En 2024 et 2025, le Canada a fait plusieurs annonces visant à limiter l’immigration et vous êtes nombreux à vous en inquiéter. Alors, qui est concerné par ces différentes mesures ?
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La plupart des mesures dont nous allons vous parler ont été décidées à la suite d’un constat problématique : il devient de plus en plus compliqué et cher de se loger au Canada. Réduire le nombre d’immigrants a pour objectif de limiter ce phénomène.
Les mesures qui touchent les étudiants et travailleurs temporaires (ou leur conjoint)
# 1 – Des quotas pour les permis d’études
Le Canada a annoncé la mise en place de quotas pour les permis d’études au Canada, limitant ainsi le nombre de nouveaux étudiants étrangers à 360 000 pour l’année 2024, soit 35 % de moins qu’en 2023. Il s’agit là des nouveaux permis d’études émis. Si on y ajoute les demandes de renouvellement de permis d’études, on atteint 485 000 permis d’études délivrés aux étudiants étrangers en 2024. En 2025, le Canada prévoit d’en délivrer 437 000 seulement.
# 2 – Des demandes de permis de travail pour les conjoints des étudiants limités à certaines études
Depuis le 30 avril 2024, il n’est plus systématiquement possible pour l’époux·se ou le·a conjoint·e de fait d’un·e étudiant·e au Canada, de demander un permis de travail ouvert. Désormais, l’étudiant·e doit respecter certaines conditions listées sur le site du gouvernement du Canada.
Dans le cadre des étudiants en maîtrise, dès fin 2024, il faudra que le cursus de l’étudiant soit d’au moins 16 mois.
#3 – Des demandes de permis de travail pour les conjoints limités !
En septembre 2024, le Canada a annoncé qu’il ne permettrait prochainement aux conjoints des travailleurs au Canada (pvtistes, jeunes professionnels, VIE, permis de travail sous mobilité francophone, permis de travail sous le PTET…) de demander un permis de travail ouvert que si leur conjoint travailleur occupe « un poste professionnel ou de gestion ou dans un secteur faisant face à des pénuries de main-d’œuvre ».
La date d’entrée en vigueur de cette mesure a été fixée au 21 janvier 2025 et des précisions sur les types d’emploi concernés ont été donnés. Pour en savoir plus : Le permis de travail ouvert pour les conjoints de travailleur/étudiant au Canada.
#4 – Un tour du poteau interdit aux demandeurs de permis de travail ou permis d’études
Le tour du poteau, c’est, en résumé, quitter le Canada pendant quelques minutes et y revenir par voie terrestre, pour demander ou valider un permis de travail ou d’études. En savoir plus sur le tour du poteau. Beaucoup de conjoints de pvtistes utilisaient le tour du poteau une fois qu’ils étaient éligibles à un permis de travail en tant que conjoint d’un travailleur au Canada. D’autres utilisaient le tour du poteau par exemple pour valider le permis d’études qu’ils avaient obtenu depuis le Canada, pendant leur PVT.
Initialement, cette interdiction ne concernait que les demandeurs de permis de travail post-diplôme (PTPD), c’est-à-dire les étudiants au Canada qui pouvaient, sous conditions, demander un permis de travail à la suite de leurs études. Dans un premier temps, donc, les demandeurs de permis d’études ainsi que les conjoints des travailleurs (pvtistes, jeunes professionnels ou autres) n’étaient pas concernés. Simplement, dans plusieurs postes frontières québécois, les tours du poteau pour les conjoints des travailleurs ne se faisaient désormais que sur rendez-vous.
Depuis le 24 décembre 2024, plus aucun permis d’études ou permis de travail ne peut être demandé lors d’un tour du poteau.
Cette mesure a été prise pour alléger la charge de travail des agents d’immigration canadiens et américains dans les postes frontières car les demandes de permis de travail y étaient trop nombreuses.
Pour obtenir ou valider un permis de travail ou d’études que vous auriez obtenu depuis le Canada, vous devez donc quitter le Canada et y revenir, de préférence par avion, pour limiter les risques de refus (par exemple, si vous allez en voiture ou en bus aux Etats-Unis pour quelques jours, nous ne pouvons pas vous garantir que l’agent d’immigration canadienne acceptera de vous délivrer un permis de travail ou d’études à votre retour au Canada).
# 5 – Des PTPD limités pour les étudiants dans des collèges / CEGEP
Quand on parle de collèges ou de CEGEP au Canada, il s’agit d’établissements d’enseignement supérieur (on pourrait les comparer à des voies de types Bac pro ou BTS selon les cas). Depuis le 1er novembre 2024, les étudiants dans des collèges publics du Canada ne sont éligibles à un permis de travail post-diplôme (PTPD) à la fin de leurs études uniquement si leur domaine de formation et en pénurie de main-d’œuvre à long terme.
# 6 – Un bon niveau de français ou d’anglais requis pour être éligible au PTPD
Depuis le 1er novembre 2024, les étudiants au Canada qui demandent un PTPD doivent pouvoir prouver qu’ils ont un niveau de français ou d’anglais d’au moins 7 (sur les Niveaux de compétence linguistique canadiens (NCLC)).
# 7 – Les visiteurs au Canada ne peuvent plus demander de permis de travail
Le Canada a annoncé que depuis la fin août 2024, il n’est plus possible pour les visiteurs (touristes) au Canada de demander un permis de travail directement sur le territoire canadien.
# 8 – Un gel de certaines demandes de permis de travail
Définition de quelques termes
Pour qu’un employeur canadien embauche un travailleur étranger, il doit passer soit par le Programme des Travailleurs Étrangers Temporaires (PTET), soit par le Programme de Mobilité Internationale (PMI), qui inclut notamment EIC et mobilité francophone. Ce qui suit ne concerne QUE le PTET.
Pour beaucoup de demandes de permis de travail au Canada dans le cadre du PTET, l’employeur d’un travailleur étranger doit faire une Étude d’impact sur le marché du travail (EIMT) – LMIA en anglais. Cela revient à dire qu’il doit prouver au gouvernement du Canada qu’il a tenté dans un premier temps de recruter un Canadien ou un résident permanent du Canada, mais qu’il n’a pas réussi à le faire et qu’il a donc besoin d’embaucher un travailleur étranger. Cette démarche coûte 1 000 $CA à l’employeur et requiert qu’il monte un dossier pour apporter les preuve de ses efforts de recrutement local.
# 8a – Les postes à bas salaires partout au Canada (dans les régions où le chômage est le plus important)
À partir du 26 septembre 2024, certaines demandes d’EIMT dans les volets des postes à bas salaires* ne seront plus traitées là où le taux de chômage est de 6 % ou plus (taux de chômage partout au Canada).
De plus, ces emplois à bas salaires donnaient lieu à des permis de travail de 2 ans. Ils seront limités dès le 26 septembre 2024 à 1 an.
EXCEPTIONS : ne sont pas concernés par cette mesure les « emplois saisonniers et non saisonniers dans les secteurs de la sécurité alimentaire (agriculture primaire, transformation des aliments et transformation du poisson), ainsi que pour les postes en construction, de santé ». Source.
# 8b – Les postes à bas salaires dans la région économique de Montréal et de Laval
Dès le 3 septembre 2024, le Québec a décidé de suspendre pendant 6 mois les demandes de permis de travail temporaires avec EIMT, dans le cadre du PTET, pour des postes à bas salaires* dans la région économique de Montréal**. Source officielle.
Cette mesure a été prolongée au 30 novembre 2025 et s’est étendue à la région administrative de Laval.
* Bas salaire = salaire inférieur au salaire médian dans la province ou le territoire canadien d’emploi.
** Région économique de Montréal = Baie‑d’Urfé, Beaconsfield, Côte‑Saint‑Luc, Dollard‑des‑Ormeaux, Dorval, Hampstead, Kirkland, L’Île‑Dorval, Montréal, Montréal‑Est, Montréal‑Ouest, Mont‑Royal, Pointe‑Claire, Sainte‑Anne‑de‑Bellevue, Senneville et Westmount.
EXCEPTIONS : plus domaines professionnels sont exclus de cette mesure, notamment les « secteurs de l’agriculture, de la construction, la transformation des aliments, l’éducation, de la santé et des services sociaux ». Source.
# 8c – Augmentation du salaire médian
Chaque province et territoire du Canada a décidé d’augmenter, à partir du 8 novembre 2024, son salaire médian de plusieurs dollars, limitant ainsi encore plus l’accès aux permis de travail dans le cadre du PTET. Toutes les provinces et territoires (à l’exception du Yukon) ont de nouveau augmenté leur salaire médian le 27 juin 2025.
Emplois non concernés par ces mesures relatives au PTET
Les 3 secteurs professionnels qui ne sont pas concernés par les deux mesures ci-dessous sont :
- la sécurité alimentaire ;
- la construction ;
- la santé.
Quelles conséquences pour les pvtistes et jeunes professionnels notamment ?
Pour votre PVT ou votre permis Jeunes professionnels, cela n’a pas d’incidence. En revanche, si votre permis de travail arrive prochainement à échéance et si vous aviez l’intention, par exemple en novembre 2024 ou en janvier 2025, de faire une demande de permis de travail temporaire au Canada, selon où se trouve votre emploi et le montant de votre salaire, vous pourriez voir votre projet remis en question.
Les mesures qui touchent les personnes souhaitant demander la résidence permanente
#9 – Un nombre réduit de futurs résidents permanents
Fin octobre 2024, le Canada annonce accueillir 485 000 nouveaux résidents permanents en 2024 et prévoir d’en accueillir moins ces prochaines années :
- 395 000 nouveaux résidents permanents en 2025 ;
- 380 000 nouveaux résidents permanents en 2026 ;
- 365 000 nouveaux résidents permanents en 2027.
# 10 – L’immigration au Québec : le PSTQ va remplacer le PRTQ
Le Programme Régulier des Travailleurs du Québec (le PRTQ) qui était depuis plusieurs années la voie la plus populaire des personnes souhaitant immigrer de façon permanente au Québec, deviendra, le 29 novembre 2024, le PSTQ, le Programme de Sélection des Travailleurs Qualifiés. Tous les détails de ce nouveau programme ne sont pas encore disponibles, mais vous trouverez dans notre article dédié au PSTQ les grands changements prévus.
# 11 – Suspension du PSTQ et du PEQ-diplômés (résidence permanente au Québec)
Fin octobre 2024, il a été annoncé que le Québec suspendait pendant 8 mois le Programme Régulier des Travailleurs du Québec (PRTQ) et son remplaçant (voir point # 10), le PSTQ, ainsi que le Programme de l’Expérience Québec (PEQ) pour le volet diplômés (c’est-à-dire pour les actuels étudiants au Québec) ; le volet travailleurs du PEQ n’est pas suspendu. Source.
Concrètement, si on prend l’exemple d’un pvtiste ou d’un jeune professionnel au Québec dont le permis de travail expire dans 6 mois et qui envisageait de demander la résidence permanente au Québec avant la fin de son permis de travail : il ne peut désormais plus passer par le PRTQ mais il ne peut pas non plus demander la résidence permanente via le PEQ qui, depuis sa réforme il y a quelques années, requiert 24 mois de travail dans un domaine qualifié au Québec, ce qui n’est pas atteignable en cours de PVT ou de permis Jeunes pro.
S’il veut rester au Québec avec un permis de travail qui nécessite (comme c’est bien souvent le cas) une Etude d’Impact sur le marché du travail :
- s’il trouve un employeur prêt à lancer des démarches avec lui dans une région où le chômage est inférieur à 6 %, son projet sera envisageable quel que soit son salaire ;
- s’il trouve un employeur prêt à lancer des démarches avec lui dans une région où le chômage est supérieur ou égal à 6 %, son projet ne sera envisageable QUE si son salaire est supérieur ou égal au salaire médian au Québec (voir plus haut les points # 8a et #8b pour plus d’informations).
Le PSTQ débutera graduellement en juillet 2025 et ciblera dans un premier temps les personnes déjà installées au Québec.
NOUVEAU – # 12 – Suspension du PEQ-travailleurs et prolongation de la suspension du PEQ-diplômés pour une durée de 6 mois
Du 5 juin au 30 novembre 2025, le PEQ-travailleurs (que vous étiez nombreux à demander après avoir cumulé 24 mois de travail qualifié à temps plein au Québec) est suspendu.
Quant au PEQ-diplômés, qui avait été suspendu en octobre 2024 (voir #11), il ne reprendra pas tout de suite puisque sa suspension est prolongée elle aussi jusqu’au 30 novembre 2025.
(45) Commentaires
Bonjour , je suis de nationalité française . J’ai deux enfants 10 mois et l autre a 7 ans. J’ai eu mon PVT récemment. Je souhaiterais savoir si mes enfants peuvent m’accompagner lors de mon voyage au Canada 🇨🇦. Et aussi est-ce que je dois également souscrire une assurance sur globe pvt pour eux. Merci de votre réponse
Bonjour, oui tes enfants peuvent venir avec toi, il va falloir demander une AVE pour chacun d’eux (plus d’infos ici : https://pvtistes.net/dossiers/partir-au-canada-en-famille/).
Ce n’est pas obligatoire de les assurer mais je te le recommande, c’est très important, la santé coûte si cher au Canada ! Par contre tu n’as pas d’obligation de souscrire 2 ans d’assurance pour eux, tu peux prendre 1 mois, que tu renouvelles tous les mois (avant expiration) ou tous les 3 mois 🙂
Si tu vas au Québec, après quelques mois normalement, ils pourront avoir la RAMQ (la sécurité sociale locale) mais dans tous les cas, elle ne couvre pas tout ou pas tout à 100 % donc l’assurance PVT peut venir en complément (mais la RAMQ permettra de prendre en charge les visites de routine, ce que ne prennent pas en charge les assurances voyage).
Pour ton enfant de 7 ans, il va y avoir la question de l’école. Si tu vas au Québec, je te recommande de contacter cet organisme gratuit qui pourra bien t’accompagner avant ton départ : https://pvtistes.net/tutoriel-pre-depart-citim/ 🙂
S’il vous plaît j’aimerais savoir si le quota de PMI+ pour 2024 est déjà atteint car je compte sur ce programme pour immigrer.
Si le quota est atteint, quand est-ce qu’on pourra commencer les invitations pour l’année 2025?
Bonjour, je ne vois pas l’évolution du quota en ligne, ils n’ont pas l’air de le montrer comme ils le font avec d’autres programmes. Sur leur page : https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/immigrer-canada/travailleurs-qualifies-quebec/programme-mobilite-internationale-plus-csq.html ils n’ont pas l’air de dire que le quota est atteint mais je te l’accorde, ce n’est pas clair :/
Bonjour,
Merci pour votre article qui m’éclaire beaucoup. Confirmez-vous que les permis de travail sous mobilité francophone ne sont pas concernés par ces nouvelles mesures?
Merci beaucoup,
Bonjour Jonas,
Oui, mobilité francophone n’est pas concerné 🙂
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