32 Hafsa, Canada

Une rupture comme déclic

Avec mon ex, entre ce qu’on souhaitait et ce qui s’est réellement passé, il y a eu un gros écart. À la base, on souhaitait partir à deux au Canada et y faire notre vie, mais quelques temps avant le départ, on a rompu. Lui, il est resté en France et moi, j’ai décidé de partir quand même, de voyager, de faire de nouvelles rencontres. J’avais vraiment besoin de ça, d’aller voir ailleurs, c’était prévu et je ne souhaitais pas changer mes plans. J’avais vraiment aucune idée de ce que j’allais faire, c’était au feeling. J’ai juste pris une colocation en avance, quand j’étais en France, j’ai discuté via Skype avec mes futurs colocs, ça a très bien pris et ils m’ont accueillie quand je suis arrivée, ça commençait bien !

J’ai déjà vécu un an en Irlande et ça a été un gros coup de coeur, donc ce qui m’a attirée au Canada c‘est le côté nature, l’accès facile aux grands lacs, aux grandes forêts et la culture [autochtone]** qui m’attirait beaucoup aussi. J’avais aussi envie de vérifier par moi-même ce qu’on me racontait parce qu’autour de moi, beaucoup de gens avaient fait des PVT ou étaient venus pour leurs études à Montréal et sont tombés amoureux de cette ville.

Vivre le racisme et la discrimination

Dans le monde du travail, lors de ma première année, j’ai eu un peu de mal, j’ai été bloquée parfois par du racisme, tout simplement. Quand je disais que j’étais française, on ne me croyait pas, parce que mon nom ne fait pas français et donc ça, ça m’a fait un petit choc sur le moment, je me suis dit « Ici aussi… ».

Je pense que le racisme, malheureusement, peut être partout et le Canada n’est pas une exception, c’est ça qui est triste. Dans le monde du travail, je l’ai clairement ressenti, on m’a vraiment posé la question « T’es Française ? T’es bien sûre que t’es Française ? ». Dans la vie de tous les jours, par contre, je n’ai pas subi de racisme. Je suis d’accord que c’est paradoxal, mais c’est mon ressenti, c’est avec mes émotions que je parle.

Pour moi, c’est vraiment important de rester plusieurs jours au même endroit, pour vraiment voir les choses en profondeur, gratter un peu plus. C’est vraiment ça la différence avec le tourisme classique. Là, on vit le quotidien, il y a des bons et des moins bons côtés. Moi, Montréal, on me l’a vendu comme un endroit merveilleux, bisounours, c’est vrai, mais à côté, il y a beaucoup de racisme et des gens en difficultés financières… C’est important à voir, de ne pas rester juste sur les petites paillettes qu’on nous jette les premiers jours où c’est tout nouveau, tout beau.

Après, moi limite, ce racisme, il ne m’étonne même pas. Au début, oui : c’est quand même le Canada ! Mais il faut ensuite se rappeler l’histoire du pays : les Européens qui sont venus ici, les Autochtones qui sont parqués dans des réserves…

Même quand j’ai postulé en ligne pour du travail, on me demandait si j’étais une minorité visible, une minorité ethnique, une Autochtone, enfin il y a tellement de choix pour valoriser la discrimination positive… C’est fou ! Je regardais toutes les définitions et je me disais « Ah oui alors je suis peut-être ça, je suis peut-être une minorité visible, non je ne suis pas blanche, d’accord c’est ça, mais je parle français alors… ».

Un Noël typique en Abitibi

C’est vraiment quelque chose qui m’a marquée dans le côté magique… Ma coloc m’a invitée à passer Noël à Gallichan en Abitibi***, c’était tellement merveilleux. On est parties de Montréal avec sa soeur, on a roulé pendant huit heures, à ne voir que des arbres, des arbres, des arbres… Quand on est arrivées là-bas, c’était la nuit, mais la seule chose que j’ai vue, c’est une petite entrée en bois avec de la neige tout autour, un peu comme dans les téléfilms qu’on voit à la période de Noël !

Quand je suis rentrée, c’était tellement chaleureux ! C’était une maison tout en bois. Toutes les décorations de Noël et les guirlandes étaient faites à la main. On a joué dans la neige, on a fait des raquettes… En fait, c’était vraiment un Noël comme on voit dans les films, avec la grande famille, on fait des jeux de société et puis après, on va cuisiner tous ensemble, on se balade dans la forêt à côté, on fait un grand feu pour griller des saucisses, etc.

Ils m’ont fait vivre un Noël merveilleux ! Et j’ai même fait le Père Noël pour les deux petits (ils ont deux enfants) ! J’étais déguisée en Père Noël pour aller les réveiller dans la nuit, sonner la cloche en faisant « OH OH OH » et vite partir ! J’ai dû courir dans la neige, avec ma coloc qui m’appelait en me disant « Hafsa, viens par là ». J’essayais de garder une certaine prestance, j’étais quand même le Père Noël, je faisais des coucous parce que les deux petits me regardaient par la fenêtre… Bref, toute la famille a joué le jeu à fond et j’ai trouvé ça génial ! Et puis, c’était un vrai Noël. Ce n’était même pas une histoire de cadeaux, je pense qu’on s’est offert des petites choses à 5 $ pour le jeu d’échanger les cadeaux, mais surtout, c’était des moments passés tous ensemble.

J’étais contente de partager ça, je me suis sentie super bien intégrée ! Et puis j’ai fait du patinage artistique ! Non je rigole, j’ai juste glissé sur la glace, mais c’était trop bien, c’était la première fois pour moi. C’était vraiment comme retourner en enfance… Et là, j’ai redécouvert Noël, l’esprit de Noël, comme on peut voir dans les contes…

L’importance des rencontres

C’est ce qui fait toute la magie d’un voyage, en fait. Le travail n’est pas ma priorité, ce n’est pas vraiment ce à quoi j’aspire, pour moi, c’est vraiment le côté relationnel qui importe.

J’ai adoré rencontrer autant de gens bienveillants, que ce soit le fameux Noël en Abitibi ou les soirées avec des étudiants étrangers, mes colocs qui sont maintenant des amis proches, la famille au pair qui m’a prise sous son aile, tout ça, je pense que c’est l’essence même du voyage. La rencontre, ça donne un petit côté magique. Sans la rencontre, c’est juste arriver dans un endroit, travailler… Voilà, ce n’est pas quelque chose qui m’anime.

Ton PVT en un mot

Je dirais l’AMOUR ! Même si ce n’était pas vraiment la raison pour laquelle je suis partie lors de mon premier PVT… Mais quand je suis arrivée ici, c’est ce que j’ai ressenti véritablement. Toutes les rencontres que j’ai faites ici, c’était soit de l’amour amical, soit de l’amour amour, enfin c’était vraiment très agréable, très familial, ça m’a fait un bien fou !

Pour mon deuxième PVT, c’est ce que je ressens aussi en étant ici. Je me sens suffisamment moi-même pour être aimée pour ce que je suis, ça, c’est agréable.

Être enfin soi-même et s’écouter

Il faut dire aux gens qu’il faut oser ! Qu’ils osent partir, pas forcément en PVT, pas forcément à l’autre bout du monde, même dans l’Union européenne ! Même en étant seul ! Ça fait souvent peur, mais ça révèle tellement de choses… On ne peut pas avoir peur d’être seul avec soi-même, pour moi c’est illogique, on ne peut que se vouloir du bien. C’est vraiment génial de pouvoir voyager, et puis c’est une telle liberté d’être seul comme ça ! On peut décider de changer de plans quand on veut.

* Il est possible, pour ceux qui ont préalablement participé au PVT France-Canada avant la renégociation de l’accord en 2014, de demander un second PVT Canada.
** Autochtone est le terme officiel utilisé au Canada pour désigner les premiers occupants du territoire, les Premières Nations, Métis ou Inuk.
*** L’Abitibi-Témiscamingue est une région de l’ouest du Québec.

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