I- Introduction

Bonjour, est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Estelle, je suis Tourangelle, j’ai 29 ans et je suis architecte de formation (diplômée en 2020).

Pourquoi avoir choisi le PVT à Taïwan ?

J’ai choisi Taïwan parce que ça faisait longtemps que je voulais aller en Asie, et que je voulais apprendre le chinois. En regardant les pays du PVT, il y avait Hong Kong, Taïwan, la Corée du Sud et le Japon. Pour apprendre le chinois, le mieux était Taïwan (mandarin) et Hong Kong (cantonais). Mais à Taïwan, il y a plus de paysages, donc ça correspondait mieux à ma personnalité, et le mandarin est plus simple à apprendre, a priori.

Avant cette expérience, je n’étais jamais allée en Asie, donc il y avait aussi l’idée de vivre une grande découverte et un changement dans ma vie.

Est-ce que tu parles chinois mandarin ou taïwanais ?

Non, je ne parle ni chinois ni taïwanais. Je suis en train de prendre des cours dans une université à Taïwan pour 3 mois. J’ai trois heures de cours de chinois par jour, soit 15 h par semaine. C’est du mandarin. J’avais essayé d’apprendre le taïwanais, mais c’est vraiment autre chose que le chinois, donc j’ai un peu abandonné parce que ça allait trop se mélanger dans ma tête. Alors, priorité au mandarin !

II- L’arrivée à Taïwan

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Comment s’est passée ton arrivée ?

Je suis arrivée le 19 septembre 2024. C’était normalement après la période des typhons et après les grosses vagues de chaleur, mais en fait, il faisait encore très chaud. Quand on n’est pas habitué, c’est un peu perturbant.

Avant de partir, j’avais réservé une auberge de jeunesse pour dix jours à Taipei (la capitale) et je m’étais dit que, pendant ces dix jours, je commencerais à prendre mes marques et je préparerais un peu la suite de ce que je voulais faire. Un mois et demi après mon arrivée, j’avais un travail qui m’attendait, donc il fallait aussi que je décide de ce que j’allais faire pendant cette période.

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Dix jours à Taipei c’était bien, car j’ai eu le temps de me familiariser avec l’environnement, qui était complètement nouveau, de créer de petits repères. Je pense que j’en avais besoin. Et puis de prendre le temps de me mettre progressivement au chinois et de programmer mon voyage.

La température a vraiment été un choc, parce que de l’aéroport jusqu’à Taipei, on peut prendre un métro qui nous emmène directement dans le centre, et une fois qu’on sort du métro, la chaleur est frappante. J’ai eu un ressenti de température d’environ 40 degrés ! C’est surtout ça qui était dur.

Aussi, le trajet pour aller jusqu’à mon auberge (environ 10-15 minutes à pied) a été la première confrontation avec la ville, et ça a été un peu particulier pour moi. J’ai toujours vécu dans des environnements similaires, et ici, les bâtiments ne sont pas forcément aussi entretenus et propres qu’en France. Il y a beaucoup de scooters, même si, apparemment, il n’y en a pas autant qu’au Vietnam. En fait, c’est une ville énorme, tout est décuplé par rapport à ce que je connais. Ça, c’était un peu perturbant.

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Est-ce qu’il y a des démarches administratives obligatoires à faire en tant que pvtiste quand on arrive sur le territoire ?

Non, on n’a pas de démarches particulières obligatoires à faire quand on arrive. Mais, pour me faciliter la vie, j’ai demandé mon numéro d’identité (ID Number).

Pour faire la demande, il faut se rendre dans un bureau du service des affaires étrangères. Il y en a à Taipei, mais aussi dans d’autres villes. Moi, je suis allée au bureau de la ville de Taichung. Il faut simplement venir avec son passeport, et on nous donne un papier avec un tampon ; dessus, il y a le numéro. La demande est gratuite.

Ce numéro d’identité reste valide, même si on quitte Taïwan pendant plusieurs années. Il est utile, pour ouvrir un compte en banque par exemple.

III- Le logement

Tu as commencé ton PVT par voyager un peu sur l’île, mais une fois que tu as décidé de te poser, comment as-tu trouvé ton logement fixe ?

Je devais aller à Taichung pour mon travail, une ville au milieu de l’île. Je ne voulais pas d’appartement toute seule, mais une colocation pour pouvoir discuter avec des gens, comprendre comment ils vivent et partager.

J’ai cherché sur Facebook. Ça n’a pas été si évident que ça, mais j’ai quand même trouvé un logement dans mes prix. Finalement, j’ai rapidement changé, car dans la colocation où j’étais, les colocataires étaient assez distants. On partageait l’espace, mais on ne partageait pas de moments ensemble. Donc, j’ai préféré changer de colocation. Celle où je suis maintenant est un peu plus confortable, et j’ai l’impression qu’il y a peut-être un peu plus de discussions.

Globalement, est-ce que tu dirais que c’est simple de trouver un logement ?

Je dirais que ce n’est pas si simple que ça. Déjà, j’ai l’impression que les colocations ne sont pas très répandues, du moins là où je suis. À Taipei, c’est peut-être différent.

J’ai trouvé via des groupes Facebook, mais je pense qu’on peut trouver via des sites Internet dédiés, mais comme tout est en chinois, il faut prendre le temps de traduire.

Si on veut louer des studios classiques, parfois, il n’y a pas de cuisine, car c’est très courant de manger à l’extérieur. Aussi, ce sont souvent des baux d’un an. Donc, si on veut être flexible sur son année, il faut négocier dès le début pour pouvoir quitter le logement avant la fin du bail ou être d’accord de perdre sa caution.

Également, a priori, que ce soit pour les logements ou le travail, il y a beaucoup de fois où on n’a pas forcément de contrat écrit. Moi, j’ai demandé à en avoir un et on l’a fait. Ça me rassure ! Enfin, la caution correspond souvent à deux mois de loyer.

Pour trouver mon deuxième logement, ça a été plutôt facile, car une fille m’a contactée directement sur Facebook suite à une annonce de recherche de logement que j’avais postée quelque temps avant. Mais globalement, je n’ai pas trouvé ça forcément très simple.

IV- Le travail

Tu as commencé à travailler rapidement après ton arrivée. Comment as-tu trouvé ce travail ?

Ça s’est fait un peu malgré moi, avant mon arrivée ! J’avais posé une question sur le groupe Facebook “La Communauté française à Taïwan” à propos des vaccins, et une personne m’a écrit en message privé pour me dire qu’elle n’avait pas la réponse à ma question, mais que si je voulais, elle pouvait me proposer un travail dans un restaurant français. Au début, je me suis dit que c’était peut-être un peu trop facile. Mais finalement, c’était rassurant de se dire que j’aurais au moins un travail pour gagner un peu d’argent.

Quels sont tes premiers ressentis sur le travail ici à Taïwan ?

Alors, clairement, les salaires à Taïwan ce n’est pas la folie. Les gens travaillent beaucoup, mais ne sont pas très bien payés.

À titre d’exemple, dans mon restaurant, je suis à 185 dollars de l’heure, ce qui équivaut à un peu moins de 6 euros. Ici, de ce que je comprends, le net et le brut sont à peu près similaires. Quand on est en PVT, on n’a rien de plus à payer. Dans mon cas, les repas entre deux services sont inclus. Apparemment, c’est devenu la base dans la restauration à Taïwan, mais ce n’est pas obligatoire légalement.

En travaillant entre 42 et 45 heures par semaine, je gagne environ 1 000 euros par mois.

Le travail m’a imposé une forme d’engagement et de stabilité, de devoir rester à un endroit, alors que ce n’était peut-être pas ce dont j’avais besoin à ce moment-là. D’autant plus que le travail est fatigant et peu payé par rapport à ce que j’aurais pu gagner en France. C’est un peu frustrant quand on compare.

J’ai un planning hyper chargé, avec quasiment 60 heures en comptant le travail et les cours de mandarin, et c’est vrai que ce n’est pas trop une période où j’explore le côté “holiday” du WHV. Mais bon, c’est le jeu !

Je pense que ça dépend des jobs, mais en tout cas, le travail que j’ai là ne me permet pas de faire des économies pour de potentiels voyages, par exemple. Il permet juste de subvenir à mes besoins du moment. Et c’est peut-être ça qui est dommage.

Est-ce que tu as besoin de parler chinois ou taïwanais pour ton travail ?

Au travail, je n’ai pas besoin de parler chinois, car je prépare les boissons et je fais la plonge. Et sinon, l’anglais et le français sont suffisants, parce que la plupart des employés parlent français et/ou anglais. Après, j’essaye de parler un peu chinois, car j’ai un collègue qui ne parle que chinois, donc c’est l’occasion d’apprendre.

Est-ce que c’est obligatoire d’ouvrir un compte en banque local ?

Ce n’est pas obligatoire d’ouvrir un compte taïwanais, on peut être payé en liquide. Mais j’ai préféré en ouvrir un quand même, parce que je n’avais pas envie d’avoir trop de liquide sur moi.

J’ai choisi de prendre la banque de la Poste taïwanaise. Pour ouvrir un compte, il faut avoir demandé son numéro d’identité avant. Il fallait également que j’aie un tampon à mon nom pour signer.

Note pvtistes.net : en Asie de l’Est, il est très courant que des tampons nominatifs, des sceaux, soient utilisés pour signer des documents officiels : hanko au Japon, dojang en Corée et yìnzhāng en Chine et à Taïwan.

Acheter ce tampon m’a coûté environ 7 euros. Je n’ai pas eu de frais d’ouverture de compte en banque et je ne paie pas non plus la carte. Cette démarche a été plutôt simple, bien qu’un peu longue : il faut prévoir de passer un peu plus d’une heure avec le conseiller pour l’ouverture de compte.

V- Les ressentis

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Ton aventure est encore en cours mais quels sont tes premiers ressentis sur le PVT à Taïwan ?

C’est moins facile que ce à quoi je m’attendais. C’est assez éprouvant, surtout la question du travail et le fait de ne pas mettre d’argent de côté. C’est quelque chose qui m’angoisse pas mal.

D’après ce que j’ai lu sur Internet, en Nouvelle-Zélande et en Australie (en PVT), c’est assez simple de trouver du travail, de gagner de l’argent et de mettre de côté. À Taïwan, ce n’est pas le cas, car les salaires sont bas.

Globalement, le ressenti est mitigé, car c’est vraiment une nouvelle aventure. Il y a des trucs super, comme la gentillesse des gens : ils sont vraiment prêts à aider, ça c’est vraiment quelque chose de très agréable. Aussi, le fait que tout est pratique : il y a tout et tout est ouvert tout le temps.

Je pense aussi que mon avis est mitigé, car, à cause de mon angoisse et de mon stress, j’ai été malade. Ça n’aide pas à se sentir complètement bien.

Mais maintenant, j’ai d’autres projets. Ma famille va venir me voir, donc j’ai ça à organiser, et ça me fait super plaisir. Ensuite, je vais peut-être aller au Vietnam. Après, je ne sais pas si je reprendrai les cours de mandarin pour trois mois encore ou si je vais voyager à Taïwan. Puis, je vais peut-être aller au Japon aussi. Avoir tout le temps des petits projets, c’est bien, car ça permet d’avoir un cap. Si je n’ai pas de projet, j’ai l’impression de m’ennuyer un peu.

Tu nous parles beaucoup d’argent, est-ce que tu dirais qu’il est difficile de s’en sortir sur place ?

Avant de venir, j’avais compris que c’était un peu pareil qu’en France, mais en fait, la vie est différente. Encore une fois, je ne suis pas à Taipei, donc je ne peux pas en faire une généralité, parce que là où je suis, les loyers sont moins élevés, par exemple. Mais j’ai l’impression d’avoir un moins bon pouvoir d’achat qu’en France si j’avais une situation similaire : un travail dans la restauration dans une grande ville qui n’est pas la capitale.

Les gens vivent plutôt simplement ici, alors qu’en France, on est habitué à un certain confort de vie. Par exemple, dans ma colocation, on a les affaires basiques pour vivre, mais ça reste peu équipé quand même (juste le gaz, pas de micro-ondes ou de lave-vaisselle, par exemple).

Comme je disais plus haut, en travaillant entre 42 et 45 heures par semaine, je gagne un peu moins de 1 000 euros par mois. J’ai 250 euros de loyer et environ 300 euros de dépenses pour la nourriture, si je mange dehors dans les endroits les moins chers. Mais si je décide de faire des restaurants un peu plus chers ou de faire quelques sorties pour boire des coups le soir, par exemple, l’addition est rapidement plus élevée. Et finalement, les quelque 1 000 euros de salaire peuvent être rapidement dépensés. Donc, on peut vivre avec simplement le salaire taïwanais, mais il faut quand même faire attention, et surtout ça ne permet pas de faire des économies.

Il faut être détaché de son pouvoir d’achat en France et se faire à l’idée de vivre plus simplement.

Je trouve aussi que mes économies sont parties plus vite que prévu, alors que je ne suis pas forcément très dépensière. Et pour réaliser mes autres projets de l’année, je me rends compte que je vais devoir continuer à puiser dans mon épargne. Je vais arrêter de travailler bientôt pour voyager un peu, mais après, il faudra que je retrouve un travail pour équilibrer les futures dépenses.

En conclusion, si on a un job classique payé au SMIC (190 TWD/l’heure depuis janvier 2025), il ne faut pas être trop dépensier dans l’ensemble si on ne veut pas trop toucher à ses économies.

Tu en a déjà parlé un peu plus haut, mais est-ce que tu as rencontré des gens facilement ?

Depuis que je suis à Taïwan, j’ai rencontré beaucoup de gens sympathiques avec qui j’ai discuté des traditions taïwanaises ou échangé des conseils de voyage. C’est surtout dans les auberges de jeunesse, avant de me poser, que j’ai fait des rencontres, même parfois dans les cafés, simplement en parlant avec la table d’à côté. Par exemple, avec une Taïwanaise, on s’est bien entendus et après elle m’a invitée chez elle à prendre le café et manger un gâteau avec ses amis.

Le contact est facile, mais après, pour établir des liens, c’est plus difficile. Pour les Taïwanais, on sent que la maison est un espace vraiment privé. Ce n’est pas comme en France où c’est habituel de faire des soirées chez les gens. Ici, on n’invite pas vraiment les gens chez soi, on se retrouve plus dehors, dans des parcs ou des cafés. Même dans ma colocation, chacun vit de son côté.

À lire : Témoignages : comment se faire des amis pendant son PVT ?

Qu’est-ce que tu aimes dans la vie à Taïwan ?

Ce que j’aime bien dans la vie à Taïwan, c’est que tout est pratique. Si on n’a pas envie de faire à manger on trouvera toujours quelque chose dehors. On peut manger plein de choses différentes, il y a toujours quelque chose à tester. Et ça, c’est assez bien.

Je peux aussi parler de l’aspect médical. Le système de santé est très bon. J’ai eu accès à un hôpital privé, mais les frais des soins n’étaient pas si élevés. Il y a pas mal de médecine chinoise aussi ; je n’ai pas encore testé mais a priori, c’est très bien.

Donc, à ce niveau, Taïwan n’est pas un endroit où il sera compliqué de se soigner. Par exemple, pour l’ophtalmo, j’ai eu un rendez-vous dans la journée, et pour un autre spécialiste des yeux, j’ai eu un rendez-vous une semaine après.

À l’inverse, qu’est ce que tu aimes le moins ?

Ce que j’aime le moins, c’est l’aspect vieillissant et mal entretenu des bâtiments et des rues.

Et ce qui m’énerve, c’est qu’il n’y a pas vraiment de place pour les piétons. Quand on est piéton et qu’on marche dans la rue, il faut tout le temps faire attention aux scooters. Il n’y a pas beaucoup de trottoirs.

Est-ce que tu aurais des conseils à donner aux futurs pvtistes à Taïwan ?

Le conseil que je pourrais donner à d’autres pvtistes, c’est celui que j’aurais dû suivre aussi. Ce n’est pas grave si vous n’avez pas de projet avant de partir, il faut se laisser le temps de faire des rencontres, quitte à bosser un peu dans des auberges de jeunesse.

Moi, j’ai accepté le travail au restaurant avant mon départ, mais j’aurais dû dire non et simplement vadrouiller d’auberge de jeunesse en auberge de jeunesse, ce qui m’aurait laissé le temps de souffler un peu.

Autre conseil, qui est plutôt un point à savoir : il faut quand même de l’argent de côté si on veut être tranquille, notamment à Taipei, qui est plus chère que les autres villes. Comme je disais, même en ayant un emploi, on dépense pas mal d’argent et l’année peut rapidement coûter cher.

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à les laisser en commentaire de cet article, Estelle pourra vous répondre.
Merci Estelle pour ton témoignage ! 🙂

Enola

Je m'appelle Enola, je suis Française, j'ai fait un premier PVT en Corée du Sud et un second au Japon. Je vous partage ici sur pvtistes, mon expérience. :)

Hi, I’m Enola from France. I completed a working holiday in South Korea, and in Japan. Stay tuned as I share my experiences here on pvtistes.

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