- Âge : 32 ans
- 3 PVT en solo, 2 ans en Australie (2011 à 2013), Nouvelle-Zélande (2014), Canada (2016 à 2018)
- Domaine professionnel : Aménagement du territoire
- Activités pendant le PVT : Ouvrière agricole, manager dans un lodge et différents volontariats (tourisme, sauvegarde de l’environnement, apiculture, etc).
- Économies à l’arrivée :Australie : 3 000 $, Nouvelle- Zélande : 2 500 $ et Canada : 2 500 $
Un malentendu qui va créer une expérience inoubliable
Je suis allée faire du WWOOFing* en Tasmanie. Je faisais un volontariat dans une forêt de manukas** pour attraper des diables de Tasmanie (qui sont en voie de disparition). Mon hôte m’a dit « Tu devrais aller faire du miel de manuka, il y en a plein en Tasmanie ». C’était une super idée, d’autant que ce miel a la cote sur le marché ! Une fois mon volontariat avec lui fini, je suis allée sur mon profil HelpX*, j’ai tapé le mot-clé « bees » et je suis tombée sur une offre avec la mention « working bee ». Je me suis dit que c’était génial, il y a de la forêt et des abeilles… J’ai à peine lu la description ! J’ai directement reçu une réponse positive. L’hôte est venu me chercher à l’auberge le lendemain et on a roulé vers le nord. Il y avait cinq ou six autres volontaires dans le van, j’étais au fond et je n’entendais pas bien ce qu’il se disait. Quand ils m’ont demandé ce qui m’attirait dans leur offre, je leur ai raconté qu’on m’avait parlé du miel de manuka, à quel point c’était excellent, que j’avais toujours voulu en apprendre plus sur l’apiculture et que c’était pour ça que j’étais là. L’hôte m’a répondu « Mais qu’est-ce que tu racontes ?! ». Il s’est retourné vers son collègue et lui a dit « Bungy, tu as acheté du miel ? Cette volontaire a l’air d’avoir envie de miel ».
Du coup, je lui ai demandé où on allait et il m’a répondu « Mais t’as pas compris ? En fait, on va travailler ensemble, « working bee », ça veut dire qu’on va faire un travail d’abeilles, soudés, ensemble, c’est pas du tout pour aller récupérer du miel ! ». Il y avait un autre volontaire à côté de moi, un Australien, qui m’a dit : « Moi non plus, j’avais pas compris ça ! ». Là je me suis dit « Mais merde ! On va où, là ? ». Ça faisait déjà deux heures qu’on était partis.
On allait dans la forêt du Tarkine en Tasmanie. Elle est menacée de destruction parce qu’il y a de l’aluminium et des métaux précieux. C’est une forêt primaire magnifique avec des arbres millénaires. Donc en fait, j’étais dans un van avec des environnementalistes, pour aller protéger cette forêt ! Ils veulent créer des chemins de rando dans la forêt avec un camp de base afin d’attirer des touristes et prouver que le tourisme est plus viable que les mines sur le long terme dans une optique de développement durable.
C’était génial, je me suis régalée, on est restés deux semaines dans la forêt, on dormait dans des tentes messes***, il n’y avait pas de douche à proprement parler. Juste une petite cheminée, un ukulélé, du vin, des volontaires heureux et une super ambiance.
Un jour, après six heures de marche de reconnaissance avec des machettes et du scotch rose pour retrouver notre chemin, on a trouvé un point de vue magnifique au beau milieu de la forêt primaire, là où personne n’avait été, l’organisateur s’est mis à pleurer. Il s’est dit « Voilà, on a trouvé quelque chose de bien, on va peut-être réussir à sauver cette forêt ». J’en avais des frissons, c’était très émouvant. Le lendemain, on remballait pour redescendre à la ville avec le sentiment du devoir accompli. Depuis, je suis leurs actions et une grande marque de vêtements de plein air s’est même intéressée à leur projet : Patagonia en a fait un joli documentaire.
D’autres volontariats très originaux
En Australie, j’ai vraiment eu des expériences assez originales ! En fait, tout était original ! Avec des potes rencontrés en Australie, on a aidé des exploitants à faire les regroupements de troupeaux : il y a à peu près 16 000 têtes de bétail sur un territoire grand comme la Corse, dans le nord-ouest. Ils vont les chercher tous les vendredis en période sèche avec des hélicos et des 4X4 ! Du coup, nous on était au sol dans un 4X4, en relation avec l’hélico, pour aller chercher le bétail et le ramener dans les enclos. Ensuite, on leur coupait les cornes, on les mettait dans le camion et après, soit ils partaient dans le sud, vers Perth, soit ils partaient vers Darwin, comme dans le film Australia, pour ensuite partir en Indonésie.
Toujours en Australie, suite à mon petit loupé « working bee », je vais sur HelpX et qu’est-ce que je trouve ? Un vrai apiculteur ! (rires) J’ai vécu avec lui pendant quinze jours entre mes deux saisons de cueillette de mangues. Là, effectivement, j’ai appris à faire du miel ! Et voilà, ça y est, la boucle était bouclée par rapport au miel ! Ce n’était pas juste un working bee mais un work with bees !!!
Au Canada, j’ai trouvé un volontariat dans un lodge, qui emmenait les touristes pêcher sur le lac de Yellowknife, dans les Territoires du Nord-Ouest. Dans l’équipe, il y avait un manager, une assistante manager et une dizaine de volontaires qui préparaient la saison d’hiver (c’est la grosse saison, avec motoneige, aurores boréales, activité pêche sous la glace, etc.). Je suis restée deux mois puis, plus tard pendant mon PVT, j’y suis revenue faire du volontariat pendant deux mois. Mon expérience bénévole au lodge pendant l’été m’a aidée, j’ai rapidement eu plus de responsabilités et suis même devenue assistante manager (rémunérée). Vivre dans une communauté fermée et gérer un lieu loin de tout, ça crée forcément des liens forts. J’avais l’impression d’être à la maison et de recevoir des amis chez moi (les clients) tous les trois ou quatre jours. C’est un lieu magique ! Je ne serais pas repartie si je n’avais pas trouvé un super job après ça !
Une employée du lodge était originaire de Churchill, ville dont j’avais entendu parler en lisant l’expérience de Florence, sur pvtistes.net. Florence avait été volontaire au Centre de recherche des études nordiques (Churchill Northern Studies Center). Je me suis dit que même si c’était pour faire le ménage et la nourriture pour les scientifiques, c’était quand même un environnement extraordinaire où je pourrais aller voir des bélugas une fois par semaine ! J’ai postulé trois fois, sans réponse. Ma collègue m’a suggéré de postuler directement pour un job rémunéré, vu que j’ai le permis bateau. Je n’y avais pas pensé ! Elle m’a donné les coordonnées d’une personne à contacter… De fil en aiguille, j’ai réussi à enfin passer un entretien par téléphone satellite, un jour de gros blizzard. Ils cherchaient une francophone avec le permis bateau : trois semaines plus tard, j’ai eu le job !
Je comptais aller à Churchill en train mais une énorme tempête avait brisé la voie de chemin de fer en une dizaine d’endroits. J’ai donc pris l’avion de Winnipeg.
Une fois sur place, j’ai mené des excursions en zodiac, en kayak ou en snorkelling pour aller voir des bélugas dans la rivière Churchill et la baie d’Hudson. Les bélugas viennent et mordillent la pagaie… Tu as vraiment une relation extraordinaire avec ces animaux-là ! Il n’y en a pas un ou deux, mais une dizaine à te suivre !
Ensuite, pendant la saison des ours, j’ai été guide junior. J’accompagnais le guide senior à bord d’énormes camions d’observation dans la toundra, pour aller chercher des ours polaires et observer la faune et la flore uniques de cet environnement pourtant si désert en apparence…
Au final, je suis restée à Churchill de juin à novembre. Après, la baie d’Hudson se referme et gèle, donc les ours repartent à la chasse au phoque.
Je suis ensuite retournée à l’ouest où j’ai fait un volontariat sur une plateforme de plongée, au nord de l’Île de Vancouver. J’ai ainsi pu explorer la diversité des fonds sous-marins du Pacifique par une eau à 10 °C et apercevoir des orques et des lions de mer ! J’étais isolée : la plateforme est à quarante-cinq minutes de bateau de l’île la plus proche. Il n’y avait pas de réseau internet ni de téléphone, ni d’électricité, juste un générateur à allumer quelques heures par jour.
Avant la fin de mes deux ans au Canada, j’ai trouvé un dernier volontariat sur l’archipel d’Haïda Gwaïi (à la frontière entre la Colombie-Britannique et l’Alaska), qui était extraordinaire. Il s’agit de l’île où tous les gros totems que l’on voit au Canada ont été sculptés ! Je me suis dit que ça avait l’air dingue niveau nature ! Même le voyage pour y aller était une aventure : j’ai pris le ferry du Passage Intérieur depuis Port Hardy jusqu’à Prince Rupert : deux jours dans les fjords, à observer des baleines, des orques, des ours noirs et écouter les histoires des locaux. La compagnie qui m’a accueillie emmène les visiteurs dans le parc national qui est au sud de l’archipel. Il y a une base en ville avec des kayaks, d’où partent des tours organisés ou en autonomie, ainsi qu’un lodge flottant, beaucoup plus éloigné. Moi qui ai vécu dans un lodge et sur une plateforme, je pense que j’étais un peu la candidate idéale pour aller bosser là-bas. C’est super isolé, il n’y a pas de relation avec la terre, c’est une maison qui flotte au milieu des orques et des baleines… L’eau arrive de la montagne par des tuyaux, il y a des ours noirs partout, et la nuit du plancton bioluminescent, c’est complètement fou ! Il faut une heure de voiture puis deux heures de zodiac pour rejoindre ce petit paradis, c’est vraiment compliqué d’y aller mais le trajet en vaut tellement la peine !
Dans ce petit lodge, il y a un couple de cuisiniers qui alterne avec une fille qui est toute seule, c’est pour ça qu’ils cherchent tout le temps des volontaires pour compléter le binôme, j’étais là pour aider cette personne !
L’importance des rencontres durant le PVT
Pendant ma première année en Australie, les rencontres, c’était surtout avec d’autres pvtistes, mais on ne creusait pas, surtout en road trip. Tu fais des rencontres, tu passes une ou deux soirées ensemble, tu échanges des bons plans, mais ensuite tu continues ta route. Alors qu’en faisant du WWOOFing et du HelpX, là je me suis dit que ce n’était pas superficiel.
Des expériences passionnantes mais un besoin de rentrer
J’ai eu plusieurs propositions pour rester soit en Australie, soit au Canada, mais en mon absence, il y a eu plusieurs maladies dans ma famille, ça m’a fait de la peine de ne pas être là, de manquer tous ces moments donc j’avais envie de rentrer, de passer du temps avec ma famille et mes grands-parents pendant qu’ils vont bien. Parce que toi tu grandis, mais eux, ils vieillissent… C’est différent !
Quand j’étais avec cette petite grand-mère sur l’Île de Quadra au Canada, lors d’un HelpX, je me suis dit « Qu’est-ce que je fais ici à aider une grand-mère, que je ne connais pas, alors que je pourrais très bien aider la mienne à faire son jardin ? ». C’est aussi pour ça que je suis rentrée. Alors certes, il y a moins d’ours et de bélugas, mais il y a plein de gens géniaux sur ma belle île corse !
S’il ne fallait qu’un mot pour résumer ces trois PVT
Un mot qui me revient régulièrement : UNEXPECTED (inattendu). Toutes les opportunités que j’ai eues pendant mes PVT se sont enchaînées grâce à seulement une ou deux personnes rencontrées un peu par hasard et qui me renvoyaient à d’autres ! À chaque fois, c’était complètement inattendu. Si je devais écrire un livre sur mes aventures, ce serait justement le titre !
* L’un des réseaux de volontariat mettant en relation des hôtes et des bénévoles.
** Le manuka est un arbre poussant à l’état naturel en Nouvelle-Zélande et en Australie.
*** Vastes tentes ressemblant à des chapiteaux, servant habituellement à prendre les repas en groupe.
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