Le guide des pvtistes au Japon

Une société pas tout à fait égalitaire

Grâce au concept très important de tatetmae, la très forte cohésion sociale dans le pays est assurée. Cependant, ce n’est pas parce que tout a l’air de bien aller qu’il n’y a pas de problème. Le Japon est en effet un pays présentant des inégalités sociales assez fortes.

Entre forte reproduction sociale et coût de la vie élevé : des inégalités de richesse et intergénérationnelles qui demeurent

Les inégalités de revenus au Japon ont augmenté ces dernières années et placent le Japon en position de mauvais élève dans les classements relatifs au taux de pauvreté dans les pays de l’OCDE.

Cela s’explique notamment par la structure du marché de l’emploi qui favorise le recours à l’emploi non régulier (cdd, intérim), en grande défaveur des femmes, des étrangers et des personnes âgées.

Les inégalités ne se manifestent pas que sous la forme d’inégalités de revenus mais bien d’inégalités des chances. Plus de la moitié des Japonais trouvent “inévitable” et/ou “acceptable” que les enfants de famille aisées aient accès à un meilleur enseignement que ceux de familles défavorisées. Au Japon, on paye des cours du soir aux enfants dès la primaire pour qu’ils aient des bonnes notes, les frais de scolarité restent relativement élevés et il est normalisé d’être embauché dans la même entreprise que son père. Bref, l’idée de reproduction sociale semble globalement acceptée.

Il ne fait donc pas bon d’être pauvre au Japon. Vous ne verrez pas beaucoup de SDF dans les rues, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas. Ils se cachent, tout simplement, car il existe un fort sentiment de honte vis-à-vis de cette situation. La plupart des mères célibataires vivent sous le seuil de pauvreté et cumulent parfois 3 emplois pour subvenir aux besoins de leurs enfants. L’assistance sociale n’est pas très développée dans le pays et les gens doivent se débrouiller par leurs propres moyens pour s’en sortir, dans l’indifférence générale.

Les femmes, toujours victimes de discriminations

Le Japon était classé en 2018 110e sur 149 pays en matière d’inégalités femmes-hommes. #MeToo n’a pas vraiment pris au Japon (la faute incombant le plus souvent à la victime dans l’opinion publique), les femmes sont sous-représentées dans les postes à responsabilité et les rôles stéréotypés associés aux genres sont clairement ancrés.

Les femmes gagnent en moyenne presque 25 % de moins que les hommes et la culture familiale les pousse souvent à choisir entre leur vie de famille et leur carrière.

Certains pensent que le récent intérêt pour faciliter l’insertion des femmes sur le marché du travail relève plus de considérations économiques du fait du vieillissement de la population plutôt que d’une réelle envie de diminuer les inégalités.

Des progrès lents pour les LGBT+

Les minorités sexuelles et de genre ne sont pas épargnées. Les mouvements militants LGBT+ ayant peu de marge de manœuvre, la majorité des personnes LGBT+ restent dans le placard pour des raisons professionnelles ou familiales. Les thérapies de conversion sont légales et les discriminations en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre ne sont pas interdites au Japon. Bien sûr, les choses changent, mais très doucement.

Le mariage homosexuel est interdit mais il est possible depuis 2022 de bénéficier d’une sorte de PACS appelé “certificat d’union”.

Le Japon reste néanmoins réputé pour être une destination agréable pour les personnes LGBT+, qui peuvent bénéficier du soutien d’une très grande majorité de la population. Si les signes d’affection en public ne font pas vraiment partie de la culture japonaise (tous genres confondus), il n’y a aucun souci à se tenir la main en public, par exemple. Cela ne crée pas de réaction puisque les Japonais partent généralement du principe que c’est la vie privée de chacun et que cela ne les regarde pas.

Plus d’informations dans notre dossier Être LGBT au Japon.

Une très grande tolérance face aux différentes religions

Le bouddhisme et le shintoïsme étant toutes les deux des religions très tolérantes, il n’existe pas de conflits avec d’autres religions dans le pays. On peut trouver dans les grandes villes des églises, des mosquées ou encore des temples protestants (le Japon compte quelques synagogues seulement).

Cependant, le pays ayant une population très homogène (en acceptant encore peu d’étrangers sur son territoire), les autres religions n’ont pas une base de croyants très importante et sont relativement méconnues. Par exemple, le port du voile dans l’espace public ne constitue pas un problème au Japon, mais il est difficile de trouver des salles de prière, non pas par rejet, mais parce que le nombre d’individus pratiquant est insignifiant à l’échelle nationale. On en parle sur notre forum : Être musulman au Japon.

Quid de la xénophobie ?

Comme vu précédemment, il existe une certaine xénophobie latente envers les non-Japonais.

Les hafu, métisses de plus en plus nombreux et mieux acceptés au sein de la société (certains jouissent d’une très grande popularité dans les médias), relancent le questionnement sur l’identité nationale.

Et les tatouages dans tout ça ?

LA question à 10 000 ¥ ! Il est vrai que les tatouages ont mauvaise presse chez les Japonais, puisqu’ils sont associés à la mafia du pays. L’accès à certains lieux et notamment les onsen peut vous être refusée en raison de vos tatouages.

Toutefois, les mentalités évoluent et de plus en plus de personnes se font tatouer, ce qui change l’image sur le sujet. Et, en tant qu’étranger, vous bénéficierez toujours d’une plus grande tolérance si vous ne rentrez pas totalement dans le moule.

La discrimination à l’égard des étrangers (pvtistes, étudiants…)

S’il existe bien de nombreuses discriminations sur plusieurs aspects sociétaux, celles-ci se manifestent plutôt par des obstacles invisibles d’inégalités de chances. Il est extrêmement rare qu’en public, vous receviez le moindre commentaire raciste ou homophobe, par exemple, ou une quelconque violence physique.

Il ne faut pas oublier que le Japon est le pays le plus sûr du monde. De plus, les sondages montrent que la grande majorité des Japonais ont des opinions progressistes en matière de droits sociaux. C’est plutôt du côté du gouvernement conservateur que cela bloque.

Ainsi, il est important d’être au courant de ces problèmes, mais, dans votre quotidien, il y a très peu de chance que vous soyez discriminé au vu de la bienveillance de la population locale et du fait que vous serez dans tous les cas considéré comme un étranger auquel les règles s’appliquent de manière plus flexible.