Sun Peaks (Canada) – Los Angeles à vélo pour la bonne cause
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Bonjour Clément et Baptiste, pouvez-vous vous présenter ?
Baptiste vient de la région parisienne, Clément de Bretagne. Nous nous sommes rencontrés en juin 2022 au travail, on bossait tous les deux dans la même agence de voyages à Montréal.
Assez rapidement, on s’est retrouvé dans les mêmes sorties, les mêmes soirées et nous avons vite sympathisé, compris qu’on était un peu pareil, qu’on aimait les mêmes choses, qu’on pensait de la même manière et rapidement un lien s’est créé.
On a commencé à organiser des week-ends randonnée avec nos colocataires, nos amis, des week-ends vélos (nous avons fait le tour des cantons de l’est du Québec en Estrie et sa fameuse route des vins sur 3 jours) et on a eu envie de continuer et d’aller encore, vraiment plus loin.
Baptiste à gauche, Clément à droite
Baptiste à gauche, Clément à droite
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Vous êtes en PVT au Canada, pourquoi cette destination ?
Clément : J’ai toujours eu l’idée dans un coin de ma tête de faire un PVT à un moment donné mais je n’avais encore jamais eu l’occasion de lancer les démarches, puis le Covid est arrivé en 2020.
Je travaillais à Barcelone et j’ai perdu mon travail, puis retour à la maison, en Bretagne. J’espérais que le virus ne dure que quelques semaines, je suis finalement resté plus d’un an en « off ». Beaucoup l’ont mal vécu, moi au contraire ça m’a permis de faire beaucoup choses dont je n’aurais jamais eu l’occasion de faire autrement, dont postuler au PVT.
Pour moi c’était l’Australie ou le Canada, j’avais envie de grands espaces, de froid, de montagne, de forêt, mon petit frère vivait au Québec, le choix était fait…
Baptiste : J’étais bien installé dans mon quotidien d’ingénieur informatique dans une grande banque française depuis plusieurs années. Mais, le Covid est passé par là et m’a rappelé mes rêves de voyages et de vivre à l’étranger. Je m’étais toujours promis de vivre cette expérience de l’étranger avant mes 30 ans et c’était devenu le bon moment.
J’ai choisi le Canada et le Québec car je savais que je m’y intégrerais facilement grâce à la langue et la culture. Pour moi, le Canada représentait aussi une formidable terre d’opportunités professionnelles et un immense territoire à parcourir et découvrir.
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Que faites-vous pendant votre PVT ?
Clément : Je suis arrivé en juillet 2021 pendant la pandémie. J’ai fait une saison d’été dans les Cantons de l’Est à Sutton, au Québec, puis je me suis installé à Montréal début novembre de la même année.
J’ai trouvé un job en tant que chef de projet dans l’événementiel touristique, dans une agence de voyages où je suis resté 1 an et c’est là que j’ai rencontré Baptiste, en mai 2022. J’ai eu la chance de beaucoup bouger avec le travail en accompagnant des groupes sur le terrain, en Mauricie, Lanaudières, Laurentides, Saguenay…
Après ça, on a décidé de partir faire une saison d’hiver en Colombie-Britannique, à Sun Peaks, où nous sommes depuis novembre 2022. Le Québec c’était génial mais on voulait voir autre chose, découvrir l’ouest canadien.
Baptiste : Après 7 années de travail à Paris en tant qu’ingénieur informatique j’ai décidé de changer complètement de métier pour devenir coordonnateur aux opérations dans une agence de voyages à Montréal.
Je voulais lier passion personnelle et projet professionnel et découvrir l’industrie touristique. Cette industrie redémarrant doucement après deux années à l’arrêt dû au Covid, j’ai sauté dans le wagon de la reprise et l’expérience a été formidable.
Après 6 mois à Montréal, j’ai senti que je voulais encore découvrir autre chose. Comme je partageais ce rêve de voyager vers l’ouest avec Clément, j’ai décidé de lier mon chemin au sien et nous sommes partis direction Sun Peaks pour vivre l’expérience d’une saison d’hiver en montagne au Canada. C’était l’occasion de découvrir un nouvel environnement, un nouveau métier et de perfectionner notre ski et notre anglais !
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Vous avez aujourd’hui le projet de traverser la partie ouest du Canada à vélo, comment vous est venue cette idée ?
Un après-midi autour d’une bière.
On savait qu’on partait pour la Colombie-Britannique et que notre saison d’hiver allait se terminer fin avril 2023.
On voulait profiter de nos derniers mois au Canada, voyager et voir du pays. Nous avons considéré le voyage en van ou en voiture mais nous voulions quelque chose qui nous ressemble plus, quelque chose de plus dur, plus aventureux, comme un défi à relever et c’est comme ça que nous est venue l’idée de traverser les USA à vélo, en commençant par le Canada.
Nous avons sélectionné tous les points d’intérêt et défini nos destinations incontournables pour ce voyage. Le parcours a été pensé et repensé, on pensait partir de Vancouver et rejoindre Los Angeles par la célèbre Pacific West Coast. Après coup et en prenant en compte la logistique, qui a été un facteur très déterminant, on a retravaillé notre itinéraire pendant plusieurs semaines puis on a décidé de partir directement de Sun Peaks, la station de ski où on travaille actuellement. Nous avons ensuite découpé ce long trajet en segment plus court pour faciliter la planification.
On commencera par environ 1 500 km au Canada en passant par l’île de Vancouver, puis on traversera l’État de Washington et d’Oregon, plutôt par les terres, avec des paysages montagneux mais aussi des passages en forêt et quelques portions un peu plus désertiques, avant de rejoindre la fameuse Pacific West Coast et de descendre jusqu’à Los Angeles. Au total et selon notre itinéraire, c’est environ 5 000 kilomètres que nous avons planifié sur 100 jours. Le départ est prévu autour du 20 avril 2023.
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Vous en profitez pour récolter des dons pour la bonne cause, pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce périple c’est avant tout une motivation personnelle, puis on s’est tous les deux dit qu’on pourrait profiter de cette aventure pour organiser une levée de fonds dans le but de soutenir une cause qui nous tiendrait tous les deux à cœur.
On a comparé beaucoup d’associations travaillant sur différents thèmes et projets, puis en fonction de nos valeurs, nos idées et de ce qu’on souhaite faire de ce projet après le voyage, nous avons choisi l’association Premiers de Cordée. Elle œuvre pour le bien-être des enfants malades et des enfants handicapés dans les hôpitaux en proposant et en organisant des activités sportives, en les faisant sortir de leur quotidien, qu’ils puissent s’échapper de leur condition l’instant d’une journée, de se sentir libre.
Nous partageons avec Premiers de cordée cette vision de l’engagement par le sport contre la maladie et le handicap. Nous allons créer une cagnotte en ligne qui leur sera entièrement reversée en fin de voyage, courant août 2023. Le lien vers la cagnotte sera disponible sur notre page Instagram @freewheel_project, ainsi que sur le site de GoFundMe en cliquant ici.
Nous présenterons l’association au travers d’un post dédié, ainsi que toutes les personnes qui suivront nos aventures : nos familles, amis, tous ceux que nous rencontrerons pendant notre voyage ainsi que toute autre personne qui souhaitera nous supporter.
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Comment vous préparez-vous pour ce périple ?
L’organisation est un travail monstre, on ne pensait pas que c’était autant de boulot. Entre l’itinéraire, le choix du bon vélo, l’équipement, la logistique de nos bagages, c’est des heures et des heures d’organisation. Je pense que les ¾ de nos discussions se rapportent au voyage. Chacun avance de son côté, on fait des points régulièrement, presque tous les jours même et on avance petit à petit.
Il faut aussi savoir, sachant qu’on a eu cette idée une fois au Canada et que nous ne sommes pas rentrés en France depuis le début de notre PVT, que nous n’avons aucun matériel. Nous devons pratiquement tout nous procurer et tout faire acheminer dans la station de ski de Sun Peaks qui elle-même est isolée dans les montagnes à presque une heure de Kamloops (la ville la plus proche).
Côté conditions physiques, on a la chance d’avoir une super salle de sport à la station de ski (Alpine fitness), le gérant est hyper sympa et nous suit dans notre projet.
Baptiste a l’habitude d’aller à la salle de sport depuis longtemps, il a préparé un programme de force sur plusieurs semaines en début de saison pour prendre du muscle et du gras parce qu’on sait qu’on va énormément perdre pendant ces 4 mois de vélo. Pour ne pas perdre de poids, il faudrait qu’on ingurgite et qu’on maintienne environ 4000 calories par jour.
Quelques semaines avant le départ, nous démarrerons un programme d’endurance avec plusieurs heures de vélo par semaine pour augmenter notre cardio et habituer notre organisme !
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Qu’est-ce que vous appréhendez le plus ?
Clément : La météo bien sûr mais surtout le fait d’avoir un gros problème pendant le voyage, une roue voilée au milieu de nulle part, une chaîne qui casse, ou encore que l’un de nous se fasse voler le vélo. À part ça, pas de grande inquiétude, c’est l’aventure et une aventure sans problème n’est pas vraiment une aventure…
Baptiste : De mon côté, j’appréhende surtout le trafic et les longs passages avec des voitures et des camions qui nous frôlent à chaque dépassement.
Nous allons au maximum éviter les gros axes et emprunter les petites routes mais je sais que certains passages risquent d’être un peu dangereux.
Il n’y a pas de voyage à vélo sans chute et j’appréhende aussi un peu une blessure à la suite d’une mauvaise chute.
Clément : On a aussi réservé nos vols, Los Angeles-Montréal puis Montréal-Paris, j’ai également peur d’être pressé par le temps et de parfois devoir trop se dépêcher. Mais nous devons repasser par Montréal et le prix des vols en août augmentent très très vite…
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Quels sont vos meilleurs souvenirs de PVT pour le moment ?
Clément : Mon PVT s’est divisé en 3 grosses périodes en fonction des endroits où j’ai vécu, à chaque fois remplies de nouvelles expériences, de découvertes, de rencontres et c’est ce que j’attends en tant qu’expatrié.
J’ai particulièrement aimé l’ambiance de Montréal en été, profiter des événements qui ne s’arrêtent jamais et organiser des virées les week-ends.
Via mon travail à Montréal, j’ai rencontré beaucoup de personnes et fait beaucoup de choses que je ne me serais probablement jamais offertes, comme des survols en hydravion au-dessus de la Mauricie par exemple, c’est des moments qu’on garde et qu’on n’oublie pas.
Baptiste : Moi aussi je garderai en mémoire le souvenir de l’ambiance montréalaise en été. Ce vent de liberté, de fêtes et de joie.
Mes amis m’ont aussi offert un saut à l’élastique que j’ai réalisé près d’Ottawa. Ma première expérience d’un saut dans le vide. Une première fois inoubliable.
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Les moins bons ?
Clément : Lors de mon premier hiver à Montréal, il y avait encore beaucoup de restrictions liées au Covid, beaucoup d’endroits fermés, des couvre-feux, plus le froid, l’hiver a été très, très long…
Baptiste : Le passage à Montréal et le changement d’activité professionnelle ont été difficiles. Il a fallu accepter de recommencer à 0 et abandonner tous mes acquis.
Le passage vers l’ouest a aussi causé de grands moments de solitude, à cause notamment de la barrière de la langue. J’ai noué rapidement quelques belles et solides relations à Montréal. À l’ouest, les relations humaines sont vraiment différentes.
D’un point de vue plus personnel, j’ai aussi perdu des proches en France au début de mon PVT et c’est difficile de vivre ces épreuves quand on est loin.
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Vous étiez chacun parti seul à l’origine, comment l’avez-vous vécu ?
Clément : Ce n’est pas la première fois que je pars si loin tout seul, j’étais parti seul m’expatrier en Espagne en 2017, puis je suis parti seul en road trip en Amérique du Sud en 2019.
Partir tout seul au Canada ne m’effrayait pas vraiment, je sais que beaucoup partent aussi seuls et que dans ce contexte les rencontres se font généralement très rapidement.
J’avais trouvé mon job saisonnier dans les Cantons de l’est à distance (pendant la pandémie). Avant d’arriver, je savais déjà que nous étions environ une quinzaine de pvtistes sur site, je n’avais donc aucune inquiétude. J’aime aussi ça, partir quelque part où tout nous est complètement inconnu et petit à petit, avec le temps, prendre ses repères jusqu’à se sentir complètement chez soi.
Baptiste : J’avais déjà vécu 2 mois à Londres seul, mais à presque 30 ans, mon aventure canadienne est ma première expérience seul à l’étranger sur un si long moment. Je sentais que partir était une nécessité. J’ai eu le temps de mûrir ma décision et de me préparer correctement. J’ai aussi toujours apprécié tirer le meilleur de moi-même dans les situations où je sors de mon confort.
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Quelles ont été les réactions de tes proches face à votre décision de partir ?
Clément : Au Canada ? J’avais plutôt l’habitude d’être loin de la maison qu’être près de mes proches, ils s’habituent aussi…
Déjà depuis l’université où je rentrais parfois seulement tous les 2 mois, puis je suis parti en Erasmus pendant 6 mois, c’était la première fois que je partais si longtemps. Après ça, j’ai vécu à Barcelone où je rentrais tous les 6 mois, puis j’ai été presque 1 an sans les voir pendant mon voyage en Amérique du Sud en 2019.
Entre début 2020 et mon départ au Canada, on était en pleine pandémie et j’ai dû retourner chez mes parents en Bretagne pendant plus d’un an, énorme pause, ça m’a mis un gros coup au moral. On était mutuellement contents que je parte je crois…
Pour le voyage à vélo, c’est la même chose, ils ne sont pas surpris, ils savent que j’aime me fourrer dans des situations un peu compliquées et ils trouvent ça génial.
Baptiste : Je suis très proche de ma mère. Je pense que c’est pour elle que ça a été le plus difficile. Pour certains de mes amis aussi, ça a été difficile.
Les gens qui tiennent à toi ont souvent ce réflexe de se dire que si tu pars, c’est que tu n’es pas heureux, que cette vie avec eux ne te convient pas et ils se remettent en question. Il faut être pédagogue, prendre le temps d’expliquer ses choix et ses besoins.
J’ai annoncé mon départ pratiquement avec 6 mois d’avance pour avoir le temps de parler à ceux qui m’entourent.
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Avez-vous des conseils pour les futurs expatriés ou ceux qui hésitent à se lancer ?
Clément : Foncez ! Foncez 1 000 fois ! Partir s’expatrier est une expérience vraiment différente que de voyager et très enrichissante personnellement. Ne passez pas forcément vos 2 ans à Montréal, c’est dommage, il y a énormément d’autres choses à voir et à faire au Canada.
Baptiste : Je serai plus raisonné que Clément. L’herbe est toujours plus verte ailleurs. Il faut faire attention à ne pas fantasmer ses désirs d’ailleurs et bien avoir conscience des sacrifices qu’implique un départ.
Mais voyager reste la manière la plus rapide et la plus intense pour apprendre à se connaître soi-même. C’est aussi un formidable moyen de s’ouvrir l’esprit et de se laisser la chance de découvrir quelque chose de nouveau.
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Pour finir, quels sont vos projets futurs ?
Ce voyage dans l’ouest canadien et américain n’est qu’un début. On a encore beaucoup d’idées derrière la tête reliées à ce projet à notre retour en France en août 2023.
Ce qu’on peut vous dire, c’est que nous allons certainement continuer dans la direction du voyage et du vélo. Suivez-nous sur notre compte instagram @freewheel_project pour connaître la suite de nos aventures ! 😉
À bientôt!
Marie
En PVT au Canada de novembre 2021 à 2023, je répondrai à vos questions avec plaisir. Après un road trip en Amérique latine (Colombie, Bolivie, Pérou, Guatemala), je suis rentrée en France en juin 2024.
On a Working Holiday Visa in Canada from November 2021 to 2023, I will gladly answer your questions. After a road trip in Latin America (Colombia, Bolivia, Peru, Guatemala), I returned to France in June 2024.
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