12 Nora, Russie

L’appel de la Russie

Pendant mes études, j’ai fait du russe, j’ai toujours été passionnée par les pays de l’Est et je m’étais dit qu’un jour, je partirais en Russie ! Mais les visas sont assez compliqués à avoir et je ne voulais pas d’un visa de deux semaines pour faire les deux grandes villes, ça ne m’intéressait pas… Ce qui m’intéressait, c’était d’aller plus loin, d’avoir le temps, de voyager un peu comme j’en avais envie et qu’il n’y ait pas un contrôle trop strict.

Je pense que c’est en rentrant de Nouvelle-Zélande, en 2012/2013, que j’ai entendu parler du PVT Russie. Je me suis dit « Là, c’est exceptionnel, c’est vraiment ce qu’il me faut, pour pouvoir me balader comme je veux ! ». Je n’avais pas du tout l’objectif de travailler, à la base, je voulais vraiment la liberté, avoir du temps, donc quatre mois, c’était chouette.

Mon âge, déjà, a été un peu un déclic : le fait que j’approche des trente ans m’a fait penser « C’est maintenant ou jamais ! ». Il me restait moins de deux ans avant l’âge limite. Je travaillais dans une association donc c’était assez à la cool, on avait un cadre de travail plutôt sympathique où on prenait en compte les projets personnels des gens. On m’a proposé un CDI, à l’époque je trouvais ça formidable de trouver un CDI dans la culture, ce n’est pas évident. Quand ma responsable m’en a parlé, je lui ai dit que j’avais ce projet de partir. À partir de là, elle m’a proposé un congé sans solde pour que je puisse partir quelques mois. C’était arrangeant, super facile et tout s’est fait comme ça !

Finalement, j’ai obtenu deux mois et demi, j’aurais aimé avoir plus mais c’était déjà bien !

Aller au-delà des a priori

On n’a pas forcément une vision très positive de ce pays et c’est intéressant d’aller au-delà des peurs qu’on peut avoir. J’avais cette facilité de connaître un peu la langue, quand même. Ce n’est pas la mafia ou la misère partout, il y a bien sûr tout un tas de problèmes mais en tant que touriste, on les voit assez peu. J’ai eu des contrôles de police mais ce n’était pas horrible, ça se passe tout à fait normalement. Durant mon voyage, je n’ai pas vu de corruption ou de choses un peu bizarres que j’ai pu voir dans d’autres pays. J’ai trouvé que la Russie c’était assez droit, finalement. Peut-être aussi que c’est parce que j’y étais au moment de la Coupe du Monde, ça joue un peu je pense, ils ont voulu faire en sorte que ce soit plus lisse pour accueillir plein d’étrangers.

Un WWOOFing chez une ex-pvtiste française

J’ai pris un train pour aller en Sibérie, jusqu’à Novossibirsk. J’ai passé pas mal de temps dans ce train, je crois que c’était deux jours et demi pour faire St Pétersbourg – Novossibirsk. L’idée, c’était de rejoindre Eva : j’avais découvert cette fille via le site pvtistes, je crois que vous l’aviez interviewée, c’est une Française qui habite en Altaï, dans un petit village au bord du Lac Teletskoïe. La Sibérie, c’était un des coins de Russie qui me fascinait le plus, les lacs, les montagnes, le côté très sauvage, c’est ça qui m’intéressait. Je l’avais contactée avant de partir et elle m’avait dit de venir en volontariat, puisqu’elle était également inscrite sur le site WWOOFing, que je pouvais venir chez elle sans problème.

Ils ont un verger avec des pommes mais l’été il n’y a pas grand-chose à faire. Il faut juste attendre qu’elles poussent. Ils habitent à côté du lac et de l’autre côté, il y a une cascade qui est un coin très touristique, les gens débarquent et peuvent prendre un petit sentier pour se promener jusqu’à la cascade. Il y a également des petits chalets aménagés dans lesquels les locaux viennent vendre à manger aux touristes. Quand j’y étais, Eva et son mari avaient loué l’un de ces chalets pour faire à manger, donc je les aidais dans la préparation des snacks mais je n’étais pas à la vente parce que je n’avais pas un assez bon niveau de russe.

On allait au travail en bateau, sur le lac. C’était assez incroyable, c’est un des plus beaux souvenirs que j’ai parce que c’est vraiment un endroit magnifique et très sauvage. C’est marrant parce qu’il y a le site de la cascade Korbu qui est très touristique, mais dans leur village à eux, il n’y a quasiment personne ! Ils ont une maison avec une vue sur le lac, c’est de toute beauté, c’est vraiment la nature qui n’a pas bougé. Il y avait même un ours dans leur verger juste avant que j’arrive, apparemment.

J’étais avec une Française donc la communication était plus facile. C’était intéressant aussi de pouvoir rentrer, avec son aide, au sein d’une famille russe, il y avait des choses que je n’avais pas forcément compris sur leur comportement, j’ai pu échanger avec elle, c’était chouette de partager ça avec une Française, qu’elle puisse m’expliquer avec nos mots les différences et les coutumes.

Un autre WWOOFing en plein coeur de la Russie

J’ai repris le train et je suis montée jusqu’à Mourmansk pour voir à quoi ça ressemblait. De là, je suis redescendue à Olenegorsk parce que j’avais un WWOOFing à cet endroit-là, dans un petit élevage de rennes et de huskies. C’était un peu spécial parce que juste avant d’arriver chez mon hôtesse, j’avais l’impression qu’elle n’avait pas spécialement envie de m’accueillir, je m’étais un peu forcée en me disant « On verra bien si elle me dit oui », mais on ne sentait pas vraiment un fort enthousiasme de sa part. Au final, ça a été super parce que c’était une rencontre avec quelqu’un qui ne parlait pas un mot d’anglais ! J’étais contente et en même temps, c’était très compliqué parce que je ne comprenais pas toujours ce qui m’arrivait. Pour le coup, c’était vraiment la plongée dans son univers avec ses huskies et ses rennes. Pendant le WWOOFing, je ne faisais pas grand-chose, je ne travaillais pas beaucoup, elle m’envoyait dans la forêt prendre des photos en me disant de faire attention aux ours, c’était un peu particulier comme moments, mais c’était sympa !

Sur la petite semaine où je suis restée chez elle, je pense que j’ai dû nettoyer les niches des chiens une seule fois, mais sinon je n’ai pas vraiment bossé, je me baladais avec elle, elle avait des jeunes chiens qu’elle devait éduquer. Moi, je ne considérais pas ça comme du travail, c’était plutôt une sortie. Elle m’a avoué quand je suis arrivée qu’elle ne pensait pas que j’allais venir. Elle était vraiment surprise que je sois là !

Des rencontres inoubliables

Les Russes ont un comportement assez étrange, ce n’est pas une légende ! Ils sont très froids, au premier abord, on a toujours l’impression de déranger, de mal faire ou qu’il y a quelque chose qui ne va pas et puis, sans savoir pourquoi, on devient super amis ! Là, ils t’offrent tout, ils font tout pour toi. Ils ont un côté assez brusque, ils vont dire les choses comme elles sont, alors que nous, on est toujours avec notre petite politesse…

Toutes mes rencontres m’ont marquée, d’une manière ou d’une autre. Il y a eu cette femme, Tatiana, qui m’a accueillie en Carélie, elle était particulière. Je me suis retrouvée avec cette femme qui a trente-quatre ans, l’âge de ma soeur, donc six ans de plus que moi, qui a déjà deux enfants, dont un qui a seize ans. Elle était mère célibataire, dans une situation a priori pas très confortable, c’était une femme très belle, elle dégageait une force, elle avait quelque chose d’assez « mystique ». Il y a des personnes assez impressionnantes, qui ont une force et en même temps, qui sont douces et pleines de gentillesse, je ne sais pas comment expliquer ça.

J’ai fait de nombreuses rencontres dans le train, j’étais dans un wagon couchette et au bout de cinq minutes, on commençait à se demander les uns les autres qui on était, d’où on venait… Il y avait deux femmes d’une cinquantaine d’années qui n’arrêtaient pas de boire et de questionner les voyageurs autour d’elles. Quand j’ai commencé à raconter que j’étais française et que j’avais vingt-huit ans, elles ont tiqué. En Russie, une femme qui a vingt-huit ans, qui n’a pas d’enfant et qui n’est pas mariée, c’est bizarre. Heureusement, je suis mariée, j’avais cette chance-là ! Mais elles ne comprenaient pas non plus comment je faisais pour être mariée en laissant mon mari à la maison pendant que je voyageais toute seule en Russie. D’autres personnes leur disaient « Mais arrêtez d’insister, elle fait ce qu’elle veut, elle est française, elle n’est pas russe ! ».

Un rythme de vie qui donne à réfléchir

Je pense que je l’avais déjà un peu avant, mais ce côté retour à la terre, quelque chose d’humain, d’arrêter tout le côté superficiel que nous impose la société actuelle, c’est quelque chose qui m’attirait. Malheureusement, dans la vie de tous les jours, je n’ai pas les moyens d’aller m’installer au fin fond de je-ne-sais-où, mais c’est quelque chose qui me plaît et me fait me poser des questions sur le sens de la vie. J’aime bien aussi ce côté où la première chose qu’ils te demandent à propos de toi concerne la famille (« Est-ce que tu as des enfants ? » ou « Est-ce que tu es mariée ? »).

Leur pilier, c’est la famille, alors que nous, c’est plutôt le côté professionnel. Eux se fichent du côté professionnel, tu peux être médecin comme balayeur, ils auront la même relation avec toi. Ce n’est pas quelque chose qui les impacte vraiment. Ils ont un côté très humain, proche des choses simples, ce qui est assez chouette, et aussi un rapport au temps qui est assez différent. Dans les grandes villes, c’est différent, mais dans les campagnes je les trouvais mous. Ça me questionne sur mon propre rapport aux choses. Les gens prennent le temps, c’est un autre espace temps.

* Le PVT Russie est officiellement d’une durée de 4 mois, prolongeable jusqu’à 12 mois sous réserve de trouver un emploi.

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