Paroles de pvtistes !

La Russie en hiver, un choix original

J’étudiais le russe, mais au départ je m’intéressais plus à l’Ukraine. J’ai eu un coup de coeur en voyageant là-bas, puis en apprenant le russe, j’ai rencontré plus de Russes que d’Ukrainiens, du coup j’ai eu plein d’amis russes en parlant sur Internet, et ça m’a vraiment donné envie d’y aller.

Les gens ont plutôt envie d’aller au Canada et en Australie, mais moi je trouvais ça intéressant de voir quelque chose d’un peu différent, c’était pour me lancer un défi. J’aime bien faire des choses pas faciles !

J’étais en CDI dans un château à Bordeaux (je travaille dans le vin). J’ai démissionné pour partir en PVT.

Travailler dans son domaine en Russie : la cerise sur la gâteau !

J’ai fait un stage, en passant par une agence de placement. Je ne l’aurais pas trouvé toute seule. Trouver du travail en Russie, c’est très difficile. Les employeurs ont peur d’embaucher des Français parce qu’embaucher un Russe, ça ne coûte rien. Le salaire en Russie, c’est 400 euros par mois, en moyenne. En plus, ils ne connaissent pas les règles d’embauche des étrangers. Donc il faut se diriger plutôt vers les entreprises françaises, je pense. Mais j’ai trouvé un stage, c’est déjà ça !

Dans le désespoir, j’avais lancé un SOS à une agence de placement que j’ai trouvée par hasard sur Facebook. Je n’y croyais pas trop, de trouver un stage en si peu de temps ! Je n’étais pas très optimiste, surtout pour trouver un boulot dans le vin en Russie ! Dix jours après, l’agence avait finalement trouvé quelque chose ! C’était une entreprise appelée « Wine Academy », à Saint-Pétersbourg, qui est à la fois une cave à vin et une école de sommellerie. J’ai travaillé de façon indépendante. J’avais deux missions principales, la première, préparer une conférence sur les vins de Bordeaux pour les élèves de l’école et la deuxième, organiser un voyage à Bordeaux pour les touristes russes. Le job de rêve ! En plus, j’avais le droit d’assister aux dégustations et aux conférences.

Ce n’était pas rémunéré mais ce n’était vraiment pas important pour moi. Je voulais avoir une expérience en Russie, avoir une ligne sur mon CV, découvrir quelque chose de nouveau et travailler avec des Russes. Je revois bientôt les gens avec qui j’ai travaillé, ils vont venir à Bordeaux pour la visite sur laquelle j’ai travaillé pour eux. C’est moi qui les accueille !

Trois jours inoubliables sur le Lac Baïkal

Ces trois jours, c’est Koh Lanta, version russe ! Pendant les deux premiers mois, mon but était de voyager un peu dans toute la Russie donc je suis allée jusqu’au Lac Baïkal car j’avais très envie d’aller sur l’île très isolée de Olkhon, qui se trouve au milieu de ce lac. D’habitude, je faisais tout moi-même, les trajets, les visites, mais cette fois-ci, j’y suis allée avec un guide parce que je voulais être sûre de voir les meilleurs endroits. Je ne voulais pas trop m’y aventurer toute seule, et j’ai bien fait.

Entre les deux, à la période « blanche », l’île est inaccessible, la glace n’étant pas encore assez dure pour que l’on puisse rouler dessus. Quand il y a déjà un peu de glace, les bateaux ne peuvent plus passer.

Il y a très peu de maisons qui ont l’eau courante, c’est seulement le cas de quelques hôtels très récents. L’électricité n’est présente que depuis une dizaine d’années, et encore, ce n’est pas très stable. On a eu une journée sans eau ni électricité !

Il n’y a pas de route non plus. Chaque trajet, c’est un raid. J’ai passé trois jours sur cette île, en plein hiver, dans une maison… Quand j’y suis arrivée, je me suis dit « Oh mon dieu… ! (rires) Qu’est-ce que je fais là ?! » Ces petites maisons en bois typiques, c’est très joli, très mignon, avec des ornements très russes. Par contre, c’est rudimentaire. C’est des toilettes au fond du jardin… En été, je pense que ça va, ça passe, mais quand il fait -20 °C… C’est moins drôle ! (rires) Pour se laver, c’est le bania, un genre de sauna russe. On a un grand saut d’eau froide (de la neige fondue) et un saut d’eau bouillante chauffée dans le bania. Il faut mélanger les deux pour avoir une température correcte.

Ça vaut le coup de souffrir un petit peu tant les paysages sont magnifiques ! Tout était tout blanc… Et puis, rouler sur la glace, c’était génial !

C’est une île qui est réputée pour être le centre du chamanisme en Russie, une île avec beaucoup d’énergie. On y va pour l’aventure et pour les paysages à couper le souffle.

Hospitalité et entraide, deux points forts

Le sens de l’entraide, en Russie, c’est ça qui m’a beaucoup frappée. Par exemple, le premier jour à Saint-Pétersbourg, j’étais avec ma grosse valise, je me suis arrêtée deux minutes à l’entrée du métro et quelqu’un est venu me demander si j’avais besoin d’aide. Parfois, dans le métro, il n’y a pas d’escalator, j’essayais de monter tant bien que mal et dans 100 % des cas, il y a un monsieur qui est arrivé pour porter ma valise ! Ça, en France, je ne l’ai jamais vu.

Mes amis sont toujours venus me chercher à l’aéroport ou à la gare… Il y a un grand sens de l’hospitalité.

Une évolution professionnelle grâce au PVT

Ça m’a énormément apporté, car la conférence que je devais faire sur les vins de Bordeaux, je devais la faire en russe ! Quand on m’a dit ça, je me suis dit « Oh… je suis dans la merde ! ». Je l’ai fait, j’ai beaucoup travaillé, mes amis m’ont aidée à répéter mais je l’ai fait ! J’étais très fière, je ne pensais pas y arriver.

Depuis longtemps, avant ce voyage, j’ai l’intention de créer mon entreprise. Pour moi, c’était un projet dans un futur très lointain. J’en avais envie, mais je ne le voyais pas pour tout de suite. Et puis, je me suis dit que j’arrivais à faire des choses dont je ne pensais pas être capable, alors pourquoi pas me lancer là-dedans maintenant ?!

En ce moment, je suis en train de créer mon entreprise dans le tourisme. Lors de mon stage, on m’avait demandé de créer un itinéraire dans les vignobles de Bordeaux : or, c’était exactement ça mon projet pour « plus tard » ! C’était le genre d’entreprise que je voulais créer. Alors autant se lancer maintenant, je suis jeune, je ne prends pas trop de risques, je n’ai rien à perdre !

Un voyage en train, c’est un voyage dans plein de pays différents

Je ne suis pas allée jusqu’à Vladivostok mais si on le fait, c’est sept jours de train non-stop. La plus longue durée que j’ai passée dans un train, ce n’est pas tant que ça, c’est seulement vingt-quatre heures d’affilée. C’est passé très vite et c’était super, j’ai adoré l’ambiance, on est cinquante par wagon-couchette, il ne faut pas avoir peur de la vie en communauté !

On rencontre aussi plein de gens. Tout le monde partage tout, on met tout sur la table : thé, saucisson, etc. J’ai joué aux cartes, et je n’ai rien compris ! Je me demande parfois s’ils ne se moquaient pas un peu de moi et inventaient des règles !

C’est une chouette ambiance, très joyeuse ! Les choses ont changé, maintenant on peut voyager en train sans crainte, laisser ses affaires, il n’y a aucun souci, les gens sont respectueux.

J’avais peur de m’ennuyer, de trouver ça interminable, mais ça s’est bien passé ! J’étais dans un wagon avec une équipe de boxeurs ! Les gens sont curieux et une fois qu’ils savent que tu es française, ils posent plein de questions, c’est carrément l’interview sur tes motivations et sur la France ! (rires)

L’impression d’être la seule pvtiste en Russie

Ce n’est pas pour ça que je l’ai fait, mais je suis contente de parler de choses différentes, d’avoir une expérience différente à raconter. Je suis fière d’être française, j’aime mon pays, je suis contente de pouvoir partager ma culture avec mes amis russes, de pouvoir leur parler des différences culturelles, des visites à faire, des choses à faire et à manger ! Je suis contente de voir que ça les intéresse. Il y a beaucoup de mes amis qui veulent venir en France et j’en suis ravie !