Je pense n’avoir compris la vraie notion de “outdoorsy” que lorsque je suis arrivée en Nouvelle-Zélande. Les Kiwis sont gâtés d’une nature incroyable… et ils le savent ! Été comme hiver, ils passent leur vie à l’extérieur, pratiquant sports de glisse, sports de montagne ou sports nautiques. Parmi tous ces sports, la randonnée est de loin l’activité la plus populaire.
Chouette, me direz-vous, la rando, c’est accessible à tous non ? En plus, en Belgique, j’avais l’habitude de marcher entre 5 et 10 km par jour, ça me donne une petite base n’est-ce pas ? C’est ce que la naïve fille du plat pays que je suis pensait. Pourtant, la Nouvelle-Zélande est loin d’être plate, et pour avoir accès à ses vues spectaculaires, il faut marcher, mais il faut aussi monter (logique, non ?). En plus, la randonnée, ce n’est pas de la marche de ville, ni une marche dans les bois. Non, en Nouvelle-Zélande, la nature est brute. C’est ce qui fait sa beauté, mais aussi sa difficulté parfois.
Alors, je me suis naïvement lancée dans le monde de la randonnée en étant loin de m’imaginer les difficultés que cela pourrait me poser. Je me suis pris la réalité en pleine face et j’ai beaucoup douté de mes capacités. Mais je ne me suis pas laissée décourager. J’ai persévéré. J’ai appris à dépasser et à respecter mes limites. Et surtout, je me suis émerveillée et je me suis rendue fière.
Dans cet article, je vous raconte 4 randonnées qui ont marqué ma petite “carrière” d’aventurière nature et qui ont rendu cette fille de la ville, amoureuse de la nature.
2 ans (et quelques randonnées) après avoir partagé ce récit avec vous pour la première fois, je vous raconte quelques nouvelles histoires… Alors, ne sautez pas les petits encadrés 🙂
1. Abel Tasman : ma première randonnée
Quelques jours après mon arrivée dans la région de Tasman, je décide de me rendre sur mon futur lieu de travail afin de me présenter à l’équipe. Mes futurs collègues sont super accueillants et me proposent de me déposer en bateau à Torrent Bay afin de faire une randonnée de 5 h 30 ou 14 km. Super, 14 km, c’ est facile. J’ai l’habitude de marcher pendant des heures.
J’ai donc commencé cette marche avec enthousiasme, les pieds dans l’eau, et surtout, en étant absolument émerveillée. Abel Tasman est un parc national incroyable. J’étais bouche-bée devant l’eau turquoise, les plages dorées et les forêts d’un vert sombre. Ma distraction, et ma légendaire maladresse, m’ont fait trébucher plus d’une fois. Mais qu’est-ce que c’était beau !
Après avoir pris mille et un détours, je commence à me fatiguer. J’avais déjà passé une colline challengeante par rapport à mes capacités et les autres petites montées me semblaient interminables. Je regarde l’heure. Je marche depuis 5 heures et les panneaux indiquent qu’il me reste 2 heures de marche. Ouille, je pense m’être un peu trop égarée dans les petits chemins. Je n’aurais peut-être pas dû m’arrêter à chaque plage.
Un peu moins de 2 heures plus tard, avec moins d’arrêts plages, j’arrive enfin à l’entrée. Il me reste 1 km pour atteindre ma voiture, le plus long de la randonnée.
Ressentis
Cette première randonnée a donc été mon introduction au monde de la nature. J’ai personnellement été très étonnée de l’endurance nécessaire pour cette activité. Ce n’est pas qu’il faut avoir des conditions physiques du tonnerre, mais il faut plutôt pouvoir tenir sur la longueur. Heureusement, Abel Tasman est un parc très facile, mais je me suis rendu compte que 14 km en forêt était beaucoup plus difficile que 14 km en ville et que je devais peut-être revoir mes propres capacités, apprendre, et y aller en douceur.
D’ailleurs, si vous vous sentez d’attaque, n’hésitez pas à aller une baie plus loin que Torrent Bay, pour marcher de Bark Bay à Marahau (+/- 21 km). Cette section est incroyable et facile si les longues distances ne vous dérangent pas. Personnellement, j’ai aussi réalisé cette marche en 7 h (avec une longue pause apéro sur la plage), tout juste un an après cette première rando un peu fiasco. Quelle fierté de voir ses propres progrès !
Difficulté ressentie ce jour-là : facile mais long (vous aurez des points bonus si vous la faites pieds-nus)
Leçon du jour : ne pas s’arrêter à chaque plage sur le chemin
Distance : 14 km (+ les nombreux détours, environ 19 km)
Temps : 7 h
2. Roy’s Peak : mon aversion des montées
Roy’s peak. LA randonnée classique de Nouvelle-Zélande. Si tout le monde la fait, c’est qu’elle n’est pas si horrible que ça, si ?
Ah beh si ! Roy’s Peak, c’est 8 km de montée, non stop. C’est aussi une randonnée super ennuyeuse car le chemin est sur le flanc d’une montagne nue. Vous avez donc la même vue tout le long de la rando. Vous n’avez pas de forêts, pas d’ombre, pas de protection contre le vent, pas d’animaux pour vous distraire. Simplement la même vue pendant plus ou moins 3 heures.
Toutefois, la vue à l’arrivée est absolument incroyable et nous fait très vite oublier cette horrible montée. Je me souviens du sentiment de satisfaction que j’ai ressenti à ce dernier pas. Je me souviens de la joie qui m’a envahie lorsque je me suis approchée du point de vue. Et je me souviens de l’émerveillement et de la gratitude intense lorsque je me suis posée pour regarder le soleil se coucher.
Malgré la popularité du sentier, mon compagnon et moi étions les seuls présents sur place. Et croyez-moi, cela relève un peu du miracle. Ce moment était tout simplement magique.
Ressenti
Roy’s Peak a vraiment été un challenge pour moi. Elle a longtemps été élue la pire randonnée que j’ai jamais faite. C’est lors de cette randonnée que je me suis rendu compte que je détestais les montées et qu’elles étaient en fait très difficiles pour moi. J’avais bien évidemment fait des randonnées abruptes. Mais Roy’s Peak, ça monte tout le temps pendant 8 km. Il n’y a aucun répit, aucune partie plate. Ça monte, ça monte, ça monte.
Cette randonnée m’a beaucoup fait douter de mes capacités par la suite. C’est une randonnée super populaire et pourtant, je l’ai trouvée très difficile.
Difficulté ressentie ce jour-là : difficile
Leçon du jour : se mettre des petits objectifs intermédiaires
Distance : 16 km
Temps : 6 h (2 h 30 de montée, 3 h 30 de descente avec un genou blessé en cours de route)
Roy’s Peak #2
En avril 2024, me revoici face à cette montée tant détestée. Je ne vais pas vous mentir, avec un réveil à 3 h 45 du matin, difficile d’accueillir la rando avec gaieté. Et pourtant, quelle surprise quand j’arrive au sommet avec 30 minutes de moins que la dernière fois. Ajoutez à ça une descente en 1 h 20 (avec des genouillères cette fois-ci !), je termine cette année la rando en 3 h 20 ! Et puis, encore une fois, la vue nous rappelle très vite pourquoi on endure cela. Je pense sincèrement qu’il s’agit de l’une des plus belles vues du pays.
3. Tongariro Northern Circuit : mon premier grand défi
Avec Roy’s Peak comme référence, il était presque impossible pour moi d’imaginer faire quelque chose de plus imposant. Pourtant, en arrivant à Whakapapa en juillet 2020, le ciel est bleu et calme. La neige est bien en place. Tout est tellement beau. Avec mon compagnon, nous nous posons la question. Devrions-nous faire le Tongariro ? Nous nous renseignons auprès du DOC, auprès des guides afin d’évaluer les conditions du milieu alpin. Ils sont unanimes, les conditions sont parfaites pour faire la randonnée sans guide.
C’est parti, on est décidé. On se rend vers le magasin de location de crampons afin de nous équiper au mieux. Et là, c’est la grosse déception… l’endroit nous refuse la location car nous n’avons pas d’expérience. Déçus, nous partons. Les commentaires des vendeurs m’ont vraiment inquiétée et je ne suis plus sure de vouloir faire la rando. Après une heure d’hésitation et de stress, je me sens prête. Nous décidons de faire la randonnée dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et de faire demi-tour dès que les conditions ne s’y prêtaient plus. Il ne faut pas tarder. Nous devons encore faire nos sacs, acheter nos provisions et nous avons 7 heures de marche devant nous.
Cette première journée se passe merveilleusement bien. Nous traversons les plaines donnant sur les Monts Tongariro et Ngauruhoe. Nous passons par la cascade Taranaki et les lacs Tama. Nous en prenons plein les yeux. Quelques heures après la tombée de la nuit, nous arrivons au refuge. C’est notre toute première expérience en refuge et celui-ci est vraiment super moderne. Nous avons l’impression d’être dans un hôtel de luxe. Un couple de retraités y est déjà et nous sympathisons avec eux. Toutefois, la nuit est froide, très froide. Nous sommes en plein hiver, et n’avons pas de couvertures très appropriées. Alors nous nous blottissons au coin du feu et nous réveillons fréquemment pour le rallumer tout au long de la nuit.
La deuxième journée est un peu plus courte mais plus aventurière. 3 heures nous séparent du prochain refuge. Nous traversons des paysages nous rappelant les images de Mars. Tout est rouge, rocheux, brut. C’est incroyablement beau. En arrivant au refuge, nos compagnons de la veille avaient déjà allumé le feu. Comme cette hutte est beaucoup plus petite, il y fait bien chaud. Nous y déposons donc nos affaires afin de partir en découverte et évaluer les conditions un peu plus en hauteur. Les crêtes sont bien enneigées mais nous y adhérons bien. Nous nous retrouvons dans des plaines incroyables et nous nous amusons comme des fous dans cette neige. Après avoir atteint les Lacs Émeraudes, nous faisons demi-tour. Le ciel se couvre et la nuit commence à tomber.
Après une nuit bien chaude, nous repartons à l’aventure. L’objectif ? Atteindre le Cratère Rouge. La journée est sublime. Le ciel est bleu, il n’y a pas de vent, pas de nuages. C’est comme dans un rêve. Après des heures à profiter du paysage et notre tentative d’ascension, nous décidons de faire demi-tour. Avec le soleil, la neige est devenue très glissante. Je me souviens descendre sur mes fesses et espérer ne pas glisser. Un faux pas peut-être fatal : un lac gelé se trouve à ma droite, et une très grande chute se trouve à ma gauche. Sous les encouragements de mon compagnon, et les jambes tremblantes, j’y suis parvenue. La fierté et le soulagement m’envahissent. Je n’avais jamais ressenti des émotions aussi fortes de toute ma vie. Ce soir-là, le refuge est toujours aussi chaud mais un peu plus rempli. Nous rencontrons un Américain qui faisait le circuit en sens inverse. Après une petite discussion, il décide de prêter ses crampons à mon compagnon pour que lui puisse terminer la randonnée.
Le lendemain est donc le grand jour. Un jour d’aventure pour mon compagnon qui va faire la traversée du Tongariro, et une grosse journée pour moi qui doit rebrousser chemin. 30 km s’étalent devant moi, la journée va être longue. Pourtant, cette journée a été très agréable. J’ai partagé un bout de chemin avec l’Américain, pris mon lunch avec le couple de retraités et admiré le paysage une dernière fois. Et puis, 6 heures plus tard, je suis enfin arrivée à l’entrée du parc. C’est un sacré record battu pour la débutante que je suis ! Mon compagnon me retrouve 1 heure plus tard, et nous partageons le souper avec notre nouvel ami pour lui rendre ses crampons.
Ressenti
Cette randonnée a été une réelle révélation pour moi. C’est grâce à cette dernière que je me suis dit “j’en suis capable.” Cette randonnée m’inquiétait avant de commencer, surtout après mon périple à Roy’s Peak. Pourtant, j’y suis parvenue et, physiquement parlant, ce n’était pas si difficile que ça. J’ai été fière de vaincre mes peurs lors de la descente de la crête enneigée, fière d’avoir parcouru 30 km en 6 heures, fière d’avoir porté mon sac. Fière, tout simplement.
Difficulté ressentie ces jours-là : moyen
Leçon du jour : avoir confiance en soi, dépasser ses limites, tout en les respectant
Distance : 65 km (plus les détours)
Temps : 22 h sur 4 jours
La Routeburn et le Milford Track : 2 Great Walks ajoutées à mes longues randonnées
En novembre 2023, je quittais la région de Nelson Tasman pour emménager à Queenstown. Située dans le Central Otago, la région est entourée de montagnes et fait le bonheur des adeptes de randonnées.
La Routeburn
Parmi celles-ci, on y retrouve la Routeburn Track. Great Walk de 33 km, elle est souvent citée comme étant la randonnée la plus pittoresque de l’île du Sud. Traversant à la fois le parc national de Mount Aspiring et le parc national de Fiordland, il est facile de comprendre pourquoi.
Cela faisait donc quelques années que j’avais la Routeburn dans un petit coin de ma tête. Une amie l’avait courue en 1 seul jour à plusieurs reprises et m’avait parlé des vues incroyables de ce trek. Malheureusement, à chaque fois que j’étais de passage dans la région, c’était l’hiver. Et le manque de confiance en mes aptitudes m’empêchait de passer le cap.
Alors, quand je me suis installée à Queenstown, je me suis dit que ça y est, j’allais enfin pouvoir découvrir la beauté du Lac Mackenzie et admirer les vues incroyables depuis la Harris Saddle. Fin mars, malgré les prévisions météos peu prometteuses, mon compagnon et moi nous lançons dans cette belle aventure.
La première journée a été plutôt agréable. Nous commençons depuis The Divide (Fiordland) pour nous rendre au camp du Lac Mackenzie. Oui, vous avez bien lu, malgré les températures négatives annoncées, nous allons camper. La journée se passe tantôt sous le soleil, tantôt sous les nuages. On s’émerveille devant l’impressionnante cascade Earland et les autres paysages. L’arrivée au camp se fait sous une petite pluie qui se transformera rapidement en torrent. On monte la tente et on s’incruste une petite heure à la hut d’à côté pour se sécher. Après avoir mangé, nous nous posons dans notre petite tente et jouons aux cartes tout en nous demandant si nous n’allons pas nous envoler pendant la nuit. Je ne vais pas mentir, la nuit était plutôt rude et je suis toujours aussi époustouflée par le fait que la tente ait tenu sous une pluie et un vent pareil. Malheureusement, nos chaussures sont, quant à elles, toujours trempées de la veille et c’est donc avec les pieds mouillés que nous commençons cette journée de 21 km.
Comme la veille, la journée a commencé sous le soleil ce qui nous a permis d’admirer la beauté du Lac Mckenzie. Cela n’a malheureusement pas duré et la montée vers la Harris Saddle a été accompagnée de pluie, de grêle, et même de neige. Malgré cela, je profite de chaque instant car le track est vraiment pas mal. Après quelques heures toutefois, le refuge au sommet me semble beaucoup trop loin et la faim commence à me rendre de mauvaise humeur. Une fois arrivée, je grelotte car la sueur me donne maintenant froid. J’échange mon t-shirt trempé pour un sec, je mange, et hop on repart de plus belle. Pas besoin d’admirer la vue, on est sous le brouillard complet.
La descente a été nettement plus agréable et, contre toute attente, le ciel se dégage laissant place à la beauté spectaculaire du Routeburn. Si la première journée était déjà magnifique, la deuxième est une sacrée claque. Peu importe où je regarde, je m’émerveille. La forme des montagnes change constamment et ces dernières sont incroyablement belles, les cascades se multiplient et nous offrent des moments de pauses agréables. Après 7 heures de marche, nous arrivons à la fin du track sous un beau ciel bleu. C’est certain, le Routeburn est l’une des plus belles randonnées que j’ai eu la chance de faire.
Le Milford Track
Mais quelques jours plus tard, une autre randonnée nous attend… le fameux Milford Track. Considérée comme l’une des plus belles randonnées au monde, le Milford Track était sold out en moins de 3 minutes lors de l’ouverture des réservations pour la saison 2023. Cela a même fait crasher le site du DOC ! Autant dire que je ne m’étais donc jamais imaginée faire cette rando.
Pourtant, nous voilà le 1er avril à attendre notre bateau-taxi qui nous emmènera au début de la randonnée. Et, non, ce n’était pas une blague ! Pour la petite anecdote, une nuit d’insomnie, je me suis perdue sur le site du DOC et suis tombée par chance totale sur une annulation pour le Milford Track. C’était le destin ! Et une minute plus tard, me voici avec une réservation pour cette fameuse randonnée !
Le Milford Track, c’est près de 55 km de sentier répartis sur 4 jours. Le premier jour commence par une balade en bateau d’environ 1 heure. Le ciel est bleu, tout est silence. Le chant des oiseaux résonne offrant un petit concert paisible en attendant l’arrivée du bateau. La traversée du Lac Te Anau est splendide. L’eau est d’un calme incroyable. C’est comme si l’on gravitait plutôt que flottait. Le temps de marche du premier jour est court, probablement pour nous permettre de prendre conscience de cette situation improbable : on est sur le Milford Track !
Peu à peu, les randonneurs arrivent au refuge. Comme chacun est obligé de suivre le même itinéraire, le Milford Track donne un air de colonie de vacances. Nous allons partager les 4 prochains jours avec les mêmes personnes. Tout le monde a l’air heureux d’être là. Il y a plein de profils différents et la conversation est facile avec la plupart d’entre eux. Ce soir-là, nous faisons aussi la rencontre du premier ranger qui nous parle d’une partie de l’histoire du Milford Track, de ce qui nous attend le lendemain côté rando mais aussi côté météo.
Le lendemain, le trek suit son cours le long de la rivière Clinton. Son bleu me laisse sans voix. On pourrait presque y voir des fées voler. Peu à peu, nous prenons un peu d’élévation et nous retrouvons ainsi au milieu de montagnes escarpées. C’est impressionnant. Les montagnes sont juste là, imposantes à nos côtés. On se sent tellement petits et je ne peux m’empêcher de dire “wow” à chaque fois que je tourne la tête.
Une fois arrivés à la hut, mon genou me fait horriblement mal. De nombreux randonneurs ont profité du soleil pour grimper jusqu’au col et admirer la vue. Des averses sont prévues pour le lendemain mais je ne me sens pas capable de parcourir ces 10 km supplémentaires aujourd’hui. J’écoute mon corps, on se fait un petit café et chocolat chaud, on joue à des jeux et on croise les doigts.
La troisième journée commence sous un ciel mi-nuageux. Difficile de dire si nous aurons une vue une fois arrivés au McKinnon Pass. La montée est courte et là… la vie nous offre un cadeau merveilleux : une vue dégagée malgré les nuages et le vent ! J’en pleure presque de joie et nous profitons pleinement de ces paysages incroyables. C’est vraiment époustouflant ! Le coeur remplit de joie, nous prenons une petite pause café avant d’entamer la descente. Sur le chemin, nous faisons un détour pour aller admirer les Sutherlands Falls, la plus haute cascade de Nouvelle-Zélande. Autant dire qu’on se sent minuscule à côté de ses 580 m. C’est presque aussi haut que le point culminant de la Belgique ! Une fois la cascade passée, la dernière heure me semble interminable. La pluie est bien présente et le chemin ne fait que descendre. Mon genou n’était pas très content !
Quatrième et dernière journée, nous commençons avant le lever du soleil. 18 km, 15 minutes de bateau et 2 h de bus s’étalent devant nous. Bien que nous avons la chance de pouvoir admirer de nombreuses cascades en chemin, 90 % du track se trouve dans la forêt. La journée sera donc longue… très longue. Mais une fois arrivée au ponton final, je suis envahie par une dizaine d’émotions : fierté, reconnaissance, amour, mais aussi déjà un peu de nostalgie…
Merci, Milford Track !
4. Mueller Hut (Mount Cook) : ma plus belle (et plus difficile) randonnée
La première fois que j’ai mis les pieds dans la région de Mount Cook, j’en suis instantanément tombée amoureuse. Mount Cook, c’est un endroit mystique dont je ne me lasse jamais. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai fait le célèbre Hooker Valley Track.
Par contre, je suis persuadée d’avoir la malédiction de Mount Cook. À chaque fois que j’y mets les pieds, il y a du brouillard. Et quand je dis brouillard, je veux vraiment dire “je ne vois pas mes mains”…
Petite note en 2024 : la malédiction a été levée ! J’y suis depuis retournée 6 ou 7 fois, sans un nuage à l’horizon.
J’ai même une fois décidé d’attendre 4 jours dans ma voiture pour enfin voir son sommet. Oui, ça en valait la peine…
Donc, c’est sans grandes attentes que je me suis à nouveau rendue à Mount Cook lors de mon road trip en mai 2022. Arrivée de nuit, j’observe les étoiles et m’endors paisiblement. Au lever du soleil, je rejoins le point de vue de Peter. Il n’y a pas un seul nuage dans le ciel. Je me demande si je suis réellement en vie. Je me dirige donc de bon matin vers le bureau du DOC afin de me renseigner sur une randonnée que j’espère faire depuis des années : la Mueller Hut. Les rangers me rassurent, les conditions sont encore estivales et parfaites. Je n’en crois pas mes oreilles, je vais enfin pouvoir faire cette randonnée.
Les étoiles plein les yeux, je commence à marcher. Le soleil tape, le ciel est magnifique, les montagnes sont impressionnantes. C’est vraiment la journée parfaite. Mais… je commence déjà à me fatiguer. La première moitié de la randonnée est composée de 2 200 marches. Ne vous imaginez pas de simples marches d’escaliers, non. Parfois, il s’agit de troncs, de pierres. Parfois, les marches sont plus hautes que mes genoux. Je vais à mon rythme. Je respire, je m’arrête, j’admire la vue. 2 heures plus tard, j’arrive au Sealy Tarns et la vue est déjà spectaculaire. Après une petite pause, je me remets en route. Je m’attends à devoir monter jusqu’à la hutte, mais il s’agit plutôt d’escalade à ce stade. Pendant 2 h 30, je gravis des rochers, je grimpe, je m’accroche, je m’aide de mes mains. C’est difficile car j’ai l’impression de ne pas avancer. Je vois le sommet, et il semble s’éloigner à chaque pas. Je me donne des petits objectifs : un marqueur, puis un autre, encore un autre. J’ai soif mais j’ai peur de tomber à court d’eau. J’ai faim. J’ai chaud. Je suis fatiguée, essoufflée. Mais je sais que c’est dans ma tête. Je sais que j’en ai les capacités. Alors je persévère. Et finalement, sous les applaudissements et les cris d’autres randonneurs, j’arrive à la hutte.
Nous passons la soirée tous ensemble. Nous sympathisons, cuisinons, buvons un verre et jouons à Uno toute la soirée. Le lendemain, nous nous réveillons tous pour rejoindre le Mont Olliver et admirer un des meilleurs levers de soleil de toute ma vie. Des keas (des oiseaux très intelligents !) nous survolaient aussi. C’était franchement incroyable de partager un moment aussi fort avec de parfaits inconnus. La descente se fit plus en douceur. Je n’ai plus su marcher correctement pendant 5 jours, mais c’était une des plus belles randonnées de ma vie. J’ai même recroisé certains randonneurs à plusieurs reprises par la suite.
Ressenti
Mueller Hut, c’était alterner entre “mais qu’est-ce que je fous ici ?” et “oh mon Dieu, c’est incroyable, j’ai trop de chance d’être ici.” Je ne vais pas mentir, oui c’est une randonnée difficile (selon moi), mais c’est aussi une randonnée tout à fait abordable si on se donne le temps. En plus, on est gâté de vues époustouflantes tout le long du chemin. Peu importe où je regardais, je me disais WOW. Et rien que pour ca, je ne peux que recommander cette randonnée.
Difficulté ressentie ces jours-là : au bout de ma vie
Leçon du jour : j’en suis capable, j’en suis capable, j’en suis capable
Distance : 10,4 km
Temps : 7 h sur 2 jours (4 h 30 de montée, 2 h 30 de descente)
Avalanche Peak : mon nouveau défi en 2024.
Randonnée présente sur la bucket list de mon compagnon, elle n’était clairement pas sur la mienne. Si vous cherchez Avalanche Peak sur le site du DOC, la première information qui apparaîtra sera : DES PERSONNES SONT MORTES SUR CETTE RANDONNÉE. De quoi rassurer la petite randonneuse que je suis. Pourtant, beaucoup de personnes de mon entourage m’avaient dit qu’il s’agissait d’une de leur meilleure randonnée en Nouvelle-Zélande. Alors, avec l’encouragement de mon copain (“évidemment que tu en es capable”), je me suis lancée dans les 3 .5km (et 1100 m de dénivelé) d’Avalanche Peak.
La rando commence dans la forêt. Très vite, nous prenons de la hauteur et nous retrouvons face à des vues dégagées des montagnes qui nous entourent. Cela ne fait que 30 minutes que nous marchons et c’est déjà si beau. Nous continuons donc. Je monte doucement, à mon rythme. Je bois, j’enlève mes couches de vêtements et j’y arrive. Doucement mais sûrement comme on dit. Petit à petit, le track devient de plus en plus pentu. Il alterne entre gravier qui glisse et crête avec quelques risques de chute (oui, je suis maladroite). Je sens mes mollets et mes cuisses chauffer. Après 2 heures, mon rythme ralentit. Un, deux, stop. Un, deux, stop. Un, deux, stop. Mais j’avance toujours et c’est tout ce qui compte.
40 minutes plus tard, j’aperçois le sommet. Il est si proche ! Je cours les quelques derniers mètres. Je hurle de joie et saute dans les bras de mon compagnon qui m’a soutenu lors de cette lente ascension. Quel plaisir de partager ce genre d’émotions avec des personnes qu’on aime ! Fière d’y être arrivée et aussi assez surprise car malgré tout, en respectant ce rythme, je ne l’ai finalement pas trouvée si difficile que ça.
Nous passons l’heure suivante à admirer les spectaculaires chaînes de montagnes. Elles sont à perte de vue. Cette infinité est incroyable et je réalise à nouveau la chance que j’ai de vivre dans un pays si beau.
Conclusion
La nature de Nouvelle-Zélande est incroyable. En arrivant dans le pays, j’étais loin de m’imaginer l’importance qu’elle prendrait dans ma vie. En tant que fille de la ville, je n’ai pas vraiment passé beaucoup de temps en nature. Pourtant, je la considère maintenant essentielle à ma vie et j’ai besoin d’y passer du temps. Malgré cet amour et cet émerveillement, la nature m’a aussi posé de nombreux défis. Elle m’en a appris sur mes capacités et mes limites. Elle m’a appris à persévérer et à être fière. Elle m’a aussi appris à être reconnaissante et à prendre mon temps. Bref, j’aime cette nature.
Passer du temps en nature, ça s’apprend. Il y a beaucoup de choses auxquelles on ne pense pas forcément et qui peuvent rendre notre voyage un peu plus difficile. Mais c’est aussi ce qui fait la beauté de la nature. Alors, si vous aussi, vous êtes tombé amoureux de la nature mais que, comme moi, vous avez grandi loin d’elle, ne désespérez pas. Prenez votre temps, évaluez vos capacités, dépassez les limites dépassables mais surtout respectez-les aussi. Allez-y petit à petit, une rando à la fois, une montée à la fois. Soyez patients mais soyez fiers de vous. Et qui sait, peut-être que dans quelques années, je vous retrouverai autour d’une partie de Uno dans une hutte perchée sur un sommet de Nouvelle-Zélande.
Conclusion 2024
Relire ce récit que j’ai écrit il y a tout juste 2 ans m’a permis, à la fois de revivre ces incroyables aventures, mais aussi de réaliser à quel point mon niveau avait évolué. Alors, avec ces quelques histoires supplémentaires et ce recul, j’espère donner confiance à toutes les autres personnes qui, elles aussi, ne se pensent pas capables de gravir des montagnes. Faites un pas, puis un autre. Respirez, allez-y doucement. Et surtout, croyez en vous. 🙂
Et si vous voulez en savoir plus sur la randonnée en Nouvelle-Zélande, consultez nos dossiers :
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