Il y a 15 ans, je suis partie en Australie en PVT parce que j’aspirais à autre chose (j’en parle ici : Je fuis) mais aussi, et ça je ne l’avais pas évoqué, pour me remettre de ma première rupture amoureuse.
Alors, forcément, le mot « fuite » est venu à la bouche de quelques personnes de mon entourage.
Ces 15 dernières années, j’ai plusieurs fois entendu des gens dire qu’il ne « fallait pas fuir », que « ça ne réglait pas les problèmes ». Eh bien, je ne suis pas forcément d’accord !
Partir dans un autre pays pour fuir des problèmes de fond, ça peut être illusoire (et peut-être pas, après tout !), mais fuir une situation délicate, un coup dur, une période de doute, un moment dans sa vie où on ne sait plus quoi faire ou quoi penser, ça peut être bénéfique, voire salvateur.
Partir dans un autre pays (sans forcément partir à l’autre bout du monde), c’est perdre une grande partie de ses repères : sa ville, sa rue, ses proches, sa langue parfois, mais aussi sa culture (on va évoluer dans une ambiance différente, on va manger d’autres choses et on va découvrir des comportements et des habitudes parfois aux antipodes de ce qu’on connaissait chez soi).
Souvent, partir, c’est l’occasion de faire table rase, c’est se donner la chance de repartir sur une nouvelle dynamique, c’est se recentrer sur soi et donner à son esprit quantité de choses auxquelles penser, loin du problème initial. À commencer par tous les préparatifs à gérer… C’est prenant et ça rend concret ce qui n’était jusque là qu’un projet, avec tout ce que ça a de grisant et d’angoissant et qui nous fait nous sentir vivant.
Et puis, sur place, il faut se loger, faire quelques démarches administratives et parfois se débrouiller dans une autre langue. Tout, ou presque, ce que nos yeux voient est nouveau, inconnu, surprenant. On fait des premières rencontres et en quelques semaines seulement, on peut avoir le sentiment d’être loin (dans tous les sens du terme) de ce qui nous faisait du mal ; de prendre une nouvelle bouffée d’air frais, en somme.
Ça ne veut pas dire que ce qui nous posait problème ou nous rendait malheureux a disparu par magie. Disons juste que là, ce n’est plus notre priorité ! On décale notre attention sur autre chose, pour faire en sorte que cette nouvelle expérience soit la plus agréable possible.
Avant de partir, peut-être qu’on ne supportait plus le fait de ressasser les choses.
Notre entourage, qu’il soit bienveillant ou non, nous remet parfois la tête dans nos problèmes, que ce soit intentionnel ou pas et parfois, partir, c’est couper court à ces discussions et ces questions qui peuvent devenir très pesantes.
Là, loin de tout, on peut décider de parler ou non de sa vie avec ces nouvelles personnes qui ne savent rien de nous.
Partir, parfois, c’est refuser de baigner dans son jus, c’est se donner un coup de pied au cul pour rebondir, pour se prouver (car parfois on n’y croit plus vraiment !) qu’il nous reste de belles choses à vivre et qu’on est capable de réagir pour se donner les moyens de vivre autre chose.
Alors oui, dans cet ailleurs, on peut se sentir seul, on peut se remettre en question et se demander pourquoi on est parti et si c’était la bonne chose à faire. Les questionnements que l’on avait chez soi peuvent revenir, parfois par surprise et de façon violente, une fois la période « lune de miel » du voyage passée. Je dirais qu’il ne faut pas se mettre trop de pression et peut-être ne pas trop attendre de son voyage, mais plutôt se laisser porter.
De l’Australie, je n’attendais rien. Elle m’a tout donné.
J’avais symboliquement besoin de partir très loin, j’avais besoin de vivre une année pour moi et j’ai été comblée. Ce PVT a été un enchaînement de bonheurs, avec en toile de fond une sensation de liberté et de légèreté.
2017 rime avec nouveau coup dur pour moi, alors je me demande… Je rêve de Nouvelle-Zélande (entre autres), de panoramas, de calme et de nouvelles rencontres (petite mise à jour : je suis finalement partie pendant 3 mois en Nouvelle-Zélande en 2018 🙂 ). Partir ne serait pas une grosse prise de risque, car ça y est, j’ai voyagé, je sais que ça me convient et que ça me rend heureuse. Maintenant, il faut sauter le pas et ça, c’est une autre histoire… Tout dépend de ce qu’on cherche à fuir, une personne, un ensemble de personnes, une situation, un événement…
Parfois, partir, c’est faire une croix définitive sur quelqu’un ou sur quelque chose.
Est-ce que c’est nécessaire ? Peut-être bien… mais ce n’est pas facile pour autant de se lancer.
Parfois, partir pour fuir une situation douloureuse, par exemple dans le cas de rapports difficiles avec un proche, c’est prendre le recul nécessaire sur ce qui se passe, c’est peut-être (re)trouver l’envie d’arranger les choses, de trouver des solutions. C’est peut-être trouver des réponses, y voir plus clair. C’est revenir plus serein, mieux dans ses chaussures, prêt à gérer les choses différemment et à, peut-être, faire des efforts.
Dans d’autres cas, c’est vouloir rester dans cette dynamique proactive trouvée à l’étranger et avoir le sentiment qu’on contrôle mieux la situation. On a pu, par le passé, ne pas assurer, ne pas réussir à aller au bout de choses, avec le sentiment d’être dans une impasse. Soit ! Mais désormais, c’est terminé, on sait où on va et ce qu’on veut. On repart sur une nouvelle feuille blanche.
Alors à toi qui n’as aucune idée de ce que tu veux faire comme études ou comme travail, à toi qui t’es fait quitter, à toi qui as besoin de prendre l’air par rapport à ta famille, à toi qui ne te plais pas là où tu vis, à toi qui ne t’entends plus avec ton entourage, à toi qui ne vois pas bien où tu vas, je dirais : envisage le PVT, le VIE (si tu as la chance de décrocher une place), le CES (si c’est l’Europe qui te tente), le service civique à l’international ou encore les chantiers internationaux ou le volontariat (WWOOFing, HelpX, Workaway). Juste, envisage de partir ! Ça ne réglera peut-être rien, mais ça te fera ressentir plein d’autres choses.
Pas d’obligation de partir un an, et pas d’obligation de partir loin ! Tu peux partir faire un volontariat d’un ou deux mois dans un pays proche du tien, juste pour voir. Si ça te donne l’envie de repartir par la suite, tu sauras ce qu’il te reste à faire.
Bonne fuite !
—
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(55)Commentaires
Donc oui, ne nous sentons pas coupable parce qu'on a quitté notre pays, si on l'a fait, c'est parce que c'était nécessaire. Merci pour ton texte Lilou
Bien sur pour d'autres personnes l'expérience de vie est autre et il n'y nullement besoin de "fuire".
Mais je suis totalement en osmose avec l'article. Bien souvent incompris.
Je pense que il y a un sujet de discussion assez délicat (hors politique, religion) avec ses amis et voir même la famille : c'est le sujet des choix de vie.
Voyager, tout quitter, repartir de zéro ailleurs, fuire, peu importe il faut respecter les choix de chacun et tout a une raison profonde.
Quoi qu'il en soit, les voyages, les rencontres, les expériences bonnes ou mauvaises nous servent a grandir et bien souvent voir a travers les lignes pour mieux comprendre son "moi" intérieur.
Bref enjoy the life! chill respect and love and unity!
Je vise la nouvelle-zélande ça a toujours été mon rêve d'y aller...
Ça me redonne de l'espoir, je pensais, aussi que c'était pour fuir.
Mais enft je me dis que non, ça ne peut qu'être valorisant pour mon avenir
J'ai rajouté le lien dans le texte après coup, mais je parle de ce que mon PVT m'a apporté ici : Partir seule en PVT en Australie.
En gros je suis partie seule, je suis un peu restée à Sydney (j'ai trouvé un boulot dans un solarium et dans une école de langues), ensuite je suis allée à Melbourne et en Tasmanie avec ma mère qui est venue me rendre visite. Ensuite, je suis allée dans le Queensland et arrivée à Cairns, le lendemain matin j'ai appelé le Harvest trail (j'en parle ici dans le chapitre 5 : Le fruit picking en Australie) et j'ai eu de la chance, car il y avait du travail à Homehill, près de Townsville, pour ramasser des melons. J'ai pris un bus et je suis restée dans cet endroit que j'ai adoré (pour les personnes qui vivaient dans la même auberge de jeunesse que moi !), ensuite j'ai voyagé sur la cote est, j'ai retrouvé des copains vers Byron Bay et ensuite je suis allée 2 semaines en Nouvelle-Zélande avec ma meilleure amie (rencontrée en Australie, j'en parle ici aussi : Rencontrer des Français pendant un voyage à l'étranger). On a ensuite fait du covoiturage pour remonter de Adelaide à Darwin en visitant le Centre Rouge et on s'est envolées pendant 2 mois 1/2 en Asie du Sud Est.
Je suis revenue seule en Australie (son PVT étant terminé) et j'ai bossé dans une Tree nursery (je plantais des petits arbres et toutes les tâches qui vont avec dans les semaines qui suivent) pendant 2 mois 1/2, notamment avec un pote anglais que j'avais connu à Homehill.
Je suis rentrée la gorge nouée, après une année plein de tellement de sensations. Ah rien que d'en parler...
C'est tout ce que je te souhaite L'Australie ça a été la plus belle année de ma vie (j'en parle ici si tu as encore un peu de force pour me lire : https://pvtistes.net/on-a-teste-partir-seul-en-pvtwhv/) pour tout ce qu'elle m'a apporté. J'avais besoin de cette année (j'avais même pas idée à quel point, avant de partir !).
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