Tu as travaillé pour la même compagnie en France et au Canada, peux-tu nous en dire plus sur les différences au travail entre les deux pays ?
J’ai été très surprise les premiers temps parce que
les gens ne me disaient pas nécessairement “Bonjour !” en les croisant. J’avais eu l’habitude en France que tout le monde se dise bonjour en se croisant, même lorsqu’on ne connaissait pas la personne. Mais maintenant je me suis habituée, c’est la même chose lorsque je croise mes voisins dans la cage d’escalier : parfois on se dit bonjour, parfois on se sourit et certains rien du tout.
Moins de barrières avec la hiérarchie. Les gens sont très accessibles. D’un autre côté, je sentais un respect de la hiérarchie beaucoup plus présent qu’en France. Je suis superviseure en production, et c’est arrivé à plusieurs reprises que des employés me vouvoient. Ce qui ne m’était jamais arrivé en France.
Les personnes sont plus authentiques je dirais. Les personnes que j’avais à manager avaient moins de filtres qu’en France. Ils se confient beaucoup plus facilement sur leur vie, leur histoire personnelle. Parfois pour le meilleur, comme le pire.
L’évolution salariale est beaucoup plus rapide. On m’a augmentée sans que je ne demande rien, alors qu’en France j’avais dû attendre 3 ans avant d’espérer une évolution salariale, et elle était bien moindre qu’ici.
Le droit du travail est différent également. Je m’étais beaucoup renseignée pendant ma quarantaine avant d’entamer mon travail. En tant que manager, c’est essentiel de savoir ce qu’on a le droit ou pas de faire. Globalement, il y a moins de temps de repos légal entre les quarts de travail. Les gens qui démissionnent peuvent partir plus rapidement qu’en France, ça peut être du jour au lendemain sans préavis.
Je pratique beaucoup plus mon anglais ici qu’en France.
Autre truc tout bête les premiers mois, il faut s’adapter au QWERTY, mais on s’y fait. J’ai juste écrit quelques “qvec” au lieu de “avec” dans mes mails.
Mes premiers jours de travail, j’ai écrit ceci sur mes impressions “C’est bizarre comme mon ancien boulot ne me manque pas pour l’instant. J’ai l’impression que tout est moins rigide ici. C’est le bordel mais on l’accepte plus facilement.”
Je trouve qu’ici il y a moins le droit à la déconnection par contre. Lorsque les gens étaient en vacances ou rentrés chez eux, on les appelait soit pour pouvoir rentrer travailler (dans le cas des employés sur ligne), soit pour avoir quelqu’un pour nous aider sur des aspects techniques. Je devais appeler des gens parfois à 3 h du matin pour avoir de l’aide par exemple. On m’appelait 1 week-end sur 2, si ce n’est pas tous les weekend, etc.
Et forcément la première chose un peu “difficile” les premiers temps : la langue. J’avais des personnes à manager avec un accent beaucoup plus fort qu’à Montréal, qui avaient tendance à rouler les “r” pour certains. J’étais aussi dans un contexte bruyant en usine qui ne facilitait pas les choses. J’ai vite appris ce que voulaient dire les mots “pogner, “jamer”, “chaudière”… Et tout le vocabulaire mécanique qui était en anglais et non en français : “bolt”, “bearing”,“sensor”… Ça m’a parfois amenée à des situations cocasses, surtout en meeting de démarrage de quart où les personnes ne se sont pas gênées pour se moquer gentiment de moi avec mes bonnes expressions françaises. Finalement, comme pour tout, on finit par s’adapter.
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