Nous sommes le 15 mars 2023, il est 19 h 30 et je reçois le précieux sésame tant attendu : ma lettre d’introduction. Ça y est, c’est mon tour, je me projette dans cette nouvelle vie depuis quelques mois déjà et je peux désormais fixer une vraie date pour mon départ.

Nous partirons le 12 octobre. Le temps de faire le point sur mes émotions, ce qui me prendra un petit moment, et il est déjà l’heure de commencer les préparatifs : ils sont nombreux. Les billets d’avions, l’assurance PVT, le logement, les bagages mais dans quel ordre commencer ?

Carnet de bord du départ

M-6 – Avril : l’excitation de l’annonce.

Le 8 avril, nous décidons de réserver nos billets d’avion car les prix fluctuent vite et on ne veut pas avoir à mettre la moitié de notre budget dans le transport. Quelques jours après, on souscrit à l’assurance Globe PVT. Elle est obligatoire pour le Canada pour toute la durée du PVT et nous décidons d’opter pour le paiement en plusieurs fois. En 3 fois pour être exact, ce qui nous laisse un peu de marge pour des achats annexes, comme les valises par exemple.

Je n’ai jamais pris de vols long courrier avant celui-ci, je ne sais pas quel type de valise acheter et je n’ai pas spécialement prévu de dépenser trop d’argent dans des bagages qui pourraient être maltraités pendant le trajet. À deux, nous sommes partis avec 6 valises en soute et 2 valises cabines, ce qui représente un achat conséquent.

Ainsi commence notre recherche à arpenter toutes les semaines les grandes surfaces pour comparer prix et produits. Les supermarchés font régulièrement des promotions sur les bagages et ont une large gamme, c’était donc pour nous la meilleure option.

Ma checklist mentale commence à prendre forme et je coche les premières cases, 6 mois ça parait si long mais je découvre vite que c’est très court. On l’annonce : “ça y est, on a pris nos billets, on part le 12 octobre !!”. À ce moment-là, l’excitation est telle qu’on ne s’occupe pas trop des émotions de nos proches qui vont nous voir partir, “c’est bon vous viendrez nous voir” on leur dit.

C’est ce même mois que je commence un nouveau job, et quel job ! Toutes les étoiles de l’univers s’alignent, tout s’imbrique parfaitement, ce travail me suivra jusqu’au Canada, je touche encore plus au départ.

M-5 – MAI : est-ce qu’on est sûrs que les journées durent 24 heures ?

Je vous conseille de réserver également assez rapidement votre logement. Si vous choisissez de passer vos premières semaines dans une auberge de jeunesse, vous vous assurez un toit et évitez ainsi le stress de dernière minute.
Si vous préférez résider en Airbnb, le réserver à l’avance vous permet de bénéficier des meilleurs prix et une fois de plus, de sa disponibilité.

J’ai fait l’erreur d’attendre et il n’y avait malheureusement plus beaucoup de logements disponibles et les prix avaient fortement grimpé. On doit donc réserver deux logements pour 3 semaines car il ne reste plus grand chose, juste le temps de trouver un appartement. Nous sommes fin mai, et on se dit que finalement le temps commence à passer vraiment vite.
Je rencontre ma première frustration. Il n’y a plus les logements que nous envisagions alors ma checklist mentale se brouille un peu. Je prends d’un coup conscience que le temps passe vraiment TROP vite et que je n’aurais peut-être pas le temps de tout faire.

Le mois de mai file aussi vite que ne fond un bonhomme de neige en plein mois d’août et nous sommes déjà le 1er juin.

M-4 – JUIN : ne pas oublier les rendez-vous importants.

On part dans 4 mois. ON PART DANS 4 MOIS ? Comment a-t-on pu passer de mars, le froid, la pluie et la lettre d’introduction, au mois de juin aux portes de l’été et surtout à 4 mois du départ ?

Je suis très mauvaise en calcul mental, à vrai dire je suis même dyscalculique (ce mot existe) alors j’ai tendance à raccourcir les choses à ma logique : les deux mois d’été ne comptent jamais dans l’année parce qu’ils sont trop courts et que personne n’est jamais disponible en même temps. Il me reste donc 2 minis mois pour m’organiser, juin et septembre. C’est un peu réducteur, mais je vous assure que c’est à cette vitesse que les semaines ont réellement défilé.

Je reprends ma checklist mentale, voyons :

  • caler mes derniers rendez-vous médicaux que je laisse traîner depuis des mois et surtout penser aux ordonnances nécessaires pour le départ,
  • rentrer voir ma famille, assez de fois pour ne pas avoir le sentiment de pas y être assez allée,
  • réserver des billets pour aller voir ma sœur,
  • organiser un repas avec mes amis, comme ils sont dispersés, il y aura 3 repas,
  • faire l’inventaire de l’appartement pour mettre en vente les meubles et organiser le déménagement,
  • faire le point sur ce qu’il manque pour partir.

Évidemment, il me faudra 3 rdv chez le médecin généraliste pour être à jour et penser à tout.

En juin je rentre voir mes parents, d’abord ma mère puis mon père, c’est la fête des pères d’ailleurs. Je convoque des repas de famille, je veux voir le plus de monde et le plus souvent possible. Les grands parents, les cousins, les oncles, les tantes, les amis, et évidemment tout ce joli petit monde est invité au Canada. Espérons juste qu’ils ne décident pas de venir TOUS en même temps, la place risque de manquer !

Les week-ends s’enchaînent et ne se ressemblent pas, et heureusement car les semaines sont devenues aussi courtes que juillet et août.

M-3 – Juillet : le tourbillon d’émotions commence.

« On va voir les valises ? » c’est ce qu’on se dit à chaque fois qu’on part faire les courses, par nostalgie du moment où on a acheté nos bagages. On aimerait presque se faire rembourser pour les racheter, juste pour revivre ce petit sentiment d’excitation.

J’ai déjà envie de faire mes valises d’ailleurs, mais c’est encore un peu tôt. Pour l’heure, direction Strasbourg car c’est l’anniversaire de ma grande sœur. Je n’en ai qu’une seule et parfois je me dis qu’heureusement ! Le week-end passe vite, trop vite et on se dit au revoir sur le quai de la gare “rentre-bien et écris-moi”. Pendant 5 minutes j’oublie, j’oublie que je pars dans 3 mois et que c’était peut-être (sûrement ?) le dernier au revoir. Et là, on maudit encore ce fichu temps de passer si vite et la checklist mentale devient une fois de plus complètement floue.

Tous mes week-ends de juillet et d’août sont organisés, et je n’ai pas casé tout le monde, alors comment je vais faire ? Je suis poisson, je suis née le 15 mars (oui oui, le même jour que l’arrivée de ma lettre d’introduction), alors autant vous dire que la gestion des émotions ne fait pas partie de mes qualités.
J’ai le cœur déchiré entre milles émotions, vous verrez vous n’y échapperez pas. La joie, la tristesse et en même temps “ce n’est pas la fin du monde on va se revoir”, le bonheur des moments passés avec ses proches et ses amis. C’est un peu comme si vous vouliez rire, crier et pleurer en même temps.

C’est le mois où je réalise qu’en partant je vais louper beaucoup de choses ici. Alors je panique et je remets tout mon départ en question (on se rappelle, la gestion des émotions : 0/10). Pourquoi je pars ? Est-ce que je fais bien ? Mais s’il arrive quelque chose à un membre de ma famille pendant que je suis loin ? Spoiler alert : je ne suis ni urgentiste, ni médecin, encore moins magicienne, alors même s’il arrivait quoi que ce soit, à qui que ce soit pendant que je suis encore en France, je ne pourrais rien faire. Je me ressaisis, c’est normal de paniquer, je quitte tout pour recommencer ailleurs.

M-2 – AOÛT : il est temps de se préparer.

Je vais être tata. J’attends ce genre de nouvelle depuis des années et ma famille se décide à faire des enfants quand je pars. Alors je re-pleure, de joie et d’amour surtout. Je touche du doigt mon rêve : je vais être la tata riche qui parcourt le monde. À la différence que je ne suis pas riche et que pour le moment la seule chose que je parcours, c’est mon appartement.

En un battement de cils nous sommes mi-août et je trouve que je n’ai pas assez vu la mer cet été. Ne négligez pas les petits détails de ce genre, ils sont importants. On file voir la mer dès qu’on trouve un peu de temps et on se dit que ça va nous manquer quand même un peu. Pendant que je regarde la plage, je ne peux m’empêcher de penser aux manteaux que je vais emporter avec moi et ceux que je vais laisser. Curieux de penser à ça sous 40 degrés mais on part tout de même au Canada..

Nous avons eu la riche idée, si je peux me permettre, de mettre nos meubles en vente début août. En septembre les étudiants emménagent et cherchent toujours des meubles et de l’équipement d’occasion, alors on en profite.
Notre déménagement approche à grands pas, il faut rendre l’appartement, couper les abonnements, changer d’adresse, prendre un nouveau forfait de téléphone plus adapté à l’international, etc.

On se goinfre beaucoup aussi en août, parce qu’on se dit que la nourriture française va beaucoup nous manquer et qu’il faut prendre des forces pour notre premier hiver canadien. C’est une bonne excuse pour manger beaucoup de fromage et faire une raclette en été.

M-1 – SEPTEMBRE : comment tu te sens ?

On y est, dans un mois, on s’en va. Ce mois de septembre sans surprise va passer en un claquement de doigts. Il faut faire et terminer les cartons qui ne nous accompagnent pas, vendre les derniers meubles et dire au revoir à l’appartement.

Il faut aussi faire les valises. Vous avez peut-être d’ailleurs été surpris par le nombre de bagages, nous aussi !! 6 valises en soute, ça fait 3 chacun et croyez-moi, la place manque rapidement. De mon côté j’aurais voulu tout emporter avec moi, c’est d’ailleurs ce que j’ai fait au début. Je commence ma première valise, pleine d’excitation et heureuse de l’arrivée imminente du départ. Je prends un peu de hauteur sur cette première valise et je me rends compte que j’ai pris beaucoup de choses, sauf des vêtements.
Des photos, des objets, des accessoires, comme si j’allais refaire ma chambre à l’identique en arrivant.
En concertation avec moi-même, je décide de faire une seule et unique boîte à souvenirs, dans laquelle je range les plus petits objets, un par proche que je souhaite emporter avec moi. Je trie ensuite les photos et je prends celles qui ont le plus de sens et qui me remonteraient le moral si je venais à avoir un coup de mou. C’est mieux, j’ai de la place pour prendre quelques livres, sans prendre toute ma bibliothèque non plus. Le choix sera dur alors je me raisonne et je décide de laisser ça pour la fin, “si j’ai de la place, je prendrais des livres”.

On part vivre chez notre famille pour la dernière ligne droite, ce qui nous permet de n’avoir plus en notre possession que les affaires qui nous accompagneront sur notre futur nouveau continent. Si vous avez la possibilité de rentrer chez vos proches avant de partir, ça vous enlèvera un gros stress !

Fin septembre, déjà. Je monte dans le train pour passer la première semaine d’octobre chez mes parents.

Samedi 30 septembre. Ça sera un garçon. Je serai tata d’un petit garçon. La journée de la gender reveal s’est passée sous le signe de la bonne humeur, de l’amour et des confettis bleus.

Il est 19 h 30 et ma famille arrive pour notre “repas de départ” comme je l’ai appelé. J’aime bien rendre les choses un peu plus théâtrales qu’elles ne le sont vraiment. On mange, on rit beaucoup, on nous demande “alors, vous êtes prêts à partir ?”, on profite les uns des autres et la soirée touche à sa fin. C’est le dernier jour de septembre et demain commence la course contre la montre.

J-12 – OCTOBRE : plus possible de faire demi-tour.

Nous sommes le dimanche 1er octobre et je rentre à Bordeaux le vendredi 6 octobre. Il me reste 5 jours. Je profite de chaque repas avec mes proches, de chaque minute, de chaque rire pour recharger mes batteries d’amour et mes souvenirs au maximum.

Vous vous souvenez des 3 repas à organiser ? Finalement il n’y en aura que 2 et j’ai prévu de réunir mes amis pour le deuxième, le 3 octobre. Je n’ai pas de groupe d’amis défini alors ce soir à table, tout le monde se mélangera. Et comme mes amis sont formidables, qu’ils ne se connaissent pas tous entre eux mais qu’ils ont l’air de plutôt bien me connaître moi, ils m’offrent une liseuse. Et comme ça, d’un coup, mon dilemme de place pour mes livres préférés dans la valise est résolu !

Les jours s’envolent et je vais encore être tata. Décidément, mes amies aussi décident de faire des enfants quand je m’en vais. Je prévois une nouvelle checklist mentale : rentrer en France pour l’arrivée de ces bambins.

Jeudi soir et ma maman me regarde du coin de l’œil “tu pourrais partir samedi sinon, sauf si bien sûr tu as quelque chose à faire à Bordeaux”. Au bout de la troisième fois je comprends le message pas si subliminal et je décale mon départ d’un petit jour pour passer un peu plus de temps avec elle. À peine le temps de lui rappeler comment le décalage horaire fonctionne et me voilà dans le train pour rentrer de Nantes à Bordeaux.

Nous sommes le lundi 3 octobre et je suis de mauvaise humeur 12 heures sur 24 tout le début de semaine (oui c’est beaucoup), parce que je ne sais pas comment gérer le départ autrement. Tout m’agace et un rien m’irrite. Je vérifie au moins 10 fois que l’on a imprimé tous les documents nécessaires au passage à l’immigration et à l’obtention de notre fameux permis de travail. J’ai peur d’en oublier, j’ai peur de louper le réveil jeudi matin, j’ai peur d’avoir oublié d’emmener quelque chose comme si je déménageais dans un endroit reculé du monde sans accès au moindre supermarché ou pharmacie.

Jour-J – 12 octobre – Aéroport de Bordeaux.

Je suis stressée, j’ai peur qu’il me manque un document, j’ai peur que pour une raison X ou Y on ne nous laisse pas rentrer sur le territoire. Et en même temps je ne tiens plus en place, j’ai envie de sauter partout comme le jour où mes parents m’ont emmené à Disneyland pour la première fois.
Tellement excitée que je ne vois pas le petit trottoir maléfique devant moi, et une des valises explose dessus. Oui, devant l’aéroport, mes vêtements tombent sur le trottoir. Heureusement, on a prévu des housses aspirantes pour la plupart de nos affaires, alors on s’assoit sur la valise, on se bat un peu avec la fermeture éclair et la valise se referme. Comme je suis poisson (on y revient), je me dis que c’est forcément un signe pour la suite de notre voyage. Je ne ferai pas de suspens, tout s’est parfaitement bien passé par la suite. Nos valises partent en soute et ainsi commence notre voyage. Bordeaux – Paris – Toronto.

Le vol durera 8 heures. Quelques films, un livre, trois siestes et nous arrivons. Ça y est, nous sommes sur un autre continent.

On enregistre notre arrivée aux bornes de l’aéroport afin d’être orientés vers le bureau d’immigration qui nous correspond. On attendra 40 minutes avant d’obtenir notre permis de travail. À l’aéroport de Toronto, vous disposez d’un bureau qui permet de faire votre NAS/SIN, alors on en profite pour gagner du temps sur notre installation qui sera déjà bien chargée.
On récupère nos valises et en route pour le centre-ville. Les premières images sont comme dans les films, des banlieues résidentielles et des maisons en briques, puis des buildings. Tout est comme on en rêvait.

Ainsi commence notre PVT, il est 19 h et les lumières de la ville sont à couper le souffle. Le stress des dernières semaines s’envole, ça y est on l’a fait. On est partis et finalement ce n’est pas si pire. Le monde ne s’est pas arrêté de tourner, nos familles sont ravies pour nous et le planning des visites est même déjà organisé ! Nos premiers invités arrivent en décembre.

Il est 21 h, demain est le premier jour de notre nouvelle vie, on a hâte de découvrir la ville et notre nouveau pays.

Lisa

Je suis arrivée en PVT à Toronto en octobre 2023, le début 2 jolies années pleines d'aventures que j'ai hâte de vous raconter ici !

My adventure in Toronto started on October 2023, so if you have any question let me know, I'd be happy to share my experience here. :)

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(1) Commentaire

Mathieu I |

Bravo pour cet article très complet !

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