Marlène, Australie
- Âge : 26 ans
- PVT Australie en solo
- Domaine professionnel: Fraîchement diplômée dans le marketing digital
- Économies prévues: 3 500 € + somme pour acheter un véhicule
Découverte du PVT lors d’un séjour à l’UCPA
Cette année, je suis partie en vacances à Lacanau, avec l’UCPA*. Tout le monde parlait de surf parce qu’on baignait beaucoup là-dedans, et il y avait énormément de trentenaires qui parlaient d’un certain projet qu’ils avaient eu et qu’ils regrettaient de ne pas avoir réalisé… Et moi j’étais… « Mais de quoi vous me parlez ?! » (rires) Ce à quoi ils me répondaient « Mais si ! Tu sais, le PVT, Australie, Nouvelle-Zélande ! ». Je ne voyais toujours pas de quoi ils me parlaient, ils n’en revenaient pas ! Ils me disaient « Mais c’est pas possible, toi, en plus, tu peux encore y aller ! ». Voilà, c’est eux qui m’ont fait découvrir le programme et quand je les voyais m’en parler, quand je voyais tous les regrets qu’ils avaient de pas avoir pu y aller, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à creuser !
Surf et road trip, le rêve australien
Le surf, c’était vraiment l’accroche de mon PVT, mais plus ça va, plus l’Australie m’attire, au fil de mes recherches. On m’a dit que les gens étaient beaucoup plus détendus là-bas, beaucoup plus cool, beaucoup plus ouverts… Déjà rien que ça, ça doit faire un petit peu des vacances par rapport à la mentalité française ! Sinon, j’avais certes un peu peur de la faune ! (rires) Mais là je n’ai qu’une envie, c’est de faire un road trip, et, dans un pays grand comme quatorze fois la France, je pense qu’il y a de quoi rouler ! Il va falloir faire des bonnes playlists pour la route !
La découverte de l’océan, un déclic
L’océan, ça m’a fait un tel choc, j’ai tellement aimé ça que j’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à Paris. Il faut que j’aille au bord de l’océan, dans un endroit où je me sente bien. Je me suis dit « Mon travail va bientôt finir, je n’ai pas d’attaches particulières, je n’ai pas acheté d’appart, je n’ai pas pris de chat, je n’ai pas de mec, pas d’enfant… ». Je me suis dit « Si je trouve un CDI maintenant, je serai comme tous ceux que j’ai rencontrés à l’UCPA. Je me lancerai pas, tout ça parce qu’on m’aura mis dans la tête ce besoin de sécurité », mais je me dis que quand on commence à verrouiller des choses, pour les déverrouiller, c’est beaucoup plus dur. C’était vraiment la fin d’un cycle, la fin de mon année d’alternance, la fin de mon CDD, la fin de tout ça et je sentais que c’était vers ça que j’avais envie d’aller.
Des rencontres décisives
Quand on croise des anciens pvtistes, ça rassure énormément parce que tous ceux que j’ai rencontrés étaient ravis ! Du coup, on se dit « Vraiment, si c’était si dur et si terrible, ils ne reviendraient pas avec un smile comme ça, ils ne seraient pas en train de témoigner et de dire à tout le monde de partir ! ». C’est sympa de voir un peu les parcours, les anecdotes, de voir ce qu’ils avaient en tête en partant par rapport à ce qu’ils ont fait sur place, de savoir s’ils avaient vraiment envie de ne faire que du van et du fruit picking** ou de se poser dans des villes… Comme il y a plein de profils différents, ça permet de voir ce qu’on peut faire.
« J’espère que tu ne m’écriras pas, que tu n’écriras à personne, en fait »
J’étais en train de déjeuner avec mes amis et mes collègues de travail, je leur parlais de ce projet-là, et bien sûr, le réflexe de mes amis, ça a été de me taper sur l’épaule et de me dire « Oui mais alors, tu ne nous oublies pas, parce que c’est loin, parce qu’il y a quand même douze heures de décalage, tu ne nous oublies pas, hein ?! Tu nous écris, tu nous envoies des photos, nous on est encore là ». J’ai essayé de les rassurer en leur disant qu’il n’y avait pas de problème pour ça. Et puis, une de mes amies, celle avec qui je m’entends le mieux, qui était restée hyper silencieuse jusque-là, s’est tournée vers moi et m’a dit rien qu’à moi, « Marlène, j’espère vraiment que tu ne m’écriras pas et
que tu n’écriras à personne ici ».
Sur le moment, ça m’a fait très bizarre, je me suis dit « Qu’est-ce que j’ai fait ? Pourquoi elle dit ça ? Elle m’en veut ?! Oh non, je suis en train de perdre une de mes meilleures amies », puis elle m’a expliqué « Si tu continues à nous écrire, c’est que tu auras toujours un peu la tête dans le passé. Si tu nous écris pas, c’est que tu seras en train de vivre ton truc à fond et moi je le saurai. Je saurai qu’à chaque fois que tu ne m’envoies pas de message, c’est parce que tu es en train de faire un truc de ouf. Donc je ne les veux pas, tes messages ! J’espère vraiment que tu ne nous écriras pas. Pas que tu nous oublieras, hein, mais que tu ne nous écriras pas parce que ça voudra dire que tu es en train de vivre exactement le rêve que tu voulais ». On ne m’avait jamais dit ça, c’était très beau.
Solitude et introspection : le besoin de partir loin
Et je pense que de temps en temps, une petite cure de remise au point sur soi, c’est pas mal. Je n’ai pas envie de garder la tête tournée vers l’arrière et de manquer la moitié de ce qui se passe devant, ça serait quand même dommage !
Je trouve que la société culpabilise les gens qui ont tendance à essayer de se trouver, en prenant ça pour de l’égoïsme. Au contraire ! C’est quand on fait une introspection qu’on est moins égoïste, car on sait qui on est, on sait ce qu’on veut, et on arrête d’obliger les autres à rentrer dans un moule.
Si le PVT, ça avait été en Angleterre, ça n’aurait pas eu le même effet. Je pense qu’il faut partir loin pour voir comment on vit à l’autre bout de la terre. En plus, on m’a dit qu’en Australie, on se sentait loin de tout, car d’un, c’est une île, et de deux, c’est le décalage horaire ultime.
Une démarche mal comprise par la famille
Pour la génération de nos parents et de nos grands-parents, c’est incompréhensible ! On a fait une réunion de famille pour que je dise au revoir à toute ma famille, et l’atmosphère générale, c’était l’incompréhension. On m’a dit « Si tu as besoin de t’évader, pourquoi tu vas pas dans les Alpes ? ». Ce n’est pas pareil, quand même ! On m’a dit « Si tu veux faire du surf, t’as qu’à aller dans les Landes ». Ben oui, mais ce n’est pas la même démarche !
Alors que les gens de mon âge me disent que c’est génial, qu’il faut foncer. J’ai l’impression qu’on n’a pas du tout les mêmes repères.
Ils me demandent pourquoi partir aussi loin, surtout pour faire des travaux un peu difficiles. Ils ne comprennent pas l’espèce de voyage intérieur que je veux faire et l’envie de faire un break.
Pour eux, j’ai fait cinq ou six ans d’études pour au final partir ramasser des fruits. Sauf que pendant mes études, mes jobs ne m’ont pas rendue heureuse. Si le but de la vie c’est d’être heureuse, je pense que je n’étais pas en train de prendre le bon chemin. Je vais en prendre un autre. Peut-être que ce qui me rendra heureuse, c’est d’être serveuse au bord de la mer et de voir le coucher du soleil sur l’océan.
J’y vais un peu dans cet esprit de voyage initiatique. Leur manque de soutien, ça me rend un peu triste, mais ça ne m’empêchera pas de le faire. Ça a presque ajouté de l’envie à mon projet, dans une sorte d’esprit de contradiction et de pouvoir leur dire que j’ai grandi, que j’en suis ressortie dix fois plus forte…
*Union nationale des centres sportifs de plein air.
**Cueillette de fruits et légumes.
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