- Âge : 32 ans
- PVT Nouvelle-Zélande en solo (2015); PVT Taïwan en solo (2017)
- Domaine professionnel Libraire
- Activités pendant le PVT Volontariats (HelpX et Workaway), plongeuse dans un restaurant et employée de supermarché au rayon fruits et légumes à Te Anau (Nouvelle-Zélande)
- Économies à l’arrivée 8 000 € pour la Nouvelle-Zélande, 6 000 € pour Taïwan
Licenciement économique et remise en question totale
Après mon licenciement économique, j’étais assez paumée. Libraire, c’est un super métier, c’est même le plus beau métier du monde, mais forcément, suite à ça, on réalise aussi que c’est un métier qui n’est pas facile à exercer, qui est un peu en voie de disparition.
J’ai fait une reconversion professionnelle pour travailler en agence de voyages, mais une fois mon diplôme en poche, j’ai été éprise de liberté. Je ne savais pas forcément ce que je voulais faire ensuite, donc j’ai tout vendu (la plupart de mes affaires et ma voiture, mais j’ai gardé mes livres dans un box de stockage) et je suis partie en Nouvelle-Zélande.
Un choix de destination pas si facile
L’offre des destinations PVT était immense ! Je voyais la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon, l’Argentine… Il m‘a fallu deux mois pour faire un choix de pays tellement tous m’intéressaient !
Pour Taïwan, j’ai fait des listes de pour et contre : le degré de difficulté pour obtenir le visa, combien il coûte, ce que j’aurais vraiment envie de faire là-bas et comment je pourrais m’en sortir pour avoir un travail sans parler la langue.
C’est pour ça que j’ai choisi la Nouvelle-Zélande pour mon premier PVT, les démarches étaient vraiment simples, je parlais déjà anglais, sans compter que j’avais cet attrait pour une destination lointaine : la Nouvelle-Zélande, c’est le bout du monde ! Et pour le coup, je ne connaissais que très peu de choses sur ce pays : je suis toujours un peu attirée par ce que je ne connais pas.
Taïwan, ça a été un peu la même chose. Quand je suis revenue en France, je me disais « Je vais partir au Japon ou en Argentine, je veux perfectionner mon japonais, je veux apprendre l’espagnol ». J’étais fixée sur ces deux pays et au final, le PVT Taïwan ayant ouvert, je me suis dit « Je ne connais rien sur Taïwan, c’est parti ! ».
Taïwan, à la recherche du dépaysement
Le dépaysement, c’était ce que je voulais. La Nouvelle-Zélande, j’ai adoré mais culturellement parlant, je n’étais pas forcément très dépaysée. C’est vrai que la culture est assez anglo-saxonne, il y a un réel dépaysement au niveau des paysages et de la culture maorie, mais au quotidien, c’était finalement assez occidentalisé.
Le mandarin, c’est une langue vraiment difficile, beaucoup plus difficile que le japonais, que j’avais étudié pendant deux ans à l’université, par exemple. Mais je voulais cette difficulté-là, je voulais sentir les problèmes de communication, être en apprentissage perpétuel d’une langue et de codes nouveaux. Du coup, forcément, j’avais aussi peur de partir que j’en avais envie.
L’importance de l’entraide entre pvtistes
J’étais en contact avec d’autres Français, surtout à Taipei, on s’entraidait pas mal vis-à-vis des démarches d’immigration, mais aussi pour trouver un job. On a tous vécu des expériences de PVT différentes. Certains étudiaient le mandarin, d’autres, comme moi, faisaient du volontariat, et d’autres travaillaient. C’est quand même important d’avoir toute cette communauté de pvtistes car c’était le chaos entre les différentes administrations locales s’agissant du PVT.
Par exemple, le PVT Taïwan est valable deux fois 180 jours. Un peu avant l’échéance des premiers 180 jours, il faut passer au bureau de l’immigration pour le faire renouveler pour les 180 jours suivants. Sauf que cette règle varie si l’on est sorti du territoire taïwanais dans les premiers 180 jours, ce temps passé hors de l’île était parfois rajouté à la durée de PVT de certains par le service d’immigration mais pas forcément validé par les autorités aéroportuaires… Du coup, pour nous, c’est une histoire qui est restée quand même très floue, et assez angoissante. Finalement, il faut retenir que le PVT Taïwan dure 360 jours à compter de la première arrivée sur le territoire, peu importe si l’on sort du pays ou pas, et peu importe la date que le bureau d’immigration tamponne dans notre passeport : ça évite les mauvaises surprises.
Un PVT à faible coût
Je m’étais préparée, j’avais de l’argent de côté avant de partir à Taïwan. Mon premier PVT m’a permis de connaître des alternatives (volontariat, Couchsurfing, stop) pour faire en sorte de faire des économies.
La vie à Taïwan est loin d’être chère (même si le coût de la vie est plus élevé qu’au Vietnam ou en Thaïlande, mais moins qu’au Japon). Par exemple, un repas coûte environ trois euros et un trajet Taipei – Hualien coûte moins de dix euros en train local.
Pendant mon volontariat, on me fournissait tout ce dont j’avais besoin. Je m’épanouissais tellement à côté des montagnes et de la mer ! Je faisais du vélo et de la randonnée, ça ne me coûtait presque rien, contrairement à la Nouvelle-Zélande où chaque activité est chère. 6 000 euros m’ont paru suffisants. J’arrivais à m’en sortir pour un peu plus de 400 euros par mois sans me priver.
Une arrivée marquante à Taipei : la découverte des marchés nocturnes
Le quartier de Shilin, c’est un quartier assez connu à Taipei pour ses marchés nocturnes. C’est beaucoup d’étalages de street food en fait, c’est quelque chose d’assez présent en Asie du Sud-Est de manière générale. C’est un plaisir des yeux et des narines… enfin, pas toujours ! Il y a des choses un peu étranges comme le stinky tofu* qui porte bien son nom : il s’agit de tofu fermenté frit et du coup, quand ça frit, ça pue, c’est un truc immonde. J’adore ! Bon, il faut un petit temps d’acclimatation… parce qu’au départ, j’avais vraiment l’impression de sentir un poulet crevé au bord de la route ! (rires)
L’aspect plus sauvage de Taïwan : une nature à couper le souffle
Ce que je recherchais, c’était la nature. Je voulais faire des randonnées comme en Nouvelle-Zélande. Je voulais un environnement plus sauvage, donc au bout d’un mois j’ai quitté Taipei, la capitale, pour aller vers l’est. Même s’il y a des grosses villes, il y a beaucoup plus de villages que sur la côte ouest. La culture aborigène est plus présente aussi, surtout dans les montagnes… Ça m’attirait beaucoup.
C’est pour ça que je suis partie à Hualien, à côté du parc national de Taroko, qui est l’un des parcs les plus connus. Il y a des gorges très étroites, des rivières, des cascades, de la verdure, des sources d’eau chaude, des temples superbes… Je suis vraiment tombée amoureuse de cette région en particulier. J’ai l’ai adorée grâce à mes hôtes de volontariat qui prenaient le temps de me faire visiter. À Taïwan, pour peu qu’on s’aventure en dehors des villes, il y a des endroits qui sont vraiment magnifiques, c’est féérique.
L’île de Lanyu, ou la découverte de la culture aborigène
Je ne connaissais pas les enjeux de la question aborigène à Taïwan. Je ne savais pas qu’il y avait une vingtaine de tribus avec toutes une langue et une culture différentes. Il faut savoir que les tribus aborigènes sont toujours un peu à l’écart, certaines sont très intégrées, d’autres beaucoup moins.
J’ai passé une semaine sur l’île de Lanyu, surnommée l’île des orchidées, dont la culture aborigène a été très préservée puisque l’île était fermée aux touristes jusque dans les années 1970. Puis le gouvernement a décidé d’ouvrir l’île… Autre tragédie, il a installé un site d’enfouissement de déchets nucléaires sans en faire part aux populations locales.
Malgré tout, l’île reste un des endroits de Taïwan où la culture aborigène est la plus forte. Même si les gens ne vivent plus forcément comme autrefois parce qu’il y a la « civilisation », la technologie ou d’autres choses qui sont arrivées, leur vie a foncièrement changé mais ils ont gardé une certaine authenticité de leur culture. Ils sont très célèbres par exemple pour les pirogues qu’ils peignent et pour la pêche aux poissons volants. Leur calendrier dépend d’ailleurs de la saison du poisson. Tout est rythmé par la pêche.
J’étais hébergée chez une dame aborigène qui tenait un bar au bord de la mer et qui parlait bien anglais parce qu’elle avait pas mal voyagé. Grâce à elle, j’ai pu apprendre beaucoup de choses sur sa culture, sur leurs revendications en tant que peuple, et sur les progrès du gouvernement taïwanais vis-à-vis des questions aborigènes. C’était une expérience super forte.
J’ai aussi beaucoup marché (l’île n’est pas très grande, on peut en faire le tour en vélo, en six ou huit heures). Les gens ne comprennent pas l’intérêt de marcher ! Ils s’arrêtaient avec leur scooter « Tu ne veux pas que je te ramène chez toi ? ».
Ça m’a permis de voir chaque village. Ce sont des villages très traditionnels : les conditions météo sont assez rudes, il y a beaucoup de typhons. Les maisons sont enterrées, avec juste le toit qui dépasse, ça m’a fait penser à l’Islande !
C’était une expérience hors norme. Je n’ai passé qu’une semaine sur l’île de Lanyu mais c’est un souvenir qui est tellement fort !
Taïwan, une muse
J’ai toujours aimé dessiner et cuisiner mais sans y mettre plus de foi que ça. Je crois que je ne me suis jamais sentie légitime… Mes hôtes à Hualien m’ont encouragée dans cette voie.
Ça a été super important pour moi et à la fois complètement inédit ! Tout au long de l’été, ils organisaient des dîners à l’auberge : le but était d’apporter une touche taïwanaise à des plats étrangers, avec des ingrédients locaux et des légumes traditionnels aborigènes. Ils invitaient à chaque fois un chef différent à venir faire de nouvelles expériences culinaires avec nous. Les clients, mais aussi les voisins venaient partager ces repas avec nous et s’informer sur les différents ingrédients lors de petites visites dans des fermes ou des hangars de pêche. Pour le premier dîner, on voulait adapter ma quiche végétarienne et ma célèbre mousse au chocolat à la sauce taïwanaise. Il fallait donc que je donne des directives au chef pour qu’il fasse mes recettes, mais comme il pouvait y avoir des problèmes de compréhension dus à la langue, j’ai finalement décidé de les dessiner ! Ça a tellement plu à mes hôtes qu’ils ont décidé de les imprimer et de les intégrer à leur menu, afin que les invités puissent le garder. Le menu était fait par une graphiste, c’était un petit livret super joli.
Par la suite, j’ai participé à un marché artisanal, sur lequel les cultures des étrangers qui vivaient à Hualien étaient mises en avant. J’ai sauté sur l’occasion, et comme je passais mon temps à cuisiner dans l’auberge de jeunesse, je me suis mise à faire plein de sachets de bredele (des gâteaux de Noël alsaciens) et des petites mousses au chocolat. Mes hôtes et mes amis m’avaient dit « Céline, tu devrais faire des petites cartes postales », du coup je me suis retrouvée avec un stand de cartes postales en plus de mes douceurs à vendre !
Pour les cartes postales, j’avais décidé de ne dessiner que des lieux de la côte est, des lieux que j’avais particulièrement aimés. Les locaux reconnaissaient des petits villages près des montagnes, le parc national de Taroko, certains temples… Ils étaient tout contents de se dire que cette Française avait tellement aimé la région qu’elle l’avait dessinée, ça leur faisait plaisir. Ces cartes postales, c’était ma manière de faire ma déclaration d’amour à Taïwan.
*Littéralement, le “tofu puant”.
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