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Bonjour, peux-tu te présenter ?
Hello, moi c’est Clothilde ou Clo for short. J’ai 39 ans, je suis originaire de Bergerac et j’habite actuellement à Vancouver au Canada en tant que résidente permanente (depuis 3 mois, youhou). Après un Master en Commerce International et 5 ans de CDI chez Cdiscount en tant qu’acheteuse, j’ai tout plaqué pour faire un tour du monde en sac à dos solo. Meilleure décision de ma vie ! Après ça, j’ai vécu 2 ans à Barcelone mais après une séparation, j’ai tout plaqué de nouveau et je suis partie pour 2 PVT après 30 ans : un au Canada, puis un autre en Australie.
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Pourquoi as-tu décidé de partir en PVT à 34 ans, puis à 37 ans ? Est-ce que tu penses que c’était un avantage d’avoir commencé plus tard ?
Le PVT n’était pas vraiment promu à mon époque. Et puis la vie m’a d’abord emmenée sur des chemins différents. Un CDI, puis un tour du monde d’1 an, puis 2 ans à Barcelone avant que je réalise “Oh tiens, ça a l’air cool le Canada en PVT, si j’essayais ?”. Et pouf, j’ai eu la chance d’être sélectionnée au bout d’un mois. Mais j’avais déjà 34 ans. Et pour l’Australie, j’étais au Canada et je me suis dit que ça serait vraiment dommage de passer à côté du PVT Australie alors qu’il était encore temps donc je me suis inscrite au dernier moment (6 jours avant mes 36 ans, pour être sûre de l’avoir). J’ai pensé à faire l’Argentine aussi mais ça ne rentrait plus niveau timing !

Je suis arrivée sur le territoire australien à 37 ans et demi. Je pense que je tiens le record de la plus vieille pvtiste !

Mon seul regret est que je n’ai pas pu faire de 2e année en Australie car les restrictions sont les mêmes que pour le 1er PVT (avoir moins de 36 ans révolus). Ce que je trouve dommage car je suis capable comme tout le monde de bosser 88 jours dans les fermes.

Je pense qu’il y a des avantages à partir jeune ou moins jeune. Quand on est jeune, on a l’insouciance et l’énergie de pouvoir tout faire alors qu’en partant un peu plus tard, on a plus d’expérience et de maturité et ça peut rendre les choses plus faciles. Après je pense que tous les âges sont bons pour partir, les expériences seront juste différentes.
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Pourquoi avoir choisi le Canada et l’Australie pour tes PVT ?
Parce que ce sont des pays anglophones (bilingue pour le Canada) et que j’adore parler anglais et c’est aussi facile d’accès. Bon, pour le Canada il faut avoir un peu de chance pour le tirage au sort mais une fois sur place, tout est assez simple. Ce sont 2 pays dont les cultures et les paysages m’attirent beaucoup. Et je n’ai pas été déçue ! Il y a une vraie ouverture d’esprit, beaucoup de bienveillance et d’entraide. Ce sont vraiment 2 pays super agréables pour s’expatrier.
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Comment as-tu vécu l’incertitude du PVT en période de COVID ?
J’ai vécu le COVID de plein fouet à Montréal. J’avais prévu de partager mes 2 ans de PVT entre Montréal et Vancouver, mais j’ai dû rester à Montréal pendant tout mon PVT. Heureusement j’ai reçu des aides de l’État pour survivre pendant ce temps car je travaillais dans l’événementiel et c’était un des premiers secteurs touchés. J’ai pu aller vivre à Vancouver un an grâce au programme de Mobilité Francophone ensuite donc au final ça ne m’a pas tant impactée.

Pour l’Australie, je stressais un peu car le visa mettait du temps a être accordé et s’il ne l’était pas au bout d’1 an, je perdais mon éligibilité à cause de l’âge. Heureusement je l’ai eu au bout de 6 mois et je suis partie 363 jours après. J’ai osé jusqu’au bout. L’Australie avait mis en place un visa spécial COVID pour garder les détenteurs de visa provisoire (comme le PVT) sur leur territoire pendant le COVID. Il fallait être présent sur le territoire pour faire la demande et être dans les 90 derniers jours de son visa de travail actuel. Je l’ai raté à 10 jours près et n’ai pas pu faire de 2e année.
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Quel a été ton plus grand défi en PVT ?
La perte de mon 4×4 acheté 3 semaines avant ! Après avoir travaillé et économisé pendant 8 mois, je me suis achetée un 4×4 pour finir mon PVT en voyageant autour de l’Australie. Je l’ai acheté à distance (j’étais au fin fond du Vanuatu dans un resto perdu avec peu de réseau coordonnant le vendeur, le mécanicien qui vérifiait la voiture, une amie d’amie que je ne connaissais pas qui récupérait la voiture et ma meilleure amie qui faisait le virement car j’étais à l’étranger et ne pouvait pas le faire. Bref, un sacré bordel mais ça a fonctionné).

J’ai récupéré ma voiture à Darwin au Nord de l’Australie et le projet était de faire le tour de l’Australie par l’Ouest et revenir à Sydney, le tout en 3 mois. Le voyage a duré 3 semaines. L’histoire est rocambolesque mais pour la faire courte, après une première panne et un sauvetage in extremis dans un garage dans une toute petite ville qui avait le même modèle de voiture que moi en casse et qui m’a changé le radiateur en 2 temps 3 mouvements, on est reparties (avec ma meilleure amie qui m’avait rejoint pour les vacances) toutes heureuses avant que la voiture ne relâche quelques centaines de kilomètres plus loin. Cette fois c’était la bonne, résultat sans appel après avoir fait le tour de 3 garagistes : joint de culasse. J’ai dû abandonner la voiture dans un bled pour pouvoir finir le voyage avec ma meilleure amie jusqu’à Perth pour qu’elle puisse prendre son avion. J’ai finalement rapatrié la voiture sur un camion pour 700 $ pour au final la vendre pour pièces pour 1 400 $… J’ai perdu presque 8 000 $ et mon voyage a été écourté. J’ai dû travailler à Perth pour finalement retourner à Sydney en avion avec mon rêve aux oubliettes….

Ça a été une épreuve super difficile ! La perte d’argent, l’arrêt soudain du voyage, le rêve brisé. Mais bon, c’est la vie, ça arrive. Le pire c’est que ce n’est pas la faute du vendeur, j’ai acheté une voiture en bon état et j’ai fait une super affaire. Si ce boulon n’avait pas sauté à cause des routes cabossées de l’outback, j’aurais sûrement pu faire mon voyage jusqu’au bout et même revendre la voiture à bon prix à Sydney. Ça a été une bonne occasion de tester mon sens de l’adaptation et ma capacité à rebondir. Je peux vous dire qu’après avoir vécu ça, je sais que j’en ai de bons !

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Quelles différences as-tu remarquées entre la vie au Canada et en Australie ?
Le climat ! C’est sûr que c’est quand même une grosse variante à prendre en compte. J’ai passé 2 ans à Montréalles hivers sont quand même bien froids. Mais c’est vraiment chouette à vivre. Quant à Vancouver c’est full pluie et gris l’hiver. Par contre, les étés au Canada sont fabuleux !!! En Australie, tu peux vivre l’été toute l’année en fonction de la région où tu vas. Mais tu peux aussi te peler l’hiver si tu décides d’habiter à Melbourne ou en Tasmanie.

Et puis le Canada est un pays “bilingue”. Bon surtout à Montréal. Mais pour quelqu’un qui ne parle pas anglais, ça facilite beaucoup les choses (c’est d’ailleurs pour ça qu’il y a énormément de français à Montréal).

Et puis les paysages évidemment ! Les 2 pays te mettent des grosses claques visuelles mais chacun de façon différente.

Ah et petit bonus pour l’accent ! L’accent australien est quand même épique “mate”. Alors que le canadien est très lisse et facile à comprendre.
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Tu as participé à l’émission Échappées Belles en Australie. Comment cette expérience s’est-elle présentée et qu’as-tu retiré de cette aventure ?
Grâce à pvtistes.net bien sûr !!! J’ai vu passer une story sur votre compte Instagram disant qu’ils cherchaient des candidats pour participer à l’émission. J’ai envoyé ma candidature aussitôt et j’ai été retenue. Ils m’ont suivi 2 jours pendant mon roadtrip en van dans le sud de l’Australie. C’était super chouette comme expérience. J’adore l’émission (quel voyageur ne l’aime pas ?) et c’était un honneur d’y participer. C’était un petit sujet dans la grande émission mais c’était déjà super. J’en ai retiré de beaux souvenirs et de belles expériences que je n’aurais pas vécues sans eux (découvrir la péninsule de Mornington, faire du paddle, aller dans une oliveraie…). Et puis c’est marrant de se voir à la télé.
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Comment as-tu trouvé le marché du travail au Canada et en Australie ? Y a-t-il des différences notables entre les deux pays ?
Je dirais que ça dépend vraiment dans quelle branche tu cherches. Certains secteurs sont très demandeurs (ex : santé, informatique, restauration…) et certaines personnes vont trouver du boulot en un rien de temps alors que d’autres secteurs peuvent être plus bouchés. J’ai vu des gens chercher du travail pendant des mois, en vain. Pour ma part, j’ai la chance d’être très polyvalente et je ne cherchais pas d’emploi fixe à temps plein donc je n’ai jamais eu trop de difficultés à trouver. Ce qui est vraiment cool dans les 2 pays c’est que les employeurs s’intéressent d’autant plus à ta personnalité, qui tu es, ce que tu peux apporter à l’entreprise, qu’à tes diplômes et ton expérience précise par rapport au poste. En gros ils donnent la chance à tout le monde plus facilement.

Au Canada, surtout côté Vancouver, il est souvent difficile d’obtenir des réponses de la part des entreprises qui sont adeptes du “ghosting” et ça peut être décourageant. Une énorme différence aussi dans les 2 pays par rapport à la France est que l’emploi peut prendre fin du jour au lendemain, de la part de l’employeur ou de l’employé. Ça apporte une énorme flexibilité mais aussi un risque pour les 2 parties de perdre son emploi ou son employé du jour au lendemain. Mais du coup tout le monde donne le meilleur de soi pour que ça marche. Perso, je trouve que c’est un gros avantage.

La dernière chose qui marche énormément dans les 2 pays, c’est le réseautage et le bouche à oreille. Beaucoup de plans se passent par les réseaux ou les groupes ! Il ne faut pas hésiter à être présent et à partager ses recherches et ses besoins. Il y a toujours quelqu’un qui connait quelqu’un qui cherche quelqu’un !
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Qu’as-tu fait pendant tes deux PVT ?
Au Canada, j’ai travaillé dans l’événementiel puis le COVID est arrivé donc j’ai pris du temps pour moi et je me suis formée en photo. Après le COVID, j’ai donc fait un peu de photo en plus de reprendre quelques contrats en événementiel. Puis j’ai fini mon PVT en voyageant pendant 2 mois entre Montréal et Vancouver (en passant par l’île de Vancouver) en van avec une super nana rencontrée à Montréal ! C’était génial.

Et en Australie j’ai fait un peu pareil. J’ai bossé 7 mois à Sydney en faisant plein de jobs différents (restauration, Ubereats Delivery, réceptionniste dans un salon de massage pour adultes, mécanicienne pour scooters, space analyst, installation de décorations, peintre, dog walker et sitter…) et après je devais voyager 3 mois à travers le pays avec mon 4×4. Bon
comme vous avez lu plus haut, ça ne s’est pas passé comme prévu… Mais clairement c’est l’avantage énorme du PVT, cette liberté absolue entre travail et kiff.
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Selon toi, faut-il parler anglais pour trouver du travail et s’intégrer ?
Disons que c’est mieux mais pas non plus obligatoire. Ça dépend aussi du niveau de débrouillardise et de volonté que les gens ont. J’ai connu des gens arriver sans un mot d’anglais et super bien se débrouiller et apprendre sur le tas. Il faut juste ne pas avoir peur et y aller. Et aussi accepter de commencer en bas de l’échelle. Mais il n’y a rien de mieux que de s’immerger pour apprendre plus vite.
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Ces emplois un peu atypiques ont-ils changé ta vision du travail en PVT ou ont-ils enrichi ton expérience de manière particulière ?
Ils ont changé ma vision du travail en général. Depuis mon PVT à Montréal je vis de jobs à droite à gauche en fonction de mes envies et des opportunités qui se présentent et je pars voyager quand les finances me le permettent. Du coup, ça a énormément enrichi mon panel de compétences. On dit souvent que je suis capable de tout faire. Bon peut-être pas tout mais beaucoup de choses. Ça m’ouvre pas mal de portes et me permet de ne pas trop stresser sur le fait de trouver du travail. Surtout que je parle anglais couramment, ça aide aussi.

Je trouve que c’est un mode de vie qui me convient bien. Et sans le PVT je n’aurais peut-être pas expérimenté ce mode de vie à ce point. Après, chacun son style, je sais que mon mode de vie ne conviendrait pas à tout le monde.

En me donnant le goût de la liberté entre travail et vacances. Je suis passée de PVT à VVT : Vie Vacances Travail.
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Est-ce que c’est facile de connecter avec les locaux et se faire des amis?
J’entends trèèèèès souvent des Français se plaindre que c’est difficile d’avoir des amis canadiens ou australiens, qu’ils sont fermés et ne les acceptent pas dans leur cercle. Et je réponds tout le temps : combien as-tu d’amis, et je dis bien amis, étrangers dans ton cercle proche en France ? Et souvent ça remet les choses en perspective. Il ne faut pas oublier qu’un PVT reste provisoire et que beaucoup de gens n’ont pas envie de s’attacher et de créer des liens avec des gens de passage. Ça ne veut pas dire que c’est impossible mais juste que ce n’est pas évident. Aussi, il est beaucoup plus facile de connecter avec sa propre communauté (française en l’occurrence), grâce à tous les groupes et réseaux sociaux. Et on à beau dire, quand on se retrouve entre Français autour d’une bonne bouffe et qu’on partage la même culture et les mêmes références, ça fait quand même plaisir !
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Justement, comment faire des connaissances quand on ne connaît personne ?
Les groupes Facebook ! Ma source numéro 1 de bons plans et d’activités sociales. Allez aux meetups, proposez ou rejoignez une sortie ou une activité. Les gens sont très ouverts et beaucoup sont dans le même cas donc les connexions se font facilement.
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Quel a été ton meilleur souvenir de tes PVT ? Et le pire ?
Il y en a tellement : le roadtrip à travers le Canada en van, les roadtrips en Australie, les rencontres exceptionnelles, les jobs atypiques, la participation à l’émission Echappées Belles, faire de la luge en plein centre de Montréal en hiver, passer Noël à la plage à Sydney. C’est une expérience de fou le PVT.

Bon le pire je pense que ca restera mon 4×4 mais j’en garde quand même de bons souvenirs.
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Quel conseil donnerais-tu à ceux qui hésitent à partir en PVT après 30 ans ?
De ne pas hésiter ! Après il sera trop tard… et moi qui ai quand même eu la chance d’en faire 2, je regrette de ne pas m’y être prise plus tôt pour en faire plus ! Alors go ! Aller vivre à l’étranger ne sera jamais un trou dans un CV mais une vraie opportunité. Ça ouvre des portes de dingue, professionnelles mais aussi personnelles ! On s’ouvre, on se découvre, on grandit, on se challenge, on se débrouille, on apprend, on fait des super rencontres, on fait des jobs auxquels on aurait jamais pensé, bref on s’éclate. C’est une expérience de vie incroyable.
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Quels sont tes projets futurs ?
Obtenir ma citoyenneté canadienne d’ici 2 ans (j’ai eu ma résidence permanente après 3 ans de parcours du combattant), surement m’inscrire à Pékin Express pour mes 40 ans l’année prochaine (envoyez-moi des bonnes ondes), continuer à faire de la photo et mille jobs différents, développer de nouvelles compétences, continuer à apprendre le portuguais (en plus de l’anglais et de l’espagnol que je parle couramment), globalement trouver un moyen de voyager 2 à 6 mois dans l’année voire full time et tout simplement continuer à kiffer la vie !
Lucie

Je m’appelle Lucie, j’ai 21 ans et je suis en alternance pour deux ans chez pvtistes.net dans le cadre de mon master en communication et marketing.
Mon interview : https://pvtistes.net/interviews/lucie-equipe-pvtistes/

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(1) Commentaire

Morgane I |

Quel parcours ! Merci beaucoup pour ce témoignage très inspirant ! Et je crois les doigts pour toi pour Pékin express :’)