Je pense n’avoir compris la vraie notion de “outdoorsy” que lorsque je suis arrivée en Nouvelle-Zélande. Les Kiwis sont gâtés d’une nature incroyable… et ils le savent ! Été comme hiver, ils passent leur vie à l’extérieur, pratiquant sports de glisse, sports de montagne ou sports nautiques. Parmi tous ces sports, la randonnée est de loin l’activité la plus populaire.

Chouette, me direz-vous, la rando, c’est accessible à tous non ? En plus, en Belgique, j’avais l’habitude de marcher entre 5 et 10 km par jour, ça me donne une petite base n’est-ce pas ? C’est ce que la naïve fille du plat pays que je suis pensait. Pourtant, la Nouvelle-Zélande est loin d’être plate, et pour avoir accès à ses vues spectaculaires, il faut marcher, mais il faut aussi monter (logique, non ?). En plus, la randonnée, ce n’est pas de la marche de ville, ni une marche dans les bois. Non, en Nouvelle-Zélande, la nature est brute. C’est ce qui fait sa beauté, mais aussi sa difficulté parfois.

Alors, je me suis naïvement lancée dans le monde de la randonnée en étant loin de m’imaginer les difficultés que cela pourrait me poser. Je me suis pris la réalité en pleine face et j’ai beaucoup douté de mes capacités. Mais je ne me suis pas laissée décourager. J’ai persévéré. J’ai appris à dépasser et à respecter mes limites. Et surtout, je me suis émerveillée et je me suis rendue fière.

Dans cet article, je vous raconte 4 randonnées qui ont marqué ma petite “carrière” d’aventurière nature et qui ont rendu cette fille de la ville, amoureuse de la nature.

Abel Tasman : ma première randonnée

Quelques jours après mon arrivée dans la région de Tasman, je décide de me rendre sur mon futur lieu de travail afin de me présenter à l’équipe. Mes futurs collègues sont super accueillants et me proposent de me déposer en bateau à Torrent Bay afin de faire une randonnée de 5 h 30 ou 14 km. Super, 14 km, c’ est facile. J’ai l’habitude de marcher pendant des heures.

J’ai donc commencé cette marche avec enthousiasme, les pieds dans l’eau, et surtout, en étant absolument émerveillée. Abel Tasman est un parc national incroyable. J’étais bouche-bée devant l’eau turquoise, les plages dorées et les forêts d’un vert sombre. Ma distraction, et ma légendaire maladresse, m’ont fait trébucher plus d’une fois. Mais qu’est-ce que c’était beau !

Après avoir pris mille et un détours, je commence à me fatiguer. J’avais déjà passé une colline challengeante par rapport à mes capacités et les autres petites montées me semblaient interminables. Je regarde l’heure. Je marche depuis 5 heures et les panneaux indiquent qu’il me reste 2 heures de marche. Ouille, je pense m’être un peu trop égarée dans les petits chemins. Je n’aurais peut-être pas dû m’arrêter à chaque plage.

Un peu moins de 2 heures plus tard, avec moins d’arrêts plages, j’arrive enfin à l’entrée. Il me reste 1 km pour atteindre ma voiture, le plus long de la randonnée.

Ressentis

Cette première randonnée a donc été mon introduction au monde de la nature. J’ai personnellement été très étonnée de l’endurance nécessaire pour cette activité. Ce n’est pas qu’il faut avoir des conditions physiques du tonnerre, mais il faut plutôt pouvoir tenir sur la longueur. Heureusement, Abel Tasman est un parc très facile, mais je me suis rendu compte que 14 km en forêt était beaucoup plus difficile que 14 km en ville et que je devais peut-être revoir mes propres capacités, apprendre, et y aller en douceur.

D’ailleurs, si vous vous sentez d’attaque, n’hésitez pas à aller une baie plus loin que Torrent Bay, pour marcher de Bark Bay à Marahau (+/- 21 km). Cette section est incroyable et facile si les longues distances ne vous dérangent pas. Personnellement, j’ai aussi réalisé cette marche en 7 h (avec une longue pause apéro sur la plage), tout juste un an après cette première rando un peu fiasco. Quelle fierté de voir ses propres progrès !

Difficulté ressentie ce jour-là : facile mais long (vous aurez des points bonus si vous la faites pieds-nus)

Leçon du jour : ne pas s’arrêter à chaque plage sur le chemin

Distance : 14 km (+ les nombreux détours, environ 19 km)

Temps : 7 h

Roy’s Peak : mon aversion des montées

Roy’s peak. LA randonnée classique de Nouvelle-Zélande. Si tout le monde la fait, c’est qu’elle n’est pas si horrible que ça, si ?

Ah beh si ! Roy’s Peak, c’est 8 km de montée, non stop. C’est aussi une randonnée super ennuyeuse car le chemin est sur le flanc d’une montagne nue. Vous avez donc la même vue tout le long de la rando. Vous n’avez pas de forêts, pas d’ombre, pas de protection contre le vent, pas d’animaux pour vous distraire. Simplement la même vue pendant plus ou moins 3 heures.

Toutefois, la vue à l’arrivée est absolument incroyable et nous fait très vite oublier cette horrible montée. Je me souviens du sentiment de satisfaction que j’ai ressenti à ce dernier pas. Je me souviens de la joie qui m’a envahie lorsque je me suis approchée du point de vue. Et je me souviens de l’émerveillement et de la gratitude intense lorsque je me suis posée pour regarder le soleil se coucher.

Malgré la popularité du sentier, mon compagnon et moi étions les seuls présents sur place. Et croyez-moi, cela relève un peu du miracle. Ce moment était tout simplement magique.

Ressenti

Roy’s Peak a vraiment été un challenge pour moi. Elle a longtemps été élue la pire randonnée que j’ai jamais faite. C’est lors de cette randonnée que je me suis rendu compte que je détestais les montées et qu’elles étaient en fait très difficiles pour moi. J’avais bien évidemment fait des randonnées abruptes. Mais Roy’s Peak, ça monte tout le temps pendant 8 km. Il n’y a aucun répit, aucune partie plate. Ça monte, ça monte, ça monte.

Cette randonnée m’a beaucoup fait douter de mes capacités par la suite. C’est une randonnée super populaire et pourtant, je l’ai trouvée très difficile.

Difficulté ressentie ce jour-là : difficile

Leçon du jour : se mettre des petits objectifs intermédiaires

Distance : 16 km

Temps : 6 h (2 h 30 de montée, 3 h 30 de descente avec un genou blessé en cours de route)

Tongariro Northern Circuit : mon premier grand défi

Avec Roy’s Peak comme référence, il était presque impossible pour moi d’imaginer faire quelque chose de plus imposant. Pourtant, en arrivant à Whakapapa en juillet 2020, le ciel est bleu et calme. La neige est bien en place. Tout est tellement beau. Avec mon compagnon, nous nous posons la question. Devrions-nous faire le Tongariro ? Nous nous renseignons auprès du DOC, auprès des guides afin d’évaluer les conditions du milieu alpin. Ils sont unanimes, les conditions sont parfaites pour faire la randonnée sans guide.

C’est parti, on est décidé. On se rend vers le magasin de location de crampons afin de nous équiper au mieux. Et là, c’est la grosse déception… l’endroit nous refuse la location car nous n’avons pas d’expérience. Déçus, nous partons. Les commentaires des vendeurs m’ont vraiment inquiétée et je ne suis plus sure de vouloir faire la rando. Après une heure d’hésitation et de stress, je me sens prête. Nous décidons de faire la randonnée dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et de faire demi-tour dès que les conditions ne s’y prêtaient plus. Il ne faut pas tarder. Nous devons encore faire nos sacs, acheter nos provisions et nous avons 7 heures de marche devant nous.

Cette première journée se passe merveilleusement bien. Nous traversons les plaines donnant sur les Monts Tongariro et Ngauruhoe. Nous passons par la cascade Taranaki et les lacs Tama. Nous en prenons plein les yeux. Quelques heures après la tombée de la nuit, nous arrivons au refuge. C’est notre toute première expérience en refuge et celui-ci est vraiment super moderne. Nous avons l’impression d’être dans un hôtel de luxe. Un couple de retraités y est déjà et nous sympathisons avec eux. Toutefois, la nuit est froide, très froide. Nous sommes en plein hiver, et n’avons pas de couvertures très appropriées. Alors nous nous blottissons au coin du feu et nous réveillons fréquemment pour le rallumer tout au long de la nuit.

La deuxième journée est un peu plus courte mais plus aventurière. 3 heures nous séparent du prochain refuge. Nous traversons des paysages nous rappelant les images de Mars. Tout est rouge, rocheux, brut. C’est incroyablement beau. En arrivant au refuge, nos compagnons de la veille avaient déjà allumé le feu. Comme cette hutte est beaucoup plus petite, il y fait bien chaud. Nous y déposons donc nos affaires afin de partir en découverte et évaluer les conditions un peu plus en hauteur. Les crêtes sont bien enneigées mais nous y adhérons bien. Nous nous retrouvons dans des plaines incroyables et nous nous amusons comme des fous dans cette neige. Après avoir atteint les Lacs Émeraudes, nous faisons demi-tour. Le ciel se couvre et la nuit commence à tomber.

Après une nuit bien chaude, nous repartons à l’aventure. L’objectif ? Atteindre le Cratère Rouge. La journée est sublime. Le ciel est bleu, il n’y a pas de vent, pas de nuages. C’est comme dans un rêve. Après des heures à profiter du paysage et notre tentative d’ascension, nous décidons de faire demi-tour. Avec le soleil, la neige est devenue très glissante. Je me souviens descendre sur mes fesses et espérer ne pas glisser. Un faux pas peut-être fatal : un lac gelé se trouve à ma droite, et une très grande chute se trouve à ma gauche. Sous les encouragements de mon compagnon, et les jambes tremblantes, j’y suis parvenue. La fierté et le soulagement m’envahissent. Je n’avais jamais ressenti des émotions aussi fortes de toute ma vie. Ce soir-là, le refuge est toujours aussi chaud mais un peu plus rempli. Nous rencontrons un Américain qui faisait le circuit en sens inverse. Après une petite discussion, il décide de prêter ses crampons à mon compagnon pour que lui puisse terminer la randonnée.

Le lendemain est donc le grand jour. Un jour d’aventure pour mon compagnon qui va faire la traversée du Tongariro, et une grosse journée pour moi qui doit rebrousser chemin. 30 km s’étalent devant moi, la journée va être longue. Pourtant, cette journée a été très agréable. J’ai partagé un bout de chemin avec l’Américain, pris mon lunch avec le couple de retraités et admiré le paysage une dernière fois. Et puis, 6 heures plus tard, je suis enfin arrivée à l’entrée du parc. C’est un sacré record battu pour la débutante que je suis ! Mon compagnon me retrouve 1 heure plus tard, et nous partageons le souper avec notre nouvel ami pour lui rendre ses crampons.

Ressenti

Cette randonnée a été une réelle révélation pour moi. C’est grâce à cette dernière que je me suis dit “j’en suis capable.” Cette randonnée m’inquiétait avant de commencer, surtout après mon périple à Roy’s Peak. Pourtant, j’y suis parvenue et, physiquement parlant, ce n’était pas si difficile que ça. J’ai été fière de vaincre mes peurs lors de la descente de la crête enneigée, fière d’avoir parcouru 30 km en 6 heures, fière d’avoir porté mon sac. Fière, tout simplement.

Difficulté ressentie ces jours-là : moyen

Leçon du jour : avoir confiance en soi, dépasser ses limites, tout en les respectant

Distance : 65 km (plus les détours)

Temps : 22 h sur 4 jours

Mueller Hut (Mount Cook) : ma plus belle (et plus difficile) randonnée

La première fois que j’ai mis les pieds dans la région de Mount Cook, j’en suis instantanément tombée amoureuse. Mount Cook, c’est un endroit mystique dont je ne me lasse jamais. Je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai fait le célèbre Hooker Valley Track.

Par contre, je suis persuadée d’avoir la malédiction de Mount Cook. À chaque fois que j’y mets les pieds, il y a du brouillard. Et quand je dis brouillard, je veux vraiment dire “je ne vois pas mes mains”…

J’ai même une fois décidé d’attendre 4 jours dans ma voiture pour enfin voir son sommet. Oui, ça en valait la peine…

Donc, c’est sans grandes attentes que je me suis à nouveau rendue à Mount Cook lors de mon dernier roadtrip. Arrivée de nuit, j’observe les étoiles et m’endors paisiblement. Au lever du soleil, je rejoins le point de vue de Peter. Il n’y a pas un seul nuage dans le ciel. Je me demande si je suis réellement en vie. Je me dirige donc de bon matin vers le bureau du DOC afin de me renseigner sur une randonnée que j’espère faire depuis des années : la Mueller Hut. Les rangers me rassurent, les conditions sont encore estivales et parfaites. Je n’en crois pas mes oreilles, je vais enfin pouvoir faire cette randonnée.

Les étoiles plein les yeux, je commence à marcher. Le soleil tape, le ciel est magnifique, les montagnes sont impressionnantes. C’est vraiment la journée parfaite. Mais… je commence déjà à me fatiguer. La première moitié de la randonnée est composée de 2 200 marches. Ne vous imaginez pas de simples marches d’escaliers, non. Parfois, il s’agit de troncs, de pierres. Parfois, les marches sont plus hautes que mes genoux. Je vais à mon rythme. Je respire, je m’arrête, j’admire la vue. 2 heures plus tard, j’arrive au Sealy Tarns et la vue est déjà spectaculaire. Après une petite pause, je me remets en route. Je m’attends à devoir monter jusqu’à la hutte, mais il s’agit plutôt d’escalade à ce stade. Pendant 2 h 30, je gravis des rochers, je grimpe, je m’accroche, je m’aide de mes mains. C’est difficile car j’ai l’impression de ne pas avancer. Je vois le sommet, et il semble s’éloigner à chaque pas. Je me donne des petits objectifs : un marqueur, puis un autre, encore un autre. J’ai soif mais j’ai peur de tomber à court d’eau. J’ai faim. J’ai chaud. Je suis fatiguée, essoufflée. Mais je sais que c’est dans ma tête. Je sais que j’en ai les capacités. Alors je persévère. Et finalement, sous les applaudissements et les cris d’autres randonneurs, j’arrive à la hutte.

Nous passons la soirée tous ensemble. Nous sympathisons, cuisinons, buvons un verre et jouons à Uno toute la soirée. Le lendemain, nous nous réveillons tous pour un des meilleurs levers de soleil de toute ma vie. Des keas (des oiseaux très intelligents !) nous survolaient aussi. C’était franchement incroyable de partager un moment aussi fort avec de parfaits inconnus. La descente se fit plus en douceur. Je n’ai plus su marcher correctement pendant 5 jours, mais c’était une des plus belles randonnées de ma vie. J’ai même recroisé certains randonneurs à plusieurs reprises par la suite.

Ressenti

Mueller Hut, c’était alterner entre “mais qu’est-ce que je fous ici ?” et “oh mon Dieu, c’est incroyable, j’ai trop de chance d’être ici.” Je ne vais pas mentir, oui c’est une randonnée difficile (selon moi), mais c’est aussi une randonnée tout à fait abordable si on se donne le temps. En plus, on est gâté de vues époustouflantes tout le long du chemin. Peu importe où je regardais, je me disais WOW. Et rien que pour ca, je ne peux que recommander cette randonnée.

Difficulté ressentie ces jours-là : au bout de ma vie

Leçon du jour : j’en suis capable, j’en suis capable, j’en suis capable

Distance : 10,4 km

Temps : 7 h sur 2 jours (4 h 30 de montée, 2 h 30 de descente)

Conclusion

La nature de Nouvelle-Zélande est incroyable. En arrivant dans le pays, j’étais loin de m’imaginer l’importance qu’elle prendrait dans ma vie. En tant que fille de la ville, je n’ai pas vraiment passé beaucoup de temps en nature. Pourtant, je la considère maintenant essentielle à ma vie et j’ai besoin d’y passer du temps. Malgré cet amour et cet émerveillement, la nature m’a aussi posé de nombreux défis. Elle m’en a appris sur mes capacités et mes limites. Elle m’a appris à persévérer et à être fière. Elle m’a aussi appris à être reconnaissante et à prendre mon temps. Bref, j’aime cette nature.

Passer du temps en nature, ça s’apprend. Il y a beaucoup de choses auxquelles on ne pense pas forcément et qui peuvent rendre notre voyage un peu plus difficile. Mais c’est aussi ce qui fait la beauté de la nature. Alors, si vous aussi, vous êtes tombé amoureux de la nature mais que, comme moi, vous avez grandi loin d’elle, ne désespérez pas. Prenez votre temps, évaluez vos capacités, dépassez les limites dépassables mais surtout respectez-les aussi. Allez-y petit à petit, une rando à la fois, une montée à la fois. Soyez patients mais soyez fiers de vous. Et qui sait, peut-être que dans quelques années, je vous retrouverai autour d’une partie de Uno dans une hutte perchée sur un sommet de Nouvelle-Zélande.

Et si vous voulez en savoir plus sur la randonnée en Nouvelle-Zélande, consultez nos dossiers :

Pamela

Voyageuse belge depuis 2012, j'ai vécu aux USA et aux Bahamas avant de m'envoler vers la Nouvelle-Zélande où je vis depuis 2019. Je partage avec vous mes meilleurs tips NZ grâce à pvtistes.net et vous accompagne dans votre préparation au départ, avant de moi-même prendre à nouveau mon envol...

Belgian traveler since 2012. I have lived in the USA and the Bahamas and I have now been living in New Zealand since 2019. I share my best NZ tips with you and I help you prepare for your big adventure. I will soon be going on to my next one myself...

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