé. Ils m’ont demandé de me garer un peu plus loin le temps de procéder à quelques vérifications. Je n’ai pas eu besoin de sortir du véhicule. Dans le cas où l’agent m’aurait demandé de sortir du véhicule pour me rendre au poste américain, j’aurais demandé de rester dans mon char, pour éviter tout risque de devoir faire une quarantaine car j’aurais été officiellement sur le sol américain et je n’avais pas fait de test PCR car trop onéreux.
J’ai attendu environ 20 minutes avant que le douanier américain vienne me rendre mon passeport et m’explique où faire demi-tour pour me rendre au Canada. Une fois retourné côté canadien, j’ai expliqué à l’agent que c’était pour un tour du poteau. L’agent m’a ainsi dit où me garer et de me rendre à l’intérieur du poste canadien. Des deux côtés de la frontière, les agents étaient très courtois et très clairs sur les démarches à faire. Je n’ai pas eu besoin de faire de quarantaine, ni de test PCR. Concernant les questions de la part des agents, ils m’ont simplement demandé les raisons de ma visite aux USA et au Canada. L’agent américain m’a aussi demandé si je m’étais déjà rendu sur le territoire américain auparavant.
Aymeric : Je suis donc parti d’Edmonton vers 3 heures du matin. Je suis arrivé vers 9 h 30 à la frontière américaine. J’ai expliqué à l’agent que je ne voulais pas rentrer aux USA mais simplement faire le tour du poteau et aller directement aux douanes canadiennes (ce qui permet de s’affranchir du test PCR négatif car on ne « rentre » pas aux USA).
Il m’a répondu que maintenant, ils n’ont pas d’autre choix que de m’admettre aux USA et que je dois me garer pour faire les démarches (empreintes digitales, le formulaire à remplir et les 6 $). Ils ne m’ont posé aucune question sur le fait que je sois vacciné ou non, si j’avais un test PCR négatif ou non.
Vers 10 h 30, je reprends la voiture, cette fois je fais demi-tour et j’arrive au Canada. L’agente vérifie le passeport, je lui explique que je suis venu faire un tour du poteau car j’ai un permis de travail à activer. Elle me demande si j’ai un test PCR négatif, je réponds donc que non. Son collègue arrive et me demande depuis combien de temps je suis aux USA (2 minutes), il me dit que le problème c’est qu’ils m’ont admis aux États-Unis. Je lui réponds que l’agent ne m’a pas laissé le choix, il me demande mon adresse (d’Edmonton) et me donne un papier “résident au Canada”. Je me gare donc plus loin et rentre à l’intérieur.
Après 20-30min d’attente au bureau d’immigration, un agent m’appelle. Je lui donne mon permis de travail actuel et la lettre d’introduction lui expliquant que je réside au Canada. Il lit la LI, ensuite me dit (encore une fois) que le problème c’est que j’ai été admis aux USA, j’explique une nouvelle fois que je n’ai pas eu le choix. Il me demande pour qui je travaille en ce moment et est-ce que j’ai l’intention de continuer à travailler pour mon employeur dans un avenir proche. Ce à quoi j’ai répondu oui. Je pense que si j’avais répondu non, il m’aurait demandé la preuve de fonds. Il a surtout vérifié que j’avais l’assurance santé et notamment le rapatriement en France couvert à 100 %.
Finalement il me laisse rentrer sans problème et sans test PCR négatif. Je repars de la frontière vers 11 h 30 et j’arrive de retour à Edmonton vers 18 heures. Résultat : 12 h 30 de route, plus de 1 200 kilomètres et 2 heures à la frontière.
Si je peux donner un conseil, je dirais qu’il faut avoir en main tous les documents possibles et être sûr de soi. Je rajoute aussi que j’avais prévu le coup en y allant très tôt. S’ils m’avaient refusé l’entrée, j’aurais eu le temps de descendre à Great Falls, Montana, faire un rapide test PCR et ensuite revenir à la frontière avant que l’immigration ferme. Je ne voulais pas faire ça car ça m’aurait encore ajouté 300 kilomètres aller-retour, mais c’était mon plan B si je n’avais pas eu le choix.
Thomas : Nous nous sommes posés pas mal de questions le moment venu car le gouvernement canadien avait instauré de nouvelles règles aux frontières par rapport à la Covid-19, notamment le fait de fournir un test PCR pour les voyages de moins de 72 heures à faire dans le pays où vous voyagez. Nous avons donc décidé, le moment venu, de partir sans test PCR, au risque d’avoir une quarantaine à faire.
Nous nous sommes donc rendus à Stanstead vers midi. Je suis allé à la frontière canadienne pour poser quelques questions. L’agente des services frontialiers m’a déjà demandé pourquoi je ne faisais pas les démarches en ligne. Après avoir expliqué que c’était trop long, elle ne m’a pas posé plus de questions. Par rapport aux restrictions sanitaires, l’agente m’a expliqué que si je sortais de la voiture aux USA, je devais faire une quarantaine à mon retour. Par rapport au test PCR pour les voyages, il n’est pas nécessaire d’en fournir un car nous ne sortons pas du territoire lors de la procédure du tour du poteau car nous sommes refusés à la frontière americaine.
Malheureusement, lors de mon passage aux USA, je suis sorti de la voiture pour faire les données biométriques. De retour à la frontière canadienne, l’agente me demande si je suis descendu de la voiture. J’ai répondu que oui (je pense que leur mentir est une mauvaise idée…).
Nous avons ensuite attendu pas mal de temps, environ 4 ou 5 heures, le temps que l’agent vérifie tous nos papiers. Il y avait 3 personnes devant nous mais un seul agent en charge de vérifier les papiers… Il faut donc éviter de venir le week-end.
Au bout d’un moment, l’agente m’a demandé notre bail de logement. Vers 18 h, elle m’appelle pour faire les données biométriques et me donner le permis de travail. Elle m’a cependant bien fait comprendre que j’ai eu beaucoup de chance car il n’y avait pas beaucoup de monde aujourd’hui mais que, maintenant, les démarches se faisaient en ligne uniquement. Elle m’a aussi dit que mon permis de travail ouvert est rattaché au PVT de ma conjointe et que, si nous ne sommes plus ensemble ou si elle quitte son travail, mon permis de travail ne sera plus valable.
Et maintenant que fais-tu ?
Mathias : Je travaille dans une microbrasserie à Québec en tant qu’aide-brasseur à temps plein et pour une durée d’au moins six mois.
Aymeric : Je continue de travailler en tant que livreur pour le moment, je vais laisser passer les fêtes de fin d’année.
Thomas : Maintenant que j’ai mon PTO, je cherche un job en tant qu’ingénieur.
Quels sont tes projets ?
Mathias : Je souhaite commencer les démarches pour un CSQ pour pouvoir ensuite demander la résidence permanente. Concernant mes projets professionnels, cela dépendra des opportunités qui s’offrent à moi. Je me plais beaucoup ici. Je me sens très bien intégré et j’adore cette magnifique province et la culture québécoise. C’est une superbe expérience ! La France me manque mais le Québec me manquerait beaucoup plus si je devais partir maintenant. C’est une superbe aventure. Profitez un maximum une fois sur place et je souhaite bonne chance à tous ceux qui ont pour projet de s’installer ici avec un PVT. Ne perdez pas espoir !
Aymeric : J’ai passé une qualification d’instructeur de vol cet été en parallèle de mon travail. Maintenant que ma demande de RP est envoyée et que j’ai un permis de travail qui couvre la période d’attente, fin janvier – début février, je vais me concentrer à 100 % pour trouver un travail de pilote. Je vais essayer de trouver un poste d’instructeur de vol dans la zone d’Edmonton. Comme ça je n’aurais pas besoin de déménager en attendant de recevoir ma RP. Sachant que mon poste de livreur me permet de chercher sereinement grâce à la rentrée d’argent.
Thomas : Mon principal objectif est de trouver un job. Par rapport au Canada, nous resterons le temps d’activité de nos permis de travail, c’est-à-dire 2 ans mais nous ne comptons pas faire de démarches pour rester plus longtemps.
Merci à vous 3 !
(8) Commentaires
Merci infiniment pour ce partage, je suggère de mettre à jour cet excellent article sans les détails relatives au COVID vu qu’ils sont plus d’actualités.
Bonjour!
Avez-vous eu besoin d’avoir votre pass vaccinal démontrant que vous êtes doublement vaccinés ?
Merci.
Bonjour,
Thomas dit, dans le déroulement de son tour du poteau, je site : »maintenant, les démarches se faisaient en ligne uniquement. »
Serait-il possible de savoir la procédure en ligne, ou du moins connaître le site Web sur lequel se rendre.
Merci d’avance
Morgane
Bonjour,
Vous aurez plus d’infos par ici : https://pvtistes.net/dossiers/le-tour-du-poteau/
Bonjour! Peut-on quand même activer son PVT étant encore sous permis de travail post diplôme?
Bonjour Célia! As-tu réussi a avoir une réponse a ta question? Devons-nous attendre le dernier jour du permis post-diplome pour faire le tour de poteau?
Bonjour, j’ai une petite question pour Thomas car nous sommes dans la même situation.
Tu as dis que ton PTO n’était plus valable si la personne détenteur du PVT perdait son job ???
Car nous pensions prendre un job qualifié quelques temps le temps de faire le tour du poteau et ensuite ce pencher sur un autre job plus tard. Ce n’est donc ps possible ????
Bonjour,
Je pense que dans la pratique c’est faisable, si vous ne quittez pas le Canada entre temps 🙂
{{like.username}}
Chargement...
Voir plus